[France] Alpes - Brèche de la Meije (1990)

Carte topographique IGN Top25 au 1/25000e 3436 ET Meije - Pelvoux - Parc National des Ecrins

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Voici, pour des randonneurs sur sentier, une course peu difficile qui permet de remonter en deux jours l'intégralité du vallon des Etançons jusqu'au refuge du Promontoire, ce frêle esquif accroché à l'un des piliers S du Pic du Glacier Carré de la Meije. Et puis, parce qu'il ne faut pas sous-estimer, surtout à la descente dans un terrain "plus détritique tu meurs..." (et c'est le cas de le dire...), les 250m de dénivelée qui, au-delà du refuge, permettent d'aller passer le nez par la fenêtre ouverte de la Brèche de la Meije et jeter un coup d'oeil panoramique sur le côté N, on aura eu l'intelligence de se faire accompagner par un guide de haute montagne qui saura encadrer cette randonnée alpine en toute sécurité. Voilà, après avoir précédemment constaté de près que les faces N de la Meije étaient bien, comme on s'y attendait, verticales depuis la Tête des Corridors, me voici côté W coincé entre le Râteau et le Grand Pic pour une découverte des murailles S de la Grande Dame. Quelques années plus tard, je me rendrai sur le sommet de la Meije orientale, complétant ainsi une trilogie d'ascensions de niveaux F à AD sur ce massif, certes sans jamais avoir foulé le sommet du Grand Pic ni traversé les arêtes. Mais, je le concède, je ne suis qu'un randonneur et trekker avant tout...

Le massif de la Meije vu depuis le sommet de la Tête de la Maye

Diaporama Jour 1 : En fin d'après-midi, on suit le sentier qui part de la vallée du Vénéon au départ de la Bérarde, ce hameau du "bout du monde" qui est malgré son isolement un des hauts lieux de l'alpinisme dans les Ecrins si l'on considère le nombre de courses que l'on peut envisager dans le coin. Pour le randonneur amoureux des beaux espaces, cette ascension de 500m de dénivelée peut être l'occasion d'un "détour" par le sommet de la Tête de la Maye qui offre un belvédère circulaire assez bluffant malgré son altitude de 2518m qui semble bénigne... (voir Diaporama). Dans ce cas, il faudra partir plus tôt, en tout début de matinée, pour bénéficier d'un bon ensoleillement sur le côté S. La montée à la Tête de la Maye s'effectue sur un sentier en zigzags parfois serrés. La pente est parfois relevée et, sur quelques passages, la progression est sécurisée par la présence de mains courantes. "Malheureusement" c'est un A/R depuis le point 1884 mais quitte à venir dans le coin pour se rendre au fond du vallon des Etançons, profitons-en pour nous échauffer. Si l'on envisage defaire le détour, c'est une journée de 6h de marche avec +1200m / -650m quand même. On sera en pleine forme pour le lendemain... Nuit au refuge du Châtelleret à 2525m où, d'ailleurs, notre guide Robert Eiselé nous rejoint pour se mettre les pieds sous la table...

Sous le refuge du Promontoire

Jour 2 : Départ du refuge du Châtelleret alors que les rayons du soleil commencent à rougir les sommets alentours pour une remontée minérale du vallon des Etançons avec comme point visé le signal brillant que présente le refuge du Promontoire touché lui aussi par la lumière. Entièrement carapaçonné de métal, il est comme un fanal qui brille au milieu du minéral de la face S du massif de la Meije. Selon l'avancement de la saison, on trouve de la neige plus ou moins bas, au début de simples névés qui alternent avec des zones d'éboulis descendant des faces orientales du Râteau. On se rapproche des parois et on prend pied sans pratiquement s'en apercevoir sur la langue occidentale du Glacier des Etançons. Tout en haut, c'est la Brèche de la Meije défendue par plusieurs banquettes rocheuses. Vers 3100m, alors que l'on pourrait poursuivre tout droit, on incline à droite pour rejoindre par une traversée quasi étale le refuge du Promontoire. Jusqu'à présent, et c'est souvent le cas car la trace est suffisamment bien marquée dans la neige, on n'aura juste sorti du sac que le piolet, au cas où... C'est sur la plateforme du refuge que l'on complètera l'arnachement des alpinistes avec baudrier, crampons, encordement et surtout casque (la voie de montée suit la base de la falaise détritique du Râteau et, avec le réchauffement diurne, il se peut que ça "parpine" pas mal ! On pourra en profiter pour se rafraîchir et grignotter une ou deux barres énergétiques, ou bien une part des excellentes tartes concoctées par les gardiens du refuge. Il faut dire qu'ils sont debout depuis les 1 heure de la nuit pour servir les cordées d'impétratns à l'ascension du Grand Pic de la Meije. Ceux de 1 heure du mat', ils vont tenter la traversée des arêtes pour rejoindre dans une course alpine de haute volée le refuge de l'Aigle situé côté N et à l'opposé.

Montée à la brèche de la Meije

De la plateforme du refuge on dispose dès à présent d'une belle vue en enfilade du vallon des Etançons et vers le S de pas mal de sommets des Ecrins mais il en manque pas mal car restant occultés par la Grande Ruine et les têtes de la Somme. Les 250m de dénivelée qui nous restent à effectuer pour rejoindre la Brèche de la Meije leur permettront d'émerger et de présenter leurs belles faces N. Montée tranquille sur le glacier recouvert de neige, glacier que l'on traverse pour rejoindre la rive droite juste en-dessous de la première banquette rocheuse. Le terrain est très friable et le guide a toute son importance ici pour assurer la cordée lors de sa progression. Comme on s'est déporté des parois du Grand Pic, on dispose de vues plutôt impressionnantes de ces murailles inhumaines. Bientôt on commence à sentir le courant d'air frais qui passe par la fenêtre "ouverte" (sûrement des alpinistes qui ont oublié de la refermer après leur passage...). On prend pied sur une large plateforme inclinée pour découvrir l'autre côté avec les Grandes Rousses qui occupent l'horizon et à l'avant le "modeste" plateau d'Emparis avec son plus haut sommet, le Pic du Mas de la Grave (à ne pas confondre avec le Pic de la Grave qui est le sommet glaciaire à côté duquel on est passé lors de l'ascension du Râteau W...). En se penchant un peu on peut voir d'en haut les crevasses du Glacier de la Meije et qui défendent l'accès à la brèche côté N. On peut même y suivre des yeux la trace des alpinistes qui traversent la Brèche de la Meije depuis la gare du téléphérique du Peyrou d'Amont pour se rendre au refuge du Promontoire avant, pour certains d'entre eux, s'attaquer à la traversée des arêtes.

Depuis la brèche de la Meije, vue sur la Grande Ruine et la Barre des Ecrins

Il est temps de redescendre le long de la paroi du Râteau puis, négligeant le passage par le refuge du Promontoire, poursuivre sur les névés qui se substituent à la glace du Glacier des Etançons. Puis ce sera l'interminable descente caillouteuse jusqu'au refuge du Châtelleret suivie de celle qui va nous ramener à La Bérarde.

A la brèche de la Meije, vue côté N sur le plateau d'Emparis et les Grandes Rousses

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