[Inde] Jammu & Kashmir - La haute route entre le Tsomo Riri et Mahe

L'idée de ce petit trek de 7 jours est née en s'inspirant de l'itinéraire suivi par Paulo Grobel lors de son ascension du Chamser Kangri et ma volonté de découvrir des routes alternatives à celles suivies à l'été 2018 lors de la création de la traversée que j'ai nommée De l'Indus à la Chandra et dont la première partie se déroule dans un espace de cols et de plateaux du Rupshu situé à l'E du lac du Tsomo Riri. Ce nouvel opus a donc pour cadre (encore !) le Rupshu : mais quel terrain de jeux et de plaisirs ! En dehors du circuit très touristique qui part de la vallée de la Markha pour rejoindre le lac du Tsomo Riri et sa variante De Rumtse au Spiti passant par le Parang La, il y a tout à inventer ici en matière de trekking ! Et la conformation du terrain (ainsi, faut-il le répéter, que la qualité des fonds de plans de la carte Olizane S au 1/150.000ème de 2008, et pas celle de 2013, Grrr...!) incitent à sortir des sentiers battus et à découvrir des espaces vierges (de touristes ou autres... à l'exception des kiangs, des loups, des marmottes et des pikas) d'une incomparable beauté.

Un troupeau de kiangs

C'est le lieu idéal pour qui recherche les grands espaces, les cols panoramiques, les possibilités de contemplation sous toutes leurs faces de pics évidemment inconnus parce que planqués au fond d'une vallée. Et ce ne sera pas l'immense majorité des acteurs locaux du tourisme qui pourra vous les faire découvrir. Ces espaces leur sont inconnus et le resteront encore longtemps... D'ailleurs, ils ne vous y emmèneront jamais ("trop dangereux" disent-ils alors que la formulation aurait dû être "je ne connais pas et n'ai pas la volonté de découvrir, donc je n'y vais pas..." ou la toute dernière "mais la région est interdite au trekking par l'armée". Sans vouloir vous commander, ni vous obliger (et je n'ai rien à gagner dans l'affaire, croyez-le bien...), je vous conseille d'utiliser les services de l'agence qui emploie les guides et accompagnateurs qui ont défriché avec moi sur le terrain les itinéraires "hors des sentiers battus" dont vous vous inspirez (les coordonnées sont précisées dans Préparatifs). Il n'y a pas de mal à faire travailler ceux qui se sont investis dans la création de nouveaux itinéraires pour que vous découvriez tous les aspects de leur beau pays au potentiel infini !

Le Chamser kangri se reflète dans l'un des lacs d'altitude du plateau du Tso mangpo La

Revenons à ce circuit : bien dans l'esprit "hors des sentiers battus", comment pourrait-il en être autrement dans les pages de ce site..., il s'inscrit dans la lignée des autres topos détaillés sur le Rupshu, l'une des composantes du Changthang. Pour mémoire, vous pourrez vous inspirer de l'hyper connu De Rumtse au Spiti mais aussi de créations originales comme De l'Indus à la Chandra, du Tour du Rupshu ou bien encore De Sangtha au Tsomo Riri pour agrémenter (prolonger...) ce propre trek. C'est le programme que vous adresserez à une agence locale car vouloir réaliser un trek en autonomie dans cette région relève du stakhanovisme vu que les seuls points de ravitaillement de cet espace de taille un tantinet démesurée se réduisent à Leh et quelques satellites comme Korzok, Pang, Upshi, Khare, Padum, et évidemment situés à des dizaines de kilomètres des endroits où vous êtes sensés passer. Et seulement si vos nécessités culinaires s'accommodent des basiques locaux : riz, pâtes, lentilles, soupe en sachet, biscuits. 

Fond plan inde himalayenne tsomoriri mahe

N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1 Carte La haute route du Tsomo Riri à Mahe

Vous pouvez accéder au billet de blog que j'ai écrit au retour des 7 + 11 jours de trek (avant ce trek j'avais réalisé celui de De Sangtha au Tsomo Riri). Il illustre le quotidien de ce voyage d'exception (heurs et malheurs, rencontres, etc) et peut aider à la construction de votre voyage.

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Europe - Delhi

8 à 10h d'avion selon la compagnie.
Arrivée en toute fin de journée au T3 de l'IGIA de Delhi ou bien en pleine nuit. Après avoir récupéré ses bagages, on se dirige vers le hall "Départs domestiques" de l'un des terminaux T3 (c'est dans le même bâtiment), T2 (juste à côté du T3) ou T1, le plus ancien, joignable en taxi ou en métro jusqu'à Aerocity puis navette bus, pour opérer la correspondance vers Leh (Vistara, GoAir, SpiceJet ou Air India).

Jour 2 : Delhi - Leh

1h30mn d'avion.
Départ entre 5h30 et 9h du matin avant qu'il ne fasse trop chaud sur la vallée de l'Indus et que les avions aient du mal à atterrir ou décoller par manque de portance. Une fois à Leh, remontée vers la capitale du Ladakh en taxi pour se poser à l'hôtel ou à la guest-house puis repos ! On est à 3500m, il ne faut pas rigoler avec les phases d'acclimatation... En fin d'après-midi, on peut quand même sortir pour une petite découverte de la ville mais sans excès. Entre autres, on est pas obligé de monter immédiatement au Royal palace ni au vieux fort qui jouxte Tsemo gonpa. Mal de tête quasiment assuré et souffle court... Mais on peut se faire déposer en taxi à Tsemo gonpa pour descendre tranquillement jusqu'à la vieille ville de Leh au milieu de laquelle il est VRAIMENT conseillé de visiter l'Asian museum consacré à l'histoire du Ladakh. Noter au passage que la visite du Royal palace à Rs300 est totalement évitable ! Nuit en guest-house.

La ville de Leh vue de Tsemo gonpa

Jour 3 : Leh - Visite de monastères situés dans la vallée de l'Indus côté ouest

3 à 4h de voiture.
Au choix : Phyang, Spituk, les plus proches, Alchi, Man Gyu, les plus éloignés voire Lamayuru. Ne pas rater les grottes ornées de Saspol et la descente du fort de Basgo (faire défiler les Diaporamas). Retour à Leh. Nuit en guest-house.

La nouvelle salle de prières du monastère de Phyang

Jour 4 : Leh - Shey - Thikse - Hemis - Lato

3h30 de voiture et visites.
Après la visite de quelques monastères situés le long de l'Indus du côté E de Leh, on se rend à Lato pour passer une nuit d'acclimatation à l'altitude (4000m) avant de rejoindre le lendemain le début du trek sur la rive W du lac du Tsomo Riri à Korzok situé à 4550m. Nuit en gîte ou tente dans la cour du gîte de Lato.

La fête annuelle au monastère drukpa de Hemis (début juillet)

Jour 5 : Lato - Tanglang La - Tsokar - Korzok

5h de voiture.
De Lato, on remonte par la NH-3 la longue vallée fluviale qui passe par Gya et Rumtse jusqu'au passage du Tanglang La qui dépasse les 5300m d'altitude. Ensuite, on descend côté S jusqu'au début de More Plains où l'on s'engage à G pour rejoindre la cuvette du Tsokar, un lac salé. Puis on poursuit vers l'E en franchissant le col du Polo Kongka (4970m) avant de redescendre sur Puga et ses sources chaudes. A Puga sumdo gongma on rejoint la route qui arrive de Mahe pour se diriger plein S vers le Thadsang Karu Kyagar tso, un lac d'une beauté remarquable, qui annonce le suivant, celui du Tsomo Riri. Après 6kms à suivre la rive NW, on atteint Korzok, un village très (trop ?) touristique du bout du Monde... Nuit dans un des gîtes de Korzok ou alors dans l'un des campings situés en contrebas du village.

Dans l'unique rue de Korzok

Si vous arrivez en début d'après-midi, vous avez la possibilité d'enchaîner directement vers Kyangdam si vous avez choisi l'option 4x4 pour descendre le long de la rive W du lac du Tsomo Riri. Lire les explications sur le Jour 6 qui suit.

Jour 6 : Korzok - Kyangdam - Numa Ringmo

1h30 de voiture 4x4 et 1h30 à 3h / +100m / -100m.
On peut tout faire à pieds bien sûr (compter 28kms / 7h / +250m / - 245m) mais il est vivement conseillé de se faire transporter en véhicule au moins jusqu'à Kyangdam pour s'éviter une très longue journée de marche monotone le long du lac au milieu d'espaces arides et sans intérêt autre que la contemplation des eaux du lac dont les couleurs changent selon l'humeur de la météo... Noter qu'il est possible à deux endroits du parcours de pouvoir établir un camp auprès d'un des ruisseaux qui descendent des Mentok. On évolue la plupart du temps sur un sentier sablonneux racé sur la rive W mais Dieu ! que c'est long et peu passionnant. C'est pourquoi on peut décider de squeezzer l'étape pédestre et se payer une liaison 4x4 jusqu'à Kyangdam (Rs3500 pour un véhicule jusqu'à 6 personnes, se renseigner au bureau des taxis ou au monastère, si, si...). Et rien ne vous empêche de solliciter le conducteur de s'arrêter pour quelques séances photos... C'est à partir de Kyangdam à 4550m sur la rive SW du lac du Tsomo Riri que commencera la marche.

On doit supposer qu'il n'est pas mort de soif...

A l'arrivée sur le site de Kyangdam, la voiture aura franchi la Phirse chu (cela évite d'avoir à se déchausser pour la traverser à gué, hé, hé...) et là on doit opérer un choix :
1- vous souhaitez rejoindre le camp au plus vite (c'est le cas si vous êtes arrivé à Korzok en début d'après-midi et que vous avez enchaîné avec la liaison 4x4, il est alors pas loin de 17h et il ne serait pas ridicule de se poser...) et auquel cas vous allez suivre la piste vers le SE tracée en majeure partie sur le lit de galets et qui contourne le delta humide du lac (compter 1h30 / +100m / -95m).
2- Diaporama vous arrivez en milieu de matinée sur le site de Kyangdam, et à condition que le lac soit en basses eaux, vous pouvez partir à pieds plein E rejoindre la rive S du lac afin de "se perdre" dans les méandres du delta à la rencontre des oiseaux et des mammifères qui peuplent ces espaces humides. Une fois atteinte l'extrémité du cordon lagunaire et pour rejoindre le camp, vous disposerez de deux solutions :
1) vous avez quasiment atteint la rive E du lac, quasiment car il ne vous reste qu'à déchausser pour traverser les deux ruisseaux à fond sableux d'une vingtaine de mètres chacun qui vous séparent encore de la terre ferme ; ensuite, il ne reste plus qu'à longer vers la D l'étendue d'eau.
2) sinon attendez-vous à devoir contourner des dizaines de cuvettes plus ou moins vaseuses lorsque vous vous dirigerez vers le S (normalement il n'y a pas lieu d'ôter les godasses, mais...) et jusqu'à la dernière à l'aplomb du camp situé auprès de la source qui sourd d'une colline détritique à 300m au S du village de nomades de Numa Ringmo accroché à la pente au pied du large col du Norbu La (3h, 4555m, GPS : 32°45'50"N 78°22'05"E). Contrairement au site de Kyangdam, on n'aura pas le droit au superbe coucher de soleil sur le lac...

Dans l'entrelacs des bras du lac...

Jour 7 : Numa Ringmo - Norbu La - Chumik Jara (Ulli)

4h30 / +565m / -470m.
Journée plateaux aujourd'hui avec un tant soi peu de dénivelée car, qui dit plateau au Ladakh, ne signifie pas plat... Et prenez vos précautions, vous ne trouverez pas d'eau avant l'étape !
Diaporama Du camp, on emprunte la piste sableuse qui égrène ses lacets dans la pente SE des moraines détritiques qui occupent la rive E du lac du Tsomo Riri (on peut aussi monter à flanc de pente en direction du NE mais pour une mise en train matinale cela peut paraître un peu rude...). A la cote 4775, la piste principale part sur la droite traverser un thalweg puis s'en va rejoindre la partie S du Norbu La, un col, rappelons-le, large de plus de 5kms..., et prendre pied sur le plateau aux alentours de 5000m à ce que l'on va nommer le "new Norbu La", celui des automobilistes...

En montant vers le col du Norbu La (Tsomo Riri)

Les marcheurs quitteront la piste principale et s'engageront tout droit sur une piste en forte montée jusqu'à 4850m où ils la laisseront poursuivre au NE alors qu'ils continueront au NNE en s'élevant tranquillement à flanc jusqu'à la retrouver un peu plus avant pour un parcours commun d'1km. Alors que la piste ira franchir une crête, on inclinera la marche sur la G pour rejoindre le monticule qui précède le Norbu La, l'authentique, celui des marcheurs (2h10, 4970m, reconnaissable à la guirlande de lungtas qui trône au sommet). Et ce n'est que de ce monticule, et de nulle part ailleurs, que l'on pourra embrasser du regard la partie S du lac du Tsomo Riri, son delta marécageux, la chaîne des Mentok et reconnaître tout au fond à droite le village de Korzok.

Si on veut voir le lac, c'est d'ici et pas ailleurs (Norbu La des piétons)

On poursuit la marche au N puis NE pour descendre traverser un grand plateau où l'on retrouve la piste de tout à l'heure mais on la laisse partir à gauche. Nous, on poursuit toujours tout droit pour franchir un collet resserré bien identifiable situé entre deux buttes détritiques où l'on croise la route stratégique (55mn, 4855m, route interdite à la circulation automobile autre que celle des véhicules militaires et de quelques nomades assermentés, mais pour les chevaux, les mules et les humains à pieds, c'est tout bon !). On la suit sur 300m en descente et, avant le virage à droite, on s'échappe du goudron à main G pour reprendre une direction N à travers le plateau, pas si plat que ça avec de nombreux croisements de thalwegs à sec qui descendent du sommet du Chagarchan. Pendant tout le parcours de contournement du Chagarchan, on dispose sur la droite, du S au SE, de belles vues sur les montagnes qui entourent la plaine de Tegazang : Handlung, Snobu et Ser Ur Ri.

Traversée du plateau au S du Chagarchan La

On vient croiser le sentier qui arrive du Chagarchan La (35mn, 4800m), sentier bien marqué car encore bien emprunté par les nomades et leurs troupeaux lors des transhumances. On le suit vers l'aval pendant 400m avant de le quitter à main G pour aller retrouver en RD du thalweg le sentier inférieur. On se rapproche du fond du thalweg pour passer RG (15mn, 4725m) et effacer deux ou trois mamelons morainiques donnant accès à un "champ" de cailloux sur lequel la marche est un peu moins aisée qu'auparavant. En légère descente, on traverse de grands espaces colonisés par les familles de kiangs (qu'est-ce qu'il y en a !) en visant une minuscule "prairie" verdoyante qui se situe en RG d'une large vallée fluviale caillouteuse sur le domaine du village de nomades d'Ulli. Après être descendu du plateau caillouteux et traversé la rivière de galets, on remonte sur cet espace réduit où l'on peut établir le camp. On se trouve à Chumik Jara (35mn, 4650m, GPS : 32°49'57"N 78°29'00"E, "la source aveugle" mais c'est bien grâce à elle que l'on peut s'étendre sur du beau gazon bien dru...).

Au bivouac de Chumik Jara avec le sommet du Chagarchan caché par la couche nuageuse

Jour 8 : Chumik Jara (Ulli) - Kyanse La (ou Zara Karmo La) - Shukule (Kyun Tso)

5h / +720m / -255m.
Diaporama On remonte la large vallée fluviale de la Zara Karmo togpo d'abord en RG en direction du NNE avant de se rapprocher du centre de la vallée où il est beaucoup plus aisé de marcher sur des cailloux plats. On retrouve le sentier qui arrive du Chagarchan La (20mn, 4695m) et on le suit sur la D avec comme point visé un monticule conique. On dépasse une confluence avec une vallée qui arrive de la droite et on poursuit dans la vallée principale qui entame une légère courbe sur la G. Peu à peu on se rapproche du lit de la rivière encombré de gros galets blancs d'origine glaciaire qui ont dû arriver là lors de fortes poussées du glacier S du Lungser Kangri.

Une heure après avoir quitté le camp, on traverse la Zara Karmo togpo

On traverse ce chaos pour se retrouver RG (35mn, 4780m). Noter une superbe vue arrière sur le plateau du Kiang et à sa droite la longue crête du Chumik séparés par le "new Norbu La". Tout à gauche, la large plaine de Tegazang précède le large sillon transversal de la Parang chu. On remonte sur la moraine RG (cairn). On passe au pied d'un béquet rocheux de couleur rouge et on poursuit vers le N en suivant la ligne de cairns qui permet de louvoyer entre les blocs rocheux sans se poser de questions. On se rapproche du coteau pour découvrir le départ du sentier (35mn, 4855m), point d'entrée de la vallée qui s'ouvre sur la D. On reste à hauteur jusqu'au moment où le sentier descend traverser la rivière à sec. On se retrouve RD (15mn, 4900m) et on poursuit en montée régulière sur des pentes d'herbe rase en direction du N avec le passage du col comme horizon. Celui-ci est bien marqué et on ne peut pas se tromper...

Dans les dernières pentes sous le Kyanse La

Un regard vers l'arrière permet de se rendre compte qu'une montagne à l'impressionnant glacier émerge de l'arrière du Chumik : il s'agit du Monto, pourtant de taille assez modeste pour le coin, juste un peu plus de 6300m, qui fait partie du bassin versant de la Pangyo chu (voir topo De l'Indus à la Chandra) et montre qu'il "a tout d'un grand" tant il dépasse ses voisins d'une "large tête". Poursuivons notre ascension pour venir croiser à mi-pente le thalweg issu du col (15mn, 4960m). On passe RG pour suivre un chemin en forte pente qui vers 5040m s'échappe du thalweg au moment où sa pente aurait tendance à se redresser à l'approche du col. On part sur la D rejoindre une crête pour poursuivre "plus sereinement" l'ascension sur une large selle à la pente maîtrisée recouverte de cailloux blancs (on dirait le sommet du Ventoux...). Les derniers lacets sous le col sont un peu plus relevés juste avant de passer une "frontière" territoriale (un alignement de cailloux marquant la séparation entre les domaines dépendant de Korzok et de Nyoma). Puis on atteint le Kyanse La (45mn, 5270m, appelé aussi Zara Karmo La en mémoire d'un oracle tibétain).

Côté N du Kyanse La, on découvre au loin la cuvette des lacs Kyun tso

Côté panoramas : côté S, tout à déjà été dit lors des reprises de souffle dans la montée avec une mention particulière pour l'étendue des plateaux sablonneux que l'on a traversés hier..., côté N, on domine le plateau des lacs Kyun tso, celui de droite, le Ryul tso, un peu salé, et tout au fond du plateau le Chilling tso à l'eau potable qui présente ses étendues bleutées au variantes multiples et plutôt contrastées (voir le topo De l'Indus à la Chandra pour une exploration plus en profondeur de la cuvette lacustre). Mais qu'il est donc étendu ce plateau ! On distingue ça et là des petits points blancs : ce sont les tentes des nomades tibétains qui viennent à l'été faire brouter leurs troupeaux de chèvres pashmina. Des chèvres, il y en a des milliers ! Il faut dire qu'il y a de la place...

Avis d'orage sur la cuvette des lacs Kyun tso (Changthang - Ladakh - J&K)

La descente du col s'effectue pile poil au milieu, plein N, pour passer à G d'un béquet rocheux solitaire perdu au milieu de la pente à la faible déclivité. Au-delà, on essaie de rester à une altitude constante de 5150m pour contourner les mamelons et traverser les combes qui occupent les flancs E du Lungser Kangri. Après une heure de marche, voici qu'à l'extrême-gauche une vallée permet de revoir une dernière fois le glacier-dôme du Chagarchan. On imagine que cette vallée doit être celle qui descend du Thyong La (pour une prochaine exploration...?). En restant à hauteur de la vallée fluviale, on atteint ainsi les banquettes herbeuses qui jouxtent le ruisseau qui descend des glaciers du Lungser Kangri au lieu-dit Pangdale. On passe au-dessus des camps de nomades. Il y a pas mal de familles qui passent l'été par ici, en gros une trentaine. Avec une moyenne de trois chiens par famille, ça fait quand même pas loin d'une centaine de paires de mâchoires qui en veulent à votre pantalon, voire un peu plus, la viande n'est pas à dédaigner... Heureusement que les nomades sont dans l'ensemble des gens sympathiques et ils feront vraiment tout ce qui est dans leur pouvoir pour vous protéger. Ceci dit, un accident peut se produire...

Le chien : protecteur des troupeaux, l'ami du berger, mais pas forcément celui du randonneur de passage...

On poursuit vers le S en légère pente afin de franchir un collet qui s'inscrit au pied de l'épaule E du Lungser Kangri. De l'autre côté, on descend légèrement pour rejoindre les banquettes herbeuses en bordure de la rivière Shukulung chu qui descend des Shukule peaks et du Chamser Kangri au lieu-dit Shukule. On y établit le camp (2h15, 5135m, GPS : 32°57'00"N 78°33'00"E), RD ou, en ayant traversé la rivière, RG, peu importe car pour demain il y a un chemin de chaque côté...

Jour 9 : Shukule - Chamser Kangri BC NE

2h05 / +400m / -35m.
Petite journée mais l'altitude n'étant pas si bénigne que ça, il convient de respecter certaines règles d'acclimatation... Il serait séduisant d'avancer un peu pour réduire la longueur de l'étape suivante mais il y a deux écueils à cela :
1- l'altitude d'un camp établi à proximité du lac supérieur sur la moraine serait un peu trop élevée (voir topo du jour 10)
2- le franchissement de la moraine est aujourd'hui impossible pour des animaux de bât (il l'a été autrefois, dixit le muletier, mais aujourd'hui, ça craint... ceci dit il n'a pas tort !).

Le bivouac de Shukule (avec le Chilling tso, le plus septentrional des Kyun tso)

Diaporama On remonte le long de la rivière vers l'W en restant RD (mais si vous êtes passé RG pour établir le camp pour quelque raison que ce soit, restez-y, on peut très bien faire le parcours en RG aussi...). On suit les banquettes herbeuses en suivant un chemin à peine marqué mais très usité par les nomades et leurs troupeaux si l'on considère la quantité de déjections qui jonchent le sol... Juste avant que le défilé ne se rétrécisse et empêche de poursuivre le long de la rivière, on monte à main G pour effacer une épaule détritique (20mn, 5210m) d'où l'on dispose d'une belle vue arrière sur une partie du plateau lacustre des Kyun tso dont la moitié septentrionale du Ryul tso. A l'avant, on distingue une confluence de vallées que l'on rejoint bientôt en quasi courbe de niveau.

Des edelweiss par millions...

On traverse à gué le torrent qui arrive de la gauche depuis l'un des glaciers du Lungser Kangri (15mn, 5230m). Une fois sur la pointe qui sépare les deux torrents, on remonte à main G en RD du torrent de la Shukulung chu. Alors que les pentes vont devenir de plus en plus abruptes et peu propices à la marche, une série de cairns invite à passer RG au niveau d'un élargissement de la rivière qui plus est encombrée de pierres plates assez rapprochées les unes des autres. Une aubaine pour ne pas avoir à déchausser...

La rivière Shukulung

Si vous avez remonté la partie basse de la vallée en RG, vous n'aurez pas eu à traverser le torrent qui arrive du Lungser Kangri ni la Shukulung chu et c'est ici que les deux itinéraires vont converger (20mn, 5270m). On poursuit sur des banquettes herbeuses en bordure du torrent. Puis la vallée s'élargit, la pente se fait moins affirmée et on traverse de nombreuses prairies de gazon humide qui pourraient toutes prétendre à l'établissement de campements. Mais il est encore trop tôt ! On poursuit vers le NW face au Shukule II pour atteindre un cirque morainique dans lequel descend de la droite le thalweg qui sépare les deux Shukule et à la gauche les deux langues glaciaires qui occupent les combes E du Chamser Kangri. Voici donc le camp élu : il dispose d'une source et d'une butte gazonnée hors d'eau pour y poser les tentes (50mn, 5000m, GPS : 32°58'30"N 78°30'05"E).

Au camp de base NE du Chamser Kangri la moraine infranchissable par les mules se trouve sur la droite de la photo)

Jour 10 : Chamser Kangri BC NE - Tso Mangpo La - Shukule II (option) - Shurok doksa

7 à 8h / +700m / -1410m + option Shukule II à 3h30 / +500m / -500m.
Cette randonnée d'altitude est à réserver aux personnes bien acclimatées et n'ayant pas de difficultés à soutenir un certain rythme en altitude. Car la longueur de la journée risque d'en surprendre plus d'un(e) avec le risque dans la descente de devoir finir à la lampe frontale, voire... Du fait qu'il est totalement impossible que la caravane de mules puisse effectuer ce tour du Shukule à cause des écueils à franchir, elle doit redescendre le matin même sur le plateau des Kyun tso, franchir au N le Nidar La et rejoindre, en suivant la piste des nomades (voir J6 du topo De l'Indus à la Chandra à l'envers), le camp prévu pour le soir, soit au bas mot, entre 6 et 7 heures de route pour atteindre la doksa de Shurok sumdo... Donc, pas de possibilité qu'elle vienne à votre rencontre dans votre phase de descente par exemple du côté de la doksa à 5435m pour alléger votre temps de marche...

Au départ du Chamser Kangri BC E au pied de la fameuse moraine...

Diaporama De l'emplacement du camp à l'entrée du cirque morainique, on se dirige vers l'WNW pour remonter en RG en direction de la falaise morainique latérale de la deuxième langue glaciaire et qui paraît condamner l'accès à la vallée d'altitude tant elle semble de loin bien "pourrie" et redressée. Et pourtant il va bien falloir passer par là ! On imagine que l'on va remonter le lit du ruisseau exutoire qui se trouve sur la droite, seul passage qui semble(rait) acceptable, mais qui, plus on se rapproche, ne le semble vraiment plus du tout... Au passage, on laisse à main gauche, en contrebas au fond de la cuvette sableuse libérée par le recul du glacier, un lac de couleur vert pâle (5mn, 5515m) dominé par les deux langues glaciaires. On remonte la cuvette sableuse en RG à la limite des blocs rocheux qui se sont entassés à la base du Shukule II. On va faire un petit détour (ludique...) à l'extrémité de la langue glaciaire du fond puis, en laissant de côté la première option de remonter dans le lit du ruisseau, on rejoint la base de la moraine (25mn, 5560m) et on commence à la remonter à flanc vers la G, comme si on suivait la RG de la langue glaciaire un peu en hauteur. On s'élève peu à peu vers le NW en suivant la ligne de cairns (rafraîchie à l'occasion de notre passage...) pour se retrouver en haut et après moult zigzags entre les blocs, sur la première lèvre de la moraine (55mn, 5680m). De ce point de vue, on distingue dans le prolongement de la langue glaciaire les sommets du Lungser Kangri sur la gauche et du Chamser Kangri sur la droite (noter que ces sommets ont été en 2017 interdits d'accès par l'armée indienne suite à la construction de leur nouveau camp militaire en rive E du lac du Tsomo Riri à l'aplomb de ces deux sommets).

Le grand glacier qui descend du col entre Lungser Kangri à gauche et Chamser Kangri à droite

Ensuite, il suffit de remonter d'une trentaine de mètres vers le NW pour prendre pied sur le plateau morainique désiré (5mn, 5720m, camp possible si l'on est en autonomie...) et découvrir qu'en son centre y réside un lac d'une belle importance. On poursuit vers le NW en suivant la ligne de cairns (de bien beaux spécimens...) en RG de la vallée et on s'élève tranquillement en direction d'un passage évident qui s'inscrit au pied de l'arête S du Shukule II.

Remontée de la combe pierreuse au-dessus du lac morainique

Vers 5800m, on découvre que les combes morainiques sont toutes occupées par des lacs de taille et de couleur différentes. Lors d'une séance de reprise de souffle, on est amené à regarder le panorama à l'arrière et c'est pour y contempler le sommet du Handlung, à son pied le Selkom La, et dans le lointain un ensemble de montagnes chinoises. La remontée du verrou rocheux permet de franchir un collet et donne accès à un plateau composé de petits schistes jaunâtres (1h, 5900m).

Le collet qui donne accès au plateau du Tso mangpo La (tout en haut à droite, noter l'accueil du bharal...)

Et que trouve-t-on juste derrière le collet ? Eh bien, un lac de belle importance que l'on contourne par la G pour poursuivre de butte en butte vers le NNW jusqu'au centre d'un large plateau situé entre le Shukule II sur la droite et l'impressionnant Chamser Kangri sur la gauche. On se situe pile poil au niveau d'un col, large certes..., mais un col que l'on nommera, vu le nombre de lacs qui ponctuent cette journée (et c'est encore loin d'être fini !), le Tso mangpo La (20mn, 5950m, GPS : 32°59'24"N 78°27'50"E, traduction "le col des nombreux lacs", aurait-il pu en être autrement ?).

Large panorama depuis le Tso mangpo La sur la partie septentrionale de la Korzok range

Une fois les lungtas accrochés, on regarde le panorama : à partir des sommets du Chamser Kangri situés sur la gauche et qui dominent le col de belle manière, un 6600m quand même..., on suit du regard toute la chaîne de la Korzok range et, au-delà du Yalung Nyau La, on poursuit par le Yalung Nong pour finir par les Gursan et Gursak. Tout cela rien que pour nous ! Une seule désillusion, de taille, mais on s'y attendait, pas de vue, même partielle, sur les eaux du lac du Tsomo Riri. Celles-ci restent occultées par de nombreux mamelons morainiques situés en hauteur sur la rive E du lac. Il faudrait pour cela faire un détour vers l'W sur l'un d'entre eux pour espérer une vision, et encore pas sûr... Et comme le temps est un peu compté sur cette étape, il est quasiment impossible de s'octroyer une ou deux heures de supplément. A moins que vous ne soyez en autonomie et auquel cas vous pourrez envisager un camp d'altitude dans la phase de descente à proximité d'un lac pour disposer d'un peu d'eau... C'est l'avantage de disposer sur soi du matériel de bivouac et du ravitaillement à ceci près qu'à ces altitudes-là le poids est un facteur non négligeable...

C'est par ici le chemin de crête du Shukule II, mais chut !

Si vous êtes en autonomie, ou que vous êtes partis très tôt du Chamser BC NE ce matin, il est tout à fait possible de tenter (et de réussir...) l'ascension du Shukule II, un sommet glaciaire côté N mais étonnamment rocailleux et libre de glace voire de neige sur les faces S et W. Donc, du Tso mangpo La à 5950m, (chut !) il est possible de suivre le fil de l'arête SW (théoriquement sans équipement de mi-juillet à mi-septembre) pour rejoindre le sommet à 6450m et disposer d'une large vue périphérique à 360° sur la partie S du Changthang (compter 3h30 aller-retour et +500m / -500m non comptés dans le cumul de la journée, qui est déjà longue, relire le texte en introduction du chapitre).

A l'approche du lac, vue sur le sommet du Shukule II à droite et en face la vallée de descente vers Shurok sumdo

Au-delà du col, on reste aux alentours des 5950m pour opérer le contournement du bastion W du Shukule II. Ainsi, on atteint une petite éminence morainique sur laquelle sont érigés deux empilements de roches plates (naturels...). De ce belvédère, on dispose à nouveau d'une vue panoramique exceptionnelle sur les montagnes du Rupshu côté W : on y reconnaît même l'élégant sommet du Lanyar peak dont on a pu explorer le massif lors du trek De Sangtha au Tsomo Riri. Juste derrière la butte, côté N, on découvre la présence d'un nouveau lac morainique au bord duquel on se rend (40mn, 5940m). Du lac, on embrasse du regard, se mirant dans les eaux pures, les sommets des deux Shukule et le Chamser Kangri. Une vision réellement idyllique !

Le Chamser Kangri à droite se mire dans les eaux du lac (et à gauche, s'il fallait davantage vous convaincre, c'est la crête SW du Shukule II...)

Comme il faut bien quitter les endroits enchanteurs (pour en aller découvrir d'autres, bien sûr...), on remonte une petite ligne morainique en direction de l'ENE pour découvrir d'en haut la profonde vallée dans laquelle on va s'engager. Mais d'abord, pour ceux qui auraient pu être frustrés de "n'avoir pas dépassé" les 6000m, ils peuvent accrocher à leur palmarès la petite butte morainique rougeâtre qui trône solitaire au milieu du plateau à main G. On peut accéder au premier béquet rocailleux E à 6000m et aussi carrément se "payer" le sommet W à 6051m (compter 40mn). Du sommet, on redescend par la crête E de laquelle on peut découvrir la superbe langue glaciaire qui descend au creux du vallon N du Shukule II. On se dirige en RD de la vallée pour descendre jusque sur le fil de la moraine latérale RG du glacier et en découvrir la totalité (cairn). Le fil de la moraine est orienté au N et on le suit avant de descendre plein E rejoindre en contrebas l'extrémité de la langue glaciaire (35mn, 5670m).

On passe au pied de la langue glaciaire qui descend du vallon qui sépare les Shukule I et II

Là encore, on longe sur sa RG un lac de couleur vert pomme avant de rejoindre le ruisseau exutoire en bord de cuvette lacustre (5mn, 5650m). On le traverse pour découvrir par la même occasion la présence d'un petit lac lové dans un repli de moraine en contrebas sur la droite et qui était jusqu'à présent occulté. En désescaladant un infâme pente de gros rochers rouges, on rejoint plutôt directement la rive W dudit lac (15mn, 5580m). On poursuit sur la G pour traverser la cuvette d'un troisième lac de couleur turquoise et trouver côté N le "début de l'initialisation" d'un sentier (10mn, 5570m) marqué d'un cairn.

Les deux derniers lacs de la journée (pas les plus moches...)

On descend sur le fil d'une crête herbeuse jusqu'à atteindre une confluence de rivières (10mn, 5480m). Après avoir traversé le ruisseau qui arrive de la gauche, on doit remonter pleine pente au N (bien que cela puisse sembler aguichant, il ne faut pas suivre le lit de la rivière !). Sur le plateau morainique, on enchaîne par un petit parcours en up / down à hauteur de la rivière, rivière que l'on ne reverra plus jusqu'à la fin de l'étape tant le parcours qui est proposé pour rejoindre le fond de la vallée est tracé à belle hauteur du sillon tracé par les eaux ! On est amené à traverser une doksa (20mn, 5435m). Après, le sentier est mieux marqué et cairné épisodiquement pour aider le randonneur à se diriger, sans vraiment descendre..., vers le NE.

Avis de mauvais temps sur le Nidar La

On traverse un immense plateau d'altitude dans sa longueur où l'on commence à redresser vers le N avant de prendre pied sur un second plateau recouvert de petits buissons d'épineux. On commence à se rapprocher du rebord E du plateau mais sans descendre vers la rivière qui coule 300m plus bas... On commence à avoir en enfilade la vallée de Nyoma et juste après on découvre en contrebas vers le N le lacet que fait la piste au niveau de Shurok sumdo. Mais on en est encore loin ! C'est à présent le point visé pour descendre de banquette herbeuse en banquette terreuse jusqu'à la bifurcation de chemins (1h10, 4890m). A droite, on descendrait rejoindre la piste ce qui ne servirait à rien puisqu'il faudrait remonter un peu plus loin... Donc, on continue quasiment en courbe de niveau sur le rebord de la falaise à hauteur en RG du thalweg détritique dans lequel coule la rivière. Après avoir effacé une petite arête, on descend vers le NW rejoindre la piste (20mn, 4845m), piste que l'on suit sur la G en légère descente. Au niveau du lacet très prononcé qui se présente (c'est celui qui initialise la descente vers la vallée de Nyoma...), on s'échappe de la piste vers l'W pour aller traverser un thalweg très creusé (remonter un peu vers l'amont pour trouver la seule possibilité aménagée permettant de le traverser) et, une fois de l'autre côté, rejoindre la base du mamelon de couleur ocre au pied duquel se trouve la doksa de Shurok où l'on établit le camp (15mn, 4770m, eau de source au niveau des chörtens, C BSNL en remontant un peu au-dessus du camp).

L'accueillante doksa de Shurok sumdo (au lever du soleil...)

Jour 11 : Shurok doksa - Nyima gonpa - Datstane - Nechung La - Nechung Phu

5h35 / +590m / -835m.
Diaporama de Shurok doksa à Nyima gonpa Au réveil, belle vue vers le S sur le massif du Shukule et au N sur l'enfilade de la vallée de Nyoma jusqu'à sa confluence avec celle de l'Indus. En arrière-plan, de belles guirlandes de sommets du nord du Changthang... On remonte sur la butte ocre qui domine le camp par l'une des traces de bestiaux puis on suit légèrement sur la G le sentier historique des transhumances tracé à une altitude moyenne de 4770m. Partiellement effacé au début, on le retrouve mieux viabilisé après 10mn de marche.

Entre Shurok sumdo et Nyima gonpa

Une fois que l'on a traversé nombre de thalwegs qui descendent des montagnes à main gauche, que l'on vient de franchir une épaule morainique (45mn, 4750m) et que l'on s'apprête à traverser une large combe, on incline la marche un peu sur la D pour rejoindre au NNE un col qui se trouve au pied d'un gros mamelon rouge. On s'engage sur la G dans le thalweg et, à l'approche de la sortie, au niveau d'un mamelon rouge situé sur la G, on monte sur la G en biais franchir un petit collet (40mn, 4570m) avant de traverser la combe et remonter jusqu'au sommet d'en face (5mn, 4595m) pour disposer d'une large vue sur le plateau de Nyima.

Au milieu d'un reg de la plus belle obédience marocaine, à l'approche de Nyima gonpa

Sur la gauche, on couvre du regard jusqu'au passage altier du Ribil La reconnaissable à sa proximité avec le sommet glaciaire du coin, le Chalung (ce col a été franchi lors du trek De l'Indus à la Chandra). Tout en bas du vallon de descente, on découvre la présence du gonpa de Nyima. On traverse la large vallée pierreuse et on rejoint le gonpa (15mn, 4530m, hébergement sommaire dans l'enceinte du gonpa, possibilité de camp 300m à l'W du site monastique, source). Alentour, un petit coin de paradis verdoyant au milieu d'un désert de roches multicolores !

Nyima gonpa avec à l'horizon le Ribil La

Diaporama de Nyima gonpa à Nechung phu On traverse la rivière qui descend du vallon W du Chalung pour descendre au milieu de la vallée rejoindre les murs de manis. On descend légèrement à G jusqu'à l'entrée des gorges détritiques où les eaux des deux torrents, celles qui descendent du Chalung et du Ribil La, se mêlent (25mn, 4435m). On traverse à gué le torrent pour suivre en RD l'ancien chemin qui suit la rivière au cœur des gorges pendant 500m. On louvoie entre parois sableuses et arbustes et on découvre au passage de beaux pitons de basalte. Ça a dû chauffer pas mal dans le coin il y a quelques millions d'années ! Puis la vallée s'élargit et l'on se met à longer un muret de pierres sèches construit par les villageois pour protéger les cultures des débordements soudains de la rivière. Ensuite, on dépasse quelques grottes (naturelles...?) présentes dans les falaises sableuses de la RG.

Dans les gorges sablonneuses entre Nyima gonpa et Datstane

La sortie de la vallée fluviale est marquée par la confluence avec le torrent qui arrive de Shurok sumdo et il faut de nouveau traverser à gué le torrent de G pour rester en RG de la large vallée de Nyoma (35mn, 4375m) et en poursuivre la descente. En se retournant et avec le recul, on dispose d'une large vue sur la chaîne de montagnes qui s'étale du Shukule à gauche au Chalung à droite. Pas mal du tout ! On s'éloigne du lit de la rivière pour poursuivre au N et traverser un reg qui permet de rejoindre la prairie gazonnée qui s'inscrit au pied d'un vallon arrivant de la gauche. On atteint le lieu-dit Datstane (50mn, 4280m, GPS : 33°08'27"N 78°34'59"E, possibilité de campement à 15mn au NE près des maisons du village pour disposer d'une eau de source).

Sur le sol quasi lunaire du vallon oriental du Nechung La

De la prairie, on remonte au NNW pour pénétrer dans le vallon très austère présentant un quasi sol lunaire, si, si... Pas une once de végétation, pas d'eau, que des cailloux ! On suit un chemin encore pas mal utilisé de nos jours tracé sur un sol que l'on croit noir de jais. Mais en y regardant bien, il n'y a pas que des cailloux noirs, on distingue des éclats de roches de couleurs rouge, bleu, jaune et même vert "turquoise". Assez bluffant comme endroit ! Au début, la pente est vraiment peu relevée mais, au fur et à mesure que l'on prend de l'altitude et que l'on se rapproche du col, ça se redresse. Il faut dire que le sentier est tracé de manière directe... On atteint le Nechung La (1h30, 4720m) marqué d'un labtse et (depuis notre passage...) d'une guirlande de lungtas. C'est une large selle à l'herbe rare de laquelle on domine au S la vallée minérale de Datstane, celle que l'on vient de quitter, et au N une vallée qui semble tout aussi minérale... A l'autre bout, on voit distinctement la "porte de sortie" du lendemain (enfin c'est ce que l'on croit...). En attendant, on oublie des indications fantaisistes d'un éventuel sentier dessiné sur la carte Olizane S de 2008 pour descendre pleine pente vers le N dans le creux d'un thalweg qui peu à peu se colore de vert avec une végétation naissante. Puis on découvre au détour d'un virage le fond du vallon et celui-ci contraste avec l'environnement : il est vert fluo.

Le site accueillant de Nechung Phu : comme un miracle !

Encore quelques centaines de mètres et nous voici arrivés à Nechung phu, le lieu de concentration de toutes les rivières souterraines avant qu'elles ne rejoignent la vallée de l'Indus en empruntant la gorge qui s'ouvre sur la droite (a priori cela semble être une voie de descente très usitée par les gens de la vallée puisque le site où l'on se trouve recèle de nombreux enclos à bestiaux, information confirmée par les bergers - en 1h30 on rejoint le pont sur l'Indus et la route de Leh à Nyoma). On établit le camp sur la verte prairie avec à disposition une source d'eau claire côté N (20mn, 4525m, C BSNL en montant jusqu'au drapeau accroché au milieu du piton rocheux duquel sourd l'eau de source). En marchant 10mn de plus, on peut aussi établir le camp un peu plus à l'W en direction des enclos à bestiaux à l'abord d'une seconde source pour avoir les rayons du soleil au réveil...

Le marmotton de Nechung Phu et ses frasques récréatives

Jour 12 : Nechung Phu - Punjar La - Mahe - Leh

7h10 / +900m / -1220m et 5h de voiture.
Diaporama On pénètre dans la vallée tout à D et on remonte plutôt en RG au NNW sur un tapis de "scories lunaires". L'opulente verdure n'a pas tenu longtemps... On dépasse une grosse pierre "posée" au milieu du vallon (50mn, 4730m) pour poursuivre tout droit en RD du thalweg sur un sentier plutôt bien marqué avant de franchir un large col précédé de la traversée d'une prairie d'herbe folles (30mn, 4870m).

Au départ de Nechung Phu (au fond, le Nechung La franchi la veille)

On poursuit au NNW en descente jusqu'à rejoindre une doksa (15mn, 4760m, pas d'eau, a priori chemin de descente sur la droite vers la vallée de l'Indus, très probable mais information non confirmée...). D'ici, pour poursuivre la journée, il existe deux possibilités (même temps, même dénivelée) :
1 - le grand tour : on poursuit toujours au NNW pour remonter jusqu'à un col (20mn, 4860m) duquel on dispose d'une vue plongeante sur un thalweg bien creusé et quelques montagnes du Changthang qui se dressent au-dessus de Mahe comme le Chakula (6534m) et ses satellites. Du col, on part pleine pente sur la G pour rejoindre le sommet d'une butte aux alentours de 5000m et on suit vers l'W la large crête panoramique jusqu'à rejoindre un col (1h, 5070m), point de convergence avec l'itinéraire 2.
2- la directissime : on remonte la large vallée qui part vers l'W puis, à la confluence, on s'enfile dans le vallon de D qui s'en va rejoindre directement, et en pente affirmée à la toute fin, le col à 5070m, point de convergence avec l'itinéraire 1. Cette voie d'accès est à privilégier pour la caravane de mules.

Descente sur la doksa (côté itinéraires : tout droit c'est le 1, à gauche c'est le 2...)

De ce col à 5070m, il ne reste plus qu'à monter sur la selle à la pente un peu relevée qui se présente à l'W et ainsi rejoindre sous l’œil inquiet des kiangs qui ne voient pas passer grand' monde par ici le sommet d'un mamelon rocailleux marqué d'un cairn (45mn, 5250m) d'où l'on dispose à l'arrière d'un panorama élargi au N et à l'E sur les chaînes de montagnes du Changthang indien et plus loin à l'horizon sur le chinois. Du mamelon, on poursuit à l'W en courbe de niveau et à flanc de coteau détritique pour rejoindre le large col, ou plutôt une large prairie, qui permet de basculer sur la vallée de la Changlung togpo.

Panorama vers le N sur la vallée de l'Indus et Nyoma depuis la grande prairie du Punjar La

Nous sommes au Punjar La (15mn, 5260m) et la vue est très étendue sur le Changthang indien, ça ce n'est pas nouveau, mais aussi sur l'envers de la chaîne du Ribil que l'on a pu explorer côté S lors de la traversée du Ribil La lors des premiers jours du trek De l'Indus à la Chandra. D'ici, le Chakula prend une dimension très himalayenne et donne envie d'aller explorer cette vallée d'en face, du côté du lac de Mahe. On reprend la marche toujours direction W pour traverser en biais la grande prairie sommitale et on découvre en contrebas une vallée d'altitude très verdoyante au milieu de laquelle on distingue quelques tentes de nomades et des troupeaux de chèvres pashmina de taille plutôt conséquente. En désescaladant les pentes terreuses et caillouteuses, on rejoint la plaine fluviale (30mn, 5000m).

Un berger de Nyoma en estive avec son troupeau (et toute sa famille...) dans la vallée de la Changlung togpo

On passe RG de la rivière et on descend la vallée sur un petit chemin tracé au milieu des banquettes herbeuses jusqu'à une confluence de vallées (25mn, 4920m) où l'on traverse le ruisseau émissaire pour poursuivre la marche toujours en RG de la vallée (c'est le conseil du berger : "Restez en rive gauche !"...). Au début, on évolue sur un petit chemin qui tutoie parfois de bien près le courant. Un peu plus bas, ça s'améliore ! On croise une source (45mn, 4785m). Un peu avant que la vallée ne plonge et se rétrécisse (20mn, 4700m), on croise une nouvelle source dont l'eau provient des moraines latérales. Les ruisselets s'en donnent à cœur joie au milieu des prairies bien grasses de couleur fluo.

Descente de la vallée de la Changlung togpo

Plus on descend, plus la vallée devient verte, ce qui contraste pas mal avec les rochers rouges et ocres qui forment les parois. Toujours en RG, on doit traverser ou contourner de nombreuses zones humides. Et puis, voilà l'entrée de la "forêt" ! Si, si, on rencontre les premiers arbres, des saules, le genre de végétation dont on avait oublié qu'il pouvait exister... Au début, ce ne sont que quelques spécimens isolés qui se sont installés en bord du ruisseau (40mn, 4500m).

A mi-chemin de la descente de la vallée de la Changlung togpo

La "forêt" se diversifie et se densifie : les saules se voient complétés de tamaris (vous avez bien lu "tamaris" même si l'on évolue encore au-dessus de 4000m !) si bien qu'il n'est plus possible à certains endroits de rester à proximité du torrent et que l'on doit contourner les bosquets d'arbres en remontant sur des chemins tracés à flanc de moraine. Soudain, au détour d'une butte, on distingue en contrebas une marque de civilisation : la fin du trek est proche car c'est bien le goudron d'une route que l'on distingue tout en bas entre les deux parois rocheuses... La RG devenant trop encombrée, il est nécessaire de traverser le torrent pour rejoindre sur la RD la piste d'accès à une plateforme de goudronnage désaffectée afin de pouvoir rejoindre la route Mahe - Puga sumdo (55mn, 4200m). "Trek is finished".

Changlung togpo : les deux premiers arbres qui annoncent une forêt plutôt dense en contrebas...

On se retrouve en pleine "pampa", à 3kms à l'W de Mahe, sans connexion téléphonique (il vaut mieux avoir prévenu à l'avance le conducteur qui va venir vous chercher...) et à l'extrémité de cette incroyable vallée qui nous a dispensé tout au long de la descente les charmes d'une des plus belles gorges du Ladakh, en tout cas assurément la plus méconnue de toutes, avec ses rochers aux couleurs irisées entourant un "tapis de sol" naturel d'herbe bien drue. Et pour finir, n'oublions pas la fameuse "forêt" vierge, un incroyable pied de nez à ceux qui n'avaient pas croisé un arbre depuis plusieurs jours, en fin de compte depuis l'initialisation de cette randonnée d'exception, à Korzok sur les rives du lac du Tsomo Riri.

Trek is finished...!

Jour 17 : Leh

Journée de sécurité. Journée libre pour aller visiter l'Asian museum, le Royal palace (expositions très décevantes pour les Rs300 demandées, une visite que l'on peut zapper) et surtout ne pas omettre de monter à Tsemo gonpa d'où la vue en deuxième partie d'après-midi est splendide. Nuit en guest-house.

Jour 18 : Leh - Delhi

15mn + 1h de voiture ou 30mn de métro.
Départ en matinée de l'aéroport de Leh à destination de Delhi. Puis convoyage jusqu'à l'hôtel pour la dépose des bagages et par la suite après-midi libre pour partir à la découverte de l'un ou l'autre des nombreux quartiers animés de la capitale indienne. Nuit en hôtel.

Retour vers Delhi. A l'année prochaine ? Assurément...

Jour 19 : Delhi - Europe

1h de voiture ou 30mn de métro.
Continuation de la découverte de la ville (avec le métro c'est si simple maintenant !). Transfert vers l’aéroport en fin d'après-midi ou début de soirée pour un vol international qui a lieu souvent dans la nuit. Arrivée le lendemain matin en Europe.

Relevés de terrain juillet 2019.

7 jours / 38h / +4000m / -4400m.

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