Traversée Saipal et Dolpo (episode 5)

  • Le 06/10/2023
  • Dans Voyages
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"Finissons ce périple dans le haut Dolpo en rejoignant un aérodrome en 10 jours de marche au travers des cols et des villages du haut Dolpo"...


Lundi 25 septembre : Hier soir,à Pho, on a revu des humains autres que nous... Ca fait du bien surtout que ce gentil couple d'hôteliers Gurung nous a réjouis. Il a du mérite de vivre dans l'un des villages les plus reculés du haut Dolpo et se met en quatre pour que le trekkeur de passage soit contenté. Au cours de la discussion, nous leur avons fait part que la liaison de ce jour pour rejoindre Bhijer était quand même sur le papier un peu longue (7 à 8 heures et de grosses dénivelées positive et négative). Bien sûr, c'est à cause du manque d'eau dans cette région aride que l'on ne peut pas faire de bivouac à mi-chemin... Le sourire aux lèvres, ne voilà-t'il pas que le monsieur nous apprend que, de l'eau, il y en a, maintenant, et où il faut...! Quoi ? Un miracle s'est produit ? Non, non, pas du tout... Les villageois de Pho trouvaient que l'étape était trop longue et ont de leur propre initiative fait construire avec leurs propres deniers une fontaine à l'emplacement de l'ancien village de Pho, Potalgaon c'est son nom, situé sur le coteau d'en face au pied du Yambur La mais juste séparé du nouveau par la gorge de la Tora khola de 700 mètres de profondeur... Idéalement placée, cette fontaine autorise la tenue d'un bivouac de belle importance. Mais, comment s'y sont-ils pris ? Ils ont été capter une source dans la montagne à 2 kms de là sur le versant Bhijer et ont tiré une canalisation jusque sur le plateau de Potalgaon. Opérationnelle depuis juin 2023, ils n'en sont pas peu fiers ! Mais la raison de cet aménagement ? Pour les convois de mules, pour les villageois qui vont à Bhijer ? Non, non, ils sont habitués à marcher de longues heures sans boire. C'est uniquement pour nous, les trekkeurs, qu'ils l'ont réalisée. Alors, bravo, et merci de tout coeur à eux ! Alors, il y a de grandes chances que nous soyons les premiers à inaugurer ce camp d'altitude devenu à présent possible sur ce petit plateau à 4100m d'altitude. La journée aura donc été très contemplative entre la descente de Pho à la rivière très typée "Mustang", la traversée de la gorge tout en bas et la remontée du coteau opposé tout aussi belle. Une micro-région que l'on a pu apprécier tranquillement sans se presser, sans penser au chrono pour arriver à Bhijer avant la nuit ! Bhijer, ce sera donc pour demain vers midi et on nous a annoncé qu'il y avait de la téléphonie, certes, mais aussi la WiFi (sous réserves...). Youpee ! De mon côté, la forme est revenue. On est redescendu entre 3400 et 4100m et de suite ça devient plus facile ! L'acclimatation, c'est un truc qui se gagne petit à petit, jour après jour, et c'est le corps qui décide s'il veut ou s'il veut pas...

Récolte d'orge à Pho

Au dîner, riz, bien sûr, mais accompagné de ciboulette (le jimbu) récoltée au bord du chemin en grande quantité lors de l'ascension depuis la Tora khola (il va se retrouver dès notre retour sur les étals d'Asan Tole à Kathmandu cette herbe étant très prisée des népalais, surtout celle de la montagne beaucoup plus odorante et goûteuse que celle de culture... et elle s'achète à bon prix une fois séchée). A Pho, le propriétaire du lodge nous avait vendu du sukuti (viande séchée, le seul moyen que les habitants de ses hautes vallées disposent pour avoir de la viande toute l'année, une fois débitée, elle est séchée puis au fur et à mesure des besoins, elle est bouillie puis assaisonnée pour être ajoutée à un dal bhat). Mais un sukuti très particulier puisque fait avec de la viande de naura (céquoidon ? eh bien, de la viande bharal ou moutons bleus de l'Himalaya que les habitants ont le droit de chasser en quantité modérée pour leur consommation...). Vraiment savoureux et moins coriace que du yack sans la saveur gibier... 

Tri des brins de jimbu avant séchage

Mardi 26 septembre : Journée tranquille avec un col panoramique sur les montagnes du haut  Dolpo du N et de l'W et toujours des paysages typés "Mustang". Par contre, la conformation de ce paysage change du tout au tout : on était sur des montagnes rocheuses resserrées entre elles et juste séparées par de profondes gorges dans lesquelles coulent des rivières au flot rageur, là les rivières sont toujours les mêmes mais elles séparent de très larges plateaux gazonnés.

Le yack de Potalgaon (que personne n'a informé que c'était un nouvel emplacement de bivouac sur le chemin de Bhijer...)

L'étape à Bhijer est l'occasion d'une après-midi de récupération en dessous de 4000m au soleil et de pouvoir déguster quelques flacons de bière népalaise (depuis le Covid, la Chine a fermé ses frontières et plus rien ne transite entre les deux pays par le biais des cols d'altitude et des caravanes de yacks et de mules ; la lavasse chinoise n'entre plus sur le territoire népalais et c'est un grand bien !). On n'avait plus vu un flacon depuis 15 jours, depuis le départ de Gamgadhi. Dire qu'on les a appréciés à leur juste valeur (Rs1000 ici après 4 jours de camion et 5 jours à dos de mules alors qu'à Kathmandu elles sont vendues Rs700 sans effort de transport...) c'est un doux euphémisme. Encore une fois, le fait d'avoir scindé en deux parties une étape de la GHT un peu trop longue permet de prendre du bon temps à l'étape et laisse du temps au temps sur le parcours pour s'imprégner longuement des paysages proposés, exceptionnels à plus d'un titre ! Ah oui, il fait toujours grand beau, pourvu que ça dure ! Juste 10 jours, histoire de ne pas avoir de problèmes avec la rotation aérienne qui doit nous ramener à la civilisation la semaine prochaine...

Accueil souriant à Bhijer

Mercredi 27 septembre : Visite matinale du gonpa à l'entrée W de Bhijer en compagnie du lama. Même si la prise de photos est interdite et que la donation box n'accepte pas de coupures de moins de Rs500 (fixed price...), la visite est très intéressante avec une bibliothèque de livres de prières dont les reliures sont dorées à l'or fin...

Au gonpa de Bhijer

Comme on a du temps de rab' on a choisi de folâtrer et de ne pas rallier Shey gonpa dans la journée en passant par les crêtes comme il est de coutume de le faire... Bonne pioche ! Le sentier GHT suit à hauteur des gorges profondes à deux occasions et ce pendant presque 1 heure chacune. Un régal. Le passage par le gonpa de Shyamling est intéressant pas forcément pour la visite du centre monastique (car il n'y avait personne...) mais pour l'emplacement qu'il occupe. On a pris le temps de regarder jouer les bharals sur des pentes détritiques à forte déclivité. Et puis le dernier moment fort de la journée, c'est l'arrivée sur l'alpage de Taro, notre bivouac pour la nuit, où nous sommes accueillis par 3 femmes du village de Tata situé en dessous qui passent 3 ou 4 jours par roulement à traire les femelles yacks (les dimos) et à faire du fromage qu'elles font sécher au soleil et aussi du ghiu, le beurre clarifié, élaboré dans les bidons verts dans lesquels on a mélangé au préalable du lait de dimos et de l'eau puis que l'on agite pendant de longues minutes... Et quelle ambiance entre filles ! Encore une belle soirée en perspective...

A la kharka de Taro lors de la phase de fabrication du ghiu, le beurre clarifié

Jeudi 28 septembre : Nuit très fraîche sur le plateau mais à peine le nadir entamé que les femmes sont déja au boulot à la traite des dimos et bien peu attentives au cadre paysager qui les entoure. Les montagnes glaciaires, le Kanjirowa et le Hiunchuli prennent vie et se parent de couleurs passant du rouge au blanc cru via des teintes rosées et jaunes. Ca s'active dans tous les sens. Mais malgré tout, quel calme mis à part quelques réparties que l'on s'envoie l'une à l'autre et commentées une ou deux bergeries plus loin...

5 heures du mat' j'ai des frissons... Le Hiunchuli se réveille !

Pour nous, la journée de marche, c'est celle des up / down, et pas qu'un peu ! Que des parcours sur des sentiers-balcons audacieusement tracés sur les flancs de pentes détritiques au-dessus de canyons profonds. Quelle beauté encore, et des paysages qui changent encore une fois pour passer à des pentes gazonnées. On aura l'occasion de pouvoir revoir le chemin parcouru depuis 10 jours d'un seul coup d'oeil et là, on se dit que voir les montagnes si proches alors que l'on a mis tant de temps pour faire le voyage, c'est que l'on est bien petit dans cet espace naturel gigantesque !

Premier col de la journée et toujours le Hiunchuli qui joue à Mais où est donc Charlie...!

Shey gonpa, comme je m'y attendais, est un lieu de passage obligé pour tous les groupes qui font un trek au haut Dolpo. Quand nous y arrivons vers 4 heures de l'après-midi, ce ne sont pas moins d'une demi-douzaine de groupes qui ont déjà installé leurs tentes. Bon ! Il y a de la place, ce n'est pas le problème... mais le choc est rude alors que l'on n'a pas vu un touriste depuis 15 jours sur ce parcours et plus largement 30 si l'on compte le Saipal et la liaison Simikot - Gamgadhi... Dès demain, ils partiront majoritairement dans 2 directions (le N vers Bhijer d'où l'on arrive et l'E vers Namgung et Saldang), le reste dans la 3ème (l'W pour rallier le lac Phoksumdo) et nous, seuls, dans la 4ème vers le S en direction de Dho Tarap, une liaison pédestre récemment portée sur les cartes et que je veux découvrir...! Mais, plus on va vers le S du Dolpo, plus on va rencontrer de touristes c'est sûr ! Ceci dit, en 2024, précisément au mois d'août, un grand rassemblement de plusieurs centaines de Dolpapa (les habitants du Dolpo ou Dolpa...) aura lieu ici pour célébrer l'année du Dragon et réaliser des koras de la Montagne de Cristal. L'emplacement de tente risque d'être cher...

Arrivée à Shey gonpa

Vendredi 29 septembre : Hier soir on a passé la soirée avec le lama de Shey gonpa. Nous nous étions invités, comme nous le faisons à chaque fois, moyennant rétribution bien évidemment. Un peu porté sur le raksi, il est aimable et raconte des tas d'histoires voire chante quand il ne s'interrompt pas pour faire tourner son moulin à prières et marmonner quelques mantras. Il vit dans une petite cahute en pierre au milieu du village de tentes. La pièce unique sert de salon, salle à manger et chambre à coucher, un studio, quoi...! Il y vit avec sa femme (eh oui, les lamas qui se sont dévoués pour prendre en charge un gonpa dans un endroit reculé ont le droit de se marier et d'avoir des enfants (eux, ils ont 3 garçons et deux filles, l'un des trois garçons s'occupe du gonpa de Saldang...)).

Le gonpa de Shey... gopa

Ce matin, on est bien parti sur l'itinéraire prévu. On s'était dit que 3 jours pour rallier Dho Tarap c'était adapté mais on a appris hier soir qu'un "touriste" et son guide avaient fait le parcours dans la journée et venaient d'arriver... Alors on a revu à la baisse les temps de parcours en les ramenant à 2 jours ; je ne vais pas changer mon mode de fonctionnement : je ne suis pas ici pour jouer au "marathonien des cimes" mais pour profiter de tous les instants de contemplation possibles ! Donc, 2 jours... Mais, au passage, plutôt que de descendre vers Dunaï par l'itinéraire commercial, c'est-à-dire celui sur lequel on va croiser des quantités de convois de mules qui laissent au passage pas mal de déjections, comme on a encore du temps de libre pourquoi ne pas rajouter au périple deux "petits" cols de 5200m et faire un éventuel détour par le Phoksumdo tal ? On verra avec la forme, les chemins et la météo... Aujourd'hui, il a fait beau jusqu'à 3 heures de l'après-midi et il était temps de monter les tentes car on s'est pris une tempête de grésil, très locale, la moitié E du Dolpo étant restée sous le soleil... Et là encore, changement de paysages pour ce sentier-balcon qui chemine entre 4800 et 5000m au-dessus de plateaux quasi-désertiques. Le Dolpo est multiforme !

Le bivouac à mi-chemin des Lanmuse La et du Sela Mukchung La au matin après les chutes de neige de la nuit

Samedi 30 septembre : 2ème journée de pluie orageuse dans l'après-midi... Que faire demain ? Finir par la descente de la Tarap khola depuis Dho Tarap ou en reprendre pour 2 jours de cols et faire le détour par le lac de Phoksumdo ? Ce qui serait pas mal, c'est de ne pas descendre jusqu'à Dho mais s'arrêter à 4700m au camp qui se situe au pied du Numa La Central (il y en a 3 : le North que l'on franchit aujourd'hui, le South qui est emprunté par l'itinéraire officiel de la GHT qui arrive de Saldang via Dho Tarap et le Central...) et de voir demain le temps qu'il fait au réveil : beau temps, on y va, temps moyen ou mauvais, on descend se poser une journée à Dho Tarap et on voit comment rallier l'aérodrome de Juphal pour notre vol vers Nepalgunj (toujours supposé le 7 octobre mais dépendant beaucoup des conditions atmosphériques...).

A l'approche du Lanmuse La

En discutant avec Mane, il me confie que l'on n'a pas assez de réserves de nourriture pour assurer les repas au camp intermédiaire des deux cols à Danigar kharka (soir et petit-dej). Ca ! C'est de ma faute... L'idée de dévier par le lac de Phoksumdo m'est venue alors que nous étions déjà engagés dans la traversée entre Shey gonpa et Dho Tarap prévue en deux jours avec l'étape suivante à Dho Tarap pour le ravitaillement... Si Mane en avait été informé à Shey gonpa, il aurait fait le nécessaire... Bon ! On descend du dernier col de la journée, le Numa La North et on s'apprête à rejoindre le fond de vallée un peu en amont de Dho Tarap. Au niveau de la prairie qui sert de camp de base à l'ascension des cols North et Central du Numa La, on voit d'en haut un gros groupe déjà installé sur place. Je sussurre à Mane de voir avec le sirdar du groupe (le chef d'expé...) et leur cuisinier s'ils pourraient nous dépanner d'1kg de riz, de pâtes et d'huile. Et, pour laisser du temps au temps pour les négociations, je décide que nous ferons le bivouac sur cette prairie... Mane descend le premier et de loin je le vois éclater de rire : c'est Dhana, son copain guide Gurung, qui pilote le groupe de Laurent Boiveau, celui que j'avais rencontré à Nepalgunj (voir épisode 1...). Ils terminent leur "Ultime Dolpo" par la montée au col d'où nous arrivons... Pas de problème, nous aurons bien notre dépannage de vivres pour la suite du périple sans que nous soyons obligés de perdre une journée en aller-retour à Dho Tarap pour ce ravitaillement. Super ! Il ne reste plus qu'à considérer la météo demain matin pour prendre la décision Go noGo...

Depuis le cam de base des Numa La North et Central, le regard porte vers le S jusqu'aux chaînes de montagnes qui séparent la vallée de Dho tarap de celle de la Barbung khola

En plus, ce qui ne m'était pas arrivé depuis plus de 30 jours, je vais pouvoir échanger en français avec tout le groupe alors que jusqu'à présent le népali était mon seul langage... Avec Laurent, nous avons aussi une très longue discussion sur ce Dolpo que nous avons traversé dans des zones assez diverses. Il me fait part qu'il a été estomaqué par le nombre de pistes (cf. Mustang, voir le billet de blog à ce sujet) qui s'étaient déployées depuis ces dernières années et que le Dolpo authentique était en train de se saborder. Si je n'ai croisé aucune piste pendant cette traversée du haut Dolpo, eux en ont rencontré des dizaines surtout dans la partie orientale de la région, là où la conformation du terrain est moins montagneuse. Et s'il n'y avait que les pistes... il y a les motos conventionnelles et les "tout-terrain" ! Les paysages sont massacrés et, dans nombre de villages, une piste de 10 mètres de large les traverse sans aucune considération pour le patrimoine religieux entre autres... On se rejoint sur le même constat : après nos nombreuses visites au Dolpo (lui, beaucoup plus que moi...), quel intérêt y aura-t-il demain de parcourir des espaces masscrés et qui le seront encore davantage lorsque les touristes véhiculés viendront (cf. Mustang) et que les habitants auront perdu leur âme ? Ce qui est encore plus triste, c'est que l'on sait tous les deux par expérience que la moitié du patrimoine routier sera inexploitable d'ici à deux ans du fait du manque d'entretien (éboulements, crues de rivières emportant les ponts ou les étais de soutènement, etc.). Il n'y aura vraiment que dans ce que j'ai appelé le haut haut Dolpo, soit la liaison entre Gamgadhi et Bhijer, qui ne sera pas impactée et qui restera vierge d'infrastructures car il n'y a rien à desservir...!

Soirée passée avec le groupe de Laurent et repas à la même table invité par Dhana et Laurent. Un peu plus de diversité que d'habitude dans les mets servis (soupe faite maison - pardon faite tente cuisine... -, choix de légumes et en dessert un apple-pie délicieux). Très sympa ! Et avant le repas, un petit apéro avec un verre de Ricard, je ne savais (presque...) plus que ça existait...!

Dimanche 1er octobre : Ce matin, la haute vallée de Dho Tarap est noyée dans la brume (il a pas mal plu cette nuit...) et rien ne dit que ça va vouloir se lever ! Il ne fait pas froid à 4700m et c'est le conséquence de la couche nuageuse que l'on ne voit pas et qui est encore présente au-dessus de la brume. Pas un souffle de vent non plus... Vers 8 heures quelques trouées de ciel bleu apparaissent sur la basse vallée de Dho Tarap. Puis la contagion s'étend à notre haute vallée. Laurent et son groupe partent faire leur tour du lac de Phoksumdo sous le soleil.

Le groupe de Laurent vient d'arriver au Numa La North (photo prise depuis le Numa La Central...)

Quant à nous, que faire ?  Descendre dans la vallée jusqu'à Dho et s'y poser une journée. Mais derrière, pas d'autre alternative que de descendre le long de la rivière Tarap khola sur la piste. Cela ne m'enchante que très moyennement. Certes "trek is (nearly) finished" mais 3 à 4 jours de marche sur une piste pas encore ouverte à la circulation automobile (les motos seulement...) car il manque les ponts, ça fait tache pour une terminaison de ce trek d'ampleur exceptionnelle... L'éclaircie nous décide d'y aller : en avant pour franchir le Numa La Central ! Sur les cartes topographiques, la journée promet d'être courte car le passage par cet itinéraire a tout l'air d'un beau raccourci, en kilomètres comme en dénivelée. Elle le sera d'ailleurs... les cartes népalaises ne peuvent pas toujours mentir !

Oh, le beau sentier-balcon entre le Numa La Central et Danigar kharka !

Le col se franchit rapidement dans le vent et les nuages mais, derrière, c'est un franc soleil qui nous accueille pour ce parcours intégralement en sentier-balcon. Cet essai est un coup de maître avec un peu de recherche d'itinéraire car le sentier est peu marqué du fait qu'il n'est à 99% du temps jamais emprunté par les groupes de "touristes" et leurs caravanes de mules... Comme prévu, on arrive à 13h30 au camp de Danigar kharka. Forts de notre expérience vécue les autres jours, on monte de suite les tentes avant de faire réchauffer le lunch et à peine avons-nous rentré les sacs dans les tentes qu'il se met à tomber une belle averse qui se plaît à durer une bonne partie du reste de la journée... En attendant, en levant les yeux vers la croupe morainique derrière laquelle se cache le col du Baga La, on découvre un troupeau de plus d'une centaine de têtes de yacks qui rentrent à la maison plutôt de manière prématurée... Quelle "mouche" les a donc piqués ? Un pressentiment de mauvais temps qui se profile ? On le saura demain après-midi...

Le troupeau de yacks qui se dirige vers le Baga La

Demain, une fois le Baga La franchi et la très longue descente effectuée, j'avais prévu de filer directement vers Seduwa. Mais j'apprends que Kessap, l'un des deux porteurs, n'est jamais passé par le lac de Phoksumdo. Quel dommage ! L'opportunité de faire le détour par Ringmo s'impose donc ! De ce fait, étape prévue à Phoksumdo beach... Et peut-être retrouver Laurent et son groupe.

Lundi 2 octobre : Aujourd'hui, dernier franchissement de col à plus de 5000m du périple (ça en fera une dizaine à plus ou moins un...). Les deux derniers cols, Numa La et Baga La, n'étaient pas prévus au programme initial mais quand il s'agit de choisir entre 3 jours de piste à pieds le long d'une rivière et la poursuite d'un périple dans des espaces naturels, et quand bien même s'il y a des nouveaux efforts à fournir, y'a pas discussion...! Bon, bien content quand même d'en terminer après ce Baga La (c'est assez étonnant mais ce col est souvent le premier que franchissent les trekkeurs dans leur découverte du Dolpo car c'est celui qui fait partie du bas Dolpo et pour lequel seul un permis de 20$ est requis pour 15 jours, alors que moi c'est totalement l'inverse puisque ce sera celui qui viendra clôturer une longue liste de franchissement de cols du Dolpo, bas et haut, car précédemment je n'avais jamais eu les conditions  météorologiques requises pour y passer...).

La Baga La ? C'est tout au fond... Suivez la trace bien marquée dans les éboulis ! Le troupeau de yacks vous l'a rafraîchie hier...

Donc, après le franchissement du col et une descente assez longue et éprouvante dans la dernière portion de plus de 1500 mètres jusqu'à Yak kharka, il est 15 heures. Que fait-on ?
1) on se pose à Yak kharka d'où les bergers sont déjà partis et les maisons sont closes ? On peut planter les tentes, il y a de l'eau de source mais nous n'avons plus rien dans nos sacs pour le repas du soir et le petit-dej'...
2) on en reprend pour 2 heures de marche en up / down en partant sur la D pour suivre l'audacieux tracé du sentier taillé à flanc de falaise mais extrêmement dangereux par temps de pluie car sujet à de nombreuses chutes de pierres ? En ce milieu d'après-midi, "échaudés" par les journées précédentes qui avaient vu systématiquement la pluie se déclencher vers 2 ou 3 heures de l'après-midi, cela ne me dit rien de m'engager sur cet itinéraire... Par contre, j'aimerais tenir la promesse que j'ai faite à notre porteur Kessap Gurung qui n'a jamais pu aller au cours de ses nombreux portages au lac de Phoksumdo. Je lui avais promis qu'on y ferait étape... Or, abandonner cette alternative pose un problème de fond auquel il va falloir trouver une solution. Je n'aime pas me dédire d'une promesse ! 
3) reste la solution de passer RG de la Maruwa khola et de descendre la vallée à l'opposé du lac histoire d'aller se poser rapidement dans une maison d'un petit hameau d'agriculteurs (on pose les tentes à l'extérieur et on mange avec eux...).

Yak kharka ! Tout est fermé...

Choix 3, le plus raisonnable : 25 minutes après avoir traversé la rivière, voici que s'annonce le hameau de Punauchaur. Etonnamment, on se fait recevoir comme des malpropres. C'était pourtant une bonne solution car le lendemain, si la météo avait été correcte sans pluie, on pouvait revenir sur nos pas à Yak kharka et emprunter le sentier vers le lac... Puisqu'on ne veut pas de nous, on poursuit donc la descente avec les indications que l'on nous a données avec parcimonie, à savoir qu'il y aurait à Rike, le village d'en dessous, un lodge qui pourrait nous accueillir et, information TRES importante pour ma promesse vis-à-vis de Kessap Gurung, c'est qu'il y a un pont qui permet de passer RD de la vallée auquel fait suite un chemin qui remonte vers Ringmo et le lac... Il pourra envisager d'y faire un aller-retour demain matin avant que l'on ne prenne le lunch et que l'on descende un peu dans la vallée, si la météo est correcte. De toutes les manières, il nous reste 4 jours pour descendre à Dunaï alors qu'il n'en faut que 2 pour effectuer le parcours et être au rendez-vous de l'avion le 7 au matin à Juphal...  Et, si le temps était pourri, on pourrait même s'octroyer une journée off au lodge ce qui serait toujours mieux que de descendre sous la pluie et rallier Juphal où les lodges sont chers et pas si bien que ça...

Le village de Rike

Si fait ! On descend pendant 45 minutes jusqu'à Rike où l'on trouve à se loger dans le tout nouveau lodge où l'accueil est de haut niveau : des chambres propres, des mets de qualité (c'est du dal bhat certes, mais agrémenté différemment...), du raksi, du tchang et... de la bière Tuborg (je n'en avais pas vu depuis la kharka de Taro il y a une semaine...). Belle soirée passée avec ce couple de propriétaires à discuter de transhumance de yacks sur le parcours que l'on vient d'effectuer entre Dho Tarap et ces vallées de la Maruwa khola, de la Phoksumdo khola et de la Suli Gad khola. Et des passages d'altitude des yacks qui peuvent se retrouver de l'autre côté de crêtes sur lesquelles il n'y a pas de chemins dessinés mais qui sont empruntés par les troupeaux qui alors peuvent se retrouver côté S du massif et remonter par eux-même en suivant les vallées fluviales circulaires pour rejoindre l'estive d'où ils sont partis. Quelle intelligence et sens de l'orientation pour ces bêtes qui paraissent pourtant si grégaires...! La femme du lodge (à la voix de crécelle, ceci étant dit... mais aux propos toujours justes de sens) tient pendant l'estive d'été des yacks à Danigar kharka une boutique / restaurant (c'est là que nous avons fait étape avant de franchir le Baga La et d'où nous avions vu en y arrivant la colonie des 150 yacks en train de remonter les pentes du col pour retourner vers leurs vallées de l'W...). Eh bien, elle aussi faisait partie du groupe car elle venait juste de "plier bagages" et rentrait ce matin à la maison, à Rike, après ces 3 mois d'estive.

Mardi 3 octobre : Marie m'avait confirmé au téléphone satellite hier soir l'information qu'elle m'avait donnée il y trois jours déjà, à savoir que la journée de mardi serait "pourrie de chez pourrie", eh bien, c'est la réalité ! Le couple qui tient le lodge de Rike m'a confirmé ce matin que l'on a bien fait de passer le Baga La hier car, aujourd'hui, il doit être sous 1 mètre de neige poudreuse avec ce qui est tombé comme pluie cette nuit à 3300m. Eux, qui connaissent bien le col à 5173m puisqu'ils y font transhumer des yacks deux fois par an, l'ont bien senti car le troupeau de 200 yacks a repassé le col avant-hier après-midi alors que nous arrivions à la kharka de Danigar autour de laquelle ils passent leurs 4 mois d'estive en altitude. Les yacks n'aiment ni la neige fraîche ni la période de dégel car avec leur poids de 5 à 800 kilos ils ont peur de se blesser... J'ai bien l'impression que l'on va rester bloqués aujourd'hui à Rike car il a plu fortement toute la nuit et, contrairement à l'habitude, cela ne sest pas arrêté à 5 heures du mat'... Tout est bouché par une brume tenace qui s'accroche aux pentes de l'étroite vallée et l'humidité est pregnante. Retour sous la couette ! C'était bien hier qu'il fallait passer le col... Kessap est parti à l'aube (sous la pluie... mais l'envie de découverte était trop ancrée en lui) pour le lac. Il en est revenu vers 10 heures avec un sourire qui lui éclaire le visage et plein de reconnaissance pour ce "cadeau" que je lui ai fait. Depuis, il est tout guilleret et se repasse inlassablement les photos qu'il a prises avec son portable. Un homme heureux, quoi...!

On le sent : "Trek is finished". Il ne reste que 2 jours de marche et 4 jours devant nous pour rejoindre l'aérodrome de Juphal. Et puis ce sont deux journées de marche assez tranquille en bord de rivière avec pas mal de descentes et quelques up / down. Alors, rester une journée entière dans ce lodge sympa plutôt que de marcher sous la pluie ça semble une bonne option, non ? Alors, c'est dit, on se fait une journée "décompression". Après ce que l'on a vécu pour certains depuis 40 jours, on peut se le permettre...

Dans l'après-midi aux alentours de 3 heures, je suis tranquillement en train de faire un Sudoku et des tremblements incongrus se produisent. Comme un camion qui franchit une rivière sur un pont de béton... Ceci dit, ça dure 20 à 30 secondes et je me remémore le Mustang en avril 2015, le 25 à midi précisément, le gros séisme qui avait touché Gorkha, Kathmandu et Okhaldunga et que j'avais ressenti de la même manière. C'est bien un séisme qui vient de se produire au Népal, mais où...? Mane me rejoint dans la chambre et confirme qu'il a ressenti deux secousses. Puis ça s'arrête ! (2 jours plus tard à l'arrivée à Dunaï je consulterai avec la 4G le site alsacien de recensement des séismes mondiaux pour avoir la confirmation de ce qu'il s'est produit et qu'il y a bien eu deux séismes, respectivement de 6.5 et 5.3, 200kms à l'W du Dolpo dans la région au S du Saipal...) La TV népalaise diffusera des images alors que nous sommes au lodge de Suligad en train de déjeuner, 1 heure avant que l'on en termine à Dunaï, qu'il y a eu des blessés et éventuellement des personnes décédées dans l'effondrement de maisons. Ceci dit, rien à voir avec 2015 côté ampleur mais le décès ou des blessures irréversibles de personnes méritent tout de même une certaine compassion. Sur le web, seuls les sites de Reuters et du Matinal, un journal mauricien..., relataient l'évènement, en France, rien ! Le séisme a quand même été ressenti jusqu'à New Delhi en Inde où il a provoqué quelques scènes de panique dans les buildings...

Seisme nepal 3 octobre 15h06

Mercredi 4 octobre : Apparemment toute la pluie du ciel est bien tombée...! Pas encore de ciel bleu au réveil mais pas de pluie. C'est déjà ça ! On va entamer la descente vers Dunaï. Hier, pendant que nous étions à l'abri et au chaud sous la couette du lodge de Rike, toute l'équipe de Laurent et Dhana a été rincée pendant leur contournement N du Phoksumdo tal. Dommage car ça doit valoir le coup, par beau temps... On quitte le lodge et voilà que le ciel nuageux se déchire et nous offre des pans de bleu. La descente de la gorge de la Phoksumdo khola promet d'être belle ! Et elle le fut, entre le ciel bleu et le vert turquoise de l'eau, avec ces conditions-là c'est sublime ! Les 3 fois précédentes m'avaient laissé un goût amer car il n'avait pas fait beau. Là, je vous dis pas, c'est quelque chose ! Ca ne consolera pas Laurent de ses deux journées pourries...

Les falaises de Yak kharka recouvertes de neige...

Ce matin, en partant, on a jeté un coup d'oeil à l'arrière. On a constaté que les falaises qui dominent Yak kharka étaient blanches de neige tombée hier. Elles ne sont qu'à 3800m. Que penser du passage du Baga La qui qui se situe 1500 mètres au-dessus ? Assurément pas loin de 50cm à 1 mètre de neige fraîche, nous avait assuré le propriétaire du lodge, un fin connaisseur de sa région (et accessoirement propriétaire de yacks qui avait vu ses bêtes rentrer prématurément lundi soir des estives de Danigar...). Infranchissable pour un petit moment. On a quand même eu le nez fin (Marie, depuis la Drôme, nous a bien aidés et nous informant à l'avance de la grosse perturbation qui nous arrivait dessus ce mardi, merci aussi à MétéoBlue !) de ne pas tarder pour basculer d'E en W... La descente, comme prévu, et puisqu'il n'y a pas d'autre choix que de suivre cette gorge étroite, est un parcours qui se joue des falaises en basculant d'une rive à l'autre par une succession de ponts en bois "made in Dolpo". Pour ma première fois sous le soleil, j'en profite !

Les gorges de la Phoksumdo khola sous le soleil !

Juste un peu trop de déjections asines des convois de mules qui se mêlent à la boue du sentier pour être parfaitement serein et humer le bon air ! Le village de Chhepka, une étape un peu obligée car alentours il n'y a pas grand chose pour se poser, s'est modernisé depuis mon passage en 2017. A voir le nombre de lodges et de campings qui a plus que doublé... Le Yak lodge s'est lui aussi modernisé et propose maintenant des chambres neuves avec toilettes à l'étage : un luxe pour la région où les toilettes se trouvent souvent à ciel ouvert dans la nature... Pour la cuisine, c'est toujours dans le vieux bâtiment où se trouve aussi la boutique, une cuisine tibétaine à l'ancienne dans laquelle les deux filles de la maison élaborent dans une ambiance festive et chaleureuse les repas sous le regard avisé de la mère.

Vautour dans la vallée de la Suli Gad

Jeudi 5 octobre : Grand beau ce matin pour la dernière journée du périple ! Avec Mane, on descend tranquillement en profitant des à-côtés du sentier. Mane a un regard vraiment perçant (moi, je suis plutôt concerné à ne pas me "casser la gu..." sur les pierres glissantes et les merdiers boueux...) : il réussit à débusquer dans les parois des aires de nourrissage de vautours mais aussi plus impressionnante est sa découverte au fond d'une grotte à plus de 200 mètres de l'autre côté de la rivière d'une famille de mriga (ce sont des biches népalaises...) qui s'est abritée à l'intérieur à cause de la chaleur ambiante qu'il règne.

Les mriga népalaises

On prend le temps de déguster un thé (en sachet, il ne faut pas rêver quand même...) agrémenté d'un demi-citron kagati cueilli sur l'arbre devant nous. On procède à de nombreux arrêts contemplation de paysages. Ceux-ci deviennent de plus en plus de type méditerranéen : il y a 6 ans, j'avais repéré un olivier sauvage mais je ne l'ai pas retrouvé, par contre j'ai l'impression que les grenadiers se sont multipliés le long du chemin augurant pour le mois prochain la confection de jus vitaminés pour les locaux. A Suligad, le village qui se situe à hauteur de la confluence de la vallée que l'on descend depuis 2 jours et celle de la Thuli Bheri khola, le fleuve qui concentre nombre de cours d'eau de l'E et du S du Dolpo, qui arrive de Dunaï, on laisse partir à D via le pont de bois le chemin de Juphal et de l'aérodrome. Il nous reste 1 journée de rab' sur notre programme et on va aller la passer au calme au Blue Sheep lodge & camping, un endroit sympa loin de l'agitation qui entoure l'aérodrome de Juphal si d'aventure quelques rotations aériennes n'avaient pas pu se faire... Dunaï, "capitale" de la région du Dolpo, est une bourgade qui a certes grossi avec l'arrivée de la piste qui vient du Teraï mais qui est restée très provinciale. Elle possède un atout important : elle est reliée au réseau téléphonique et internet du Népal en 4G. Et ça change tout !

Ambiance méditerranéenne avec la présence dans la vallée de la Suli Gad de grenadiers...

Car voici donc la fin de cet épisode 5. Y aura-t-il un épisode 6 ? Ca dépendra de la météo, des compagnies aériennes, d'éventuels séismes... Si le retour vers Kathmandu se réalise selon les plans prévus (vol à 7 heures du mat' samedi 7 octobre puis transfert sur Bouddha air à Nepalgunj pour être à Kathmandu en début d'après-midi) il ne devrait pas y avoir de 6ème épisode mais juste un épilogue de fin de blog de trek (une première de ma part mais l'originalité et le caractère exceptionnel de cette épopée méritait que je vous en fasse partager le jour par jour autre que par la description de l'itinéraire...)

Fin de l'épisode 5 à Dunaï, ce vendredi 6 octobre à 8h30.

A la sortie de Dunaï

Eh bien non ! Pas possible de finir cet épisode sans relater l'épique ascension en 4x4 de Dunaï à Juphal par la vieille piste du fait que la principale était en travaux... Il ne faut pas se méprendre : les 2 pistes sont aussi pourries l'une que l'autre mais celle qui est en travaux est plus courte, c'est tout ! 1h30 de cahots que l'on peut diviser en deux :
- 45mn de up / down le long de la rivière sur la "highway" qui relie Dunaï au reste du Népal en suivant la Thuli Bheri khola. Les bus passent par là et on se demande dans quel état arrivent les dos des voyageurs à destination à Nepalgunj après 18 heures de ce traitement !
- 45mn d'ascension en lacets serrés sur la vieille piste. Le 4x4 Mahindra est à l'aise sauf dans les virages serrés dans lesquels il ne peut pas suffisamment braquer les roues et que le chauffeur doit reculer au bord du précipice sans faire d'erreur d'embrayage... C'est, croit-on, la délivrance lorsqu'enfin on se connecte à la nouvelle piste. Que nenni ! Elle est vraiment en travaux mais comme il n'y a pas de piste alternative pour se rendre à Juphal on doit louvoyer entre les Caterpillars et les tracteurs à benne puis rouler sur de la terre, parfois meuble, parfois gorgée d'eau parce que l'engin de chantier a creusé un peu trop dans le talus et a fait éclater une source souterraine... dont l'eau s'écoule sur la piste et inonde tout.

Sur la piste de Juphal au-dessus de la vallée de la Thuli Bheri khola

Juphal, son aéroport d'altitude à 2500m construit sur 700m de plateau un peu incliné (ça aide à s'arrêter à l'atterrissage et à prendre de l'élan pour décoller...). Je m'attendais à un village de lodges en béton, un peu moderne, assez propret avec quelques boutiques en tout genre destinées aux trekkeurs qui auraient oublié quelque chose à Kathmandu. Eh bien ! Rien de tout ça, mais alors rien... La piste se termine en bas d'un vieux village aux maisons de bois et de torchis reconverties pour certaines d'entre elles en lodges aux prix d'un luxueux hôtel dans la vallée de Kathmandu... Je m'étais imaginé un "truc" du genre Simikot, je suis arrivé dans un village hors du temps. Je comprends que ceux qui sont en attente d'un avion plusieurs jours à cause d'une mauvaise météo les jours précédents et que leurs vols ont été annulés puissent déprimer ! Il n'y a même pas de psy sur place... Bon ! Positivons... Laurent et son groupe sont partis à l'heure ce matin et au moment où je rédige ces lignes ils doivent se trouver Kathmandu.

Sur le parking de Juphal

On se pose dans le lodge qui fait face à la porte d'entrée de l'aéroport. Bon ! Il y a l'électricité, aussi intermittente qu'en bas à Dunaï (c'est la même usine hydro-électrique qui alimente les deux sites...) et la 3G+, seules concessions au modernisme.

Demain, la météo est annoncée aussi belle qu'aujourd'hui. Alors, croisons les doigts et écoutons demain matin le doux bruit du bi-moteur à hélices qui va venir nous chercher et nous ramener à la civilisation. Ce qui n'existait pas autrefois, c'était la possibilité de se retourner vers la liaison terrestre par bus en cas d'annulations répétées des rotations aériennes. Mais les 18 heures de cahots et d'éventuels autres incidents de parcours, je préférerais m'en passer...

Juphal

Juphal le 6 octobre 2023 à 15 heures (où je me demande ce que je vais bien pouvoir faire le reste de cette journée...)

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Commentaires

  • Stephane
    • 1. Stephane Le 07/11/2023
    Bonjour Pierre,

    sur les "pistes", Peter Hinze de DOLPO PROJECT ecrit (31 octobre 2023): "NOT A FRIENDLY RELATION ANYMORE: NEPAL & THE INTERNATIONAL MOUNTAIN DAY"
    https://www.facebook.com/dolpoproject/posts/pfbid02mpT4Ngj8Ka3vhUHhucqv9DThsUeg5krWrBNvCcQQWHLRtEyR4ebE84ggVWTpKK6cl
    PS: il est l'auteur du beau livre: The Great Himalaya Trail | Nepal: 1,864 kilometers through mountains, threatened by civilization and climate change disponible sur Amazon

    Et pour boucler la boucle, la "piste" entre le Mustang et le Dolpo vient officiellement d’être ouverte: (en nepalais) : https://www.ratopati.com/story/393797/mustang-dolpa-road
    Info obtenue sur la page facebook de la municipalite Chharka Tangsong: https://www.facebook.com/CHHARKATANGSONG.R.MUN

    Stephane
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 07/11/2023
      Merci Stéphane pour ces infos ! Je crée de suite un billet de blog pour partager cette (mauvaise) nouvelle...