[Inde] Jammu & Kashmir - De Sangtha au Tsomo Riri

Entre la liaison nord sud De Rumtse au Spiti de 2012 et celle nord-est sud-ouest De l'Indus à la Chandra de 2018 qui traversaient toutes deux les plateaux du Rupshu (le S du Changthang), j'avais noté au passage de nombreuses possibilités alternatives de chemins qui pourraient ultérieurement permettre de créer de nouveaux itinéraires. Ce présent topo est la concrétisation de recherches sur les cartes et sur le terrain (oublions internet sur lequel les sites abordant la région du Changthang sont loins d'être diserts...). Cette traversée NW-SE vise à faire un peu mieux découvrir cette région qui s'avère être un no man's land touristique à l'exception de la liaison entre les lacs Tsokar et le Tsomo Riri (qui est un petit sous-ensemble de la liaison De Rumtse au Spiti). Et pourtant elle recèle de pures merveilles.

Rajun Karu

Cette randonnée originale à plus d'un titre aura pour cadre les hauts plateaux du Rupshu, certes, un espace où les nomades viennent à la bonne saison y faire brouter leurs gigantesques troupeaux de chèvres pashmina. Passer d'un plateau à l'autre nécessitera de franchir des cols d'altitude conséquente du sommet desquels on aura l'opportunité d'accrocher au passage un ou deux 6000m... Après l'exploration d'une vallée fluviale d'une exceptionnelle beauté, on débusquera un passage original et panoramique en diable en prélude au retour à la "civilisation". Un bien beau programme de randonnée bien dans l'esprit "hors des sentiers battus" mais sans la connotation hyper-sportive et surtout en respectant les normes d'acclimatation, si importantes lorsque l'on veut profiter au mieux de son voyage.

Fond plan inde himalayenne sangtha tsomoriri

N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1 Carte De Sangtha au Tsomo Riri

Vous pouvez accéder au billet de blog que j'ai écrit au retour des 11 + 7 jours de trek (j'ai enchaîné ce trek avec La haute route du Tsomo Riri à Mahe). Il illustre le quotidien de ce voyage d'exception (heurs et malheurs, rencontres, etc) et peut aider à la construction de votre voyage.

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Europe - Delhi

8 à 10h d'avion selon la compagnie.
Arrivée en toute fin de journée au T3 de l'IGIA de Delhi ou bien en pleine nuit. Après avoir récupéré ses bagages, on se dirige vers le hall "Départs domestiques" de l'un des terminaux T3 (c'est dans le même bâtiment), T2 (juste à côté du T3) ou T1, le plus ancien, joignable en taxi ou en métro jusqu'à Aerocity puis navette bus, pour opérer la correspondance vers Leh (Vistara, GoAir, SpiceJet ou Air India).

Jour 2 : Delhi - Leh

1h30mn d'avion.
Départ entre 5h30 et 9h du matin avant qu'il ne fasse trop chaud sur la vallée de l'Indus et que les avions aient du mal à atterrir ou décoller par manque de portance. Une fois à Leh, remontée vers la capitale du Ladakh en taxi pour se poser à l'hôtel ou à la guest-house puis repos ! On est à 3500m, il ne faut pas rigoler avec les phases d'acclimatation... En fin d'après-midi, on peut quand même sortir pour une petite découverte de la ville mais sans excès. Entre autres, on est pas obligé de monter immédiatement au Royal palace ni au vieux fort qui jouxte Tsemo gonpa. Mal de tête quasiment assuré et souffle court... Mais on peut se faire déposer en taxi à Tsemo gonpa pour descendre tranquillement jusqu'à la vieille ville de Leh au milieu de laquelle il est VRAIMENT conseillé de visiter l'Asian museum consacré à l'histoire du Ladakh. Noter au passage que la visite du Royal palace à Rs300 est totalement évitable ! Nuit en guest-house.

Leh (montée vers le Royal palace

Jour 3 : Leh - Visite de monastères situés dans la vallée de l'Indus côté ouest

3 à 4h de voiture.
Au choix : Phyang, Spituk, les plus proches, Alchi, Man Gyu, les plus éloignés voire Lamayuru. Ne pas rater les grottes ornées de Saspol et la descente du fort de Basgo (faire défiler les Diaporamas). Retour à Leh. Nuit en guest-house.

Spituk

Jour 4 : Leh - Shey - Thikse - Hemis - Lato

3h30 de voiture et visites.
Après la visite de quelques monastères situés le long de l'Indus du côté E de Leh, on se rend à Lato pour passer une nuit d'acclimatation à 4000m avant de rejoindre le début du trek à Sangtha situé à 4400m.

Jour 5 : Lato - Tanglang La - Sangtha - Pogmar

2h de voiture et 1h40 / +240m / -50m.
Diaporama De Lato, on remonte par la NH-3 la longue vallée fluviale qui passe par Gya et Rumtse jusqu'au passage du Tanglang La qui dépasse les 5300m d'altitude. Ensuite, on descend côté S jusqu'au début de More Plains où l'on s'engage à D sur la petite route goudronnée qui évolue en RD de la Zara chu naissante. Cette route (en cours de finition en 2019) conduit jusqu'à Dat (voir topo GTL n°1).

Don't drink ! Aussi...

Depuis la bifurcation de la NH-3, on la suit sur une quinzaine de kilomètres. Alors que l'on s'est éloigné du bord de la rivière et au moment où la route incline fortement sur la droite pour monter vers le Yar La, on s'échappe sur la G pour prendre une direction S hors piste à travers le plateau caillouteux pour aller retrouver le lit de la Zara chu. C'est ainsi que l'on atteint le rebord E du plateau morainique quelques 500m en amont des chörtens blancs qui marquent le site de Sangtha (2h de voiture depuis Lato, 4420m). On retrouve le muletier sur place et on transfère les charges du 4x4 sur le dos des mules ou des chevaux.

L'orage menace entre Sangtha et Pogmar

D'ici, pour rejoindre les environs de Pang, il y deux possibilités :
1- on descend le long de la Zara chu jusqu'à Yakbu sumdo avant de suivre la vallée de la Tozay chu sur la gauche. L'itinéraire, très vert, nécessite de nombreuses traversées des rivières ("suivre" ne veut pas forcément signifier "rester sur une rive"...) et n'est préconisé qu'à partir de mi-août.
2- on traverse la Zara chu pour remonter le vallon de Pogmar et franchir le Pogmar La permettant de rejoindre More Plains quelques kilomètres au N de Pang. C'est le choix 2 qui est décrit dans ce jour par jour.

Et c'est parti...!

Sur le plateau morainique face à Sangtha, on commence par traverser la Zara chu à gué pour se diriger plein E en effaçant deux petites buttes sablonneuses à l'entrée du large vallon de Pogmar. Au début, on remonte tranquillement des espaces arides en faible déclivité au milieu desquels on rencontre quelques familles de kiangs, ces ânes sauvages du Tibet qui "peuplent" le Changthang (voir aussi les topos du Tour du Rupshu et De l'Indus à la Chandra). A partir de 4500m, la pente s'affirme davantage alors que le vallon se pare soudainement de belles prairies verdoyantes, celles-ci devant leur présence à de nombreuses sources qui sourdent des vallons environnants. Alors que l'on commence à distinguer droit devant les maisons en ruines du village de Pogmar, on commence à croiser de nombreux murs de manis. On poursuit la remontée du vallon sur des prairies humides assimilables à des pozzines. On pénètre dans le vallon qui s'ouvre à l'E et on établit le camp non loin des bâtisses ruinées (1h40, 4610m, GPS : 33°17'10"N 77°44'37"E, source un peu plus haut dans le vallon E).

Le mur de mans à l'entrée de Pogmar

Pogmar est un village de réfugiés tibétains qui a été peu à peu abandonné par ses habitants à cause de la raréfaction de l'eau des deux sources. On identifie bien que ce n'était pas qu'un simple camp de nomades mais un vrai village où les habitants certes se consacraient à l'élevage des bêtes (chèvres, yacks, etc.) mais aussi cultivaient des céréales et des légumes comme en attestent les parcelles de jardins et l'aire de battage en contrebas. De plus, la présence en nombre de murs de manis atteste bien d'une communauté bouddhiste conséquente.

Oeuvre d'art à Pogmar

Jour 6 : Pogmar - Pogmar La - Camp de Narbu

2h40 / +375m / -205m.
Diaporama Des maisons basses de l'ex-village, on remonte sur 200m dans le vallon qui s'ouvre à l'E puis, à la source RG, on s'engage dans le thalweg qui se présente à main D. Dans sa partie haute on poursuit sur un plateau incliné à l'herbe rare jusqu'à atteindre un béquet rocheux (45mn, 4810m). On poursuit vers le SE à flanc en gagnant petit à petit de l'altitude (mais en restant modeste...) pour contourner plusieurs combes qui dominent la vallée fluviale en contrebas.

Lever de soleil à Pogmar

Une fois les deux derniers thalwegs schisteux traversés, on rejoint par des traces transversales le nouveau passage du Pogmar La (1h10, 4985m), le véritable col marqué sur la carte Olizane se trouvant sur la même crête 1km au SSW. Du col, au SE, on domine de belle manière le fameux plateau de More Plains (ou Mare) que l'on va devoir traverser demain pour rejoindre la large vallée fluviale de la Sumkhar togpo qui s'ouvre tout au fond. Et toujours ces innombrables pics que le "fainéant" de topographe a omis de répertorier... Tout juste indique-t-il les sommets du Gya et du Kharpa qui "pointent leur nez" dans le lointain.

Le Pogmar La, un presque 5000...

Revenons au col et dirigeons le regard vers le SW où une superbe falaise barre l'horizon : elle tutoie les 6000m et borde la Tozay chu sur sa RG présentant un mur de plus de 1500m de hauteur ! Noter qu'à l'arrière, il faut imaginer la présence du Bong La et du Marang La par lesquels se clôt le Grand Tour du Ladakh. Pour la descente, c'est évident même si la trace n'est pas très empruntée. On part à main G en courbe de niveau avant de descendre franchement jusqu'à prendre pied sur la plaine de Mare. On incline la marche à D pour rejoindre le pied de la montagne noire cotée 5490 au pied de laquelle se trouve la seule source du coin, celle d'une des branches de la Kanchuthang chu, à côté de laquelle on établit le camp (40mn, 4780m, GPS : 33°14'17"N 77°45'50"E).

Descente du Pogmar La vers le camp de Narbu sur More Plains

S'il n'y avait pas d'eau, il faudrait rejoindre plein E le site de Skyangchu situé à proximité de la route NH-3 de Leh à Manali (compter 1h15 de marche à plat). Et si la chance n'était pas de votre côté, il vous resterait à faire du stop pour rejoindre Pang à une quinzaine de kilomètres au S pour remplir vos jerricans. Et si vous êtes en autonomie, pas besoin de revenir sur place le soir car vous pourrez démarrer l'étape du lendemain depuis Pang (tous commerces, ravitaillement, tentes parachute). Si vous êtes avec un équipage muletier, pensez à revenir, quand même...

Jour 7 : Camp de Narbu - Vallon de Numa

3h45 / +170m / -150m.
La plus longue étape en nombre de kilomètres (18) et sûrement celle qui propose les dénivelées les plus faibles...

Diaporama On traverse la steppe en suivant une direction ESE. On vient croiser la NH-3 (1h10, 4720m). Attention à la circulation lors de la traversée de cet axe majeur...! En face, on poursuit au SE en direction de la sortie de la vallée de la Sumkhar togpo en visant la base de la moraine RD (celle de gauche...). On dépasse la sortie d'un thalweg qui arrive de la gauche (1h25, 4790m, pierre blanches).

More Plains, d'ailleurs le nom viendrait de Waterloo, morne plaine... dit-on

On poursuit tout droit en quasi courbe de niveau pour traverser l'exutoire et rejoindre après 1500m le lieu-dit "Yele More" (20mn, 4820m) qui se trouve à la sortie d'un large vallon aride. Peu après, on retrouve le chemin qui arrive de la droite depuis Pang et on le suit ESE pour aller franchir une épaule morainique débonnaire à 4850m. Derrière, le sentier part légèrement sur la G pour évoluer de manière étale jusqu'à devenir une piste qui se met doucement à descendre pour rejoindre le fond d'un ravin. Un coupe-lacets plus tard, on se retrouve au bord d'un charmant ruisseau où l'on établit le camp sur les banquettes herbeuses qui le jouxtent (50mn, 4800m, GPS : 33°07'22"N 77°52'24"E).

Le vallon aride de Yele More

Jour 8 : Vallon de Numa - Barma - Camp dans la Barma Togpo à 5240m

3h45 / +610m / -175m.
Diaporama Depuis le camp au bord de la rivière, on emprunte la piste qui monte RG du thalweg et, lorsqu'elle atteint le plateau (10mn, 4855m), on s'élève dans les pentes à l'herbe rare en direction du SE pour aller franchir un collet (20mn, 4910m). Belle vue en enfilade sur le bassin versant de la Sumkhar togpo et la chaîne de montagnes qui le borde au SW. On poursuit légèrement à G sur une trace en courbe de niveau pour contourner la combe avant de repartir en montée à flanc une fois le fond du thalweg franchi.

Franchissement du collet entre Numa et Barma au-dessus de la Sumkhar togpo

A mi-pente, on retrouve un bon chemin qui vient d'on ne sait où... et on le suit pour franchir une épaule au niveau d'une petite prairie (25mn, 4950m). On poursuit à flanc pour rejoindre une nouvelle épaule et pénétrer dans le vallon de la Barma togpo (5mn, 4975m). On découvre d'en haut un vallon assez profond et très étroit avec dans sa partie basse un ruisseau aux rives gazonnées qui en parcourt le fond. Le chemin s'oriente au N mais reste à hauteur pour franchir une combe détritique. Puis on rejoint un belvédère (10mn, 4965m) duquel le sentier plonge en biais pour rejoindre le lit de la rivière (15mn, 4850m, possibilité de camp).

A l'approche du vallon de la Barma togpo

On va maintenant s'engager dans la remontée du vallon de la Barma togpo en suivant la gorge que la rivière a creusée (pour la caravane de mules, surtout en début de saison, comme on risque de trouver quelques ponts de neige un peu molle à différents endroits de la gorge, il est préférable de remonter d'une centaine de mètres sur la moraine RD, celle d'où l'on vient, et traverser vers l'ENE les pentes détritiques en restant à hauteur de la rivière pour descendre sur la confluence à 5100m). Donc, après avoir foulé les dernières banquettes de gazon, on entre dans un défilé aux roches détritiques et on suit la rivière sur sa RD. Le défilé est assez resserré mais il y a assez de place pour proposer au marcheur un espace suffisant pour évoluer entre pierraille en bord de rivière et (nombreuses) banquettes d'herbe.

Remontée des gorges de la Barma togpo

Et en début de saison, il reste quelques névés qui enjambent la rivière. A parcourir avec attention en fonction de la qualité de la neige ! On atteint une portion plus large où l'on croise un improbable chemin (35mn, 4930m, a priori ce serait celui dessiné sur la carte Olizane S). On doit tout de suite négocier un passage dans un étroit défilé qui reste souvent pris par la neige même tardivement. Derrière, on découvre un large espace gazonné plan (10mn, 4965m, possibilité de camp) et juste après encore un autre. On dépasse la sortie d'un thalweg qui arrive de la droite (15mn, 5000m) et on poursuit dans la vallée principale jusqu'à la confluence située au pied de la montagne cotée 5950 (50mn, 5105m, possibilité de camp). Au-delà, le cheminement passe RG du vallon principal, celui de D. On traverse une grande portion de pelouses humides avant de basculer RD et trouver, un peu en hauteur et à l'écart du lit de la rivière, un espace herbeux quasi plan pour y établir le camp (35mn, 5240m, eau dans la rivière en contrebas, GPS : 33°07'42"N 77°57'07"E).

L'emplacement du camp intermédiaire dans la haute vallée de la Barma togpo

Jour 9 : Camp dans la Barma Togpo à 5240m - Barma La - Camp de la confluence

4h10 / +540m / -500m.
Diaporama On part du camp et on reste en RD un peu à hauteur de la rivière pour rejoindre en foulant les pentes herbeuses la base du sommet à 6000m qui se présente à l'avant. Puis, on change de rive au fur et à mesure de la conformation du terrain pour finir en RD à l'approche d'une grosse confluence d'où sort le ruisseau émissaire du glacier E du sommet coté 6020. Une fois arrivé au niveau de la confluence (1h, 5420m), on poursuit dans le lit du ruisseau ou alors on traverse le ruisseau pour monter en zigzags sur le mamelon herbeux qui trône en RG (20mn, 5500m) suivi d'une traversée à flanc légèrement ascendante (à privilégier à partir de la mi-août à cause des grands névés qui restent tardivement côté N et qu'il n'est pas évident de traverser...). Les deux itinéraires se rejoignent au niveau d'une nouvelle confluence située pile poil à l'aplomb du Barma La (30mn, 5560m, possibilité de camp).

A l'approche du Barma La côté W

On remonte la combe en direction de l'E. Un peu plus haut, on la contourne par la D avant de revenir effectuer une traversée vers la G dans des pentes moins relevées qu'en plein centre. Ainsi, on atteint le plateau sommital du Barma La (1h10, 5780m) un large passage qui s'inscrit entre deux sommets à 6000m. Noter qu'en 2h A/R, il est possible d'accrocher à son carnet de courses le sommet à 6000m qui domine le col à sa gauche (non compté dans le cumul horaire de la journée).

Franchissement du barma La à 5760m et vision du sommet à 6000

Du col, on s'oriente vers la G pour descendre en parcourant des pentes de moindre déclivité que celles qui se présentent à droite. Jusqu'à début août, il faut quand même envisager de devoir traverser une ou deux plaques de neige avant d'avoir accès aux pentes de petit éboulis de schiste noir qui vont permettre de rejoindre facilement le fond du vallon. Vers 5600m, on retrouve une trace de chemin, trace cairnée de manière intermittente que l'on suit au travers de banquettes herbeuses jusqu'à découvrir la présence d'un superbe cairn qui montre la voie à l'entrée d'un thalweg : ni à droite, ni à gauche, c'est tout droit en dégringolade dans le lit rocailleux du torrent. On va y évoluer pendant une petite demi-heure (mais il y a quand même de la place de part et d'autre du torrent pour ne pas avoir à trop se mouiller les pieds !). On atteint une large confluence de vallons où les nombreuses banquettes gazonnées vont permettre d'établir le camp (1h10, 5280m, GPS : 33°08'02"N 78°00'47"E).

Au camp de la confluence, on domine le plateau de Rajun Karu

Jour 10 : Camp de la confluence - A/R lac sans nom - Rajun Karu

3h10 / +290m / -635m.
Diaporama Du camp, on remonte hors sentier le vallon qui s'ouvre au S en restant à hauteur du torrent en RG. Après avoir foulé les banquettes d'herbe pendant un bon moment, voici que l'on doit se mesurer à de beaux replis morainiques charriés par le glacier que l'on devine poussant ce "beau monde-là". Après quelques up / down, nous voici sur la rive N du lac glaciaire, entièrement pris dans la glace vive. Pour preuve, la totalité du pourtour est composé de falaises de glace d'une vingtaine de mètres de hauteur ! Cela donne au site une majesté à laquelle on ne s'attendait pas (1h30, 5570m).

Entre le Barma La et Rajun Karu, on a failli louper le lac glaciaire tant il était noyé dans le brouillard...

La descente s'effectue par le même itinéraire jusqu'à la confluence (35mn, 5280m) puis, en laissant le vallon issu du Barma La sur la gauche, on poursuit la descente dans le vallon de la Zalung togpo, plutôt en RD de la rivière, pour rejoindre l'entrée du plateau gazonné de Rajun Karu (50mn, 5000m) avant de le traverser dans le sens de la largeur vers le NE pour atteindre les rives herbeuses de la Spanglung togpo sur lesquelles on peut dresser le camp (20mn, 4935m, GPS : 33°09'49"N 78°02'43"E).

Au départ de Rajun Karu

Jour 11 : Rajun Karu - Kyamayuri La - Camp face à Kyagar

2h40 / +495m / -210m.
Puisque l'on reprend le tracé d'une des étapes du trek
De Rumtse au Spiti, il ne serait pas étonnant que l'on rencontre quelques groupes de trekkers qui rejoignent le lac du Tsomo Riri.
Diaporama On part du camp au SE pour remonter le vallon qui s'inscrit au milieu de celui de la Spanglung à gauche et de la Zalung par lequel on est arrivé hier, à droite. Après une entame en faux-plat montant, on s'engage sur un bon sentier tracé à flanc de coteau herbeux en RG du vallon. A l'arrière, le soleil joue avec les reliefs du plateau de Rajun Karu s'éloignant et propose de bien belles compositions picturales. Plus haut, on traverse un ruisseau pour passer RD du vallon (45mn, 5110m). Il s'ensuit une montée en douceur jusqu'à 5270m où l'on attaque la grimpette en lacets de la moraine latérale du glacier (bientôt fossile car il n'en reste que quelques centaines de mètres de longueur au pied du col...). A l'arrière, on distingue par delà le col du Horlam Kongka la cuvette au milieu de laquelle se trouve le lac du Tsokar. On efface par la G une excroissance de glace et on finit en montée régulière jusqu'au large passage du Kyamayuri La (1h05, 5430m).

Sur le plateau de Gyama Barma

Une fois les lungtas accrochés, on débute la descente en très faible déclivité plein centre du vallon herbeux avant de basculer RG et rejoindre le large plateau gazonné où coule la Gyamsherma togpo. On dépasse la doksa de Kyagar et on enchaîne par la traversée vers l'ESE du plateau pour rejoindre la rivière au bord de laquelle on établit le campement sur de belles banquettes gazonnées, 3kms avant la doksa de Gyama Barma (50mn, 5220m, GPS : 33°06'35"N 78°05'34"E). Chose pratique pour demain : on commencera par la traversée à gué de la rivière lorsque celle-ci sera en basses eaux, une bonne entame puisque l'on n'aura pas à ôter les chaussures de marche, non ?

Commère marmotte sort de son terrier...

Jour 12 : Camp face à Kyagar - Kostse La - Gyama - Lanyar La BC E

3h15 / +350m / -290m.
Encore une journée pas très longue mais qui doit tenir compte des nécessités d'alimentation de la caravane équine pour laquelle il n'y a plus suffisamment d'herbe de qualité au-delà des 5300m du camp de base. Si vous êtes en autonomie vous pourrez aisément grimper quelques 200m de plus, ce qui fera ça de moins pour l'étape suivante.

Diaporama Du camp face à Kyagar, on suit la rivière vers l'aval en RG pour trouver le meilleur passage pour la traverser, là où elle "prend ses aises" et se séparant en plusieurs bras. Une fois en RD, on poursuit la descente de la vallée sur un chemin qui s'éloigne peu à peu de la rivière. On dépasse le mini mur de manis de Gyama Barma (30mn, 5200m) qui marque le début de l'ascension vers le Kostse La. Le sentier bien marqué s'élève à flanc sans heurts et permet de rejoindre le passage du col (40mn, 5380m). On en descend côté S en suivant un large chemin qui se dirige vers le vallon de Sherma. En rebord de plateau incliné, le sentier plonge sur la G pour aller traverser à gué la rivière qui arrive de la D (30mn, 5150m). En face, on continue en légère montée pour passer au-dessus de la doksa de Sherma et rejoindre le vallon de Gyama. On suit une large vallée vers le S en restant RG jusqu'à atteindre la large confluence de vallées (25mn, 5150m, possibilité de campement) : à gauche, le vallon qui permet de franchir le Yalung Nyau La pour basculer sur Korzok et le lac du Tsomo Riri (voir topo De Rumtse au Spiti), à droite, la vallée quasi étale de la rivière qui descend de la partie NW de la chaîne de montagnes de la Korzok range (bien méconnue mais si belle..., on n'en connaît malheureusement que les sommets emblématiques Mentok I et II).

Le Lanyar peak vu de Gyama

C'est dans cette vallée de D que l'on va pénétrer et qui va nous permettre d'aller explorer en A/R deux vallées glaciaires parallèles conduisant à deux cols d'altitude : celle du Lanyar La et celle du nouvellement nommé (voir l'explication en prélude à la journée suivante) du Zozogang La, ces deux cols ayant la particularité à 2kms l'un de l'autre de permettre de traverser la Korzok range pour transiter entre les bassins du Tsomo Riri et de la Phirse chu. Ça, c'est la théorie car, même tard en saison, les accumulations de neige tombée en hiver et au printemps ne permettent plus de les franchir avec une caravane de mules et, même pour un trekker en autonomie, il est très pénible de devoir évoluer sur des couches de neige dans lesquelles on s'enfonce jusqu'à la ceinture ou, si l'on peut les éviter, sur des pentes d'éboulis gorgées d'eau de fonte et boueuses.

Au Lanyar La BC E

Revenons au déroulé de l'étape : donc, on évolue sur les larges banquettes herbeuses RG à distance du lit de la rivière en quasi courbe de niveau. On croise pas mal d'emplacements de camps de nomades. Plus la vallée s'incline du S vers le SW et l'W, plus l'horizon se pare de superbes pics glaciaires, de bon augure ! Les cols restent toutefois invisibles... En face, donc RD de la vallée fluviale, on dépasse une première confluence, anodine pourrait-on dire... On s'immisce davantage dans la vallée pour atteindre une deuxième confluence, bien plus imposante puisque les eaux qui se joignent à celle de la vallée au cœur de laquelle on évolue descendent d'une vallée glaciaire plutôt austère, issue d'un pic conique de la plus belle forme (1h10, 5250m) appartenant à la Korzok range. Ici, on laisse la sympathique vallée que l'on suivait jusqu'à présent pour traverser la rivière et prendre pied sur la moraine RD afin de suivre une direction S en RG de la rivière. Quelques centaines de mètres plus loin, nous voici à l'emplacement du camp de base E du Lanyar La (10mn, 5280m, GPS : 33°02'08"N 78°06'50"E).

Un peu au-dessus du camp de base, l'entrée du cirque glaciaire du Lanyar La

Jour 13 : Lanyar La BC E - A/R Lanyar La - Zozogang La BC E

5h20 / +700m / -465m.
Sur la carte Olizane S de 2008, le Lanyar La est mal placé 
Icone image : le véritable passage se trouve 2kms plus au S. C'est aujourd'hui le col privilégié par les caravanes (lorsqu'il est libre de neige...) pour traverser la Korzok range lorsque l'on vient de l'E, en gros du Tsomo Riri, et que l'on souhaite rejoindre la vallée de la Zogoang togpo à l'W en passant par le campement de nomades de Lanyar situé 1000m plus bas. Une fois que l'on a remis le Lanyar La à sa bonne place, que faire de l'autre passage, bien existant ? D'une altitude similaire au précédent, 5850m, sa voie de descente se trouve être le vallon de Zozogang, celui-ci rejoignant la Zogoang togpo quelques kilomètres en amont. Eh bien ! Attribuons-lui le nom qui lui revient de droit : le Zozogang La, non ?

La Lune indique la direction du Lanyar La (enfin pas toujours...)

Diaporama Du camp situé sur la pointe entre les deux rivières, face au S, on traverse la rivière de D pour remonter la crête herbeuse à hauteur en RG de la rivière. On atteint un plateau à l'herbe rase (30mn, 5420m, 1er cairn) et on poursuit au SW jusqu'à l'entrée du cirque glaciaire (20mn, 5450m, possibilité de campement en bord de ruisseau). Bien noter l'emplacement de ce point pour la bifurcation vers l'autre vallée au retour du Lanyar La. On a devant devant nous deux superbes vallées glaciaires séparées par des pics que ne renieraient pas nos amis suisses... sauf qu'ils dépassent pour certains d'entre eux les 6000m ou s'en approchent d'assez près... On poursuit sur un sentier bien marqué qui s'élève progressivement en RG (donc à D...) dans les pentes détritiques pour aller traverser une alternance de couloirs de schistes et de neige. Toujours en se dirigeant vers la D, on atteint une crête qui donne accès à un plateau (neigeux ou schisteux selon la période...) que l'on traverse vers l'E pour atteindre le large col du Lanyar La marqué de deux labtse ornés de lungtas.

On aborde le plateau qui précède le col du Lanyar La (photo Rinchen Norbu)

Au col, la vue s'étend vers l'W sur les bassins versants de la Zogoang togpo en premier et derrière de la Tozay chu. Pour indication, la voie de descente est assez directe et nécessite de traverser des névés persistants avant de retrouver "la terre ferme" dans le lit de la rivière. On rejoint ainsi plus bas le campement de nomades de Lanyar à 4900m en moins de 2h. Au niveau du col, noter sur la droite, à quelques 2kms de distance, la présence du pic d'altitude 6090m qui marque le passage du Zozogang La, objet de l'excursion du lendemain. Retour en 1h10 et par le même itinéraire à l'entrée du cirque glaciaire au point 5450.

Au Lanyar La, côté W, on domine le vallon de Lanyar et celui, transversal, de la Zogoang togpo (photo Rinchen Norbu)

Pour la suite de la journée, depuis le point coté 5450, on va franchir le collet qui s'inscrit à main G sens de la descente (15mn, 5460m) et évoluer à flanc sur la ligne des 5450m (un peu plus bas si les névés étaient encore bien présents) en direction du NW puis de l'W. Aussitôt après avoir traversé le ruisseau exutoire du glacier N de la montagne sur les pentes de laquelle on évolue, la pente devient moins terreuse et plus rocheuse : il convient alors de se servir des dernières pentes de petit éboulis pour descendre d'une soixantaine de mètres et retrouver des pentes herbeuses pour poursuivre la traversée. On reste à hauteur de la rivière pour croiser un premier thalweg qui débouche de la G (55mn, 5400m) et un second juste après (15mn, 5420m, possibilité de camp). D'ici, on poursuit dans la vallée principale en traversant le torrent et en évoluant sur les banquettes gazonnées humides de la RG à la pente peu relevée. On pénètre dans une large combe mi-herbeuse mi-caillouteuse et on distingue à présent vers l'W l'entrée d'un vallon marqué de gros blocs rocheux effondrés. C'est bien celui qu'il va falloir emprunter demain matin pour rejoindre le col du Zozogang La qui reste pour l'instant encore caché... Un peu avant ce rétrécissement, on établit le camp sur l'un des derniers espaces gazonnés (30mn, 5515m, GPS : 33°02'51"N 78°03'30"E).

Remontée de la verte vallée qui conduit au pied du Zozogong La

Jour 14 : Zozogang La BC E - A/R Zozogang La - Confluence 5220m - Camp sur plateau à 5445m

6h / +560m / -630m.
Diaporama Du campement sur les prairies humides, on poursuit vers l'E pour franchir le verrou des rochers effondrés qui donne accès au vallon resserré qui conduit jusqu'au pied du col. Selon l'état du vallon et de ses pentes RG, on peut envisager soit une ascension directe et suivant le fond du thalweg, soit une montée en biais dans les pentes détritiques mais souvent gorgées d'eau à la fonte des neiges. En tout cas, on comprend la désaffection du "public" pour ce passage bien qu'il soit la terminaison d'une vallée glaciaire de toute beauté. Enfin, pour ceux qui disposeront des conditions environnementales idoines pour le rejoindre (2h, 5850m), ils peuvent envisager l'ascension du pic qui s'inscrit à main droite (compter bien 2h A/R en plus du cumul de la journée) avant de redescendre jusqu'à l'emplacement du camp (1h, 5515m) et commencer la descente de cette longue vallée en longeant la rivière sur les banquettes RG et bénéficier, avec cette fois-ci du recul, tout au long du parcours d'exceptionnels panoramas sur les pics altiers de cette partie NW de la Korzok range bien peu connue.

Dans les dernières pentes du Zozogang La (photo Rinchen Norbu)

En tout cas, cette vallée est vraiment un endroit à découvrir, et à si peu de distance de l'axe touristique Tsokar - Tsomo Riri, que l'on peu bien y consacrer 1 ou 2 jours. Et ne serait-ce que pour un A/R à la journée depuis le campement de Gyama jusqu'au point 5450 suivi de la traversée à flanc jusqu'à la sortie du 2ème thalweg à 5420 et le retour (en tout 5h30 d'excursion pour une dénivelée ridicule de +350m / -350m) pour y déguster assurément les plus beaux panoramas de montagne de votre périple ! A vous de voir ou de ne pas vouloir voir...

A la descente, on repasse rive gauche de la vallée devant le Lanyar peak

Revenons au profil de cette étape car elle réserve encore une belle surprise : et si au lieu de rejoindre Gyama pour emprunter "bêtement" le sentier touristique du Yalung Nyau La, on allait explorer une superbe vallée fluviale qui descend d'un plateau humide et sur lequel on pourrait terminer notre trek par l'ascension d'un sommet débonnaire, non nommé par le géographe (un de plus...) et appartenant à la Korzok range. Mesurant 6084m, d'accès techniquement très aisé et duquel on dispose d'une vue panoramique sur le bassin lacustre du Tsomo Riri, on pourrait, maintenant que l'on va fouler sa cime, le baptiser Tsomo Riri view peak ? Quelle belle fin de trek, non ? Eh bien, une fois la confluence du Lanyar La BC E passée, on traverse la rivière pour se retrouver RD de la vallée et on rejoint un emplacement de campement nomade à l'entrée de la confluence de rivières suivante (2h, 5220m).

Dès l'entrée dans le vallon, le Tsomo Riri view peak se présente au regard...

On pénètre dans ce vallon plein S et juste avant que la rivière ne sorte d'un défilé rocailleux, on la traverse à gué pour monter sur la butte herbeuse RD (15mn, 5280m). On poursuit au S par la traversée d'un plateau incliné pas mal encombré de rochers en veillant à rester à distance de la gorge. Le plateau se transforme en pozzine, là où la rivière prend sa source en de multiples bras et on établit le camp sur une butte herbeuse hors d'eau avec en ligne de mire le sommet convoité (40mn, 5445m, GPS : 33°01'30"N 78°08'24"E). C'est pas beau ça ?

Lever de soleil au camp de base du Tsomo Riri view peak

Jour 15 : Camp sur le plateau à 5445m - Tsomo Riri view peak (6084m) - Yalung Nyau La - Korzok

4h50 / +255m / -1125m + 2h30 / +385m / -385m pour l'ascension facultative du sommet.
Diaporama Du camp au milieu des pozzines l'itinéraire est évident : tout droit au S avec comme point visé le cône du Tsomo Riri view peak. Après avoir franchi de multiples lignes de moraines transversales, on atteint le sommet du plateau marqué d'une pierre levée bien à la gauche du sommet (1h20, 5700m). D'ici, la vue circulaire englobe d'un peu plus haut les sommets familiers qui nous ont accompagnés ces derniers jours, mais d'en bas...

Vue arrière en direction du N lors de la remontée du plateau humide conduisant au pied du Tsomo Riri view peak

On incline sur la D pour rejoindre le col qui s'inscrit à la droite du pic, mais pas directement car les bandes de neige qui le défendent sont pas mal piégeuses (on peut se retrouver immergé jusqu'à la taille et même au-delà...). En traversant perpendiculairement deux bandes de neige, on s'élève carrément au SW pour rejoindre une butte morainique, elle, libre de neige, dont on va suivre la crête vers la G pour rejoindre le col (théoriquement...) sans difficulté (40mn, 5830m).

Au niveau du col N du Tsomo Riri view peak (photo Rinchen Norbu)

D'ici, la voie est évidente puisque la face W du pic est libre de neige. On monte de gradin en gradin en louvoyant entre les roches et on rejoint le sommet S (40mn, ~6070m). Par une arête un peu encombrée de rochers émergents, on rejoint le sommet E (10mn, 6084m, C BSNL, eh oui !). Belle vue à 360° sur la partie NW de la Korzok range avec les passages du Lanyar La et du Zozogang La entourés de montagnes à la conformation plutôt "helvétique"... Le point d'orgue (mis à part que l'on dispose de la première connexion GSM depuis le début du trek...) est que le regard plonge sur la cuvette du lac du Tsomo Riri bordé à l'E par les montagnes du Shukule, des Chamser et Lungser kangri et du Chagarchan.

La cuvette du lac vue depuis le sommet du Tsomoriri view peak (photo Rinchen Norbu)

Tout au fond, au S, c'est le plateau du Kiang qui précède les sommets frontière avec la Chine du Gya et du Ser Ur Ri. Et juste devant, on distingue le large col du Norbu La par lequel passent les itinéraires De l'Indus à la Chandra et de la Haute route du Tsomo Riri à Mahe. On ne peut pas le nier : c'est une fin de trek en apothéose (d'ailleurs on peut même l'annoncer à ses amis directement par téléphone...). La descente reprend le même itinéraire jusqu'au col à 5830m puis au sommet du plateau (compter 50mn).

Du sommet du Tsomo Riri view peak on domine le plateau (photo Rinchen Norbu)

Du sommet du plateau à 5700m, on suit la crête vers le NE en restant côté D avant de descendre progressivement en biais sur la D, en évitant les névés résiduels et les portions de schistes mous, pour aller traverser la rivière (35mn, 5520m) et surtout ne pas la suivre vers l'aval (on aurait alors à remonter une centaine de mètres pour rejoindre le col !). On poursuit en courbe de niveau sur le plateau gazonné et rocailleux de la RD avant de descendre d'une centaine de mètres pour arriver au Yalung Nyau La (40mn, 5430m, C BSNL). On dispose d'une belle vue arrière sur le Tsomo Riri view peak duquel on descend et à l'avant voici que se présente, modestement, l'étendue bleutée du lac dans l'échancrure du thalweg de descente vers Korzok.

Au Yalung Nyau La avec une vue sur le lac du Tsomo Riri

On suit le superbe chemin tracé au creux de ce défilé rocailleux avant qu'il ne serpente juste après au milieu d'un coulée de boue assez récente puisqu'elle s'est produite au mois de mai 2019 (45mn, 5000m). Ensuite, et toujours la cuvette du lac comme horizon, c'est une assez longue portion de descente sur une nervure morainique qui conduit au début d'un plateau de taille vraiment imposante, considéré en fin de journée... Et on égrène les pas et ne perdant pas de vue la fin du "supplice", en l’occurrence la fin du plateau aride et la pénétration dans une gorge. Entre temps, on dispose quand même de beaux paysages contrastés alentours bien que l'on ait définitivement perdu la vision du lac. Un seul but : l'entrée du défilé ! On reste au milieu du plateau sablonneux pour dépasser les campements nomades (1h, 4620m) qui s'inscrivent sur des pentes peu relevées au gazon rare, apparemment suffisantes pour y faire brouter leurs troupeaux de chèvres pashmina. Avec l'arrivée de la droite d'une timide rivière, on retrouve des prairies mi-sable mi-herbe qui permettent à la voûte plantaire de retrouver quelque chose de plus sympathique à fouler...

Mur de manis à l'approche de Korzok

Après avoir emprunté une passerelle en fer pour franchir un ruisseau, on pénètre (enfin !) dans le défilé salvateur : il est conseillé de rester en RG de la rivière afin de poursuivre la descente sur des banquettes moelleuses (il existe bien un sentier tracé à hauteur en RD mais caillouteux et par endroit effondré qu'il n'est pas vraiment utilisable). On croise des dizaines de murs de manis augurant que l'on est entré sur un domaine religieux de grande importance (celui du monastère drukpa de Korzok). La longueur du défilé est à l'instar de la traversée du plateau : longuette (mais beaucoup plus ludique quand même...). A l'approche du village (que l'on ne distingue pas encore...), on rejoint la route goudronnée qui suit une partie de la rive W du lac (25mn, 4580m). On l'emprunte sur la G pour établir le camp sur la portion de "wild place" gazonnée en bord de rivière (et très propre...) qui se situe 300m en amont de l'entrée du village de Korzok (5mn, 4575m).

Sur la rive W du lac du Tsomo Riri

A Korzok (5mn, 4560m, C BSNL, commerces, taxis, guest-houses, hotel, campings sous tente fixe, etc.), il est difficile à la haute saison de trouver inopinément une place pour se loger dans une infrastructure de tourisme. Celles-ci sont phagocytées par la noria de touristes occidentaux, certes, mais depuis quelques années seulement, par l'engouement des touristes indiens des plaines qui viennent se "rafraîchir" à l'été au Ladakh de la température des hauts plateaux : c'est un tourisme entièrement automobile qui s'est déclenché en 2012 lors de la sortie du film Bollywood "Three Idiots" dont l'intrigue s'achevait au lac de Pangong et que les spectateurs indiens ont découvert à cette occasion... Quitte à venir de si loin pour voir le Pangong, pourquoi ne pas y adjoindre le Tsomo Riri et le Tsokar ? Mais vous êtes venus au Ladakh pour marcher, pour découvrir les paysages de légende que vos amis vous ont vantés (ou qu'à la vue des beautés naturelles qu'un site web bien connu dont vous égrénez les pages et les diaporamas n'ait fini par vous convaincre de faire le voyage...). Alors, d'ici, vous pouvez poursuivre sur pas mal de circuits :

1- vers le Spiti via le Parang La (en 8 jours jusqu'à Kibber),
2- vers la vallée de la Chandra (en 13 jours jusqu'à Batal),
3- vers la vallée de l'Indus (en 10 jours jusqu'à Skyidmang en suivant le topo en marche arrière, désolé...)
4- vers la vallée de l'Indus (en 8 jours jusqu'à Mahé par la toute nouvelle haute route défrichée en 2019).

A Korzok, dur, dur pour les trekkers !

Jour 16 : Korzok - Leh

Environ 8h de voiture.
Fin d'après-midi libre à Leh et nuit en guest-house.

Jour 17 : Leh

Journée de sécurité. Journée libre pour aller visiter l'Asian museum, le Royal palace (expositions très décevantes pour les Rs300 demandées, une visite que l'on peut zapper) et surtout ne pas omettre de monter à Tsemo gonpa d'où la vue en deuxième partie d'après-midi est splendide. Nuit en guest-house.

Jour 18 : Leh - Delhi

15mn + 1h de voiture ou 30mn de métro.
Départ en matinée de l'aéroport de Leh à destination de Delhi. Puis convoyage jusqu'à l'hôtel pour la dépose des bagages et par la suite après-midi libre pour partir à la découverte de l'un ou l'autre des nombreux quartiers animés de la capitale indienne. Nuit en hôtel.

Jour 19 : Delhi - Europe

1h de voiture ou 30mn de métro.
Continuation de la découverte de la ville (avec le métro c'est si simple maintenant !). Transfert vers l’aéroport en fin d'après-midi ou début de soirée pour un vol international qui a lieu souvent dans la nuit. Arrivée le lendemain matin en Europe.

Relevés de terrain juillet 2019.

11 jours de marche / 44h / +5000m / -4750m.

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