[Inde] J&K et HP - De l'Indus à la Chandra

La genèse de ce trek date de l'été 2014 alors que l'on terminait une traversée de Padum à Sarchu via le Surichun La et que nous venions d'ouvrir, "forcés" par la hauteur des eaux de la Shingri chu, un passage par un col a priori jamais franchi par un "touriste" et que nous avions nommé le Phuktal La, puisque permettant d'arriver sur le célébrissime site monastique de Phuktal par le haut. Nous avions six jours d'avance sur notre programme (le Phuktal La étant un superbe raccourci ou peut-être marchions nous trop vite...) et à Sarchu, au bord de la NH-1 se posa la question : "rentrer à Leh ou poursuivre quelque part ?". Sans préparation aucune, nous avions décidé au pied levé de suivre la "route" dessinée sur la carte Olizane S passant par le Langpo La et permettant de rejoindre les abords du lac Tsomo Riri à Korzok. Le délai octroyé était court mais jouable si le sentier était de bonne facture. Et puis, pour de bons marcheurs qui plus est acclimatés depuis un moment aux altitudes du coin, ça devait le faire... Notre équipe ladakhie était rompue à cet exercice et la caravane de mules menée par Donitchen d'un niveau hors pair. Dès l'entame de ce périple, nous avons senti que nous allions avoir du mal à tenir le timing du programme envisagé. Plus nous nous rapprochions du Langpo La, plus nous avions à surmonter d'épreuves : réhabilitation de portions du "chemin" le long de la Tsarap chu, recherche de passages alternatifs pour les mules, gestion des traversées de la rivière en particulier les après-midis avec la montée des eaux et l'augmentation du débit, etc.

Aux sources de la Tsarap Chu

Enfin, nous trouvions après trois jours le passage clef nous permettant d'avancer jusqu'au pied du col. Et là, pas de chance, impossible de trouver trace d'un quelconque chemin d'accès dans un éboulis très pentu que nous jugeâmes inaccessible pour des mules chargées. Nous avions rebroussé chemin jusqu'à Sarchu et à l'occasion nous en avions profité pour baliser l'itinéraire en poursuivant les aménagements pour les mules sans omettre de repérer ce qui pourrait nous aider lorsque nous y reviendrions. Pas question de rester sur un échec...! La rencontre du vieux guide indien au bivouac de Lamaguru a été le déclencheur d'une recherche d'itinéraire original après qu'il m'ait dévoilé l'opportunité d'un passage "non officiel" permettant de traverser la Great Himalaya range. Pourquoi, une prochaine fois, ne pas franchir le Langpo La et à la suite s'engager dans la remontée de l'Unmag chu pour trouver ce fameux col à partir duquel on entrait dans le Lahaul ? Quel bel itinéraire, non ? Korzok - Paralatse La en une dizaine de jours, ça a "de la gueule". Mais c'est court quand même lorsque l'on est un habitué des bambées sur plusieurs semaines ! A l'E, on pourrait peut-être, avant de rallier le lac Tsomo Riri, aller explorer la zone du Rupshu qui venait d'être ouverte et qui passait par la cuvette des lacs Kyun tso.

A Skyunting (Chilling Tso)

Ca fait une dizaine de jours d'acclimatation pour se préparer à la grosse portion. A l'autre bout, finir en bord de route au Paralatse La. Pourquoi pas, le site est joli avec toutes ces montagnes glaciaires qui "pointent leur nez", mais y aurait-il une autre possibilité de terminer en beauté dans le coin ? Tiens, descendre la vallée de la Chandra chu, passer par le lac de Chandra tal et son espace naturel exceptionnel entouré de pics glaciaires élancés, poursuivre la descente de la vallée jusqu'à Chhatru avant de franchir comme ultime "épreuve" le Hampta La donnant accès à Manali. Banco ! Le trek de "l'Indus à Manali" était né, il ne restait plus qu'à "travailler" sur les cartes, sur Internet et Google Earth. Si des fois quelque "fou" n'y serait pas passé... Avec Google Earth, j'ai pu me rendre compte que depuis quelques années le lac de Chandra tal était relié au Monde, l'axe routier Gramphu - Batal - Kunzum La - Kaza, par une piste. Autre déception, et de taille, attestée par des correspondants locaux, était que le sentier qui existait entre Batal et Chhatru en RG de la Chandra chu, bien qu'encore présenté sur les cartes indiennes, était laissé à l'abandon depuis plusieurs années au seul profit de la "route" tracée en RD... Alors, à quoi bon se "taper" trois jours de marche sur une piste automobile pour aller franchir un col qui pourrait faire partie d'un prochain circuit "spécial Lahaul" ? A bord d'un véhicule qui plus est à la vitesse vertigineuse de 15km/h (oui, oui, tant la "route" est défoncée...), on aura la même vision des paysages traversés. C'est la raison pour laquelle le trek de "l'Indus à Manali" s'est mué en trek de "l'Indus à la Chandra"... Mais revenons aux recherches sur le Langpo La et au col sans nom permettant de franchir la Great Himalaya range : suite à la parution du topo "Aux sources de la Tsarap chu" dans la rubrique Explorations en cours, mon ami Etienne Principaud me met sur la piste d'un découvreur d'itinéraires, Laurent Boiveau, qui a déjà franchi au moins deux fois le Langpo La, vidéos à l'appui qui montrent les travaux de soutènement pour lesquels son équipe avait dû s'employer avec pelles, pic et pioche pour recréer le sentier délité par les pluies et les chutes de neige afin que la caravane de mules puisse passer. Je rentre en contact avec lui et pas mal de questions en suspens suite à mon passage sur place trouvent une réponse : pourquoi je n'ai pas trouvé le sentier dans l'éboulis, la présence "miraculeuse" d'une pelle et d'une pioche en aval des gorges, etc. Quant à l'éventualité de la traversée de la Great Himalaya range par le col indiqué par le vieux guide indien, ça ne lui dit rien mais, si d'aventure la piste était attestée, il serait bien sûr intéressé par le résultat de mes recherches sur le terrain... D'autres retours sur Internet ? Rien, nada, niet, kunaï pani chhaina...

Couleurs féériques au coucher de soleil sur les montagnes qui entourent la plaine de Nyima

4 ans ! Il m'a fallu 4 ans pour revenir au Ladakh, pas mal occupé avec le Népal... On ne peut pas être partout ! Et puis, l'idée n'était pas de le faire tout seul. Mais un voyage exploratoire de 4 à 5 semaines a du mal à trouver preneur : la longueur du périple décourage évidemment les travailleurs (5 semaines de congés), les néo-retraités qui ne sont pas coutumiers de ce genre d'expédition itinérante aux possibles dérives du timing, restent les "jeunes" qui ne sont pas encore rentrés dans le monde du travail mais pour qui, même s'il reste modeste dans un pays comme l'Inde ou le Népal, un investissement financier non négligeable. Bref ! 4 ans d'attente et puis Basta ! Comme David Ducoin de l'agence Tamera me proposait d'accompagner deux groupes en août et octobre 2018 en Inde du nord, l'occasion était rêvée pour que je puisse caler ce voyage d'exploration pile poil au milieu... Et même si j'étais seul à partir... Bien sûr, comme à l'habitude, accompagné d'une équipe locale ladakhie.

Le lac du Tsomo Riri comme vu d'avion depuis le col du Norbu La

Je vous livre le topo de ce voyage que j'ai découpé en deux parties mais qui peuvent s'enchaîner l'une à la suite de l'autre. Deux parties aux profils très disparates :
1) l'entame par le Rupshu des plateaux de l'E (on a l'habitude lorsque l'on parle de la traversée du Rupshu de s'en tenir généralement à la partie W, de Rumtse jusqu'au Tsomo Riri, décrite en première partie du topo De Rumtse au Spiti). Pour cette nouvelle mise en marche, on doit franchir dès le début deux cols de haute altitude, respectivement 5200 et 5730m, qui donnent accès au domaine des nomades (bien sûr en respectant les paliers d'acclimatation recommandés, pas plus de 450m entre deux camps). Par la suite, on rejoint une cuvette lacustre de toute beauté, on traverse des vallées minérales aux couleurs incroyables et on retrouve peu après la foule... oui, oui, pas celle des touristes mais celle des kiangs, ces ânes sauvages qui ont colonisé les plateaux de l'Himalaya. On termine cette période d'une dizaine de jours par une "vue d'avion" du lac Tsomo Riri depuis une crête panoramique, celle du Norbu La..

Dans la descente du Ribil La, rencontre avec nos premiers kiangs

2) après le passage au bord du Tsomo Riri, la suite est (un peu...) plus engagée physiquement. Tout en restant du domaine de la randonnée, elle se caractérise par de longues marches, certes présentant peu de dénivelée, pour remonter d'interminables vallées fluviales souvent à sec (Ah ! les galets...) au milieu d'ensembles minéraux contrastés et pas mal de "sport" lors de la traversée de quelques rivières à gué (Phirse chu, Tsarap chu, Unmag chu, Togpo yogma, etc.) tumultueuses en juillet / août, plus calmes en septembre... On ajoute à cela la marche d'équilibriste sur les cailloux morainiques, qu'ils soient en bord de rivière ou sur les hauteurs, il va sans dire que les sentiers sont ici une denrée rare.

Les crêtes déchiquetées de la Zangskar range du côté du Langpo La

Et si le franchissement du Langpo La est (re)devenu en 2018 un standard (quelques agences du Zangskar proposent à leurs clients la liaison Padum - Sarchu - Korzok) avec, pour le passage du col, la présence d'un sentier beaucoup mieux viabilisé qu'en 2014, la traversée suivante, celle du col sans nom permettant de passer du bassin de la Tsarap chu à celui de la Chandra chu, est encore du domaine de l'extra confidentiel (quelques uns s'y essaient mais toujours en autonomie avec portage sur le dos - nous en avons croisé -, par contre je pense que nous avons été les premiers à réaliser cette liaison avec une (exceptionnelle) caravane de mules, en atteste l'absence de résidus organiques d'origine équine au sol...). Bien entendu, toute l'équipe en a profité pour baliser la totalité de l'itinéraire... Une fois que nous aurons rejoint la vallée de la Chandra chu, on retrouvera un itinéraire plus "touristique" car proposé tout au long de l'année par les agences de Manali, à savoir la descente le long de la rivière, du Paralatse La jusqu'au lac.

Le lac de Chandra tal (Himachal Pradesh)

Les deux portions mises bout à bout, ça fait un beau périple, non ? Et une belle alternative à la maintenant quasi routière GTZ (la célèbre Grande Traversée du Zangskar du N au S) ou à la Diagonale du Zangskar du NW au SE. Voici donc l'acte de naissance d'une nouvelle diagonale, celle partant du NE et se finissant au SW ! A vous de jouer maintenant, vous avez les clefs en main, que vous décidiez de l'accomplir tout ou partie, en une ou deux fois, sur une ou plusieurs années, seul(e) ou accompagné(e)... Vous pouvez prendre connaissance dans la rubrique Préparatifs des coordonnées de l'agence ladakhie qui m'a accompagné.

N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1 Carte De l'Indus à la Chandra

Inde himalayenne Indus-Chandra

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Europe - Delhi

8 à 10h d'avion selon la compagnie.
Arrivée en toute fin de journée au T3 de l'IGIA de Delhi ou bien en pleine nuit. Après avoir récupéré ses bagages, on se dirige vers le hall "Départs domestiques" de l'un des terminaux T3 (c'est dans le même bâtiment), T2 (juste à côté du T3) ou T1, le plus ancien, joignable en taxi ou en métro jusqu'à Aerocity puis navette bus, pour opérer la correspondance vers Leh (Vistara, GoAir, SpiceJet ou Air India).

Jour 2 : Delhi - Leh

1h30mn d'avion.
Départ entre 5h30 et 9h du matin avant qu'il ne fasse trop chaud sur la vallée de l'Indus et que les avions aient du mal à atterrir ou décoller par manque de portance. Une fois à Leh, remontée vers la capitale du Ladakh en taxi pour se poser à l'hôtel ou à la guest-house puis repos ! On est à 3500m, il ne faut pas rigoler avec les phases d'acclimatation... En fin d'après-midi, on peut quand même sortir pour une petite découverte de la ville mais sans excès. Entre autres, on est pas obligé de monter immédiatement au Royal palace ni au vieux fort. Mal de tête quasiment assuré et souffle court... Mais on peut se faire déposer en taxi à Tsemo gompa pour descendre tranquillement jusqu'à la vieille ville de Leh au milieu de laquelle il est VRAIMENT conseillé de visiter l'Asian museum consacré à l'histoire du Ladakh. Noter au passage que la visite du Royal palace à Rs300 est totalement évitable ! Nuit en guest-house.

Le Royal Palace de Leh vu depuis la vieille ville

Jour 3 : Leh - Visite des monastères situés dans la vallée de l'Indus côté ouest

3 à 4h de voiture.
Au choix : Phyang, Spituk, les plus proches, Alchi, Man Gyu, les plus éloignés voire Lamayuru. Ne pas rater les grottes ornées de Saspol et la descente du fort de Basgo (faire défiler les Diaporamas). Retour à Leh. Nuit en guest-house.

Jour 4 : Leh - Visite des monastères situés dans la vallée de l'Indus côté est

3 à 4h de voiture.
Au choix : Matho, Shey, Spituk, Stakna, Tikse (faire défiler les Diaporamas). Retour à Leh. Derniers achats avant le départ pour le trek. Nuit en guest-house.

Le Dalaï Lama lors d'un enseignement à Leh fin juillet 2018

Jour 5 : Leh - Hemis - Chemre - Skyidmang

5h de voiture pour 150kms.
Ca y est, on est parti ! Au passage, on fait le détour par deux monastères emblématiques de la région avant de remonter la vallée de l'Indus jusqu'au village de Skyidmang. Mais pour en arriver là, on aura parcouru d'impressionnantes gorges étroites creusées par l'Indus après s'être arrêté à un ou deux gonpas comme Hemis ou Chemre (pour disposer des illustrations, faire défiler les Diaporamas).

Le monastère de Chemre

Diaporama La route (ou plutôt la piste car le goudron a disparu alors que le B.R.O est en train de doubler la largeur de la route (2018)) évolue la plupart du temps au niveau des eaux de l'Indus, très bouillonnantes après un orage. Dans la première partie entre Likche et Hemya, les falaises de part et d'autre de la rivière sont roses. Puis, après Kiari, la vallée s'élargit mais reste toutefois très sauvage. Les roches et les éboulis sableux revêtent des teintes irisées voire multicolores par moment.

Sur la route le long de l'Indus entre Upshi et Mahe

La route s'éloigne de la rivière en prenant de la hauteur et en parcourant le faite des moraines fluviales de la RD. On atteint le pont métallique qui permet de rejoindre le village de Skyidmang et par une petite route en lacets serrés on s'élève en direction de l'entrée d'un vallon au fond duquel se détache le sommet du Gursan, encapuchonné de glace, la vision de notre premier 6000 et des grosses poussières du périple. Après toutes ces émotions routières, on établit le camp près d'une enceinte religieuse que jouxte un ensemble de trois chörtens Rigzum gönpo. On se trouve à 4140m au milieu de pelouses à l'herbe rase en bordure du canal d'alimentation en eau du village. Alentours, la verdure n'est pas de mise : les chaînes de montagnes détritiques sont colorées des couleurs de l'arc-en-ciel, une impression encore plus forte alors que le soleil va disparaître et que les ombres portées sur les pentes seront fortement marquées. Demain, on commencera la remontée de cet étroit vallon en direction du Zildal La qui se trouve caché tout en haut du vallon de gauche dont on entrevoit l'entrée (33°22'40"N 78°16'04"E).

Sur les hauteurs de Skyidmang

Jour 6 : Skyidmang - Camp à 4640m.

2h / +540m / -40m.
Journée courte du fait des nécessités de l'acclimatation.
Diaporama On remonte le thalweg minéral en RG de la rivière pour suivre un moment le canal d'irrigation puis lorsque l'on atteint la confluence de la rivière et du canal, on remonte à main droite dans les moraines sableuses pour retrouver la piste qui court plus haut (si vous ne voulez pas vous casser la tête, vous pouvez suivre la piste depuis le départ du camp...). Dans un virage en épingle à cheveux (25mn, 4255m), on poursuit tout droit sur le large chemin historique toujours en direction de la gorge resserrée qui se présente à l'avant. On évolue sur un sentier superbement tracé en balcon au-dessus de la rivière, on contourne par sa base une épaule rocheuse rutilante pour déboucher sur une confluence de trois rivières. On franchit la rivière qui arrive de droite sur un pont de bois (1h, 4400m) puis, un peu plus loin, on traverse à gué la rivière centrale pour retrouver un excellent chemin qui s'élève en RG de la troisième rivière. On s'élève progressivement jusqu'à dépasser une doksa construite en RD (40mn, 4545m, possibilité de camp, eau). Puis la pente se redresse alors que l'on s'éloigne du lit de la rivière pour prendre pied sur un petit plateau herbeux où l'on établit le camp (15mn, 4640m, eau de source). Cela semble être la dernière possibilité de disposer d'herbe pour les mules tant la partie supérieure semble s'afficher très minérale... A l'arrière, le paysage est vraiment superbe avec l'apparition du sommet triangulaire se situant au N de la vallée de l'Indus et positionné pile poil dans l'échancrure de la gorge que l'on vient de remonter (a priori le Kesar qui mesure sous la toise un peu plus de 6000m quand même... 33°20'41"N 78°16'00"E).

Une fois la gorge resserrée franchie, on remonte le vallon à main gauche...

Jour 7 : Camp à 4640m - Col à 5150m - Shingdat doksa

2h20 / +510m / -120m.
Journée courte du fait des nécessités de l'acclimatation.
Diaporama On poursuit au-delà du camp en RG de la rivière jusqu'à la traverser 200m plus loin. On se dirige à présent vers le SE sur un sentier beaucoup moins bien marqué qu'auparavant avec comme point visé le petit cône rocailleux qui émerge de l'arête. On atteint un gros cairn (25mn, 4780m) et on incline légèrement à D pour rejoindre par une pente assez soutenue le large col qui s'inscrit à la D du cône rocailleux. Contrairement aux indications données par la carte Olizane S, nul n'est besoin de partir à gauche et revenir plus tard vers la droite, on monte "dré dans l'pentu". On franchit le col (1h25, 5150m) pour une belle vue plongeante sur un espace verdoyant au milieu duquel sont posées les bergeries de Shingdat. On poursuit tout droit sur une trace à flanc assez peu viabilisée jusqu'à atteindre une source (20mn, 5050m). Sur la gauche, on peut admirer l'enfilade de la gorge multicolore creusée par la rivière qui sort de ce vallon pour aller se jeter dans l'Indus à Chumathang. De la source, on descend dans la pente pour rejoindre une cinquantaine de mètres plus bas les abords de la bergerie de Shingdat pour y établir le camp (33°18'52”N 78°17'37”E).

Piège à loup au niveau du col qui donne accès à la doksa de Shingat

Depuis la source, aux conditions que vous soyez acclimaté et que vous ne craigniez pas une journée de 6h de marche, rien ne vous empêche de viser en face le large passage du Zildal La qui s'inscrit au pied du Gursak pour ensuite descendre sur Puga sumdo yogma. Le topo du restant de la journée se trouve décrit dans le jour 8.

Jour 8 : Shingdat doksa - Zildal La - Puga sumdo yogma

3h40 / +200m / -830m.
Diaporama On remonte jusqu'à la source à 5050m puis on emprunte vers la G le sentier qui court à flanc au-dessus des bergeries de Shingdat. On descend légèrement avant de traverser plusieurs zones humides alimentées par des torrents qui coulent depuis les glaciers du Gursak. Puis c'est la remontée, au début presque imperceptible, vers le large passage du Zildal La qui reste caché... Tout au long du parcours sur le côté gauche au-delà de la faille creusée par l'Indus, on dispose de belles vues sur les montagnes du S du Changthang au milieu desquelles se situe le col qui permet de passer vers le gonpa de Chushul (mais aujourd'hui interdit d'accès par les autorités indiennes car trop proche de la frontière chinoise...). On traverse d'innombrables descentes d'éboulis avant de croiser une source (1h15, 5100m). Mais qu'il est long le chemin ! On finit par atteindre le Zildal La (30mn, 5230m) d'où l'on découvre côté S la proéminente chaîne de montagnes du Chalung occultant en partie le Chamser Kangri et le Lungser Kangri qui bordent le lac Tsomo Riri côté E. Tout à droite, la chaîne des Mentok apparaît dans le lointain et on devine que dans l'espace qu'il y a entre Chamser Kangri et les Mentok se trouve le lac Tsomo Riri.

Dans la descente du Zildal La avec le massif du Chalung en point de mire

On commence la descente vers le S sur des pentes sablonneuses bien agréables à fouler et à la dénivelée descendante vraiment maîtrisée. On incline la marche légèrement vers la D pour rejoindre le centre du vallon. Noter qu'à hauteur en RD se trouvent plusieurs campements de nomades et que les habitants pourront vous fournir de l'eau de source (c'est la seule possibilité d'avoir de l'eau jusqu'à l'étape !) et vous vendre du dahi de chèvre, délicieux il va sans dire... Vers 5000m, on croise un parc à bestiaux et un peu plus bas, vers 4800m, on traverse la Zildal togpo à sec pour retrouver en RG un bon sentier. On dépasse une prairie à l'herbe bien verte (1h10, 4700m), un bel endroit pour poser un camp mais... sans eau. Quel dommage ! Les mules auraient été heureuses... Au-delà, c'est une descente principalement en RG d'une gorge rutilante et une rivière toujours à sec.

A l'approche du village de Puga sumdo yogma

Dès le début de la descente, on distingue le village de Puga sumdo yogma dont les champs s'étalent dans la vallée de la Puga togpo, rivière dans laquelle il y a de l'eau... De gradin en gradin, on désescalade dans la gorge jusqu'à pénétrer dans le village par le haut avant de croiser la route goudronnée qui mène au Tso Kar (40mn, 4400m). Pas de camping dans le village, mais quelques homestays peu remplis où toute l'équipe pourra trouver à se loger (par exemple celui de Karma Gyaltsen qui dispose de 7 lits et d'une petite épicerie, E, 33°14'00"N 78°22'00"E).

Puga sumdo yogma, village de réfugiés tibétains

Puga sumdo yogma est un village de réfugiés tibétains qui s'est créé au moment de l'invasion du Tibet par la Chine en 1949. On y croise pas mal de personnes âgées qui ont gardé leur "nationalité" tibétaine, espérant un retour hypothétique au pays... Leurs enfants et petits enfants sont nés ici et de facto sont indiens. A l'école ils apprennent l'hindi mais aussi l'anglais. Pour ne pas se couper de leurs racines, ils disposent également d'une école "tibétaine" où ils acquièrent les bases de leur langue maternelle. On est au croisement des routes qui conduisent d'une part au lac de Tso Kar et d'autre part au lac du Tsomo Riri. Nous allons aussi nous rendre au Tsomo Riri mais par un moyen détourné en allant franchir le Ribil La (ou Sumdo La comme il est nommé sur la carte Olizane S...). Cette "route" alternative donnera accès aux plateaux situés à l'E du Rupshu (voir le topo De Rumtse au Spiti pour la traversée de l'W du Rupshu), une région proche de la frontière chinoise située au-delà des emblématiques Chamser Kangri et Lungser Kangri que l'on contemple usuellement depuis Korzok se reflétant dans les eaux du lac Tsomo Riri. Cette fois-ci, on effectuera une sorte de kora autour de ces pics glaciaires puisque depuis le Ribil La on passera derrière ces deux sommets glaciaires et on rejoindra le S du lac, le fameux site de Kyangdam, en une semaine de marche, en traversant plateaux et cols méconnus auxquels bien peu de "touristes" se sont mesuré.

Au départ de Puga sumdo yogma

Jour 9 : Puga sumdo yogma - Puga sumdo gongma - Camp dans la Ribil chu à 4970m

3h20 / +600m / -30m.
Diaporama Du village de Puga sumdo yogma, on va rejoindre la route qui arrive de Mahe pour la suivre sur la D pendant 3kms jusqu'au "village" de Puga sumdo gongma (50mn, 4460m, camping, homestay, restaurant, épicerie, E, T téléphone satellite fixe). On poursuit la route goudronnée sur 250m et dans le virage à droite on monte à main G rejoindre les quelques habitations perchées sur la moraine sablonneuse. On incline la marche sur la G pour s'engager sur la piste en lacets tracée en RG de la Ribil chu. On la suit jusqu'à son extrémité où elle donne accès à un canal d'irrigation (25mn, 4665m). On suit le canal à G sur 400m (noter que le sentier historique indiqué sur la carte Olizane S court bien à mi hauteur en face RD de la vallée mais que son accès depuis le bas a été fermé par une clôture...). Ceci dit, la construction des canaux d'irrigation (on verra qu'il y en a plusieurs car le village manque cruellement d'eau pour irriguer les maigres cultures d'orge et de moutarde...) permet au marcheur d'évoluer sereinement sur des infrastructures consolidées. A la fin du premier canal, on poursuit sur un chemin tracé à flanc d'une pente détritique qui donne accès, quelques centaines de mètres plus loin, à un nouveau canal d'irrigation que l'on suit jusqu'à son raccordement à la rivière à l'entrée d'une plaine alluviale mi galets mi gazon où il fait bon s'arrêter un moment (15mn, 4695m).

Au cours de la remontée du vallon de la Ribil chu

A l'arrière, on revoit la portion terminale de l'étape d'hier avec la descente du Zildal La au pied du pic du Gursak, sec de ce côté-là, et dominé sur sa gauche par le Gursan. On traverse la plaine alluviale pour rejoindre en face sur la RD une bergerie en ruines (5mn, 4720m, source) et rattraper par une petite grimpette le sentier historique qui court en bordure de moraine fluviale une vingtaine de mètres au-dessus de la rivière. La vue arrière s'élargit davantage et plus on pénètre dans les gorges de la Ribil chu plus l'horizon s'agrandit. La montée est soutenue pour aller franchir une épaule (50mn, 4950m). Juste après, on descend légèrement pour aller traverser une doksa et poursuivre au-delà sur le rebord de la moraine fluviale. On remonte le lit de la Ribil chu jusqu'au moment où la vallée semble se resserrer et on établit le camp sur une banquette herbeuse (25mn, 4970m, ruisseau à proximité et bonne herbe bien grasse pour les mules). Ambiance bucolique et panorama au N très ouvert propice à la contemplation (33°11'00"N 78°26'00"E).

Jour 10 : Camp dans la Ribil chu à 4970m - Ribil La (Sumdo La) - Nyima gonpa

5h30 / +800m / -1200m.
On est au début de la journée qui va permettre de franchir le col le plus haut du périple donnant accès aux plateaux de l'E du Rupshu. Ce sera aussi la première journée d'envergure avec des amplitudes, horaire et dénivelée, qui ne seront pas si anodines de cela...
Diaporama Du camp, on poursuit la remontée de la vallée de la Ribil chu. On s'élève progressivement en RD sur de larges plateaux à l'herbe, rase certes, mais présente. La vallée est redevenue large après le resserrement passager au-dessus du camp. Elle incline vers la D pour que l'on puisse découvrir le sommet du Chalung et son glacier E au bas duquel se trouve le col convoité. La verdure laisse peu à peu la place au minéral mais il reste quand même aux confins de la rivière de belles portions de gazon. On évolue plutôt sur les pentes NE au-dessus de la rivière mais dès que l'on entre dans une zone d'éboulis de schistes vers 5400m, il convient de rejoindre la rivière pour une progression plus aisée.

Haute vallée de la Ribil chu

On atteint une plaine alluviale qui occupe le centre d'un cirque de moraines d'éboulis (2h35, 5475m, possibilité de camp). On s'engage dans le vallon du milieu pour rejoindre la base d'un mamelon détritique (15mn, 5560m) sur lequel est tracé le chemin mais... celui-ci est délité dans sa partie haute et il est préférable de partir à G pour remonter le vallon en direction du sommet rutilant du Ribil. Un peu plus haut, on s'engage dans le thalweg de D (15mn, 5600m) pour rejoindre un plateau d'éboulis au N du col, solide sous le pied. Encore un effort (soutenu...) pour rejoindre, au pied du béquet rocheux qui se situe sur la G, le passage du Ribil La (ou Sumdo La, 25mn, 5768m, eau de fonte sous le glacier du Chalung côté S, possibilité de camp pour un groupe voulant tenter l'ascension des pics I ou II, C BSNL intermittent côté N).

A quelques encablures du col...

Depuis ce large col assez peu emprunté, en atteste la présence très réduite de guirlandes de lungtas, on domine à perte de vue de l'E au S cette partie de l'Himalaya que se "partagent" les indiens et les chinois. Des pics, des pics, pas si altiers que ça, mais innombrables ! Tout à côté, sur la droite, le Chalung nous offre une vision, disons rapprochée, de ses glaciers et de ses deux pics. Le massif se prolonge au S par une crête dépassant les 6000m mais que le géographe n'a pas nommée. Vers le S, on distingue nettement les deux lacs du Kyun Tso (le lac N nommé Chilling tso et le lac S Ryul tso) qui posent une touche colorée dissonante dans ce paysage de plateaux de terres rouge, ocre, jaune ou beige. Deux "yeux" pâles teintés de turquoise donnent l'envie d'y être au plus vite... Si tout va bien ce sera pour demain ! En attendant, on va consacrer l'après-midi à la descente, et quelle descente... Depuis le col, on part plutôt sur la G pour effectuer quelques lacets dans de la terre schisteuse meuble afin de rejoindre les abords de la rivière (15mn, 5470m). Puis c'est la longue descente le long de la rivière, passant de gauche à droite selon les vicissitudes du terrain et l'encombrement des berges par de nombreux buissons. Le thalweg se creuse par moments mais on peut poursuivre le long du torrent au lit à la taille assez réduite autorisant les traversées d'une rive à l'autre sans avoir à disposer de talents d'équilibriste... Vers 5100m on doit (éventuellement...) remonter sur la moraine RG pour éviter une zone dense de buissons et redescendre quelques centaines de mètres plus loin jusqu'à la rivière pour passer RD.

Les reliefs autour de la plaine de Nyima

Vers 5030m, on trouve des espaces gazonnés plus propices à la marche. On traverse une deuxième rivière (45mn, 5000m) à proximité de ce qui a dû être une doksa pour trouver juste après un chemin mieux marqué, pas mal utilisé par les bestiaux. On traverse une zone humide (20mn, 4840m) autour de laquelle on peut rencontrer nos premiers kiangs, ces ânes sauvages qui colonisent les plateaux de l'Himalaya. En se retournant, côté paysage, on dispose d'une large vue d'ensemble du haut vallon et du col bordé à sa gauche d'un des deux pics du Chalung. A l'approche de la plaine de Nyima (35mn, 4630m), on sort de la large vallée pour emprunter sur la D un sentier bien marqué qui joue à saute-moraine et permet de rejoindre le vallon connexe. On traverse la rivière qui arrive des montagnes non nommées et qui composent la crête S du Chalung pour prendre pied sur une aire "luxuriante" qui se situe juste au-dessus du gonpa de Nyima. On y établit le campement (5mn, 4585m, eau qui sourd de la base d'une moraine détritique en RD du vallon). Le camp se trouve en surélévation par rapport à la plaine de Nyima. Comme elle s'inscrit au beau milieu de montagnes détritiques multicolores sur lesquelles les rayons du soleil jouent du moindre repli de terrain, le spectacle du soir est d'une rare beauté. Amis photographes, profitez de ces (brefs...) instants ! (33°06'00"N 78°31'59"E)

La gompa de Nyima

Jour 11 : Nyima gonpa - Nidar La - Chilling Tso - Skyunting

4h45 / +700m / -285m.
Diaporama Depuis le camp installé sur les banquettes d'herbe, on descend jusqu'au gonpa (5mn, 4560m, abri toujours ouvert dans l'enceinte du bâtiment religieux, eau dans le vallon au sud du bâtiment) puis on incline sur la D pour franchir un bras de rivière verdoyant. On traverse un plateau caillouteux en direction du S pour rejoindre le départ d'un sentier qui permet de grimper sur une butte sablonneuse (30mn, 4660m). On domine la plaine de Nyima aux roches colorées. En plein milieu, on distingue les cabanes du "village". Au loin maintenant... le col du Ribil La n'est plus qu'un (douloureux...) souvenir, il faut dire que vu d'ici, "il en jette..."

Au départ de la gompa de Nyima (le Ribil La est tout aufond flanqué du Chalung à sa gauche)

Au-delà de la butte sablonneuse, le sentier se poursuit vers le S et louvoie entre les mamelons. Après que l'on ait franchi un collet à 4700m, on incline la marche légèrement sur la D pour traverser une nouvelle plaine caillouteuse et rejoindre la base d'un petit mamelon de couleur orange en essayant de ne pas trop perdre d'altitude. Dans le collet situé à G du mamelon (40mn, 4750m), on trouve un sentier bien pentu qui permet de descendre jusqu'à une large vallée fluviale que l'on traverse en biais en montant légèrement et en laissant en haut et bien à main droite les ruines de Shurok doksa. On passe au-dessus de Shurok sumdo (le confluent de rivières où l'on peut voir en contrebas le sentier qui arrive de la plaine de Nyima) et on rejoint la piste dans un virage (20mn, 4775m). On la suit en montée régulière jusqu'à traverser une rivière à gué (25mn, 4840m). Arrivant des glaciers N du Shukule, un beau sommet glaciaire que l'on peut contempler à main droite, selon le moment de la journée, elle peut présenter un fort débit. Après 800m, dans un lacet, on retrouve le sentier historique (15mn, 4870m). On l'emprunte comme coupe-lacet de la piste. Après, la piste se substitue au sentier pour proposer une approche du col de la journée un tantinet longuette. On grappille de l'altitude mètre par mètre tant le plateau que l'on "remonte" est désespérément plat, ou presque... Et avec le vent de face, on n'a vraiment pas l'impression d'avancer : le col reste toujours aussi distant. Bienvenue dans le Rupshu ! Et comme tout a une fin, voici que soudainement on se retrouve au pied du col, et on ne va pas s'en priver, pour une ascension d'une quarantaine de mètres "dré dans l'pentu". Voici le Nidar La et ses guirlandes de lungtas (1h15, 5080m seulement...).

Passage du Nidar La avec le Chalung et le Ribil La à l'horizon

En jetant un coup d’œil vers l'arrière, on peut apprécier le chemin parcouru depuis hier midi où l'on était encore en train d'ahaner dans la montée du Ribil La. Entre les deux cols, que de "plateaux" traversés et pas que plats... On bascule vers le S dans l'immense cuvette des lacs Kyun tso que l'on ne distingue pas encore. Dès que l'on peut, on incline la marche à l'ESE pour rejoindre la partie NW du 1er lac dont on suspecte la présence au loin : ne serait-ce pas ce mince filet d'eau de couleur turquoise qui s'inscrit juste derrière un mamelon rutilant ? Eh bien, rendons-nous y... La marche est très aisée et quasiment plane lorsque l'on se dirige vers le mamelon. Par contre, comme on est impatient de découvrir les eaux bleutées du lac, le temps semble bien long et l'on espère que la météo, très changeante dans le coin, nous préservera d'une arrivée sur place sous l'orage ou sans soleil... On grimpe sur le mamelon coiffé d'un mât et de guirlandes de lungtas (50mn, 5050m).

Le Chilling Tso vu depuis le sommet du mamelon

La vue à 360° est époustouflante de beauté et de grandiloquence. Le lac Chilling tso s'étale à nos pieds et présente des couleurs contrastées mais toutes dans les tons bleus, de l'azur à l'indigo. Les conditions météo pour apprécier la beauté du site ne sont pas optimales ? Eh bien, attendez une dizaine ou une vingtaine de minutes et vous aurez sûrement l'opportunité d'un changement radical... Le lac Tsomo Riri est vanté par les touristes pour ses couleurs exceptionnelles, certes... Mais ici, il n'y a pas un touriste qui puisse vanter que c'est aussi l'un des plus beaux paysages du Ladakh dans la catégorie "lac de plateau". Les couleurs de l'eau et des roches alentour changent toutes les dizaines de minutes selon la présence de nuages et même sous un orage violent les contrastes avec les parties restées ensoleillées enchantent.

Vue panoramique du plateau des lacs Kyun Tso (Le Nidar La est tout au fond)

Il y a pas mal de nomades qui passent l'été par ici, en gros une trentaine de familles. Avec une moyenne de trois chiens par famille, ça fait quand même pas loin d'une centaine de paires de mâchoires qui en veulent à votre pantalon, voire un peu plus, la viande n'est pas à dédaigner... Heureusement que les nomades sont dans l'ensemble des gens sympathiques et ils feront vraiment tout ce qui est dans leur pouvoir pour vous protéger. Ceci dit, un accident peut se produire... A la descente du mamelon, on suit la rive W du Chilling tso pour aller se poser sur la rive SW au lieu-dit "Skyunting" (30mn, 5000m) "au pied" du Lungser Kangri, le géant du coin. Pas de problème pour l'eau "potable", le lac est totalement propre et le sel y est absent (par contre, les eaux du deuxième lac, le Ryul tso situé au S et par lequel on passera demain sont légèrement salées et impropres à la consommation, même avec des pastilles... 32°58'37"N 78°34'47"E).

Campement de nomades tibétains sur le plateau des lacs Kyun Tso

Jour 12 : Skyunting - Ryul Tso - Salkom La - Camp à 4950m sous le Salkom La

4h / +300m / -350m.
Diaporama On part en direction du SSE afin de rejoindre la berge septentrionale du Ryul tso. Cela revient à avoir en point de mire le sommet rocheux du Handlung qui avec ses 6160m domine la plaine. On doit très vite traverser l'un des bras de la rivière Shukulung, celui qui alimente le lac N. Cette rivière est issue des glaciers du Lungser Kangri et du Chamser Kangri. Après, c'est une longue traversée du plateau herbeux dans l'espace qui s'inscrit entre les deux lacs.

Traversée de la cuvette des lacs Kyun Tso le long de la rivière Shukulung

Un peu d'animation quand même avec la rencontre fugitive d'aigrettes, de hérons, d'oies bernaches, d'aigles pêcheurs pour ce qui vole, et de marmottes, de pikas, de chèvres pour ce qui ne vole pas... A l'arrière, le Chamser Kangri se dévoile à la droite du Lungser Kangri. On vient côtoyer le bras principal de la rivière Shukulung qui va se jeter d'ici peu dans le lac S (1h05, 5000m, eau propre à la consommation avec pastilles...). Au SSW, le sommet du Chagarchan se dévoile avec sa belle calotte glaciaire. A ses pieds, sur la gauche, un enchaînement de deux cols permet de rejoindre directement la rive E du lac Tsomo Riri. Mais, pourquoi donc se presser ? Il y a encore tant à découvrir au S du Rupshu... On poursuit l'avancée au SSE et on atteint la berge N du Ryul tso (10mn, 5000m). On suit le rivage vers la G. Quand le niveau de l'eau est relativement bas, cela fait une drôle d'impression de pouvoir marcher sur le sable d'une "plage" en suivant une étendue d'eau qui se pare de couleurs pétrole assez différenciées mais moins flashy que celles du Chilling tso à cause de la présence de sel. Ce qui tranche avec les promenades au bord de l'océan, ce sont les montagnes de haute altitude qui entourent la cuvette au milieu de laquelle on évolue ! Ce plateau est vraiment plaisant à fouler...

Le Ryul Tso avec à l'horizon le Charbatan et le Lungser Kangri

On poursuit la marche en laissant le lac derrière soi pour rejoindre quasiment la base de la montagne à deux bosses au pied de laquelle a été tracée une piste. Bien avant d'atteindre la piste, on incline légèrement à D pour remonter un thalweg jusqu'à une doksa (1h, 5035m). On poursuit la montée sur une ancienne piste désaffectée qui vient se connecter à la piste principale un peu plus haut (15mn, 5060m). Cette piste est pas mal empruntée (3 véhicules en tout et pour toute la journée...) car elle permet de desservir le village de Chumur situé dans la vallée de la Parang chu. Ce village est considéré aujourd'hui comme la frontière officieuse entre l'Inde et la Chine (les deux pays sont toujours en conflit au sujet des frontières et cela depuis plusieurs dizaines d'années...). On remonte une vallée fluviale à sec qui débouche sur un plateau d'altitude à l'herbe rase.

Sur la piste du Salkom La

A droite, le Lungser Kangri réapparaît et un peu plus loin, sur la gauche, ce sera le Handlung. L'ascension du col devient un peu longuette et on grappille la dénivelée mètre par mètre. Cela semble être une habitude sur les cols du Rupshu ! On atteint (enfin...) le Salkom La (1h, 5230m), un large passage entre deux pitons détritiques assez éloignés l'un de l'autre et qui laissent de part et d'autre des vues assez exceptionnelles au NW sur le massif du Lungser Kangri et au SE sur les massifs du Handlung et, nouveauté, sur celui du Snobu très présent avec des glaciers qui couvrent chacune de ses faces. On descend du col côté SE en essayant de suivre le sentier historique qui a été phagocyté par une piste. On perd rapidement de l'altitude et on va établir le camp en face d'une doksa en RG du vallon minéral (20mn, 4950m) sur une étendue gazonnée à l'herbe bien grasse enrichie par la présence d'une source. Que peut-on vouloir de mieux ? (32°51'14"N 78°37'14"E)

Le Salkom La vu côté S depuis l'emplacement du bivouac

Jour 13 : Camp à 4950m sous le Salkom La - Vallée des kiangs - Camp à 4570m

4h / +80m / -450m.
Après avoir tenu depuis une semaine le cap au S, on va partir vers l'W pour rejoindre les rives du lac Tsomo Riri. Si tout se passe bien, on devrait pouvoir découvrir ses eaux turquoises depuis le Norbu La demain en milieu de matinée... En attendant, pour aujourd'hui, ce que l'on peut a priori considérer comme une "étape de liaison" avec peu de dénivelées pourrait se résumer en trois mots. Mais, cette "étape de liaison" n'en est pas vraiment une : il y a de la matière, et pas qu'un peu ! La "Vallée des kiangs" nous attend... Et pour vous préparer à cette rencontre, vous pouvez consulter l'article que j'ai fait paraître dans Les cahiers de l'Ane n°91 complété de celui rédigé par le vétérinaire qui collabore au bimensuel et présentant leur pédigrée.

A l'entrée de la vallée des kiangs, le premier specimen nous accueille...

Diaporama Du camp, on descend jusqu'à la confluence de vallées en contrebas et, dès que l'on peut, on laisse la piste poursuivre tout droit vers le S en direction de Chumur. On incline la marche sur la D pour pénétrer dans un large vallon où l'on est accueilli par un bel ensemble minéral très en couleurs. On se laisse entraîner vers l'WSW au sein de cette belle vallée fluviale à sec, du moins au début. Et voici nos premiers kiangs de la journée ! Ils n'ont pas attendu bien longtemps pour montrer le bout de leur nez. La quête du troupeau de kiangs risque bien d'être l'animation de la journée... Côté montagne, on a tourné le dos au Handlung mais on n'oubliera pas de se retourner de temps en temps car il prendra une importance prépondérante au cœur du paysage au fur et à mesure que l'on s'en éloignera. Un peu plus bas, on rejoint une piste très peu utilisée pour traverser une doksa à l'herbe bien grasse (50mn, 4780m, source, possibilité de camp). La vallée fluviale s'élargit et un ruisseau s'y installe.

Traversée de la doksa à l'entrée de la vallée des kiangs

Après un petit décrochement, la vallée s'agrandit davantage alors que l'on passe au pied d'une doksa perchée en RD avec deux ou trois sources alentours. C'est le moment que l'on choisit pour laisser la piste alors que l'on passe en RG de la vallée afin de retrouver le sentier historique. A voir les empreintes au sol, il n'y a plus que les animaux qui s'en servent (40mn, 4690m). La vallée vue du côté gauche est vraiment superbe et propose des couleurs variées. Tout devant, le sommet du Kharpa, reconnaissable à sa forme élancée, apparaît à l'W. Puis, pour ne pas être en reste, c'est le sommet du Chagarchan dont on retrouve la calotte glaciaire mais cette fois-ci côté S.

Au mitan de la descente de la vallée des kiangs

Et entre les deux sommets cités, la chaîne des Mentok qui domine Korzok s'inscrit dans le paysage. Maintenant, il n'est plus trop difficile de deviner dans quel trou se cache le lac Tsomo Riri... On ne s'ennuie vraiment pas tout au long du chemin, et quand ce ne sont pas les paysages qui nous interpellent ce sont les kiangs qui nous régalent de leur présence, et de leur inactivité... Ils ne semblent vraiment pas avoir grand chose à faire de la journée ! Leur incroyable immobilisme alloue au touriste de passage de (très) longues périodes de contemplation, et pas à des kilomètres de distance... Ah oui ! Encore faudrait-il qu'il y ait des touristes... On se plaît à disposer pour soi tout seul de si grands espaces naturels. Quel régal !

Famille de kiangs

On dépasse une nouvelle doksa (35mn, 4650m) et on poursuit la descente de la vallée face à un impressionnant plateau, celui (bien nommé...) du Kiang. On prend pied sur une moraine fluviale toujours en RG de la vallée, on laisse partir plusieurs sentiers vers la gauche qui s'en vont traverser les plateaux désertiques pour rejoindre la vallée de la Parang chu. Sur la droite, voici que se présente le grand absent de cette première partie de la journée, le Lungser Kangri ! Toujours aussi impressionnant... Alors que l'on vient côtoyer un mamelon de roches noires, on se rapproche du centre de la vallée pour retrouver la piste (25mn, 4550m). On passe devant une doksa et on incline la marche d'W vers le SW. On dépasse une deuxième doksa qui se trouve être à l'entrée N de la plaine de Tegazang (25mn, 4500m).

Remontée vers le N en empruntant la route stratégique militaire entre la plaine de Tegazang et le Chagarchan La

300m plus loin, on vient croiser la route militaire stratégique goudronnée qui dessert Chumur depuis le N du lac du Tsomo Riri. Interdite aux véhicules à moteur autres que ceux de l'armée indienne (quelques dérogations pour les engins de travaux et les nomades...), on l'emprunte sur la D avec les mules (c'est autorisé...) pour parcourir 3kms vers le N puis le NW et atteindre un pont sur la rivière (50mn, 4565m). On sort de la route pour suivre en RG la rive de galets et atteindre une aire gazonnée disposant d'une source (10mn, 4570m) sur laquelle on établit le camp. Incroyable endroit au milieu du minéral intégral ! Et cadeau : à l'orient, un horizon composé des montagnes du Snobu et du Seru Ur Ri recouvertes de glaciers, à l'occident, le sommet du Chagarchan (32°49'04"N 78°29'26"E).

Jour 14 : Camp à 4575m - Norbu La - Numa Ringmo - Kyangdam

5h / +500m / -515m.
On se trouve au beau milieu d'un plateau dominé par le sommet du Chagarchan. Les reliefs sont assez peu marqués. En faisant une lecture du paysage, on distingue au pied de la montagne les ruines d'un village, celui de Ulli. Sur la carte, trois cols sont indiqués pour pouvoir "sortir" de ce vallon, grosso modo côtés W et NW :
- le Chagarchan La n'est pas visible de l'endroit où l'on se trouve car il est caché à l'arrière des deux thalwegs bien marqués mais il emmène très loin vers le N.
- un col sans nom, donné à 5040m, est lui bien visible mais l'emprunter nous conduirait aussi beaucoup trop loin vers le N et nécessiterait un retour fastidieux vers le S à longer la rive SE du lac du Tsomo Riri.
- le Norbu La ne peut pas être situé car caché derrière de nombreux replis de terrain. C'est celui que l'on va choisir pour "sortir" de ce plateau car offrant une route "directe" vers le S du lac et, on l'espère, la plus belle des vues en enfilade de la vallée lacustre.
En tout état de cause, il va falloir sortir la boussole ou bien, lorsqu'ils existeront, utiliser les points visés caractéristiques comme celui du sommet du Kharpa lorsqu'il se présentera.

Depuis le camp, le Chagarchan est omniprésent

Diaporama Du camp à 4575m, on traverse vers la G la zone gazonnée et la rivière qui arrive du Chagarchan pour rejoindre en biais la route stratégique au niveau d'un petit chörten. On emprunte la route goudronnée vers l'W sur 1km et on la quitte au moment où elle part faire un détour sur la droite pour aller se frotter aux pentes SW du Chagarchan. On descend à main G traverser la vallée fluviale à sec pour retrouver en face un sentier qui remonte directement vers un collet. On prend de la hauteur sur un plateau minéral à l'extrême. La route vient croiser notre chemin et on l'emprunte sur la G pendant 300m jusqu'à un gué (45mn, 4710m). Ici, on laisse le goudron pour partir à l'WSW traverser une cuvette sableuse avec comme point visé le sommet du Kharpa qui émerge de l'arrière d'une crête.

La caravane de mules dans l'ascension du Norbu La

De l'autre côté de la cuvette, on croise pour la dernière fois la route (25mn, 4750m) pour poursuivre tout droit vers l'W. La route continue sa voie vers le N puis le NW et s'en va rejoindre la rive E du lac Tsomo Riri vers sa partie médiane. On poursuit donc en direction du Kharpa et on franchit une épaule (25mn, 4825m) d'où l'on découvre l'intégralité de la chaîne des Mentok. On infléchit la route dans sa direction sur 500m en empruntant un ancien chemin. Puis on repart légèrement à G en direction du sommet du Kharpa. A gauche, le superbe sommet glaciaire de l'Undung Kangri se découvre peu à peu alors que l'on traverse une plaine caillouteuse vers l'W. On distingue sur le coteau d'en face une trace de piste. On la rejoint et, en la suivant en montée, on débouche sur le large "col" du Norbu La "des piétons" (50mn, 4970m, pas de marque spécifique de l'emplacement, il faut dire que le "col" doit bien mesurer dans les 5kms de large...).

Accueil au Norbu La par une communauté de kiangs (en arrière-plan le sommet du Gya)

On découvre soudainement la cuvette du lac Tsomo Riri en contrebas et on ne peut pas rester insensible à la beauté du lieu. On l'a sous les yeux ! Et c'est une merveille à n'en point douter. Sous un ciel d'azur, il se pare de son plus bel indigo. On distingue au loin sur la RG le village de Korzok dans lequel les touristes s'émerveillent de la beauté du site. Mais que ne s'exclameraient-ils pas s'ils étaient à notre place ? La vue depuis le Norbu La est autrement plus exceptionnelle, mais encore faut-il faire l'effort de s'y rendre... Le tour d'horizon dans le sens horaire en partant de Korzok présente la calotte glaciaire du Yalung Nong (6080m) au pied duquel on passe lorsque l'on traverse le Yalung Nyau La en venant de Sherma (voir topo de Rumtse au Spiti). Ensuite, tout au fond vers le N, ce sont bien les Gursan et Gursak que l'on a côtoyés lors des trois premières étapes de ce périple. Côté E du lac, on a en enfilade les Chamser Kangri et Lungser Kangri et plus près de nous le Chagarchan. D'ici, ils semblent plus en retrait mais ils ont eu leur "heure de gloire" lorsqu'ils s'imposaient il y a deux jours depuis le plateau lacustre des Kyun tso... Au S du lac, le plateau du Kiang délimite au N la vallée de la Parang chu avec à l'arrière deux sommets glaciaires d'importance, le Gya et l'Undung Kangri. A l'WSW, c'est l'embouchure de la Phirse chu dominée à sa gauche par le sommet du Chumik. Enfin, pour clore ce tour d'horizon, on finit par la chaîne des Mentok, le I puis le II.

Vue en enfilade du Tsomo Riri avec la chaîne des Mentok à l'arrière

On s'arrache difficilement d'un tel belvédère mais il reste encore de la "route". Les mules nous quittent momentanément pour suivre le fil de la crête sur la gauche pendant 5kms avant de retrouver la piste au niveau du Norbu La "automobile". D'ici, les mules suivent la piste en descente sur la D jusqu'à la doksa de Numa Ringmo posée tout au S du lac (le parcours sera plus aisé pour elles...). Les marcheurs, eh bien, ils descendent en biais sans trop perdre de dénivelée en direction du Kharpa afin de poursuivre la "dégustation" des paysages du Tsomo Riri. De draille en draille, ils traversent de grandes portions de coteaux arides entrecoupées de quelques thalwegs bien creusés avant de rejoindre la rive SE du lac au niveau de trois enclos à bestiaux (1h, 4560m).

Sur le rivage SE du lac du Tsomo Riri

Pour finir, ils empruntent vers la G le sentier qui court à mi-hauteur au-dessus des eaux, ou bien directement au bord de l'eau si le niveau le permet. Ils dépassent l'anse de Numa Ringmo qui accueille une doksa (20mn, 4550m, 2 sources au bord de l'eau, point de convergence avec l'itinéraire emprunté par les mules). On en a presque fini avec la descente vers le S permettant de contourner la zone truffée de bancs de sable séparés par des bras d'eau. On contourne un dernier laquet avant de s'orienter plein E en direction de la sortie de la vallée de la Phirse chu située à la droite du Chumik. On s'éloigne ainsi en gros sur 1km de la zone mi-sable mi-eau qui pourrait révéler des surprises... puis on incline "naturellement" la marche vers le NW en direction de la doksa de Kyangdam dont on distingue les enclos à bestiaux accrochés dans la pente sous les pics détritiques. Ce sont donc 6kms de marche assez fatigante car constamment en mini up / down sur des bancs de gravillons qu'il va falloir effectuer pour cette fin de journée. Une épreuve dont on aurait bien aimé se passer... Mais, bon, la prairie de Kyangdam nous attend. Oui, oui, la prairie, et même la plage... La dernière épreuve sera de traverser les eaux glacées de la Phirse chu quelques mètres avant de poser le pied sur la plage gazonnée. Cela permettra de refroidir les pieds surchauffés par la traversée... Camp à Kyangdam (1h20, 4560m, eau dans la rivière, C intermittent BSNL, 32°47'27"N 78°18'36"E).

La Phirse chu à Kyangdam

Jour 15 : Kyangdam

Diaporama Journée de repos au bord du lac (baignade possible). Cette journée de repos "forcé" découle de la nécessité de procéder à un ravitaillement en produits frais, viande, etc. mais aussi prévoir de l'alimentation de substitution pour les mules au cas où l'on ne trouverait pas d'herbe à leur donner à l'étape. Cette pause n'est pas mal venue après une grosse partie de up / down entre hauts cols et plateaux interminables de l'E du Rupshu et avant de s'atteler à la deuxième partie du trek qui va nous conduire en une dizaine de jours aux portes du Lahaul du côté du col du Paralatse La après que l'on ait traversé deux cols d'altitude moyenne mais assez techniques du fait de leur conformation alpine mais non glaciaire.

Coucher de soleil sur le lac du Tsomo Riri

Nota : Il y a possibilité de se rendre à Korzok, la "ville" du coin (pas grand chose à voir mais téléphone fixe et C BSNL, ravitaillement léger possible sur place) qui se trouve à 22kms au N du camp en suivant la rive W du lac Tsomo Riri. Il est possible de revenir à Kyangdam en voiture en empruntant la piste en terre qui permet aux 4x4 de s'approcher au 2/3 de la distance voire totalement si les prairies ne sont pas gorgées d'eau en début d'été. Mais il faut avoir prévu cela à l'avance et compter un dédommagement financier (Rs3500) pour ce transport automobile...

Franchissement de l'épaule détritique qui permet d'entrer dans la vallée de la Phirse chu

Jour 16 : Kyangdam - Vallée de la Phirse chu - Camp à 4675m (Latho gongma)

4h35 / +250m / -125m.
Diaporama De la pelouse de Kyangdam à 4560m, on tourne le dos au lac Tsomo Riri pour longer les parois détritiques vers le S. Le chemin est bien tracé et s'élève tranquillement sur la moraine latérale W au-dessus de la Phirse chu pour franchir deux épaules (40mn et 55mn, 4630m) face au Chumik. On dit définitivement "adieu" au Tsomo Riri en pénétrant dans la gorge très minérale, voire austère, de la Phirse chu. Le sentier descend jusqu'au lit de galets (5mn, 4595m). Et c'est parti pour la remontée de la gorge ! On évolue en RG d'une vallée qui se resserre très vite et au milieu de laquelle coule une eau limpide aux reflets bleutés.

La bucolique vallée de la Phirse chu (couleurs non trafiquées...)

Le chemin court sur les banquettes d'herbe. En fait, la partie minérale concerne les parois seulement car sur les berges de la rivière c'est "la fête à la mule" : de l'herbe, de l'herbe, de l'herbe ! Étonnant... Quant au minéral, il change d'aspect en permanence et la verdure donne une touche colorée dissonante aux déclinaisons de jaune et d'ocre. On n'est pas loin de parcourir l'une des plus belles gorges du Ladakh... La rivière fait un coude prononcé vers la D (1h, 4620m).

Poursuite de la remontée de la vallée de la Phirse chu

Ensuite, on traverse une large plaine de galets où la rivière se sépare en deux bras. Après un petit resserrement de la vallée, on dépasse la doksa de Kulmoche (35mn, 4640m). A la confluence de vallées qui suit, les montagnes qui bordent la rivière à l'W s'abaissent. Alors que l'on arrive à la hauteur du Kharpa, au lieu-dit Lameke (55mn, 4650m), le chemin s'éloigne de la rivière pour gravir une banquette morainique du haut de laquelle (10mn, 4670m) on découvre à l'avant une large vallée fluviale où la Phirse chu a pris ses aises. On laisse le chemin continuer tout droit sur la moraine pour descendre longer un bras de la rivière sur le gazon. C'est quand même plus sympa !

Poursuite de remontée de la vallée de la Phirse chu

Mais il faut bien retrouver l'itinéraire alors que la rivière s'éloigne sur la gauche pour effectuer un large méandre. On remonte sur la moraine suivante pour retrouver le sentier "officiel" sur un petit plateau désertique (indiqué "Latho gongma" sur la carte Olizane S mais l'emplacement est erroné). Le chemin s'élève progressivement sur un plateau caillouteux légèrement incliné au milieu duquel on traverse l'un des thalwegs qui descendent des Mentok (ben oui, au cas où vous ne vous en seriez pas rendu compte, derrière les montagnes détritiques de droite se trouvent le sommets glaciaires des Mentok et au-delà c'est le lac Tsomo Riri...). Peu après la traversée du thalweg, on arrive au "vrai" Latho gongma, un labtse couvert de guirlandes de lungtas multicolores (45mn, 4720m, on passe à gauche !). Encore quelques centaines de mètres pour rejoindre le camp qui est posé au pied de la moraine en bordure d'une zone humide auprès d'un bras de la rivière (10mn, 4675m, 32°49'08"N 78°10'58"E).

Latho gongma

Jour 17 : Camp à 4675m (Latho gongma) - Manechan - Khiangshisa

3h / +170m / -75m.
Diaporama On poursuit la remontée de la vallée de la Phirse chu en direction du NNW et toujours en RG. On évolue en up / down entre bordure de plateau fluvial et franchissement de moraines à l'altitude peu élevée. On atteint rapidement la plaine de Manechan (45mn, 4690m, possibilité de camp) où l'on quitte le chemin qui suit la Phirse chu, franchit le Thelakung La et se termine à Pangok sur la NH-3 entre Leh et Manali (compter 4 jours pour cet itinéraire). On incline la marche légèrement à G pour suivre la base d'une petite moraine et rejoindre le bord de la rivière (10mn, 4680m). Ce que l'on avait pu éviter depuis l'entrée dans cette vallée hier matin, à savoir la traversée à gué, doit à présent s'effectuer...

Confluence de la Phirse chu et de la Pangyo chu à Manechan

On passe de l'autre côté pour pénétrer dans la large vallée fluviale caillouteuse de la Pangyo chu. Aussitôt fait, on se retrouve sur un immense lit de galets au pied de falaises détritiques peu amènes. Tout au fond, on commence à apercevoir les montagnes de la Zangskar range que l'on va franchir d'ici deux jours au niveau du Langpo La, un col que l'on imagine caché sur la gauche. Une fois sur le lit de la rivière, on cherche justement la rivière... Et ce n'est pas une évidence comme on le verra plus tard : il vaut mieux que l'on puisse disposer d'eau pendant les deux jours que l'on va passer à remonter cette vallée. Et, en été et au début de l'automne, il ne faut pas trop compter sur d'hypothétiques sources, non, non... La rivière, seule, est notre salut. Ça tombe bien ! On la rejoint après quelques centaines de mètres qui serpente plutôt sur la RD (mais elle pourrait tout aussi bien errer au centre ou en RG, c'est elle qui choisit...). En se retournant, on se trouve pile poil en face du thalweg de Manechan qui permet aux alpinistes de pouvoir faire l'ascension des Mentok, le I à droite le II à gauche. Ça ne paraît pas si infaisable que cela, à condition, là aussi, de disposer d'un camp avancé où il y aura de l'eau... Dans "notre" vallée de la Pangyo chu, une fois que l'on a fini de "jouer" à saute rivière, on évolue sur la RD pour dépasser la sortie d'un thalweg où les parois rocheuses N du Kharpa paraissent abominables (1h, 4700m).

Remontée de la vallée de la Pangyo chu

Peu après, on retrouve un semblant de chemin sur la moraine juste avant de traverser une large vallée fluviale (55mn, 4755m), sans eau qui s'écoule, avec le Kharpa, splendide d'horreur (un bel oxymore pour qualifier un sommet détritique dont on ne sait pas par quel bout le prendre tant aucune de ses faces ne paraît abordable, et on a pu en juger depuis deux-trois jours puisqu'on lui tourne autour...). Au fond de cette vallée émerge un dôme glaciaire de belle facture mais non nommé par le géographe... Tiens ! Si on s'occupait de savoir dans quel état se trouve "notre" rivière, ce fil de vie ? Au lieu de poursuivre par le chemin tracé en RD sur la moraine de Khiangshisa, il serait de bon ton de traverser la vallée en direction de la RG pour suivre le courant. On le retrouve, bien pâlichon, mais encore présent, très proche des moraines détritiques de la RG. Et puis, plus rien ! Disparue, envolée... La rivière dont on suivait le lit depuis une paire d'heures n'est en fait qu'une émanation de la source de Khiangshisa. La grosse partie du liquide qui arrive du fond de la vallée, comme on peut s'y attendre, s'écoule en-dessous du lit de galet et est de facto inutilisable...

La source de Khiiangshisa et le sommet du Kharpa

Certes, selon la période à laquelle on va randonner, l'enneigement plus ou moins dense de l'hiver précédent, l'intensité des pluies du printemps, à partir de Khiangshisa (15mn, 4770m), l'eau provenant de la source est complété par un flux souterrain collecté dans la partie haute de la vallée. Il est donc sage d'établir le camp ici auprès de la "source" et d'envisager le lendemain une remontée de la vallée en toute sérénité pour pouvoir atteindre le lac de Kum tso, le camp de base du Langpo La. Théoriquement, le lac morainique est alimenté par les sources qui coulent des réservoirs d'eau que sont les falaises de la Zangskar range. Même à sec (et cela devient une habitude depuis quelques années), il y a aux alentours du lac un certain nombre de vallées qui descendent des glaciers (du Monto, le 6000 du coin, par exemple...) ou bien du vallon d'accès au Langpo La. Il faudra "juste" aller chercher l'eau un peu plus haut qu'au bord du lac, en gros où elle se trouve. Mais ça, c'est pour demain... profitons aujourd'hui de la source de Khiangshisa ! (32°49'14"N 78°04'16"E)

Coucher de soleil sur le Kharpa

Jour 18 : Khiangshisa - Kum Tso (Langpo La BC Est)

3h20 / +300m / -70m.
Diaporama De la source de Khiangshisa en RG du lit de la Pangyo chu, on part à l'WSW traverser la plaine fluviale en visant le mamelon qui se trouve à la base d'un collet reliant deux pitons détritiques. On monte sur la moraine (40mn, 4800m) pour découvrir sur notre droite du N au S un paysage de toute beauté composé d'ensembles rocheux détritiques, de mamelons morainiques, le tout disséminé au milieu de plaines de galets de taille démesurée... On poursuit la marche au SW en direction d'un piton rocheux à la forme caractéristique dépassant d'un glacier. Ce sera le point de repère directionnel pour rejoindre le col.

Poursuite de la remontée de la vallée de la Pangyo chu

On franchit une épaule peu marquée (10mn, 4820m) où l'on retrouve le sentier bien tracé et épisodiquement cairné (mais ça ne va pas durer...). On passe à la base d'un thalweg qui prend naissance sous les falaises de gauche (5mn, 4830m, source à mi hauteur, intermittente ?). On traverse ensuite en biais une rivière à sec pour remonter sur une moraine et traverser un emplacement plan (10mn, 4840m, possibilité de camp si source présente dans le vallon d'en face, l'eau pouvant descendre jusqu'à la rivière que l'on vient de traverser).

Monument valley ? Non, non, la Pangyo chu...

On poursuit au S sur le chemin bien marqué puis un peu plus loin au SSW au milieu d'un plateau terreux parsemé de buissons épineux ras. Puis on va enchaîner la traversée de plusieurs vallées fluviales à sec sur des galets pour finir par remonter sur une moraine caillouteuse de couleur jaune (1h15, 4905m, cairn). On poursuit sur un lit de galets en direction de l'entrée du canyon qui se trouve au pied du piton rocheux repère. Peu à peu on se rapproche de la moraine herbeuse à main G.

Le fameux cairn qui indique la route à suivre...

Après avoir dépassé un bloc rocheux erratique, on monte en biais sur le fil de la moraine pour découvrir la cuvette lacustre du Kum Tso (40mn, 4980m), on parle de "cuvette lacustre" car de l'eau il ne doit plus en avoir si souvent que ça... On contourne le "lac" par la D pour constater que les "sources" qui l'alimentent sont elles aussi taries et qu'il faut recourir à l'application d'un plan B... Deux vallons entourent la cuvette lacustre : dos au "lac" côté montagne, celui de droite assez minéral vu d'en bas et dans lequel se trouve le sentier d'accès au Langpo La (il y a une source assez persistante après avoir franchi les pitons rocheux mais très peu d'herbe pour les mules), ou celui de gauche dans lequel s'écoule un petit torrent et présentant à sa base de belles prairies. Afin de "contenter" les mules, on fait le choix de celui de G pour établir le camp à la sortie d'un canyon (20mn, 5000m), quitte à refaire un petit bout de chemin en sens inverse demain matin... (32°43'28"N 77°59'03"E)

Sur le plateau morainique du lac Kum Tso, à sec...

Jour 19 : Kum Tso - Langpo La - Langpo La BC W

3h50 / +350m / -530m.
Diaporama Du camp établi à la sortie du thalweg au SE de la cuvette lacustre du Kum Tso, on part vers l'WNW longer à hauteur la rive S et s'enfiler au SW dans le thalweg (20mn, 5005m, on évite ainsi un large détour par la vallée fluviale par laquelle on a rejoint le "lac"). Dans le collet, le sentier bien marqué incline légèrement sur la D en direction de l'W pour traverser une petite vallée fluviale. Derrière la moraine d'en face, on tombe sur le camp avec source mais sans herbe (15mn, 5010m) situé en RD d'une nouvelle vallée fluviale (c'est le camp évoqué dans le topo de la veille). On poursuit sur le chemin cairné et on traverse une étendue de gazon (10mn, 5015m, mais sans source...) où l'on franchit une petite moraine. On continue un bref moment vers le S pour rejoindre une large confluence de vallées.

En direction de la base du Langpo La (c'est le vallon de droite)

La ligne de cairns indique de s'engager dans la vallée qui s'ouvre à la D de la pointe d'éboulis de couleur jaune et bien sûr en direction de notre pic repère... On remonte la vallée fluviale sur des galets jusqu'à l'entrée d'une gorge (40mn, 5060m). Ici, on découvre la présence d'un torrent qui sort de la gorge pas mal encombrée de blocs rocheux. Des cairns indiquent que c'est bien le chemin qu'il faut suivre. La première partie consiste en une remontée du thalweg resserré dans lequel il faut sans cesse passer d'un côté à l'autre du torrent pour louvoyer entre les blocs rocheux effondrés. Puis on atteint une portion plane (15mn, 5140m) qui se termine par une confluence de rivières (10mn, 5160m). Ici, on poursuit dans le thalweg de D de nouveau resserré entre des falaises et un peu plus haut entre des pentes morainiques. Le relief s'apaise (10mn, 5200m). Vers 5250m, on dépasse l'endroit où le torrent sort de la moraine latérale. Il s'agit à présent de s'attaquer aux derniers 100m de dénivelée : ils sont plutôt relevés pour atteindre le Langpo La (30mn, 5350m), un large passage s'inscrivant dans une ambiance minérale de l'obédience la plus restrictive...

Au Langpo La, plus minéral, tu meurs...

On descend du col vers la G en suivant le fond d'un petit thalweg d'éboulis à la pente bien prononcée. Ça et là, l'eau apparaît fugitivement. Vers 5200m, on s'échappe du thalweg pour s'engager sur un sentier à main G un peu mieux stabilisé. On incline la marche encore vers la G pour se retrouver en haut d'un couloir pentu s'insérant entre deux falaises rapprochées, couloir que l'on désescalade en pratiquant de larges zigzags dans la pierraille. Au pied du couloir vers 5100m, alors que l'on pense rejoindre une vallée dans laquelle s'écoule un torrent, eh bien non, on reste à hauteur pour suivre une vire qui s'inscrit à la base de la falaise de G. Au sortir de cette traversée, on remonte légèrement pour franchir une épaule puis, toujours à flanc, on descend rejoindre une deuxième épaule (40mn, 5075m). C'est ici que l'on découvre (avec horreur...) ce qu'il va falloir descendre pour rejoindre le "petit" torrent que l'on distingue en bas... Une pente d'éboulis dans laquelle les quelques caravanes de mules qui passent par ici ont tracé un "sentier" en larges lacets avec parfois quelques passages délités. Un peu flippant quand même... Les bâtons de randonnée peuvent être d'une aide non négligeable pour se stabiliser lors de la désescalade. Certes le paysage dans lequel on évolue est sublime mais il convient d'être attentif aux endroits où l'on pose les pieds...

Les montagnes du Spiti se découvrent à l'horizon

On atteint (enfin...!) le bord du torrent (15mn, 4950m) que l'on traverse pour s'engager en RD sur un sentier pas trop mal viabilisé, même s'il a lui aussi quelques faiblesses... Avec tout le travail que l'on devait accomplir pour se retrouver ici, on n'a qu'à peine évoqué les paysages dans lesquels on évoluait : incroyables de beauté, des canyons profonds, des pitons rocheux détritiques aux formes élancées, des couleurs de roches ou d'éboulis multiples et contrastées, bref un délire minéral ++. Et c'est loin d'en être fini ! Le petit sentier que l'on suit à présent traverse des pentes d'éboulis puis se poursuit au travers de pentes gazonnées à hauteur en RD du torrent qui coule au fond du thalweg. On rejoint le torrent par la descente d'une butte terreuse (10mn, 4845m). On s'engage à présent dans des gorges où il n'y a pas la place pour un torrent et un sentier. Selon les années et la saison à laquelle on va parcourir ces quelques 4 à 500m, ça peut être très cool en sautant tranquillement de pierre en pierre comme il est possible que l'on soit confronté dès le milieu de la matinée à l'obligation de devoir "marcher" (est-ce bien le terme...?) dans une eau froide dont la hauteur par endroit s'approche des 80cms, voire un peu plus, avec une force du courant non négligeable. Et il n'y a pas d'échappatoire !

Les Portes du langpo La ? C'est le trou de souris sur la gauche de l'image...

On franchit avec bonheur les "Portes du Langpo La" (c'est la qualification que j'ai trouvée lors de la "séance" de repérage pour qualifier cette porte de sortie, ou d'entrée...) pour franchir une rivière qui arrive de la gauche (10mn, 4825m). On la suit en RG vers l'aval sur 3 à 400m jusqu'à un emplacement de camp situé en bord de la rivière (5mn, 4820m, quelques places pour les tentes, source, herbe pour les mules sur le plateau juste au-dessus). Ici aussi, ambiance de falaises détritiques mais avec deux grosses différences par rapport à l'autre côté de la Zangskar range (ben oui, on a franchi cette chaîne de montagnes au niveau du col...) : il y a de l'eau partout et de l'herbe à satiété pour les mules. Quel changement de décor en moins de trois heures de temps ! (32°43'10"N 77°54'06"E)

Jour 20 : Langpo La BC W - Camp dans la Malung Chu à 4490m

3h40 / +300m / -635m.
Le sentier "officiel" qui va du Langpo La à la vallée de la Tsarap chu emprunte la gorge dans laquelle s'écoule la rivière auprès de laquelle on a établi le camp. Cette gorge est très étroite et certains resserrements ne sont pas compatibles avec le passage de mules chargées. De plus, pour le "touriste", il n'y a rien à voir, enfermé qu'il est entre deux murs de moraines détritiques. Alors que la variante proposée dans le topo qui suit est autrement plus panoramique...

Un zoziau jaune...

Diaporama On monte pleine pente dans le thalweg qui se trouve au S du camp sur des banquettes d'herbe au début puis directement dans le lit à sec du ruisseau. On traverse une grande prairie d’herbes folles avant de rejoindre un large col situé juste à la D d'un petit monticule herbeux marqué d'un cairn et duquel on dispose d'une large vue sur la vallée fluviale de la Malung chu et les montagnes glaciaires du Spiti (35mn, 4970m). On descend légèrement sur la D pour rejoindre le plateau en contrebas (5mn, 4875m). Ensuite, on suit le thalweg jusqu'à 4810m où l'on en sort sur la G pour évoluer sur le fil d'une moraine jusqu'à 4740m. La terre se voit remplacée par du petit schiste pulvérulent et il est préférable de descendre sur la D pour rejoindre la grande prairie en contrebas (25mn, 4700m, camp possible, source épisodique). On se retrouve à présent sur la moraine RD d'un thalweg qui se creuse rapidement. On incline la marche vers la D pour longer une butte et atteindre la lèvre S du profond thalweg où coule la Langpo La chu (10mn, 4670m). On va chercher le passage de descente vers l'amont et on rejoint la RG de la rivière en descendant de banquette terreuse en banquette terreuse. On suit la rivière vers la D sur 1km puis on la traverse pour accéder au sentier tracé dans la pente morainique N (15mn, 4650m, camp possible à l'entrée de la gorge, source en RG du thalweg dans la falaise). C'est de la gorge que sort le sentier "officiel" du Langpo La et que l'on n'a pas suivi depuis le camp ce matin (voir introduction).

Traversée du thalweg de la rivière qui descend du Langpo La

On remonte sur la lèvre N du thalweg et on se dirige à l'WNW puis, après avoir traversé un thalweg à peine marqué, on incline au NW pour tomber pile poil à l'entrée d'une large plaine de galets sur le deuxième cairn de la journée (25mn, 4685m, il y en avait un au sortir du chemin de remontée sur la lèvre N du thalweg de la Langpo La chu). On continue au NW pour suivre après la plaine de galets un lit de rivière à sec (10mn, 4680m). On y retrouve un chemin qui conduit jusqu'à un camp. Au-delà, si l'on poursuit dans le lit de la rivière on débouche sur le rebord du plateau en haut d'une cascade (à sec...) mais un véritable belvédère de premier choix sur la vallée fluviale de la Malung chu (15mn, 4650m). En revenant sur ses pas sur une cinquantaine de mètres, on monte sur les gradins à main G (cairn) pour rejoindre en direction du N le collet où passe le sentier "officiel". On descend sur la G en suivant le chemin qui conduit jusqu'à un camp (10mn, 4600m, sans eau).

Sur la moraine RD le long de la Malung chu

On poursuit au NW dans une sorte de savane en suivant le lit d'un petit ruisseau à sec. Plus on avance, plus le lit se creuse jusqu'à ce qu'il devienne un mini canyon tracé sur la D d'une moraine. Après une marche assez éprouvante dans du petit galet mouvant sous les pieds, on atteint la sortie du canyon au niveau des pénitents sableux qui marquent la confluence de cette vallée avec celle, beaucoup plus large, de la Malung chu (35mn, 4510m). Ici, il faut chausser les sandales aquatiques pour traverser en biais vers l'aval la plaine de galets de la Malung chu qui s'est étalée et dispersée en plusieurs bras. Une fois au pied de la moraine RG au lieu-dit "Tochung Ri" (15mn, 4510m), on se dirige vers l'aval pour s'éloigner de la rivière qui part à droite dans un méandre. On grimpe d'une trentaine de mètres sur une butte sablonneuse et on redescend presque immédiatement sur le versant N pour traverser une prairie avec une source (15mn, 4495m, possibilité de camp). On poursuit en RG de la vallée fluviale pour atteindre la base d'un thalweg présentant des blocs rocheux effondrés de belle taille. Encore une prairie, encore une source, il n'en faut pas plus pour que l'on s'y pose pour la nuit (5mn, 4490m, 32°46'19"N 77°48'53"E).

La rangée de pénitents détritiques à la confluence des vallées

Jour 21 : Camp dans la Malung Chu à 4490m - Confluence avec l'Umnag Chu - Camp dans l'Umnag Chu à 4475m

4h40 / +185m / -200m.
Pour cette étape ne vous fiez pas aux cumuls de dénivelées pour penser qu'on aurait pu en faire plus... La descente de la vallée de la Malung chu puis la remontée de l'Umnag chu sont des épreuves très fatigantes entre les multiples traversées de rivières où l'eau est fraîche pour ne pas dire plus..., le fort courant qu'il faut affronter, la marche en sandales sur les galets ou le sable dans lequel on s'enfonce, les séances d'équilibriste en bordure de moraines pendant des centaines de mètres sur des pierres branlantes à 10cm de l'eau trépidante, etc. Ça use, et pas qu'un peu !

Nouvelle rangée de pénitents le long de la Malung chu

Diaporama Départ du camp et, 10mn plus tard, voilà la première traversée qui s'annonce, histoire de se mettre dans le bain, si l'on peut dire... La Malung chu ayant eu la bonne idée de se séparer en deux bras, cette première double traversée au niveau d'un méandre est relativement "tranquille". Ensuite, on vient se "coller" à la RG pour marcher au ras de l'eau sur des cailloux morainiques et bien sûr l'impossibilité de monter un peu dans la pente tant celle-ci est dissuasive... Un peu de répit au moment où l'on va croiser une vallée fluviale qui vient de la gauche dont la sortie est ornée de pénitents sableux du plus bel effet. On traverse la rivière à gué (40mn, 4465m) puis on poursuit sur les banquettes de galets en RG sans rencontrer d'écueil. On dépasse une sortie de canyon (45mn, 4430m, possibilité de camp, eau) mais peu de temps après, c'est la "douche froide" : la rivière vient lécher avec ardeur une moraine en surplomb (35mn, 4410m) et là, à moins d'être un équilibriste sur des pentes de cailloux à 45°, il va falloir contourner cet écueil par une double traversée de la totalité du courant. C'est froid et ça remue ! Et bien sûr, 300m plus loin, il va falloir remettre le couvert... Heureusement, ce n'est pas trop profond, entre 50cm et 1m20, ça dépend de la saison, du matin ou de l'après-midi, s'il a plu, s'il a fait soleil et que la neige est en train de fondre, etc.

Poursuite de la descente de la vallée de la Malung chu

Après cette épreuve qui a bien puisé dans la réserve d'adrénaline, c'est du bonheur, oui, oui... On évolue sur des banquettes morainiques bien planes et surtout loin de la rivière. Jusqu'à atteindre la confluence avec l'Umnag chu qui arrive de la gauche (40mn, 4395m, 32°50'13" 77°45'01"E pour ne pas se tromper de vallée...). On entre dans cette large vallée fluviale en restant sur la RD pour aller traverser l'Umnag chu au pied de splendides moraines détritiques. Puis on s'en va rejoindre en biais la RG pour trouver dans les pentes morainiques des traces d'un chemin qui permet d'éviter de nombreuses traversées. On en profite pour se retourner et contempler l'embouchure de l'Umnag chu qui ici, en se joignant aux eaux de la Malung chu, forme la célébrissime Tsarap chu, la rivière emblématique du Ladakh et du Zangskar ! En RD, l'alpage de Lamaguru est dominé par le sommet du Lankaragh faisant partie de la Zangskar range que l'on a traversée il y a deux jours au niveau du Langpo La. On remonte la vallée de l'Umnag chu orientée au SW et, au niveau d'un rétrécissement, on doit se résigner à traverser une eau moins froide avec beaucoup moins de force que la précédente Malung chu. On remonte un défilé rocheux de toute beauté en le contemplant de la RD et, dans le méandre suivant, on est appelé à retraverser à l'approche d'une zone très perturbée de la rivière.

Dans un défilé de l'Unmag chu

On débouche sur une "plage" de galets (1h, 4450m) où un cairn indique qu'il ne faut pas poursuivre dans la gorge mais contourner l'obstacle en montant sur la moraine RG. Une ligne de cairns dessine le chemin à hauteur de la rivière puis invite à redescendre côté W pour prendre pied sur une plaine de galets où il est assez peu aisé de marcher. En poursuivant vers l'amont, la vallée se resserre momentanément mais sans poser de problème de progression en RG. On débouche sur une nouvelle plaine de galets, d'une taille impressionnante certes, mais recouverte de bonne herbe. Miam, se disent les mules ! On établit le camp au milieu de cet espace à la végétation assez inespérée (eu égard aux kilomètres de minéral que l'on vient de parcourir...) et disposant d'une source (35mn, 4475m, 32°48'30"N 77°42'11"E).

Jeux d'ombre et de lumière sur les parois qui bordent l'Unmag chu

Jour 22 : Camp dans l'Umnag Chu à 4475m - Camp de base du Ringchen La à 5110m

5h20 / +700m / -65m.
A l'occasion de cette reconnaissance, l'itinéraire des deux jours qui suivent (de l'Unmag chu à la Chandra chu) a entièrement été balisé de cairns afin d'aider les futurs randonneurs téméraires à venir découvrir ces paysages très sauvages.
Diaporama On poursuit à l'WNW à travers la plaine fluviale recouverte d'herbe. On évolue en RG sans problème notable jusqu'à atteindre une moraine que l'Unmag chu vient lécher d'un peu trop près (50mn, 4505m). Sandales ! Noter en face une banquette herbeuse pour un camp éventuel. On dépasse la sortie d'un 1er canyon (10mn, 4515m) et 300m après il est possible de retraverser la rivière pour regagner la RG et ainsi remettre les chaussures de rando.

Remontée de la vallée de l'Unmag chu

On dépasse le 2ème canyon (25mn, 4525m). Au rétrécissement de la vallée (15mn, 4535m), l'Umnag chu nous fait le cadeau de devoir remettre les sandales, histoire de traverser deux fois la rivière en 100m. On dépasse un 3ème canyon (15mn, 4545m) alors que l'on a en point de mire l'immense plaine de galets où vient se joindre à l'Unmag chu la rivière qui sort de la vallée de D, celle en haut de laquelle se trouve le col convoité. On passe au pied d'une moraine de belle hauteur (c'est un mauvais plan de penser que l'on peut couper par en haut car à l'autre bout il n'y a pas de possibilité de descendre...) avant de suivre l'intégralité du rivage qui borde la plaine de la confluence et atteindre l'entrée de la vallée encadrée de moraines sableuses recouvertes de buissons ras et d'herbe (45mn, 4590m). A gauche de la vallée dans laquelle on va pénétrer, celle de l'Umnag chu s'enfonce profondément vers le SE et vient collecter les eaux de fonte des glaciers de nombreux sommets du Spiti tels que le Tagne.

Vue arrière avant de quitter l'Unmag chu

Quant au cirque rocheux au milieu duquel se situe la confluence, on sent bien que ça a remué dans les temps immémoriaux. Rien qu'à suivre les quelques volutes présentées par certains filons de roches, on se dit que les forces telluriques de Mère Nature ont été d'un niveau assez exceptionnel... On monte sur la moraine herbeuse RG (donc à D...) et on suit la ligne de cairns (que l'on a installée à l'occasion...). On traverse à flanc une pente terreuse au-dessus de la gorge dans laquelle s'écoule la rivière. On rejoint une plateforme herbeuse (20mn, 4650m, eau, camp possible). On monte sur la butte au pied de laquelle sourd l'eau. L'herbe laisse place à des éboulis de schistes, grands et petits, sur lesquels on se lance dans une traversée à flanc un peu plus rassurante que la précédente. Mais il n'y a pas d'autre alternative, il faut en passer par là ! A l'occasion d'une halte pour reprendre son souffle, on peut constater que le lit de la rivière en contrebas a été obstrué par des éboulements et qu'il n'y a pas possibilité de le suivre au fond de la gorge.

La fameuse gorge qui oblige à une marche à flanc sur des éboulis

On se retrouve sur un petit plateau (25mn, 4735m) duquel on descend en pente douce pour rejoindre le lit de la rivière au niveau d'une confluence d'un torrent arrivant de la gauche issu d'un sommet glaciaire. Après avoir joué les équilibristes sur les pentes terreuses en RG du vallon détritique, voici que l'on va s'atteler à un autre travail, à savoir la remontée de la gorge resserrée dans laquelle s'écoule le torrent. On "escalade" de pierre en pierre le chaos rocheux. Sans difficulté notoire si... l'eau n'est pas abondante.

De bloc en bloc dans la gorge resserrée...

Sinon, il reste à suivre le chemin des mules qui ont fait le détour par la moraine RD ; si la montée sur la moraine ne pose pas de difficultés, la descente de l'autre côté peut être problématique, vue l'inclinaison de la pente... Donc, par l'un ou l'autre des chemins, on se retrouve à la sortie de la gorge au milieu de moraines caillouteuses (25mn, 4770m). On gravit celle de D pour retrouver la rivière juste derrière. On poursuit la remontée directement dans le lit de la rivière jusqu'à traverser une zone caillouteuse plane et juste après on dépasse une banquette morainique accueillante (25mn, 4890m, camp possible, eau dans la rivière, herbe pour les mules). On poursuit la remontée du vallon très minéral et alors que le torrent s'en va effectuer un méandre vers la droite dans une gorge (10mn, 4935m), on monte en face pleine pente sur une trace cairnée en zigzags franchir le collet dans l'arête détritique à l'WSW. Sur l'arête (30mn, 5040m), on poursuit la montée à main G. On dispose de quelques échappées sur la gorge en contrebas, austère bien entendu. On suit un bout de chemin tracé à flanc d'éboulis qui se poursuit sur un plateau morainique (15mn, 5090m). Puis on traverse une étendue gazonnée et à présent on n'est plus très loin de la rivière. On continue à hauteur de la rivière sur les banquettes de la RD pour venir poser le camp sur des espaces gazonnés (5mn, 5110m, eau de source, 32°45'09"N 77°35'18"E).

Des myriades d'edelweiss au milieu des prairies d'altitude à l'herbe bien fournie

Jour 23 : Camp de base du Ringchen La à 5110m - Ringchen La - Descente de la Togpo yogma - Camp dans la vallée de la Chandra chu à 4730m

6h15 / +330m / -710m.
Départ à l'aube car la journée promet d'être longue et difficile pour nos amies les mules. Tout au long de la descente de la vallée de la Togpo yogma, on ne peut pas compter sur le moindre sentier, les passages sur la RD de la rivière au niveau de l'eau sont, quand ils sont envisageables, sujets à quelques acrobaties avec le danger permanent que les pentes détritiques des moraines décident d'un seul coup de lâcher quelques coulées de sable et de cailloux... Donc, on doit souvent faire le grand tour par le haut sur des moraines caillouteuses où le marcheur arrive à se débrouiller en passant d'un bloc à une autre, mais nos amies les mules ont beaucoup plus de difficultés à s'y déplacer. C'est pourquoi il ne faudra pas compter qu'elles soient à l'heure au camp. D'expérience, on peut déjà envisager un retard de 2 à 3 heures, d'où le départ matinal...

A l'approche du Ringchen La

Diaporama Du camp, on s'en va franchir le petit collet à main G qui se situe juste au-dessus de la prairie. On découvre alors une combe minérale et tout autour pas mal de sommets glaciaires. On poursuit à travers la combe sans perdre d'altitude en direction du col maintenant bien visible. On traverse un ruisseau (15mn, 5140m) avant de descendre sur une moraine de galets jusqu'à rejoindre la source de la rivière que l'on vient de remonter depuis sa confluence avec l'Unmag chu. On se trouve au pied du col (30mn, 5150m). L'endroit pourrait revendiquer le prix de la plus belle doksa tant les banquettes d'herbe sont légion. Mais, étonnamment, nulle trace d'humain en résidence estivale ou de traces de troupeaux... Noter que sur la droite, on doit pouvoir, en franchissant le large col, rejoindre Sarchu en une grosse journée (info qui ne présage pas de la viabilité de l'itinéraire...). On franchit le col terriblement plat qu'il est difficile de situer l'emplacement de la séparation des bassins versants (5mn, 5165m, guirlande de lungtas).

Franchissement du Ringchen La

On "descend" vers le S puis on suit le fil de la moraine de G pour vraiment descendre à flanc sur la D afin de rejoindre la rivière, la traverser (25mn, 5100m) juste avant une confluence. On suit la rivière principale, la Togpo yogma, vers l'aval (au SW). On croise un torrent à l'eau jaune que l'on doit traverser à gué (25mn, 5080m). Fort courant, froid intense, il charrie les eaux de fonte du glacier de la montagne la plus à gauche que l'on a pu admirer depuis le col, c'est dire... Après cet intermède dont on se serait bien passé, on évolue sur les moraines RD où l'on rencontre différents types de supports : herbe bien grasse, petits schistes, mais aussi, plus embêtant, grands éboulis de cailloux aux bords aigus entassés "à la va comme je te pousse" et donc branlants... On dépasse un abri de berger (40mn, 5020m) puis on descend au ras de l'eau au niveau d'un rétrécissement de la vallée (10mn, 5000m).

Descente de la vallée de la Togpo yogma (c'est pas tous les jours fête !)

Si l'eau n'est pas trop haute, on peut s'y engager mais par sécurité, il y a toujours le "chemin des mules" par le haut... Que l'on soit passé en bas ou en haut, on se retrouve encore une fois sur la rive (45mn, 4900m). On commence à entrapercevoir vers l'aval le glacier-fleuve qui se situe de l'autre côté de la vallée de la Chandra chu. La suite de la descente ne peut pas s'effectuer le long de la rivière, il y a de nombreux passages vraiment beaucoup trop dangereux ! On doit impérativement monter sur la moraine et c'est la portion de l'itinéraire qui va poser le plus de problèmes à la caravane de mules. Il faut parfois leur construire un cheminement pour qu'elles ne se prennent pas les pattes dans un trou. Et ça prend beaucoup, beaucoup de temps... On évolue à peu près 70m au-dessus de la rivière qui gronde dans le défilé en contrebas. Après un long moment passé aux "travaux de BTP"..., on traverse un canyon à sec (1h, 4880m) et on poursuit à flanc mais cette fois-ci en perdant légèrement de l'altitude pour rejoindre une prairie avec un abri de berger juste à l'aplomb d'une confluence avec un gros torrent qui arrive d'un massif glaciaire (15mn, 4845m, pas d'eau sur la prairie). A présent, on évolue sur un chemin, un vrai, qui permet de descendre sur une autre prairie (10mn, 4800m). Même si l'on peut descendre jusqu'à la rivière et suivre la RD jusqu'à croiser un torrent qui descend d'un gros glacier, il est quand même conseillé de passer par le haut pour traverser ce torrent et rejoindre les alpages sur lesquels on va rester un bon moment (25mn, 4760m, camp possible).

Ce torrent est la seule "source" de la journée (eau de fonte coulant de glaciers-dômes. Il est conseillé d'attendre ici la caravane de mules, des fois qu'elle ait eu plus de mal qu'à l'accoutumée pour franchir ces espaces de moraines de basalte depuis le col du Ringchen La. Selon l'heure à laquelle le groupe sera au complet, on pourra poursuivre par la traversée des alpages jusqu'au camp beaucoup plus confortable situé à hauteur de la Chandra chu (il restera en gros 1h30 de marche, itinéraire décrit dans la suite de la journée). Mais si vous considérez qu'il est plus sage de rester ici, sachez que l'étape suivante du jour 24 ne prend que 2h30 et qu'y ajouter 1h30 n'est pas un problème...

Les alpages qui annoncent la vallée de la Chandra

C'est assez sage quand on voit de loin la suite de la descente de la rivière qui va pénétrer dans une gorge enjambée en toute saison par un impressionnant pont de neige (autrefois c'était le pont naturel qui permettait de franchir la Togpo yogma sans se mouiller les pieds lorsque l'on faisait le trek de la vallée de la Chandra, aujourd'hui, si ce passage naturel existe encore, il n'est plus d'aucune utilité car les sentiers RD et RG ont été emportés par des crues...). On poursuit donc sur ce bon chemin qui nous maintient à hauteur de la rivière. Cet itinéraire bucolique et bien sécurisant (eu égard à ce que l'on vient de vivre il y a une paire d'heures) est cependant ponctué du franchissement d'un thalweg bien creusé (20mn, 4765m). Juste après, retour aux alpages... Un dernier collet (15mn, 4755m) et on quitte la vallée de la Togpo yogma pour incliner la marche au NW. On domine sur la gauche la large vallée de la Chandra chu qui descend baigner les montagnes du S de l'Himalaya dans la région du Lahaul (c'est pour les jours suivants...). En attendant on dépasse une doksa (25mn, 4735m) et juste un peu plus loin sans avoir perdu trop d'altitude et en remontant un peu dans le vallon sur la D alors que l'on s'éloigne de la vallée de la Chandra chu, on établit le camp sur une étendue bien verte alimentée par une source (25mn, 4730m, 32°41'19"N 77°27'31"E).

On est bien en Himalaya ! C'est du lourd...

Jour 24 : Camp dans la vallée de la Chandra chu à 4730m - Paralatse La S - Camp sur les alpages du Paralatse La N

2h30 / +210m / -50m.
Diaporama Plutôt que de suivre la RG de la Chandra chu comme indiqué sur les cartes, du camp, on part plein N remonter la verte vallée issue des moraines au bas de laquelle on a établi le camp. Un excellent sentier évolue en RG puis traverse la rivière avant de monter à flanc de moraine afin d'en rejoindre le faîte. La pente faiblit et le sentier traverse un large plateau tantôt gazonné tantôt caillouteux (35mn, 4880m). Sur la gauche, on a de belles vues sur deux glaciers fleuves dominés par de superbes pics non nommés (l'un d'eux serait-il le KR4 ou Koa Rang 4 ?). A l'arrière, on domine le long sillon de la vallée de la Chandra chu fermé au S par d'autres pics glaciaires (le Kullu Parbati et le Central peak ?). On dépasse un labtse (25mn, 4905m) qui annonce l'approche du col. On traverse une ancienne cuvette lacustre puis en évoluant à flanc d'une moraine détritique au-dessus d'une gorge au fond de laquelle rugit un torrent aux eaux boueuses on se dit qu'il va bien se produire quelque chose... Il va bien falloir traverser ce torrent au fort courant, et à gué ! Descendant d'un ensemble glaciaire bien fourni, la fraîcheur est assurée (20mn, 4905m). Une fois de l'autre côté, on essaie de se réchauffer les pieds en effectuant les quelques centaines de mètres qui conduisent au large passage du Paralatse La S (25mn, 4940m) qui donne accès à un plateau à l'herbe rase.

Entre Paralatse La sud et nord

On se dirige vers le N puis on descend du plateau pour traverser une plaine de galets, cette fois-ci en forme de tôle ondulée... Heureusement que cela ne dure pas trop longtemps ! On incline légèrement sur la G pour traverser les bras de rivière qui vont composer la Yunam togpo, celle-ci se combinant à la Lingti chu à Sarchu vont mêler leur eaux à celles de la Tsarap chu. Tiens, tiens, comme on se retrouve... On prend pied sur une moraine herbeuse en RG et on établit le camp à la première source que l'on rencontre, à la fin de la piste qui relie le plateau à la NH-3 (45mn, 4890m, 32° 44' 49"N 77° 25' 33"E).

A l'approche du Paralatse La N

Dans l'après-midi, possibilité de rejoindre à pieds la route en 15mn pour rendre visite au Paralatse La N, orienté E-W (alors que le Paralatse La S est orienté N-S). Seul avantage de cette visite d'1h A/R est d'avoir une vision différente du paysage et éventuellement de se remémorer ce que c'était qu'un véhicule automobile en respirant la bonne odeur qui sort du pot d'échappement d'un camion indien qui ahane dans la montée du col... On peut aussi faire du camion-stop et descendre jusqu'à Sarchu à 27kms vers le NE ou jusqu'à Darcha à 40kms vers le SW où l'on trouvera quelques commodités ("hôtels", téléphone radio ou satellite, boissons, alcool, épiceries, autobus vers Leh ou Manali, etc.).

La route de Manali à Srinagar franchit le Paralatse La N à 4890m. Ca vaut bien quelques drapeaux, non ?

Jour 25 : Camp sur les alpages du Paralatse La N - Paralatse La S - Togpo yogma - Camp dans la vallée de la Chandra chu à 4365m (Likhim yogma)

4h45 / +220m / -735m.
Diaporama On quitte les alpages du Paralatse La pour repartir vers le S, retraverser la plaine de galets d'hier, celle qui concentre les eaux de la Yunam togpo naissante puis remonter sur la moraine à l'herbe rase afin de franchir le Paralatse La S (45mn, 4940m). Quelques centaines de mètres plus loin, voici l'amusement de ce début de matinée avec la "petite" traversée du fougueux torrent qui arrive de la G depuis le bel ensemble glaciaire (5mn, 4905m).

A l'approche du Paralatse La S

Une fois en RG, on remonte à flanc de la moraine détritique pour se retrouver sur le plateau mi-caillouteux mi-herbeux à suivre un excellent sentier balisé de cairns. Le fait d'être en hauteur permet de disposer comme à l'aller de vues intéressantes sur la RD de la Chandra chu qui coule en contrebas et contempler les glaciers fleuves qui descendent des montagnes himalayennes comme le Koa Rang 4 aux formes très élancées. Après avoir évolué en courbe de niveau un bon moment, le sentier invite à descendre sur la G de la moraine (50mn, 4840m) pour aller rejoindre la vallée verdoyante où l'on traverse la rivière et atteindre la belle prairie sur laquelle on avait établi le camp hier (10mn, 4730m, source).

Traversée du ruisseau glaciaire juste après avoir franchi le Paralatse La S

De cet emplacement, belle vue en enfilade sur la vallée de la Chandra chu dont on va poursuivre la descente en suivant le chemin tracé dans les alpages permettant de rejoindre l'embouchure de la Togpo yogma qui débouche du vallon de gauche et que l'on connaît bien puisqu'elle a été notre fil conducteur il y a deux jours... A l'approche de la confluence, on désescalade les 20m de moraine pour traverser à gué la rivière (30mn, 4600m, traversée problématique en juillet / août dès le début de l'après-midi...) et suivre ensuite la RG de galets sur 300m avant de remonter sur la moraine caillouteuse à main G. On poursuit la descente de la vallée de la Chandra chu sur un chemin, qui plus est cairné. Quel changement après toutes ces journées de marche à rechercher les meilleurs passages...

La vallée de la Chandra chu. Plus minéral, tu meurs...

On alterne gazon et cailloux jusqu'à franchir un imposant thalweg (40mn, 4585m). Le chemin se continue au pied de la moraine. On traverse un ruisseau avant de remonter à flanc de moraine pour en suivre le rebord au-dessus des eaux de la Chandra chu. Bon ! On va pas se le cacher : cette portion minérale est totalement sans intérêt mais tout ne peut pas être parfait dans un trek au long cours... On descend dans un thalweg gazonné (45mn, 4480m, eau, possibilité de camp). On traverse la rivière pour remonter sur le coteau d'en face. Le relief devient moins tourmenté à l'approche de la confluence de la Chandra chu avec la Togpo gongma. On marche sur de larges prairies avec pas mal de sources (20mn, 4440m, camps possibles). Puis on descend traverser une zone d'éboulis pour rejoindre la berge de la rivière.

Un peu d'herbe en bordure de la rivière du côté de Likhim yogma

Le chemin se poursuit à main G avec la montée à flanc sur une butte (30mn, 4400m) en haut de laquelle on découvre la confluence au lieu-dit "Likhim yogma". On descend légèrement sur la G rejoindre les bords d'un ruisseau pour y établir le camp (15mn, 4365m). Alentour, le minéral est omniprésent... Bien que l'on soit au fond de la vallée, on peut quand même apercevoir dans l'enfilade de vallons resserrés quelques sommets glaciaires de la chaîne des Chandra-Bhaga mais identifier lesquels... il y en a plus de 80 et la précision de la carte Leomann, la seule qui couvre cet espace du Lahaul, est affligeante ! (32°36'22"N 77°30'17"E)

On dispose parfois d'une vision furtive d'un des pics du massif des Chandra-Bhaga au fond d'une vallée glaciaire...

Jour 26 : Camp dans la vallée de la Chandra chu à 4365m (Likhim yogma) - Chandra Tal

6h15 / +520m / -600m.
C'est la dernière journée de ce trek d'exception. Mais pas la plus facile... ceci dit, depuis le début, on a été habitué, non ?
Diaporama Du camp, on poursuit le long du canal verdoyant pour franchir deux moraines, descendre jusqu'à la rivière Togpo gongma (10mn, 4360m) et la traverser à gué. On poursuit en face sur des banquettes herbeuses puis à flanc de moraine. L'itinéraire est toujours bien cairné. On descend longer la RG de la Chandra chu pour marcher de manière assez malhabile sur des rochers fracassés. On retrouve bien vite un sentier à mi-hauteur que l'on suit jusqu'à une "plage" (1h, 4325m).

Au départ de Likhim yogma

On remonte à flanc de moraine de petit schiste cette fois-ci jusqu'à traverser un thalweg aux rebords pas mal abîmés (15mn, 4345m) à l'approche d'une zone gazonnée (5mn, 4355m, doksa). Un peu plus loin, on passe au-dessus d'une nouvelle "plage" (15mn, 4325m, source, possibilité de camp). En RD de la vallée, ce sont les pics du Sharmili qui se présentent. On s'élève abruptement à flanc de pente détritique pour s'en aller suivre un "sentier" d'altitude car en bas la rivière vient lécher d'un peu trop près la base de la moraine. Ce "sentier" suit les veines de schiste noir et demande un peu d'attention sur 400m de long (20mn, 4390m). Après, on retrouve un chemin légèrement mieux viabilisé jusqu'à que l'on franchisse un collet panoramique (20mn, 4375m, eau en contrebas, banc pour s'assoir, si, si...).

Après le collet, on attaque la deuxième partie de la journée

On peut y admirer l'enfilade de la vallée de la Chandra chu (et constater qu'on n'est pas encore rendu au lac que l'on imagine caché tout au fond là-bas derrière une plaine de galets de couleur plus claire à gauche de la rivière, mais rien n'est moins sûr...). Côté W, les montagnes entrevues tout à l'heure sont un peu plus visibles avec à leurs pieds deux beaux glaciers-fleuves (quelques Chandra-Bhaga, le Sharmili et, le plus à gauche, le Tapu Giri). Du collet, on descend traverser le torrent et on poursuit à belle hauteur de la Chandra chu sur la moraine. On est amené à franchir un 1er couloir d'avalanches (25mn, 4340m) puis on descend contourner le 2ème en marchant sur une belle prairie.

On poursuit sur la moraine herbeuse RG de la vallée de la Chandra chu

Ensuite c'est reparti pour de la moraine caillouteuse... Le gazon revient (25mn, 4285m, eau, possibilité de camp). On doit franchir un nouveau thalweg prononcé (10mn, 4290m) derrière lequel on marche sur un plateau gazonné en légère ascendance. Puis, patatras, on est confronté à devoir franchir un thalweg ++ aux bords bien pentus et arasés (20mn, 4275m). Autrefois, on passait tout droit avant que... Aujourd'hui, il n'est pas facile de contourner le thalweg par le haut (c'est qu'il remonte pas mal haut dans les pentes d'éboulis...), alors la solution se trouve en bas : on est tenu de descendre jusqu'à la rive de la Chandra chu. Une fois en bas, même si ce n'est pas le sentier "officiel" (tiens, au fait, les cairns ont disparu...), on peut poursuivre en RG de la rivière pour passer sous de belles concrétions sableuses. 200m après avoir dépassé un monolithe (25mn, 4220m), on remonte à main G le thalweg qui se présente, plus impressionnant que difficile avec la présence de gros cailloux sur lesquels on peut marcher sans risquer de glisser. Pratiquement arrivé en haut (25mn, 4300m), on retrouve, comme si de rien n'était, le sentier "officiel" que l'on s'empresse d'emprunter sur la D.

En RD de la vallée de la Chandra chu, apparition de l'un des (nombreux...) sommets du massif de la Chandra-Bhaga

Il s'en va traverser une prairie puis un petit thalweg avant de contourner une épaule caillouteuse (15mn, 4270m, doksa en contrebas). La surprise de l'instant est que les locaux ont créé un véritable chemin au milieu de cette caillasse et que c'est un bonheur d'y évoluer... On se rapproche du rebord de la moraine gazonnée avant d'incliner la marche vers l'intérieur lorsque le sentier se fait moins voyant (on ne parle plus de cairns depuis belle lurette...). On arrive sur un belvédère duquel on contemple un entrelacs de thalwegs et de monticules herbeux, et toujours pas de lac en vue... Rien ne sert de descendre (profondément...) et de remonter en face en suivant une direction SE. Il existe un sentier de contournement de cet ensemble qui part sur la G (20mn, 4275m) et qui va proposer un cheminement à peu de choses près étale (il ne faut pas trop lui en demander quand même...). Il permet de prendre pied de l'autre côté de ce capharnaüm sur la plaine de galets qui descend de la chaîne de montagnes du Ringutung Asma situé à l'E. Une aide précieuse sur le terrain : les déjections équines qui balisent l'itinéraire... Une fois sur la plaine de galets, on suit une direction S pour longer les moraines herbeuses et bosselées qui se situent sur la D et avec un peu de "chance" on distingue sur l'une d'entre elles la présence de drapeaux bouddhistes.

Le lac de Chandra tal

Banco ! Le lac se situe au pied, sur la G. Et on a retrouvé une ligne de cairns alors que l'on n'en avait plus nécessité... Les galets laissent la place à un plateau au gazon ras où l'on découvre (35mn, 4300m) tout au fond, au pied des pentes rocailleuses, le plan d'eau du Chandra tal (ou lac de la Lune). Encore quelques centaines de mètres pour rejoindre la rive où l'on établit le camp (10mn, 4290m, eau potable puisée dans le lac sacré, 32°29'25"N 77°36'37"E). Cet endroit est enchanteur de par sa situation dans un cirque de montagnes détritiques au milieu duquel il y a ce plateau gazonné. Plusieurs sommets du Lahaul sont visibles (pas mal de pics appartenant au groupe des Chandra-Bhaga, le Mulkila, le Sharmili, le dôme glacé du Koa Rang 7 de l'W au N, et vers le SW deux superbes pics élancés dont le Baldor Parbat).

Jeu de miroir dans les eaux du Chandra tal

Jour 27 : Chandra Tal - Batal - Gramphu - Manali

45mn / +30m / -50m et 6 à 8h de voiture.
Il était nécessaire de passer cette dernière nuit aux abords du lac. Ne serait-ce que pour contempler au réveil les pics du Lahaul sous le soleil naissant. Et puis ce calme...
Diaporama De la prairie N du lac sur laquelle on a passé la nuit, on suit le sentier tracé sur la rive W du lac pour 2kms et arriver au ruisseau émissaire situé au S. On remonte une petite butte morainique pour se retourner et contempler une dernière fois cet ensemble harmonieux.

Le lac de Chandra tal vu depuis son exutoire

Dans 10mn ce sera le parking où se termine la piste qui arrive de Batal, ce "village" de bord de route sur la liaison entre Lahaul et Spiti situé à une vingtaine de kilomètres du lac. Sur le parking, on retrouve les voitures qui vont nous acheminer vers Manali et on commence à descendre la vallée de la Chandra chu. Après quelques lacets, on découvre de "curieux" villages de toile avec tout confort : les indiens des plaines viennent passer leurs vacances dans de drôles d'endroits, et surtout pas vraiment enchanteurs, enfin bon... La piste court à hauteur en RG bien au-dessus de la rivière (il y a des airs de Kali Gandaki au Mustang entre Kagbeni et Chele, d'ailleurs la Chandra chu, elle aussi, est sacrée...) jusqu'à rejoindre la "route" du Kunzum La 3kms avant Batal (4000m).

On retrouve la vallée de la Chandra chu à mi-chemin entre le lac et Batal

Au passage, on aura quand même pu admirer les pics du Baldor Parbat. Après Batal, on poursuit jusqu'à Gramphu sur la "route principale" qui relie le Lahaul au Spiti. On ne peut pas la caractériser d'un autre qualificatif qu'infâme ! Il faut compter, dans le meilleur des cas, entre 5 et 6h à être ballotté dans tous les sens pour relier Batal à Gramphu (voir billet de blog du retour d'expérience de septembre 2018) où l'on se connecte à la NH-3, celle-ci permettant a priori plus confortablement de remonter jusqu'au col du Rohtang La. Là-haut, il ne reste plus qu'à égrener les nombreux lacets qui composent les 45kms de l'interminable descente vers Manali. Fin d'après-midi et soirée libres à Manali, la capitale de la fumette (à consommer avec grande modération...). Nuit en guest-house ou hôtel.

Délicat croisement sur la piste étroite à l'approche de Chhatru

Jour 28 : Manali - Delhi

12h de bus de nuit.
Journée libre à Manali jusqu'au départ de l'autocar "couchette" vers Delhi aux alentours de 17h.
 

Jour 29 : Delhi

15mn de taxi ou de tuk-tuk.
Arrivée à Delhi vers 9h du matin. Dépose des bagages à l'hôtel puis journée libre pour visiter Delhi. Nuit à l'hôtel.
 

Jour 30 : Delhi - Europe

1h de voiture pour rejoindre l'IGIA.
Continuation de la visite de Delhi puis acheminement vers l'aéroport en fin d'après-midi pour le vol international (souvent tard en soirée ou au milieu de la nuit).
 

Jour 31 : Europe

Arrivée en tout début de matinée.

 

Relevés de terrain août et septembre 2018

21 jours de marche / 82h30 / +7970m / -7840m.

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Commentaires

  • Stéphane
    Bonjour,
    Merci pour l'ensemble de vos treks et découvertes d'itinéraires.
    Pour fin juillet 2018, on devait être proche à Choglamsar :
  • KJ. Lee
    • 2. KJ. Lee Le 23/02/2020
    That's wonderful ! This is entirely new and challenging item. Since several years I've been interested in this remote area trekking. But nowhere I could not find the useful information. But you've done perfectly! and now I'm referring this invaluable materials and experiences by you. Within not so long time, I would like to attempt the same route on foot as you've preceded. As present, I've just completed the normal Kunzum La(bifurcating actual Pir-panjal mountain range) to Baralacha La trek includning Chandra Tal trail. Thanks to your marvelous experience, I became able to hopefully accomplish my original dream from Tso Moriri as Satluj to Chenab's origin as the important water system & watershed as wall as the complicated origin of Trans-Himalaya range. Again, thanks so much for so good materials and detailed information. Your name and visage should be remembered for ever in my Great Himalayan journey together.
    Best Regards. Lee.
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 02/03/2020
      Thank you very much !