Saison ladakhie 2012...
- Le 31/08/2012
- Dans Voyages
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Mise à jour du 14 septembre 2012
Bon ! Il va bien falloir s’y résoudre à modifier la définition du Ladakh qualifié de « Territoire himalayen d’Inde du Nord, montagneux, quasi désertique, subissant des températures hivernales très rigoureuses et connaissant des étés chauds, ensoleillés avec une pluviométrie réduite à son minimum ». Il y avait eu 2010, bon ! C’était la faute à la goutte froide qui se baladait au-dessus de la frontière sino-indienne, en 2011, lors de notre Grande Traversée du Zanskar, la météo s’était abonnée au service minimum côté soleil, alors que penser de 2012 ? Que les agriculteurs ladakhis ont été heureux ? Certes, en août, il n’y a pas eu une seule journée sans pluie… Parfois quelques gouttes mais aussi de belles averses, et des qui mouillent ! Heureusement que les tentes étaient étanches (merci Sonam pour la qualité de l’équipement de bivouac fourni) et que d’autre part la journée de marche se terminant souvent avant 15h, il était possible de s’abriter sous la tente mess, les précipitations se produisant la plupart du temps en début d’après-midi et durant la nuit.
Mis à part cet inconvénient, la saison 2012 au Ladakh a été une réussite. En premier lieu, le trek De la Nubra à la Markha a permis de découvrir les multiples facettes de cette attachante région (campagne, villages, cols altiers, etc.) sans oublier le contact avec la population, toujours enrichissant. Deux belles semaines bien remplies et qui laisseront à n’en pas douter d’excellents souvenirs, n’est-ce pas Françoise ?
Ça c’était le programme de juillet, la météo méritait 18/20 ! Voici donc le mois d’août qui s’annonce, Marie s’en retourne en France reprendre son boulot. Je reste sur place et me joins au groupe qu’a constitué Etienne Principaud pour un programme sport et culture.
Sport : on laisse de côté les JO 2012 à Londres pour se consacrer à deux treks :
- le 1er que l’on qualifiera d’acclimatation explorera sur 7 jours une liaison à l’ouest de Leh entre les villages de Likir et celui de Wanla (le topo se nommera comme de raison « De Likir à Wanla », en ligne maintenant ici). On traversera de nombreuses vallées, on découvrira quelques villages splendides (Yangthang par exemple), on visitera quelques (… !) monastères. Cela permettra aux personnes pas encore familières du Ladakh d’avoir l’occasion de faire connaissance tout au long de cette semaine avec les spécificités de cette attachante région.
- le 2ème sera une traversée nord sud en 13 jours des hauts plateaux de l’est du Ladakh (on est dans la région du Rupshu) avec en points d’orgue le passage aux lacs Tsokar et Tsomoriri mais aussi caractérisée par l’opportunité de rencontres avec les nomades sur leur lieu de vie : la montagne. Habituellement circonscrit à une traversée de Rumtse au Tsomoriri (6 à 7 jours), Etienne y avait ajouté une élégante sortie des plateaux du Rupshu en programmant la remontée de la vallée de la Parang chu et le passage par le débonnaire col glaciaire du Parang La qui mesure pratiquement 5600m… Ce qui permettrait pour les 4 jours qui resteraient de rentrer sur Delhi en voiture en découvrant au passage les régions du Spiti et du Kinnaur. Le topo de cette traversée d’une quinzaine de jours sera bientôt en ligne avec le titre "De Rumtse au Spiti". En ligne maintenant ici.
Culture : Avoir la chance de suivre Etienne dans un de ses voyages et surtout dans un des hauts lieux du bouddhisme comme le Ladakh est un must qu’il ne fallait pas rater. Que ne serais-je passé à côté de belles choses, de petits détails qui font toute la différence ! La quinzaine de visites de monastères avec les explications revêt une saveur particulière lorsque l’on peut avoir réponse à quasiment toutes les questions que l’on se pose. On se sent après un peu moins c… Bref ! Une partie culture qui m’a permis d’élucider quelques mystères qui restaient sans explication depuis mon premier voyage au Mustang à l’automne 2010. Merci encore Etienne !
Tiens, je reviens au sport : je suis un marcheur, d’autres partagent d’autres passions, celle du vélo par exemple. Eh bien, le groupe de 7 que nous étions comprenait 3 VTTistes, Christophe, Dominique et Etienne, et 4 marcheurs Françoise, Françoise, Eric et moi. Et chacun d’entre nous a pu, malgré nos moyens de locomotion différents, assouvir pleinement son plaisir de randonner sur 2 pieds ou 2 roues. Je peux vous dire que je tire ma révérence aux VTTistes qui évoluent sur ces terrains pas faciles et à des altitudes jamais inférieures à 4500m (le sommet du Mont-Blanc quand même…). Pédaler, pousser, porter, traverser des rivières… ce n’est vraiment pas du gâteau ! Et il faut une sacrée force de caractère (et une excellente forme physique également) pour « remettre le couvert » chaque jour que Bouddha fait… Un immense bravo.
Puisque j’en suis aux remerciements, je voudrais souligner la parfaite entente dans le groupe, amitié, tolérance, compréhension, entraide… Ca doit venir de notre amour commun pour la nature, la montagne et cette forme particulière de randonnée au long cours qu’est le trekking. Et qui dit trekking sous-entend pour ma part la symbiose avec les gens du cru, ici les ladakhis. Je ne conçois pas un voyage itinérant sur plusieurs semaines sans leur aide et soutien. Alors un immense remerciement collégial pour Minup le guide, Mutup le cuisinier hors pair et les 3 assistants multitâches Rintsen, Dorje et Lobsang pour leur dévouement de tous les instants. Sans oublier Sonam Dawa, directeur de l’agence ladakhie Adventure Travel Mark, un excellent organisateur, contraint de rester dans ses bureaux de Leh mais qui, je le sais bien, ne rêve que de retourner sur le terrain y découvrir de nouveaux horizons. Quel plaisir de partager au quotidien la jouissance d’un groupe de « touristes » passionnés lorsqu’ils découvrent les merveilles du Ladakh !
Et pour finir il faut que je vous parle du retour de Kaja à Shimla en suivant le sillon creusé par les rivières Spiti, Sutlaj et Bapsa (les diaporamas sont visualisables ici site par site). Un périple automobile incroyable qui traversera des paysages extraordinaires en suivant le fond de gorges quasi abyssales dans lesquelles les rivières himalayennes rugissent (y’a bon le rafting pour les gens un tantinet casse-cou…), ou alors remonte de quasiment 2000m pour aller passer un col du côté de Nako, sur des routes à la limite du praticable pour lesquelles le moindre dérèglement climatique conduit à une fermeture au trafic au mieux pour 1 ou 2 jours… Je n’ai pas assez de qualificatifs pour relater les 4 jours de folie dans un minibus mené par un jeune conducteur indien qui doit avoir une proche parenté avec Sébastien Loeb. Et c’est bien nécessaire ! La dextérité est de mise sur cette unique « route ».
La portion goudronnée doit correspondre au 1/10e des 400kms, le reste c’est trous, bosses, cailloux… une voie inlassablement réparée par les milliers de bihârs avec leurs seules mains et quelques pelles, aidés d’une armada de caterpillars menés avec dextérité par des conducteurs d’engins. Dans le véhicule, on est brinquebalés dans tous les sens à la vitesse moyenne de 15 à 20 km/h ! On traverse des fleuves de boue, on contourne par une déviation de fortune la perte d’un pont métallique emporté pendant la nuit par une avalanche de blocs de quelques centaines de tonnes, on évolue sous la menace constante d’un éboulement de terrain ou d’une falaise. Et ça c’est quand il fait beau car quand il arrive que l’on roule au beau milieu d’un orage dantesque comme l’Inde du Nord sait maintenant nous en produire en été, il n’y a pas grand monde qui moufte dans la carriole…
On se dit que l’on aurait pu (dû ?) retourner sur Leh et reprendre l’avion mais, car il y a un mais ou plutôt deux et même trois… :
1- les deux jours de route pour relier Kaja à Leh ne sont pas plus recommandables,
2- de toute façon, la route qui franchit le Kunzum La est souvent coupée (pendant que nous étions sur place, ce fut 4 jours) empêchant quiconque de rejoindre Leh ou Manali,
3- l’intérêt culturel des régions du Spiti et du Kinnaur est in-dé-nia-ble, na !
Dans la partie haute, entre Kaja et Pooh, on est dans le berceau du bouddhisme et les monastères datant pour la plupart du début du 2ème millénaire sont incroyablement chargés d’émotion. Prenez Lhalung, Dhankar, Nako ou Pooh : les peintures murales sont exceptionnelles de finesse, pas comme celles qui ornent les murs des gompas du XVIe au XVIIIe siècle, pour la plupart d’entre elles bien peu reluisantes. Et puis il n’y a pas que les peintures : à Tabo, on est estomaqué par l’enceinte religieuse comparable à ce qui existe en Ethiopie avec les églises comme Lalibela… Et lorsque l’on pénètre dans les temples, ne voila-t-il pas que l’on contemple non pas uniquement des peintures mais aussi des statues de bouddhas de deux mètres de haut accrochées aux quatre coins des pièces… On sent dans cet espace la ferveur religieuse qui animait les créateurs. Et avec les explications d’Etienne, tout s’éclaire comme en plein jour. Moments d’émotion…
Et puis, à partir de Kalpa, on découvre une spécificité du Kinnaur avec des temples que j’appellerais « en bois debout » (par analogie aux chapelles roumaines), mi-bouddhiste, mi-hindouiste, mais d’une élégance à nulle autre pareille, qui plus est lorsqu’ils sont partie prenante d’un village construit de la même manière, tout en linteaux de bois et en pierres de lauze. C’est le cas de Kalpa, mais aussi de Sangla, avec le superbe fort de Kamru qui trône au-dessus de la vallée de la Bapsa river. Et puis un peu plus loin il y a Sarahan avec son temple hindouiste à 100%, lieu de villégiature de nombreux pélerins qui viennent se recueillir sur un trésor sacré. On sortira des gorges de la Sutlaj non pas par le bas, ce serait trop facile…, mais par le haut en allant passer un col qui tutoie les 3000m à Narkhanda juste avant de louvoyer à belle hauteur entre les collines recouvertes d’essences tropicales, ombres fantomatiques dans le brouillard permanent dû à la mousson, pour descendre juste un petit peu jusqu’à Shimla, la capitale de l’Himachal Pradesh, une ville attachante sous bien des points.
Du temps de l’Empire britannique, les anglais en avaient fait leur destination fraîcheur. Lorsque l’été (et la mousson) rendaient la vie peu supportable dans les plaines du sud du côté de Chandigarh, Delhi et au-delà (il n’y avait pas de climatiseurs à l’époque…), ils prenaient le train et, en quelques heures, se retrouvaient au cœur d’une forêt de cèdres bien plus rafraîchissante qu’en bas. Certes il y pleuvait mais c’était plus supportable. Dans sa conception, Shimla ressemble à Darjeeling au Sikkim indien par la structure et certains bâtiments municipaux (hôtel de ville, poste, banques, etc.) qui y ont été construits. Il existe même, dans la partie haute de la ville, juste à la droite d’une très grande place où la foule se presse pour contempler le panorama sur la campagne environnante, une église anglicane qu’on ne peut pas louper tant elle surplombe la ville et tranche avec les habituelles constructions indiennes.
Juste en-dessous, une grande avenue piétonne, « The Mall », relie le centre-ville assez chic (il y a tous les magasins de fringues de type Adidas, Kenzo… bref comme chez nous) avec les hôtels au luxe suranné construits sous les frondaisons des cèdres centenaires. Et puis il y a la ville « basse » étagée sur le coteau de belle hauteur qui bien évidemment contraste avec les constructions de la ville « haute ». C’est à mon avis la partie la plus intéressante de Shimla. Elle en est l’âme : c’est le quartier commerçant qui s’étage sur deux ruelles parallèles au « Mall » juste en-dessous (on les rejoint par des escaliers très pentus d’ailleurs, il y a un peu du quartier d’Alfama de Lisbonne ici…) et il y règne une ambiance exceptionnelle. Ce sont surtout les musulmans qui détiennent les boutiques.
Puis, une fois s’être plongé dans l’agitation du centre-ville, on revient paisiblement en fin d’après-midi au cœur de la forêt pour se reposer dans l’un des hôtels à « l’anglaise » et finir la soirée (s’il ne pleut pas…) par une promenade digestive dans les allées du jardin à guetter ça et là quelques singes qui sautent d’arbre en arbre. Reposant vous disais-je…
Le dernier jour de route sera sinueux, pluvieux et brumeux jusqu’à une trentaine de kilomètres de Chandigarh où, oh miracle !, se présentera l’opportunité d’emprunter la « Himalayan highway » permettant de rejoindre « paisiblement » Delhi (je parle des cahots mais sûrement pas de la circulation…) en moins de 5 heures quand même. La circulation en Inde ? Impossible d’en parler, il faut le vivre (et essayer de ne pas mourir…).
Au passage, les paysages du Kinnaur m’ont vraiment interpelé qu’il se pourrait bien que pour l’une des années à venir, les repérages effectués me conduisent à creuser sérieusement la « chose ». J’ai d’ailleurs pris contact avec le directeur d’une agence de trek de Shimla avec lequel nous avons construit l’ébauche d’un circuit. On ne se refait pas… Donc, Il y a beaucoup plus que de fortes probabilités pour que l’on voie sous peu une proposition de trek dans cette région assez délaissée par les tour-opérateurs, donc un truc dans la veine « hors des sentiers battus ». Mais en premier lieu, suite à cette saison ladakhie fertile en découvertes, j’envisage dès l’année prochaine de réaliser avec la même équipe un itinéraire exceptionnel en 42 jours que l’on pourrait nommer le « Grand Tour du Ladakh ». Si, si ! Guettez la rubrique « Treks en partance » si des fois vous aviez envie de partager ce voyage avec moi. La période retenue serait du 20 juin au 5 août 2013. L’itinéraire est déjà validé par Sonam. Minup et Mutup sont partants, alors…
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Commentaires
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- 1. armel Le 31/08/2012
Bonjour Pierre. Ca fait plusieurs jours que je me demandais si tu étais revenu .Comment vas-tu? Bien a ce que je vois.
J'ai lu ton article , que du plaisir et que de belles vues.
Tu n'as pas dû t'ennuyer que d'aventure et courage.
Un petit repas de midi ça te dirai un de ces jours?
Bon week end à toi.
Bien amicalement
Armel
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