[Népal] Les 5 cols de l'Annapurna


Initialement ce trek s’appelait « Les 5 cols de l’Annapurna » car, partant de Pokhara, il était prévu d’enchaîner la traversée de cinq cols de haute altitude dans le massif des Annapurna (mais restant du domaine de la randonnée…) : les Namun La, Kang La, Teri La, Thorong La et Mesokanto La, quatre d'entre eux dépassant allègrement les 5000m, excusez du peu ! La période choisie pour réaliser ce périple (le printemps) n’a pas pu permettre de franchir le premier d’entre eux, le Namun La, à cause d’une météo très capricieuse. C’est pourquoi j’ai partitionné cette randonnée au long cours, à l’origine prévue sur une durée de 32 jours, en deux opus. Vous trouverez la première partie sous la forme d’un trek de 7 jours « Les balcons du Lamjung » (c'est la marche d'approche du Namun La et l'échappatoire par la vallée de la Marsyangdi khola)  alors que la deuxième partie assurément beaucoup plus montagneuse et engagée est exposée ci-dessous. Mais 5 cols ça sonne mieux à l’oreille que 4… Alors on a cherché si on avait pas oublié un passage de haute altitude qui aurait fait 5 – 1 + 1 = 5 et le groupe a convenu que l’Eastern pass à 5345m situé au-dessus du Tilicho tal avait droit lui aussi à la notoriété, tant pour certains d’entre nous, il nous avait paru pénible à franchir… C’est pourquoi les « 5 cols de l’Annapurna » sont restés les « 5 cols de l’Annapurna » même avec le Namun La en moins…

Trek d’exception s’il en est, le parcours saura satisfaire les aficionados des randonnées au long cours « hors des sentiers battus ». Le caractère engagé est indéniable mais le circuit ne s’adresse pas exclusivement aux hyper-sportifs, loin de là ! Il permettra avant tout à des randonneurs aguerris des longues journées de marche dans la montagne népalaise se ponctuant par des bivouacs rudimentaires de se confronter à nombre d’espaces vierges ou tout du moins peu fréquentés (à l’exception bien entendu du Thorong La, mais il fallait bien revenir du Far East du Mustang pour terminer en beauté par le Tilicho…).

Montée au lac Tilicho

Téléchargez les cartes au format PDF : Pdf image 1 Carte 5 cols générale et Pdf image 1 Carte 5 cols détaillée

N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec les cartes téléchargeables en PDF et des relevés Google earth sur la liaison de Kog à Muktinath) et bien d’autres choses encore.

Trek 5 cols de l'annapurna

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Katmandou - Dumre - Besisahar - Khudi - Bhulbule

6h de bus de ligne + 1h30 de bus local + 30mn / +100m / -50m.
Diaporama De Khudi à 885m, suivre la piste qui s’engage à l’E en direction de la chaîne du Manaslu et rejoindre en 25mn le check-post de l’A.C.A.P. (validation du permis de Rs2000). Quitter la piste pour descendre vers la D jusqu’au pont suspendu et passer en RG de la Marsyangdi khola où se trouvent les commerces, les lodges et le terrain de camping en contrebas du pont.

Y'a bon...!?

Jour 2 : Bhulbule - Shirchaur

5h / +400m / -200m.
Sortir par le N du village de Bhulbule (900m, T, C, E) en suivant l’unique rue commerçante. On louvoie entre les cultures avec parfois quelques passages resserrés à proximité de la rivière. On atteint le village de Ngadi où les maisons sont souvent ceintes de jardins débordant de fleurs tropicales (1h, 950m). On franchit le pont suspendu bleu et malheureusement nous voici en train de marcher sur la nouvelle piste d’accès au village de Bahundanda. La montée est peu avenante jusqu’à tomber sur le départ de l’ancien sentier qui explore le fond de la combe en suivant la bordure E des champs en terrasse. Une bonne grimpette donne accès au village perché sur sa colline. On débouche sous le gigantesque banyan qui trône sur la place principale du village (1h, 1900m). Autrefois pleine de vie et d’éclats de rires, cette place ne connait plus l’ambiance festive d’autrefois où les touristes vivaient leur première rencontre avec les autochtones, en l’occurrence les bahuns (ou brahmanes). On ne peut que regretter que la piste construite en RD de la Marsyangdi khola ait détourné une certaine partie des trekkers qui préfèrent monter en 4x4 jusqu’à Syange ou Shirchaur. Il parait que c’est le progrès et la marche vers le désenclavement de la haute vallée mais ce sont les populations de la basse vallée que l’on spolie de la manne touristique… De l’autre côté de la place du village, on trouve le sentier de descente au milieu des cultures. Puis on suit le sentier-balcon qui traverse quelques hameaux très peu touchés par le tourisme et où perdure l’esprit du Tour des Annapurna d’autrefois. Voici Ghermu puis la courte descente en forêt sur Syange (1h30, 1100m, camping en RG). On franchit la rivière sur un pont suspendu. Le village de Syange posé en RD n’a pas été touché par le modernisme et peut paraître austère car les murs des maisons basses sont patinés par la fumée acre qui sort des toits. A la sortie N du village, nous voici de nouveau sur l’infâme piste qui nous conduit en quelques minutes à Shirchaur (20mn, 1100m, lodge Boomerang hotel +977 9846360536).

Arrivée à Chyamje

Jour 3 : Shirchaur - Dharapani

5h / +1000m / -200m.
Diaporama Pas d’autre alternative que de suivre la piste boueuse qui escalade le coteau en lacets serrés. On poursuit en quasi courbe de niveau jusqu’à Jagat (45mn, 1270m). Toujours la piste aussi peu intéressante pour atteindre Chyamche (45mn, 1440m). A la sortie du village, descente à D vers la rivière pour passer RG sur le grand pont suspendu. On a (enfin) quitté la piste mais c’est pour se confronter à un cloaque merdeux que nous offre la gent équine. L’urine et les déjections rendent l’air quasi irrespirable. Et que dire de la salubrité ? Le sentier présente une alternance de plats interrompus de quelques montées abruptes. Ce régime se poursuit jusqu’au collet qui donne accès à la cuvette de Tal. Descente douce jusqu’au village posé au milieu d’une ancienne plaine lacustre (2h, 1700m). La suite n’est pas plus plaisante : on rejoint le pont suspendu entre les deux parois de l’étroite gorge dans laquelle la Marsyangdi khola a creusé son passage (30mn, 1740m). On retrouve la piste que l’on suit jusqu’à Dharapani, terme de notre journée « merdique » (1h30, 1900m, T, C, E).
Noter pour les aficionados de la route historique la possibilité de bifurquer en RG au niveau du village de Kharte et de suivre le bord de la rivière pendant une trentaine de minutes jusqu’à l’entrée de Dharapani.

Exceptionnel spectacle entre Tal et Dharapani

Jour 4 : Dharapani - Chame

5h / +1200m / -300m.
Diaporama Continuant à s’inscrire sur la piste, le parcours est quand même un tantinet plus captivant. On atteint Bagarchap (45mn, 2080m), village à partir duquel la vallée s’élargit, prenant du recul pour commencer à admirer sur la droite la chaîne du Manaslu himal. Les austères gorges ont fait place à une vallée riante et verte où les pins se sont substitués aux arbres des forêts humides des trois premiers jours. On s’élève sur le large chemin et les pics enneigés que l’on découvre accentuent le relief. On traverse quelques hameaux avant d’entrer dans Danakye (35mn, 2250m). Sur la gauche, on peut deviner 3000m plus haut le large passage du Namun La qui culmine à 4800m (et pas 5593m comme l'indiquent les cartes népalaises....) et qui permet de rejoindre la vallée de Pokhara en traversant le pays gurung (voir topo Les balcons du Lamjung). Très enneigé une grande partie de l’année, il est considéré comme un passage très difficile car sujet à des phénomènes météorologiques soudains (orages de grêle entre autres). A la sortie de Danakye, laisser la piste partir sur la G et descendre sur un petit chemin jusqu’à la rivière pour la passer à gué (noter qu’il existe un pont 200m en amont si la hauteur de l’eau était trop importante). On remonte le coteau boisé en face sous un couvert végétal assez dense avec quelques passages aménagés en escaliers taillés à même la falaise. On passe à proximité de la petite usine hydro-électrique puis quelques centaines de mètres plus loin au milieu d’un ensemble de bergeries transformées en bhattis. Il ne reste plus que quelques minutes à marcher pour entrer dans Timang (1h20, 2620m, lodges, restaurants), son panorama à 360° et son belvédère sur la chaîne proéminente du Manaslu. On retrouve la piste pour sortir du village.

La chaîne du Manaslu depuis Timang

Le parcours en forêt d’épicéas est charmant et les échappées sur la gorge profonde au-dessus de laquelle on évolue sont impressionnantes. On va chercher en descente un pont suspendu au fond d’une combe avant de monter sur le plateau de Thanchok (50mn, 2680m). On traverse le charmant village aux toits de lauzes et de bardeaux et on poursuit en ligne droite jusqu’à Koto (1h, 2610m, check-post). On laisse partir vers la D le sentier de Naar et Phu par la gorge pour continuer sur la piste en forêt et atteindre en quelques minutes les premières maisons de Chame (20mn, 2670m, T, C, E, lodges, tous commerces).

Le bourg commerçant de Chame

Jour 5 : Chame - Upper Pisang

4h / +800m / -250m.
Diaporama On sort du village par le N pour aller franchir la Marsyangdi khola sur un pont suspendu. On s’engage sur la G pour passer sous un khani (une porte-chörten peinte) juste avant de pénétrer dans la forêt. Le parcours matinal est vraiment sympathique au milieu de ces nombreux pins. Voici le village de Talekhu qui nous sort pour un instant de la forêt (20mn, 2770m). Le sentier se poursuit dans une gorge ensoleillée avec en point de mire de l’autre côté de la vallée la paroi verticale à l’extrême de l’Annapurna II qui nous écrase. On entre dans Bhratang (1h20, 2870m), village qui était resté en l’état malgré le tourisme grandissant et qui ne sera bientôt plus que ruines. Dommage… On laisse la piste pour traverser la Marsyangdi khola sur un pont de bois et emprunter le nouveau sentier créé par l’A.C.A.P. en RD de la rivière pour éviter le parcours en RG à flanc de falaise peu heureux et glacial. Ce sentier est bien agréable à fouler car il évolue en forêt de jeunes pins. On repasse RG sur un deuxième pont de bois pour remonter abruptement jusqu’à la piste par un bon sentier en zigzags. Au détour d’une épaule, on descend tranquillement en suivant la piste rejoindre une passerelle (45mn, 2995m). On traverse la rivière pour trouver le sentier de montée en forêt d’abord en zigzags puis pleine pente après avoir dépassé une bhatti. A l’arrière, on dispose d’une vue imprenable sur les faces N du Lamjung himal et sur la grande dalle lisse de la Swargadwari danda. On franchit un collet quelque temps avant de pénétrer dans Dhikur Pokhari (25mn, 3160m, lodges et restaurants). Au niveau du chörten en sortie du village, laisser la piste de Pisang partir vers la gauche et s'engager sur la D en direction de la RD du laquet (le sentier est balisé en rouge-blanc jusqu’à Upper Pisang). Franchir la Marsyangdi khola sur la toute nouvelle passerelle et s’engager légèrement sur la G pour d’abord franchir une petite épaule puis traverser une plaine alluviale bien plane. On passe à proximité du terrain de football (30mn, 3160m) juste avant de commencer à s’élever à flanc de colline. Encore un tout petit effort et nous voici aux premières maisons d’Upper Pisang (20mn, 3220m, T, C). Nuit en lodge au Yak & Yeti, établissement tenu par une famille de tibétains très sympathiques.

Mur de manis à Upper Pisang

Jour 6 : Upper Pisang - Ngawal

3h / +600m / -200m.
Diaporama On quitte le village en suivant le sentier balisé en rouge-blanc qui chemine à flanc. On rentre dans une forêt de jeunes pins pour passer au-dessus du lac de Pisang avant de descendre légèrement vers un mur de manis (45mn, 3265m). On franchit une passerelle qui donne accès au départ du sentier d’accès à Ghyaru. On s’élève sur un large chemin en zigzags sur le coteau avec à l’arrière une vue imprenable sur les faces N dantesques de l’Annapurna II. L’entrée du village est marquée par un superbe chörten duquel on peut disposer d’une vue panoramique sur la vallée de la Marsyangdi khola depuis Dhikur Pokhari jusqu’au Tilicho peak et le large passage altier dans lequel s’inscrit le lac du Tilicho (1h, 3635m). On poursuit par la visite de ce village authentique : resté toutes ces années à l’écart de l’« autoroute » du Tour des Annapurna, il n’a pas été « vendu » au tourisme. Ici pas encore de lodges aux couleurs criardes, les ruelles sont étroites et de nombreuses étables se serrent les unes contre les autres pour se protéger contre les frimas de l’hiver.

L'Annapurna II depuis Ghyaru

Ensuite, on emprunte le large sentier qui explore la profonde combe. Il s’élève par paliers jusqu’à un collet (35mn, 3730m) puis chemine à flanc de falaise pour proposer un parcours en courbe de niveau avec sur la gauche l’émergence de l’Annapurna III et plus loin du Gangapurna. On passe un nouveau collet (25mn, 3685m, bhatti). Au-delà, à l’approche du village de Ngawal, on finit tranquillement à travers les champs. Le parcours est agrémenté de quelques chörtens et de murs de manis. On entre dans Ngawal (30mn, 3640m, T, C, E). Ce village est, comme les deux précédents que nous avons traversés, resté en l’état avec seulement quelques lodges qui se sont construits ça et là au milieu des maisons rustiques. Demain nous quittons le Tour des Annapurna : les touristes, c’est fini ! Cap au N. Nuit en lodge, le Shanti hotel pourquoi pas.

Arrivée au village de Ngawal

Jour 7 : Ngawal - Kang La Phedi sud

3h / +800m / -0m.
Diaporama Partir derrière le gonpa pleine pente pour rejoindre le chörten planté sur son tertre. Ne pas continuer à suivre l’arête mais incliner à G pour retrouver un large sentier que l’on suit jusqu’au fond d’une gorge. Il faut monter sur la G dans un goulet pierreux pour reprendre le fil d’une arête et passer deux séries de cairns pour rejoindre un petit plateau. Au-delà, on poursuit à flanc en légère montée jusqu’à un alpage sur lequel est érigée une bergerie sur une kharka (1h40, 4190m). On continue à flanc toujours sur un bon sentier. Un large lacet permet de s’élever sans effort jusqu’au fond d’un thalweg. On laisse le sentier principal partir sur la droite alors que l’on grimpe sur la moraine jusqu’à une fontaine (15mn, 4330m, eau intermittente). On suit le fil de la moraine avant d’incliner sur la D au niveau d’une bergerie posée dans un vallon pour rejoindre le haut d’un thalweg au niveau d’une source (25mn, 4500m, eau). Encore quelques mètres vers le haut pour se poser sur un replat de la moraine (10mn, 4530m, C). Belvédère sur la chaîne de l’Annapurna himal avec tous les pics que l’on voyait depuis Ngawal plus le n°1 au loin sur la droite « planqué » derrière le Roc Noir. Exceptionnel ! Nuit sous tente.

Montée à Kang La Phedi S

Jour 8 : Kang La Phedi sud - Kang La - Naar

6h30 / +870m / -1170m.
Diaporama Remonter la moraine herbeuse jusqu’à retrouver le sentier qui escalade la pente en large lacets bien tracés. On s’élève ainsi jusqu’à la base d’un pierrier au niveau de gros rochers noirs posés sur la droite. Le large sentier opère une longue traversée vers la G du vallon pour se rapprocher de l’éperon derrière lequel on distingue maintenant nettement l’imposant chörten qui marque le passage du col. Le sentier devient pierreux mais garde une qualité de réalisation notable sur un tel terrain qui plus est avec la forte déclivité qu’il présente. A l’arrière, toute la chaîne de l’Annapurna himal s’étale sous nos yeux. Le seul pic d’importance qui manquait à l’appel depuis le début de notre périple dans cette vallée fait une apparition remarquée en inscrivant sa « queue de poisson » dans l’échancrure du large col qui relie les Annapurnas III et IV : bienvenue donc au Machhapuchchhre !

Dans les dernières pentes du Kang La

La pente se relève encore davantage et les zigzags se font plus serrés. Au printemps c’est à partir de cet endroit que l’on commence à rencontrer la neige (une vingtaine de centimètres d’épaisseur) mais c’est sec en automne. Un effort soutenu pour avaler les derniers lacets du sentier dans un couloir relevé et nous voici au col du Kang La (3h30, 5306m). La vue est exceptionnelle d’un côté comme de l’autre mais on découvre côté Naar-Phu une kyrielle de sommets bien peu connus (et pour nombre d’entre eux jamais baptisés). De gauche à droite, on peut distinguer les Chulu East et Far-East, le Gyaji Kang, le Nemjung, le Kang Guru et tout au fond l’altier Manaslu que l’on peut contempler sous une perspective bien peu habituelle.

Le Kang La (5304m)

La descente s’opère sur un excellent sentier bien tracé jusqu’au fond du thalweg (au printemps, la neige encombre pratiquement la descente jusqu’à 5000m). Puis, en passant RG, on trouve un bon sentier à flanc qui descend le long du torrent en ligne droite opérant quelques lacets au moment de plonger sur la plaine alluviale. Nous sommes à Kang La phedi (1h30, 4635m, emplacement de bivouac bien abîmé…). La fin de la journée nous fait parcourir de larges espaces gazonnés où les yacks paissent à l’été et au bout desquels s’inscrit comme une vigie le sommet du Kang Guru. On commence à apercevoir le village de Naar entouré de ses champs en terrasses qui colonisent la large combe au pied du Pisang peak. La descente sur le village emprunte un sentier à flanc au pied de la falaise RG le long d’un canal d’irrigation à sec. Entrée par le chörten-porte et montée en haut du village pour trouver les trois ou quatre lodges dont l’historique Shanti lodge de Nima (1h30, 4240m, T). Nuit en lodge.

Le village de Naar

Jour 9 : Naar

Diaporama Journée de repos. Visite passionnante en suivant les ruelles de ce village « tibétain » où les "Tashi Delek" se sont allègrement substitués aux Namaste. Essentiellement agraire, on peut apprécier l’entraide communautaire des habitants au moment des moissons au début de l’automne alors que les aires de battage de l’orge résonnent des bruits des fléaux. Et en plus c’est beau à voir…

Naar, en route vers le wilderness...

Avertissement liminaire : Attention ! Demain, nous allons nous engager dans la remontée de la vallée de la Labse khola. Puis ce seront le franchissement du Teri La, la traversée des plateaux du Mustang pour revenir sur Muktinath. Cet itinéraire est à considérer comme de la « randonnée » très engagée sur un terrain délicat dans un milieu hostile et physiquement usant. Il ne faut donc pas s’y engager sans une solide préparation et un moral à toute épreuve ! Et pour couronner le tout, il convient de ne pas tenir compte à 100% des indications données sur les cartes topographiques de toute provenance, très optimistes quant au profil des cheminements, elles pourront vous faire croire que la randonnée n’est qu’une simple marche le long d’une rivière alors qu’il en est tout autre…

Jour 10 : Naar - Camp n°1 dans la Labse khola

5h20 / +1000m / -800m.
Pour cette étape il ne faut pas compter disposer d’eau pour le lunch. Il y a donc nécessité de faire le parcours en une seule fois et disposer d'un pack-lunch.

Diaporama Monter derrière le Shanti lodge de Naar et traverser les alpages jusqu’au chörten. Belle vue d’ensemble de la chaîne du Pisang peak. On plonge dans les gorges de la Labse khola en dévalant un couloir sur un très bon sentier en zigzags. On atteint un plateau gazonné (35mn, 3940m) que l’on traverse en inclinant vers la G pour aller chercher un sentier qui reste à flanc de falaise. Par une petite remontée on s’en va franchir un collet (20mn, 4010m) donnant accès au sentier de descente vers une passerelle. On passe RG et on suit à flanc un chemin aménagé qui présente un profil en up / down du fait des nombreuses « déviations » qui ont dû être réalisées par les bergers locaux suite aux éboulements de terrain qui se produisent en permanence sur ce type de terrain pentu et friable. Tout au loin quelques montagnes appartenant au massif du Damodar himal se pointent à l’horizon. On initialise notre première grosse montée de la journée avec le contournement d’un conséquent couloir d’avalanches qui nous amène sur un monticule herbeux (1h10, 4160m). Puis on va s’éloigner de la rivière en remontant vers le NE le long d’un thalweg pour déboucher sur un alpage où sont érigées quelques bergeries (40mn, 4365m).

Le long de la Labse khola

On s’élève un peu pour aller passer une croupe herbeuse et trouver le sentier qui explore la large combe sur les pentes de laquelle il n’est pas rare de pouvoir contempler des troupeaux de bharals, ces fameux moutons bleus de l’Himalaya. On dépasse le confluent de la Chhubche khola et de la Labse khola au moment où l’on arrive à nouvel alpage avec sa bergerie de pierres sèches (35mn, 4480m). Au-delà on s’en va chercher un passage dans une épaule à 4550m avant de basculer en descente à travers de larges plateaux. On passe au-dessus d’une kharka avec deux bergeries (30mn, 4480m) avant de remonter franchir une épaule et juste derrière traverser un couloir d’éboulis friable. Le sentier reste à belle hauteur de la rivière et passe une épaule ruiniforme précédant plusieurs couloirs d’éboulis délicats à traverser. Le passage d’un dernier collet (1h10, 4520m) permet de clore cette journée éprouvante par une descente rapide sur un alpage (10mn, 4420m, eau dans le torrent, cabane, grotte, emplacements de camping). Nuit sous tente.

Le long de la Labse khola (un peu plus loin...)

Jour 11 : Camp n°1 dans la Labse khola - Camp n°2 dans la Labse khola

5h30 / +800m / -500m.
Diaporama De la kharka, descendre vers la Labse khola et remonter le lit de la rivière avec en point de mire l’Amotsan himal et le Thansunjiti qui pointe son nez juste derrière. Quelques resserrements de la gorge nécessitent de pratiquer quelques incartades sur la moraine latérale RG sur des éboulis instables. On arrive sur un large espace dégagé (45mn, 4450m, eau, possibilité de campement). On rentre à nouveau dans les gorges pour découvrir qu’il va falloir se transposer RD en empruntant un pont de bois bien peu aguichant fait de trois rondins de bambou… Le plus dur est de s’y engager, c’est le premier pas qui compte, le deuxième aussi… Une fois de l’autre côté (ouf !), on marche quelque temps le long de l’eau jusqu’au pied d’une sévère montée. Ça y est, le régime en up / down d’hier remet le couvert ! Le sentier en zigzags serrés permet de prendre de l’altitude. On dépasse une kharka (45mn, 4578m). On poursuit l’ascension de manière moins rude sur un chemin assez basique qui parcourt les alpages pentus et se termine à une autre kharka (40mn, 4620m, eau). Au-delà, on descend rejoindre la rivière pour aussitôt se remettre à grimper de l’autre côté du thalweg dans de l’éboulis friable. Une centaine de mètres plus haut on retrouve notre sentier-balcon qui nous conduit toujours en up / down vers ces montagnes du Teri himal que l’on espère (mais qui semblent reculer plus on avance dans leur direction…). Le chemin parfois bien boueux traverse les nombreux alpages et par la même occasion explore le fond de tous les couloirs d’avalanches. Un dernier collet permet de descendre au niveau de la rivière (1h15, 4635m, eau, emplacement de bivouac). On suit le lit de la rivière sur 400m avant de trouver le départ d’un sentier abrupt qui mène à un collet (30mn, 4720m, lungtas). Après une combe où un névé s’attarde en saison, on s’en va franchir un 2ème collet (10mn, 4750m) puis un 3ème (15mn, 4760m) et enfin un dernier (15mn, 4795m) duquel on descend traverser un gros torrent avant de retrouver le lit de la Labse khola (20mn, 4750m). Encore un « petit » effort pour longer la rivière et remonter la vallée jusqu’à un emplacement de bivouac au confluent de la Labse khola et d’une rivière provenant de la combe E du Purbun himal (20mn, 4770m, eau, emplacement de bivouac). Nuit fraîche sous tente.

Montée vers le Teri La

Jour 12 : Camp n°2 dans la Labse khola - Camp de base du Teri La

3h / +500m / -50m.
Diaporama Remonter dans la combe de gauche en direction du Purbun himal pendant une dizaine de minutes jusqu’à trouver en RG de la rivière le départ d’une trace à la pente sévère (cairn au départ) qui escalade la moraine détritique et donne accès à un plateau herbeux (25mn, 4855m). On découvre un splendide cirque de montagnes où trônent en premier plan un pic élancé faisant partie de la chaîne du Teri himal et tout au fond le Khumjungar himal, un des plus hauts sommets du Damodar himal s’inscrivant dans une ambiance minérale de toute beauté. Le chemin se perd un peu sur l’alpage mais il faut obliquer sur la D pour retrouver une trace qui descend jusque dans le lit de la Labse khola. On suit la RD jusqu’à entrer dans un passage étroit (35mn, 4815m, un pas de I+). Bel ensemble sauvage avec le Khumjungar himal qui s’inscrit dans la gorge. On remonte sur une moraine détritique que l’on traverse pour aller s’engager dans le défilé qui part plein W (15mn, 4870m). On remonte le long de la rivière sur une pente régulière. On s’échappe du lit de galets en montant vers la D sur une moraine (1h25, 5230m, cairn). A l’arrière, les sommets de L’Amotsan himal et du Thansunjiti semblent dominer la région tant leur blancheur est éclatante. Devant, le passage du Teri La semble encore loin mais on est sur la bonne voie. On remonte ce plateau caillouteux jusqu’à trouver l’emplacement du camp (15mn, 5250m, eau). Nuit sous tente.

En montant au Teri La (le Khumjungar himal est sur la gauche)

Pour les alpinistes, possibilité de se mesurer au sommet du Thansunjiti qui culmine à 6084m. Côté intendance, l’opération est assez difficile à coupler simultanément avec un groupe qui « ne » ferait que la traversée du Teri La car cela ferait beaucoup trop attendre le groupe des non-alpinistes. Il faudrait alors scinder le groupe à Koto, les alpinistes montant par la gorge jusqu’à Naar alors que le reste du groupe passerait par le Kang La, tout le monde se retrouvant au camp de base du Teri La le J12 au soir.

Jour 1 : du camp n°2 dans la Labse khola, montée au camp n°1 à 5200m au niveau d’un lac souvent gelé (compter 6h / +700m).
Jour 2 : établissement d’un camp avancé à 5650m au niveau d’un col qui s’inscrit entre le Jomson himal et le Thansunjiti (compter 2h30 / +450m).
Jour 3 : ascension du Thansunjiti (compter 6 à 7h / +500m / -800m, PD+) avec le changement des conditions depuis 2003, année durant laquelle Paulo Grobel en avait fait l'ascension (à ce jour, les conditions sont nettement moins favorables...) et retour au camp n°1. Visionner le diaporama de quelques snapshots tirés de la vidéo tournée par Martial lors de la tentative d'ascension au printemps 2012.
Jour 4 : liaison entre camp n°1 et camp de base du Teri La (5h / +500m / -500m).

L'arête terminale du Thansunjiti (photo N. Dufourcq)

Jour 13 : Camp de base Teri La - Teri La - Camp dans la Rijun Parma khola

5h / +800m / -1100m.
Diaporama Du camp sous le Teri La, on remonte le fil de la moraine qui s’inscrit en plein milieu du vallon jusqu’à un ressaut duquel on aperçoit le col promis (50mn, 5435m). Le profil de la montée se fait plus sévère et les larges ondulations de la moraine nous contraignent à rechercher le meilleur itinéraire pour ne pas se consommer de trop. De banquette en banquette, on s’élève jusqu’au col du Teri La (1h, 5595m) pour une découverte spectaculaire du cirque N du Purbun himal. Bienvenue au Mustang très secret… Pour disposer d’une vue encore plus spectaculaire sur la région, on peut remonter les pentes débonnaires de neige sur la G du col et qui conduisent à une excroissance de l’arête à 5754m (compter 1h30 A/R, pas d’équipement spécial requis).

Le passage du Teri La (5593m)

Descente sur une moraine rocheuse pentue mais heureusement en suivant une trace bien carnée. Contrairement aux indications données par les cartes de toute origine, il faut désormais rester en RD de la vallée glaciaire du Purbun et suivre le fil d’une moraine caillouteuse puis schisteuse. On passe à l’à-pic du fameux monolithe au milieu d’une zone de blocs rocheux effondrés (35mn, 5400m, possibilité de camp). Avec un peu de recul le cirque glaciaire du Purbun himal prend encore plus de majesté et de grandiloquence avec cette face rocheuse quasi verticale d’un de ses sommets émissaires. Au loin, le Mustang nous appelle avec l’émergence de ses plateaux désolés striés de profonds canyons. Poursuite de la descente sur le fil de la moraine pour aboutir à la Rijun Chwa khola (20mn, 5000m).

Le fameux monolithe dans la descente du Teri La


Cerise sur la gâteau : voici la fin de la journée un tantinet éprouvante car on va évoluer à mi-hauteur de la gorge de la rivière sur un sentier délité avec une forte connotation up / down à la népalaise… Cela commence par la remontée d’une moraine détritique en RD de la rivière pour une grimpette d’une centaine de mètres. Attention à bien suivre la lignée de cairns qui conduisent sur l’épaulement donnant accès au sentier-balcon (cairn). On marche quelque temps en courbe de niveau avant de repartir à la hausse au sortir d’un couloir d’avalanches (25mn, 5140m). On s’en va traverser des pentes caillouteuses instables pour atteindre une brèche inscrite dans une épaule rocheuse ruiniforme. Derrière l’épaule, le sentier continue son régime d’ondulations et explore une large combe. Encore une série de rochers ruiniformes à traverser avant de s’attaquer à la montée d’un nouveau collet (1h, 5230m). Comme on s’y attendait, le collet cachait un autre collet (10mn, 5195m) mais si celui-ci est bien le dernier de la journée, on découvre (avec effroi ?) une descente pleine pente de près de 400m de dénivelée qui rejoint d’abord le torrent dans sa partie amont puis une fois sur l’autre rive, on incline la marche vers la G pour atteindre le camp posé sur une banquette herbeuse RD de la Rijun Prama khola sous la haute bénédiction du seigneur des lieux, le Teri himal qui tutoie les 6000m. Nuit sous tente à 4810m.

 

Le chemin en balcon après le Teri La

Jour 14 : Camp dans la Rijun Prama khola - Kog

5h / +400m / -1300m.
Diaporama Partir vers l’aval pour descendre dans une première gorge suivi d’un parcours permettant d’aborder par un court parcours à mi-hauteur de la vallée fluviale le profond goulet de la Tumlin khola provenant des faces W du Damodar himal. On remonte abruptement sur le sommet de la moraine (30mn, 4765m) pour trouver un sentier qui évolue en quasi courbe de niveau alternant passages au milieu d’herbes rases, de buissons d’épineux et traversant çà et là quelques couloirs d’avalanches. On franchit une épaule (40mn, 4735m) duquel on peut disposer d’une large vue arrière sur le maintenant lointain Purbun himal. Au-delà, on descend franchir un thalweg bien marqué et poursuivre la descente de façon moins marquée en direction des lointains plateaux ponctués de genévriers qui se présentent à l’avant (on dirait le haut-Atlas marocain…).

Le long de la vallée de la  Yak khola

On arrive à une kharka (40mn, 4435m). Puis, c’est un petit bout de chemin plan qui nous amène au bord d’une moraine pour une vue plongeante sur le confluent de la Yak khola et de la Dhakrun khola et la vision de la désescalade associée puisque la suite de l’itinéraire passe par cet endroit… On dévale la pointe de la moraine pour rejoindre un emplacement de tente nomade à proximité de champs abandonnés (20mn, 4220m, eau dans la rivière, emplacement de camp).

Le Mustang s'annonce...

Ensuite, on part sur la D traverser la Dhakrun khola et prendre pied sur un plateau cultivé où l’on retrouve le sentier qui s’attaque à une remontée du coteau au milieu des troncs de genévriers morts et poursuit à mi-pente à flanc de montagne proposant des vues plongeantes sur la confluence de rivières que l’on vient de quitter. On franchit plusieurs épaules consécutives dont celle à 4440m qui permet de disposer du premier aperçu panoramique sur le plateau de Kog.

Les impressionnantes falaises de Kog

Mais continuons à profiter de ce large panorama que nous avons l’heur de contempler. On monte jusqu’à un collet (1h20, 4500m) avant d’entamer une descente en pente douce à flanc sur les alpages de Kog d’où la vue panoramique permet d’attester de l’importance de ce village aujourd’hui abandonné. Au niveau d’un champ plat (10mn, 4350m) avant d’atteindre la rivière Damena khola, on reste à hauteur en partant sur la G pour rejoindre en 1h la confluence des rivières Yak khola et Danema khola où l’on établit le camp à 3920m. Nuit sous tente.

Sur la moraine face à Kog

Variante « canyoning » : Depuis le champ plat à 4350m, continuer à descendre par le chemin de Tangye jusqu’à surplomber la rivière. Partir sur la G sur une trace à flanc pendant 300m. Elle permet d’éviter le premier siphon de la rivière correspondant à un verrou rocheux un peu glissant. Au-delà, on descend vers un espace gazonné au bout duquel se trouve une trace qui conduit dans le lit de la Danema khola (25mn, 4190m). On évolue entre deux parois très friables, faire bien attention aux possibles chutes de cailloux de part et d’autre. Côté droit, on peut facilement imaginer (après l’avoir contemplé d’en haut) l’espace occupé par le village de Kog et ses dépendances agricoles. On s’enfonce dans l’étroite gorge : aucun problème majeur dans les deux premiers tiers du parcours. Au passage, possibilité d'un A/R sur la D pour aller visiter le site de Kog et ses ruines.

Canyoning dans la Damena khola

En période de basses eaux, on arrive à ne pas se mouiller les pieds. Seule la dernière partie est un peu plus scabreuse : d’abord une cascade avec toboggan hors d’eau d’1m50 qui se passe sans équipement spécial, ensuite c’est une deuxième cascade qui nécessite l’emploi d’une corde pour désescalader les 5m du toboggan, et pour finir une cascade que l’on peut aisément contourner. On se retrouve sur une partie plane pour finir les derniers 800 mètres qui conduisent au camp à la confluence des rivières.

Canyoning dans la Damena khola

Pour info, quelques mots sur l’histoire de Kog tirés du livre de Charles Ramble : "Navel of the demoness" : Le territoire de Kog couvre environ 500000m2 avec des terrasses cultivées orientées sud, est et ouest couvrant tout l’arc de la course du soleil. Territoire qui plus est abrité des vents par les crêtes qui l’entourent. D’après les datations (carbone 14 sur les poutres des maisons), la naissance du village semble remonter au X–XIème siècle et les dernières datations sont du XVIIème siècle et encore ne concernent-elles que les restes du temple qui a pu être entretenu plus longtemps même après la fin du village (voir par exemple ce qui se passe à Nogaru actuellement). Donc une exploitation qui n’a duré que 5 à 6 siècles. Selon des archives conservées à Tetang, la disparition du village serait due à la destruction par un glissement de terrain du canal d’irrigation principal au niveau d’un tunnel creusé dans la falaise. Le canal parcourait environ 1 km dans la falaise et émergeait sur le plateau cultivé juste à l’est du village dans un réservoir situé à proximité des maisons. Il est encore possible en se tenant au bord de la falaise de voir l’extrémité du tunnel interrompu par le glissement de terrain. Deux troncs de genévrier témoignent d’une tentative de reconstruire la zone détruite. Les habitants de Kog ont ensuite migré tout d’abord vers Aga puis vers Tetang. Ils sont à l’origine de trois des premiers clans de Tetang. Ils semblent d’abord s’être installés dans des grottes situées à mi hauteur dans la falaise dominant Tetang (home of the ancestors). Ces grottes actuellement inaccessibles auraient servi jusqu’au XVIIIème siècle. Donc pas de camp de la rébellion khampa dans la région de Kog (source E. Principaud).

Le canal d'irrigation de Kog maintenant détruit (source Charles Ramble)

Jour 15 : Kog - Yak khola - Kog La - Kharka sur le plateau

 5h20 / +1550m / -1150m.
Diaporama Départ dans le coteau qui fait face au campement sur la RG de la Yak khola après avoir traversé la rivière sur un pont de pierre (en 2013, ce dernier a disparu corps et bien, un petit lavage des pieds peut-être…?). On est tout de suite dans le « dur » avec la remontée pleine pente d’un mamelon en forte inclinaison jusqu’à un espace sur lequel sont érigés des parcs à bestiaux (25mn, 4075m). On s’est suffisamment élevé pour dominer le plateau de Kog et à nouveau constater l’importance que ce village revêtait. Le plateau bordé de milliers de pénitents façonnés par l’eau, le gel et le vent est posé comme un navire échoué sur le fond de la mer (l’analogie n’est pas si déplacée puisque c’est la mer de Téthys qui en se retirant nous a laissé ces paysages si particuliers du Mustang…). Au NW, on découvre le canyon dans lequel s’engouffre la Yak khola. On incline la marche sur la D pour trouver le départ du chemin que l’on va suivre pour rejoindre le col quelques 500m plus haut. On traverse des alpages à l’herbe rare alors qu’en prenant de l’altitude le village de Kog se révèle davantage et incidemment l’importance des espaces cultivés qui s’inscrivent au N du village. Quel lieu de vie cela devait être autrefois ! Quand il y avait de l'eau...

En montant en face de Kog

On franchit une série de thalwegs et par deux ou trois pentes plus redressées que d’habitude on débouche au niveau d’un col (1h15, 4450m) qui n’est en fait que l’annonce d’un deuxième 10mn plus loin à 4490m, le Kog La. Les plateaux du Mustang se multiplient alors que l’on s’engage sur un chemin panoramique sur la D en direction d’un collet (20mn, 4590m) duquel on part encore sur la D pour franchir une épaule et aboutir dans un nouveau col (5mn, 4570m).

Arrivée au Kog La

Descente pleine pente jusqu’à une kharka (15mn, 4430m), endroit où l’on laisse partir sur la droite l’évident sentier qui remonte vers le Baha La pour se lancer pleine pente vers la G dans la descente du large vallon de la Narsing khola naissante. On franchit plusieurs paliers cultivés avant de croiser la trace du chemin de la variante E de l’itinéraire de Muktinath (noter la flèche bleue dessinée sur une petite ardoise). On continue à descendre le vallon plutôt côté droit. On retrouve le sentier de l’itinéraire Baha La – Muktinath (30mn, 4200m) au milieu d’une série de mini-thalwegs sableux entourés de genévriers. La descente se poursuit dans la gorge de manière tranquille jusqu’au moment où l’on est confronté à un passage délicat sur du petit schiste en dévers nécessitant un tant soit peu d’attention (20mn, 3980m). A partir de cet endroit, on pourra requérir toute son attention à la recherche des saligrams (fossiles imprimés dans du basalte) qui pullulent étonnamment sur le fil de cette moraine alors qu’on les trouve plutôt habituellement au Mustang dans le lit des rivières. Va comprendre Charles… !

Descente sur le fond de la mer de Tethys jusqu'à la Yakchhu khola

Seul vrai écueil de la journée sera le passage du fil de la moraine à la RG de la vallée (une série de cairns invite à se diriger sur la G) pour s’échapper sur un sentier-balcon et éviter l’énorme trou qui suit la fin de la moraine… Il s’agit de franchir un profond canal d’écoulement (20mn, 3730m) puis de remonter sur une moraine friable et traverser en légère ascendance une centaine de mètres sur du petit éboulis alors que la profondeur du thalweg s’accentue. Rien de difficile puisque toutes les chèvres du coin y passent, juste un peu d’attention pour nous les bipèdes et peut-être aussi l’aide d’un petit morceau de corde de 15m pour rassurer les indécis… Au-delà, la trace momentanée redevient un large sentier qui reste à hauteur, franchit quelques épaules sableuses et finit par désescalader pleine pente en direction de la kharka bien visible en RD de la Yakchhu khola. On finit par trouver un peu en amont le passage étroit dans la lèvre de la moraine fluviale qui permet de rejoindre le lit de la rivière (30mn, 3525m, possibilité de camp, grotte, eau dans la rivière). Maintenant que l’on a bien descendu RD, il va falloir se « taper » la remontée côté RG, et ce n’est pas du « gâteau » ! Pleine pente comme il se doit dans de l’éboulis friable du genre « un pas en avant, deux en arrière »… Hors sentier, on s’en va opérer un grand lacet vers la G avant de revenir sur la D par une traversée pour rejoindre la base d’un ensemble de mamelons sableux que l’on évite en les contournant par la G puis en remontant sur l’épaule qui s'élève à notre G. On en rejoint le fil et bien que ce soit principalement de l’éboulis terreux et peu portant on arrive quand même à prendre de la hauteur (Tiens ! les cairns sont revenus…).

Remontée du coteau en RG de la Yakchhu khola

Le « balisage » nous conduit vers une trouée tout en haut de la falaise (45mn, 3930m). On bascule sur un sentier-balcon en légère descente qui domine les plateaux sur lesquels on devine qu’en été de nombreux troupeaux de yacks et de chèvres doivent se régaler. Le sentier aboutit à un confluent de rivières au fond d’une combe (15mn, 3915m). On remonte le long d’une petite cascade vers la D avant de déboucher sur un endroit plat au niveau d’une kharka (5mn, 3930m, eau à la source, emplacement de camp). Nuit sous tente.

Remontée de la Yak chu khola en direction du Tiu La

Jour 16 : Kharka sur le plateau - Muktinath

4h30 / +800m / -1000m.
Diaporama Depuis la kharka, on part sur la D sur un bon chemin qui franchit une épaule et donne accès à un plateau veiné de nombreux thalwegs. On se dirige pleine pente sur la G au SSW pour aller passer un premier col à 4150m puis à l’aide de la lignée de cairns retrouvée un plus large 1000m à gauche du mamelon rouge caractéristique qui domine la crête. Nous sommes au Tiu La (1h, 4210m).

Sur le plateau du côté du Tiu La

Belle vue sur le Nilgiri N et sur le Dhaulagiri I, l’un des quatorze huit mille de la planète. On traverse à flanc de nombreux espaces à l’herbe rase avec au lointain des vues étendues sur la partie occidentale du Mustang. On passe auprès d’une source (25mn, 4200m, emplacements de camp) avant de recommencer à jouer à saute collets à 4230m puis à 4265m. Ça y est, on bascule du côté Gyu La, mais le chemin est loin d’être accompli ! On croise une kharka (30mn, 4150m, eau de source). On poursuit en descente jusque dans une gorge (20mn, 4080m) pour remonter en face et continuer par de l’up / down à la népalaise.

Sur le plateau entre Tiu La et Gyu La

On passe enfin au-dessus du Gyu La (et son chemin d’accès depuis Tetang emprunté lors du trek Mustang secret) et en inclinant la marche légèrement à G, on finit doucement la journée sur de larges pentes caillouteuses en direction de Muktinath en n’oubliant pas d’incliner à G plus bas au niveau de la pancarte indicatrice pour rejoindre la passerelle de Choekker, traverser l’ancien village encore aujourd’hui hermétique au tourisme (45mn, 3725m, lodge super sympa), retrouver l’autoroute du Tour des Annapurna qui contourne la vallée par le SE et se poser à Ranipauwa, l'un des hameaux de Muktinath (25mn, 3715m, T, C, E, nombreux lodges, tous commerces, liaison 4x4 vers Kagbeni et Jomosom (Rs650/pers)). Nuit en lodge au Shree Muktinath hotel.

Rigzum Gonpo à Choekker et la maison est bien protégée...

Possibilité de s'échapper du circuit en descendant vers Jomosom (5h30 de marche ou 1h15 de jeep) pour un retour à la "civilisation" en bus ou en avion. On peut aussi occuper l'après-midi ou le lendemain matin d'une visite circulaire de la vallée de Muktinath (itinéraire du circuit passant par Jharkot, Jhong et Choekker au J20 du topo Mustang secret).

Jour 17 : Muktinath - Lodge dans la montée du Thorong La

1h25 / +480m / -0m.
Diaporama Après une bonne matinée de repos, partir en milieu d’après-midi vers l’entrée E du village de Ranipauwa et monter en direction du temple hindouiste et bouddhiste que l’on contourne par la G. Au-delà de l’enceinte, continuer en direction du large vallon morainique qui s’ouvre sur la G et poursuivre le chemin jusqu’à la passerelle suspendue (35mn, 3980m). De l’autre côté du thalweg on remonte la moraine peu passionnante jusqu’aux lodges et bhatti de Phedi (40mn, 4220m, C). Nuit dans une des deux chambres du lodge simple mais propre.

Pélerins hindouistes à Muktinath

Jour 18 : Lodge dans la montée du Thorong La - Thorong La - Thorong Phedi nord

 6h20 / +1300m / -950m.
Diaporama Partir tôt car la pente est sévère et la journée risque de s’éterniser dans le cas d’une défaillance d’un des membres du groupe. Montée régulière en lacets sur un sentier large et bien aménagé. On atteint un cairn après lequel sont attachés des lungtas (1h, 4620m). En se retournant on dispose d’une belle vue sur les montagnes du Mustang qui commencent à s’éclairer sous le soleil naissant. Sur la gauche le Yakwakang commence à nous dominer de belle manière et à droite les impressionnants séracs du Khatung Kang scintillent. On poursuit entre les mamelons morainiques jusqu’à un collet (1h, 4890m). Peu après, le passage de la barre des 5000m est marqué d’un grand lungta tiré entre deux moraines.

Lors de la montée au Thorong La, passage de la barrière des 5000m

On poursuit en louvoyant entre les moraines et en suivant les piquets plantés çà et là pour baliser l’itinéraire un peu paumatoire si d’aventure une bonne chute de neige se présentait (ce n’est pas si rare d’ailleurs, ça a été le cas à l'automne 2014 et au printemps 2015…). Les buttes s’enchaînent les unes après les autres. On s’élève peu à peu sans que l’on puisse savoir quand on va atteindre le nirvana, ce fameux cairn bardé de lungtas qui marque le passage du Thorong La. Ça devient longuet… Enfin, au détour d’une Nième bosse, le cairn apparaît et derrière lui la bhatti tant espérée (2h45, 5416m). On se congratule, on s’en va se serrer autour de la table de la petite échoppe pour déguster un thé des cimes en compagnie des randonneurs qui suivent la circumambulation habituelle du Tour des Annapurna, bien étonnés de trouver du monde face à eux, c'est-à-dire venant à contre sens… Cela se confirmera dans la descente au cours de laquelle nombre de prétendants au col vous demanderont avec une inquiétude non feinte pourquoi vous redescendez… Eh oui ! La normalité est de rigueur ici même...

Le passage du Thorong La (5416m)

Après ce thé revigorant, descente en pente douce avec une foultitude de montagnes inconnues à l’horizon (à l’exception du Chulu W et, dans le lointain, du bloc formé par les Annapurna II et IV). On passe auprès d’une bhatti (50mn, 5100m, ouverte toute l’année). On continue à descendre à flanc d’une moraine puis, lorsque l’on en a rejoint le fil, on bascule sur la D pour rejoindre une passerelle métallique (10mn, 5040m). Ensuite, en empruntant un bon chemin dans les éboulis (il peut être bon car ce sont plus de 15000 touristes, et encore on ne compte pas les porteurs et les chevaux de bât, qui le façonnent chaque année…). On arrive à Thorong High Camp (20mn, 4885m), ensemble de chambres et de restaurants occupé par les prétendants à la traversée du col du lendemain. On poursuit la descente dans un goulet sur un bon sentier en lacets. Les montagnes disparaissent peu à peu derrière les hautes parois des falaises qui bordent la Kone khola. On arrive à Thorong phedi (35mn, 4540m), ensemble de lodges un peu déserté depuis que le lodge du High Camp a été créé. Nuit en lodge mais prix des consommations stratosphérique. Il est vrai que l’on est sur le mythique Tour des Annapurna…

Le High Camp et sa kyrielle de montagnes : Purkung himal et du Chulu W

Jour 19 : Thorong Phedi nord - Manang

3h50 / +100m / 1100m.
Diaporama Suivre la vallée de la Kone khola vers l’aval. Après avoir franchi une zone d’éboulements, on passe une bhatti juste avant de descendre traverser la rivière sur un pont de bois (30mn, 4350m). On remonte en quelques lacets sur le coteau de la RG avec l’Annapurna III à l’horizon. On poursuit tranquillement sur un sentier-balcon étale jusqu’à Ledar (45mn, 4200m, lodges). Puis on s’en va passer les nombreux hameaux de Yak kharka (20mn, 4030m) avant de franchir la passerelle métallique sur la Ghenjang khola (45mn, 3970m).

Descente vers Manang

Le panorama sur les montagnes glacées du massif de l’Annapurna s’ouvre à présent au splendide Gangapurna. Au détour d’un virage, nous voici au village quasi abandonné de Ghusang (30mn, 3920m, 2 lodges). On continue sur le sentier-balcon quelque temps avant de plonger sur la vallée de Manang qui s’ouvre devant nous. On traverse le village de Tanki (30mn, 3690m). Au-delà, on retrouve la verdure alors que l’on louvoie au milieu des champs en terrasse qui ceinturent le bourg de Manang posé au milieu de la large vallée agraire. On passe un chörten tout neuf puis en suivant le chemin on traverse encore quelques champs avant de pénétrer dans le vieux village de Manang. Juste après être passé sous le khani, on tourne sur la G pour suivre la rue principale où sont regroupés lodges et commerces (30mn, 3530m, T, C, E). Nuit en lodge, le Yeti lodge peut-être (tel : +977 993664516) ?

Manang (vieux village)

Possibilité de s'échapper du circuit en descendant à pied vers Besisahar (3 à 4 jours de marche) pour un retour à la "civilisation". Possibilité aussi en avion depuis l'altiport de Hongde à 2h de marche vers l'aval de Manang (liaisons intermittentes et à prix maxi...).

Jour 20 : Manang

Diaporama Journée de repos indispensable avant la dernière partie alpine de la traversée vers Jomosom via le Tilicho tal. Le bourg de Manang est complètement à part dans le paradigme du Tour des Annapurna. Certes on y voit quelques commerces, des lodges, des restaurants, des bakeries et même deux cinémas (…!) mais Manang a quand même conservé son caractère d’antan. Etonnante, cette longue rue bordée d’un côté de maisons de pierre couvertes de bardeaux et de l’autre de lopins de terre utilisés comme jardins… Et puis quelle humilité quand on se trouve posé au pied de ces deux géants que sont l’Annapurna III et le Gangapurna. On voudrait s’en échapper mais en posant le regard sur la gauche les deux autres géants que sont les Annapurna IV et II nous écrasent encore plus de leur grandiloquence alors que sur la droite la seule ouverture est le large passage du lac de Tilicho gardé par l’altier Tilicho peak et ses 7134m !

La  vallée de la Marsyangdi khola à Manang

Histoire de ne pas « perdre » sa journée, voici une liste des randonnées à la journée du coin. On ne saurait au minimum que recommander d’aller faire un tour sur le monticule où trône un chörten tout blanc, puis au-delà descendre par le vieux gonpa pour traverser la rivière qui sort de la gorge et remonter en face sur le monticule pour rendre une visite à Butshok gonpa. Inutile de préciser que le panorama est en tout point exceptionnel avec la chaîne des Annapurna qui s’étale dans toute sa splendeur…

Lecture studieuse à l'intérieur de Butshok gompa

Jour 21 : Manang - Khangsar - Tare gonpa - Tilicho BC

4h45 / +900m / -400m.
Diaporama Suivre la rue principale en direction du Thorong La jusqu’à la porte d’entrée E puis continuer jusqu’au mur de manis quelques 200m plus bas. Laisser l’itinéraire du Tour des Annapurna remonter vers Tanki et prendre sur la G le petit chemin indiqué Khangsar balisé en bleu et blanc qui s’enfile entre les terrasses. On évolue en courbe de niveau au milieu des champs avant de retrouver un large chemin (future piste ?) qui court à mi-hauteur du lit de la Marsyangdi khola. On passe bien en dessous de Tanki et on arrive au niveau d’une passerelle sur la Thoran khola (35mn, 3580m). On l’emprunte pour remonter sur le coteau d’en face jusqu’à un collet où l’on trouve un sentier-balcon bien agréable auquel se substitue une piste quelques centaines de mètres plus loin. Par une petite grimpette on entre dans Khangsar (50mn, 3760m). On traverse le village dans toute sa longueur pour rejoindre les dernières maisons tout en haut. Alors que l’on s’élève sur un large chemin au milieu des champs, on franchit un portail en prélude à une sévère montée sur la D qui nous conduit jusqu’à un chörten. Au-delà, on évolue sur un sentier-balcon en pente maîtrisée jusqu’à Tare gonpa, un monastère de plus de 1000 ans qu’il doit être intéressant de visiter mais malheureusement fermé (40mn, 3950m).

Tare gonpa

On monte au-dessus du gonpa sur un sentier en zigzags. On laisse partir sur la droite le sentier de Yak kharka passant par les alpages (c'est un raccourci lorsque l'on descend du Thorong La qui évite Manang...). Après avoir traversé un torrent qui sort d’une gorge aux parois pentues, on arrive aux lodges de Shree kharka (20mn, 4075m). On poursuit la montée jusqu’à un autre lodge (20mn, 4180m) derrière lequel, en continuant le chemin, on arrive à une passerelle métallique tirée au-dessus d’un torrent bouillonnant (10mn, 4215m). On remonte en face à un collet dans un résidu de moraine par une série de lacets bien redressés. Ensuite, le chemin devient quasiment étale pendant un bon moment jusqu’à laisser partir sur la droite un chemin qui s’en va passer par les crêtes (25mn, 4250m, pancarte « Upper trail »). On poursuit sur le « Lower trail » et l’on traverse une zone d’alpages. De nombreux yacks paissent deci delà, paysage bucolique s’il en est… Puis c’est le gros morceau de la journée : on entre dans une gigantesque zone d’éboulis à 45° dans laquelle il va falloir louvoyer en up / down entre les concrétions de silex et les plaques de calcaire sur une trace à flanc qui ne tient parfois pas à grand-chose. Exceptionnel !

A l'approche du Tilicho BC, la zone d'éboulis

On en sort pour retrouver un bon chemin bordé de buissons (35mn, 4120m) qui nous fait reprendre un peu d’altitude. Et hop, rebelote ! Une nouvelle zone aride se présente mais de courte durée bien heureusement… Au sortir, voici que l’on entre dans le cirque morainique au fond duquel on distingue nettement le refuge du Tilicho Base Camp. Il ne reste plus qu’à suivre le chemin qui ondule à flanc entre les résidus de moraines. Au fur et à mesure que l’on avance, on découvre sur la gauche la langue terminale d’un imposant glacier duquel sort un torrent qui vient grossir la Marsyangdi khola. Nuit dans le refuge simple mais à l’ambiance sympathique (40mn, 4165m, dortoirs, repas).

Les refuges du Tilicho BC (4165m)

Jour 22 : Tilicho BC - Tilicho Tal S - Camp au pied de l’Eastern Pass

4h30 / +1000m / -100m.
Diaporama Suivre le bon chemin qui remonte la moraine face au sommet de l’Om Myachen. Après quelques lacets on atteint un collet avec une superbe vue sur le fond du cirque morainique surplombé par le Roc Noir (Khangsar peak). On suit à présent un excellent chemin à flanc avec en point de mire la grande barrière glacée qui lie le Gangapurna au Tilicho peak. A l’arrière, comme on prend de l’altitude, on domine la gorge resserrée dans laquelle la Marsyangdi khola a creusé son lit. Tout au fond, les toits en tôle des maisons de Manang luisent sous le soleil. Le bourg est dominé par l’imposant massif des Chulu et tout au fond le Pisang peak. Le sentier poursuit sa course rectiligne jusqu’à 4700m puis propose une série de zigzags jusqu’à un collet (3h, 4900m). On entre dans une zone de up / down qui permet de franchir quelques bosses (herbeuses ou neigeuses selon la saison…) pour arriver au belvédère sur lac de Tilicho (30mn, 4995m, bhatti ouverte en saison).

Tilicho tal

Le lac s’inscrit entre deux parois austères : sur la gauche, les glaciers accrochés aux faces NE impressionnantes du Tilicho peak (7134m) terminent leur course directement dans le lac, sur la droite, des falaises condamnent toute velléité de vouloir suivre la rive à pied. Seul passage possible pour rejoindre l’autre extrémité du lac (et le passage du Mesokanto La) est l’allée tracée en plein centre d’une moraine qui contourne les falaises sur la droite en franchissant l’Eastern pass à plus de 5300m. Mais ce sera pour demain… En attendant, on va s’avancer jusqu’au départ de ce sentier en partant explorer une combe sur la droite tout en restant quasi à niveau jusqu’au passage d’un col bien identifiable au cairn qui le marque. Le camp est situé 500m derrière sur une butte herbeuse (1h, 5020m, eau entre les moraines en allant vers le SE). Nuit sous tente.

Campau Tilicho tal

Jour 23 : Camp au pied de l’Eastern Pass - Eastern Pass - Mesokanto La centre (Mandala pass) - Chaurikharka

6h30 / +700m / -1500m.
Diaporama Suivre le bon chemin qui part vers le SE (poteau indicateur noir et blanc). Il remonte un petit thalweg entre deux lèvres de moraines détritiques jusqu’à atteindre un collet qui permet de découvrir pour la première fois le splendide cirque glaciaire formé par les montagnes du Muktinath himal (1h, 5200m). Puis, c’est le premier challenge de la journée avec une grimpette sans concession d’une infâme bosse sableuse pour atteindre la base de la grosse aiguille rocheuse qui nous domine sur la gauche. Au-delà on suit un parcours en écharpe à flanc jusqu’au passage de l’Eastern pass marqué d’un cairn et de quelques drapeaux (45mn, 5345m).

Les montagnes du Muktinath himal depuis l'Eastern Pass (5345m)

On se trouve à marcher en courbe de niveau sur une banquette se situant une centaine de mètres au-dessus de la langue terminale du glacier avant de commencer à s’engager dans une légère descente (pas mal de neige au printemps). On avance jusqu’à commencer à découvrir la muraille du Tilicho peak qui sort de derrière l’aiguille rocheuse que l’on est en train de contourner. Beaucoup plus loin à l’horizon, c’est la forme caractéristique du Thapa peak qui nous interpelle. On remonte brièvement vers la D sur le faîte d’une petite moraine pour éviter de s’engager dans un thalweg qui nous conduirait directement sur la lèvre d’une crevasse (20mn, 5300m) et on poursuit à flanc RD du large vallon. Apparaissent à présent le Nilgiri N et le Dhaulagiri I pour agrémenter notre tranquille descente.

Après l'Eastern Pass

On laisse partir vers la G la lignée de cairns qui balise l’itinéraire jusqu’à la rive NW du lac pour continuer tout droit sans l’aide de cairns ou de poteaux indicateurs en ne perdant pas d’altitude (25mn, 5230m). On vise le départ d’un petit sentier à flanc dont l’origine se trouve au niveau de blocs de rochers jaunes effondrés. Il s’en va passer un collet (15mn, 5210m) qui donne accès à une grosse descente dans un vallon resserré (10mn, 5130m). On remonte en face dans du petit éboulis de schiste mal commode à fouler car fuyant sous les chaussures et l’on poursuit à flanc de moraine sur une trace balcon en suivant à belle hauteur l’allée glaciaire de géant qui chemine au pied des faces N dantesques du Tilicho peak et du Nilgiri N réunis.

Entre l'Eastern Pass et le Mesokanto La

On remonte sur une épaule (40mn, 5235m) pour voir enfin le passage clé que nous espérons depuis ce matin, en l’occurrence le fameux monolithe dressé marquant le passage du nouveau Mesokanto La centre appelé aussi Mandala pass (Attention ! Noter que l’ancien passage du Mesokanto La (au sud) situé 150m plus bas n’est plus emprunté du fait de sa dangerosité : la route suivait le fil de la moraine depuis la rive NW du lac et désescaladait la langue glaciaire côté Mustang ; il y a eu encore un mort à l’automne 2011 dans ce passage et toujours bien avoir à l’esprit que les cartes topographiques de toute origine sont FAUSSES…). A noter aussi qu'il existe un passage qui se situe plus au N (appelé "le passage nord"...) non emprunté à cette occasion.

Vue arrière sur leTilicho tal

On s’engage sur une nouvelle trace à flanc toujours sur ce petit schiste peu propice à la marche sereine (il y a aussi quelques passages de névés…) avant d’atteindre un nouveau collet duquel on peut nettement distinguer le passage du Mesokanto La. Descente un peu sévère de quelques dizaines de mètres dans un mélange de schiste et de neige avant de remonter progressivement jusqu’à l’épaule sur laquelle se trouve le passage du col (30mn, 5210m). Ouf ! On y est…

Le (nouveau) passage du Mesokanto La

Mais la journée est loin d’être finie : on suit les indications marquées sur la pancarte « Jomsom » pour s’apercevoir de la désescalade à laquelle il va falloir se confronter sur la première centaine de mètres pour pouvoir atteindre la base d’un couloir redressé couvert d’éboulis et de neige mêlés sur un lit de glace. Joyeux programme ! Il est conseillé de poser une corde fixe de 60 mètres attachée à l’un des nombreux béquets (solides heureusement) pour sécuriser le passage des porteurs puis de l’équipe. Au-delà, il faut aller chercher la trace de descente vers la D et de banquettes neigeuses en résidus de moraines on se retrouve assez vite sur une pente moins sévère (30mn, 5050m) pour descendre plus tranquillement sur une alternance de pentes neigeuses et de moraines détritiques jusqu’au départ d’un vrai sentier (30mn, 4700m).

Les deux Mesokanto La

On suit le faîte de la moraine centrale (négliger les indications qui invitent à suivre celle de gauche…) pour aller passer un collet à 4570m permettant de s’échapper de la vallée présente et d’aller explorer la vallée voisine plus riante. On suit une large crête mi-herbeuse mi-schisteuse jusqu’à rencontrer la pancarte (40mn, 4300m) qui indique qu'il faut descendre le coteau sur la D pour suivre un bon sentier jusqu’à un ensemble de bergeries ruinée sur une kharka. On traverse deux rivières avant de remonter jusqu’à Chaurikharka (25mn, 4210m, C, eau, cabane pour les porteurs). Nuit sous tente.

Après Chaurikharka, la descente douce vers Jomosom

Jour 24 : Chaurikharka - Thinigaon - Jomosom

3h30 / +100m / -1600m.
Diaporama En suivant le chemin qui descend la vallée, on s’en va sur la D franchir un collet après avoir exploré le fond d’une combe. Puis c’est une descente qui s’annonce dans un troisième vallon avec le Dhaulagiri en point de mire. On passe une kharka (35mn, 4040m) d’où on peut apprécier, avec le recul et en regardant vers l’arrière, la pente redressée sous les deux Mesokanto La. A l’avant, on se plait à cheminer sur un splendide sentier-balcon qui suit (de loin) la barrière glacée des Nilgiri. On arrive à une nouvelle kharka (20mn, 3980m). Continuation de la descente à la pente peu affirmée et toujours aussi tranquille : mais quand allons-nous commencer à VRAIMENT descendre ? On évolue au milieu des genévriers, on franchit une épaule derrière laquelle on trouve une bergerie située au bord du chemin à l’opposé du camp militaire posé sur la moraine plantée de pins située en RG (40mn, 3580m).

Descente sur Jomosom (Nilgiri N en arrière plan)

Le sentier poursuit sa descente à découvert à belle hauteur du fond de la vallée où la Thini khola a creusé son passage créant à l’occasion de belles gorges. Au loin, on commence à identifier le large passage de la Kali Gandaki et quelques vergers, les fameuses pommes de Marpha ! Un peu plus bas, voici le dernier ensemble de bergeries (40mn, 3300m) avant de partir à flanc de falaise sur le chemin toujours bien tracé. Au détour du franchissement d’une épaule (30mn, 3000m), on domine toute la vallée de la Kali Gandaki. On peut identifier les villages de Marpha, Thinigaon et Jomosom, ce dernier étant reconnaissable à la présence de la piste d’atterrissage.

Au-dessus du village de Thinigaon

Il ne reste plus qu’à désescalader le coteau sableux pour entrer dans Thinigaon (15mn, 2850m, lodges, restaurants) puis au-delà suivre les marques rouges et blanches afin de rejoindre Jomosom de l’autre côté de la vallée (on peut aussi couper à travers champs…). Arrivée à Jomosom (25mn, 2735m, T, C, E, WiFi, lodges, banques + ATM, tous commerces,…). Nuit au Tilicho lodge près de l’altiport.

Jour 25 : Jomosom - Pokhara

20mn d’avion.
Après avoir accompli le vol matinal jusqu'à Pokhara, on dispose d'une journée de décompression au bord du lac. Le pied d’enfer ! Et un peu plus culturel : on peut se diriger à l'W de l'aéroport où l'on peut rendre visite à l'International mountain museum qui comme son nom ne l'indique pas serait plutôt un musée ethnologique avec une petite partie réservée à la montagne...Nuit en guest-house.

Jour 26 : Pokhara - Katmandou

25mn d’avion ou 6h de bus.
Visite d’un des spots touristiques de la vallée. Nuit en hôtel.

Relevés de terrain avril - mai 2012

23 jours de marche / 100h / +16400m / -14550m.

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Commentaires

  • Emilie
    • 1. Emilie Le 21/03/2013
    Bonjour,
    Tout d'abord merci pour ce site et sa précision !
    Nous partons faire le tour du Dhaulagiri en octobre. Si le physique suit, nous voulons achever notre treck en remontant au lac Tilicho dans le sens inverse du parcours "habituel" : Jomsom > Mesokanto La pass > Lac Tilicho > ...> Manang.
    Selon votre expérience, cette solution est-elle envisageable en 4 jours également ?
    Emilie
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 21/03/2013
      Bonjour, Oui c'est tout à fait possible : J1 - Jomosom - Chaurikharka 5h30, J2 - Chaurikharka - Mesokanto La central (c'est celui en fin de compte que j'ai passé, j'ai appris depuis qu'il y en avais un encore plus au N) - Camp sur la moraine (un peu avant le pointillé qui descend vers le lac sur ma carte détaillée dans dossier de voyage, eau de fonte) 7h, J3 - Camp - Eastern Pass - Tilicho Lake - Tilicho BC 6h et J4 - Tilicho BC - Manang 5h.
  • piotr
    Je me demande... est-il possible de doubler les étapes en partant plus tôt et en marchant dans les 10h / jour afin d'écourter la durée du trek.

    Quelle est la distance totale ?
    Ce trek, le nomme t-on aussi tour des Annapurnas ou cela n'a rien à voir ? Merci pour vos précisions :)
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 10/03/2014
      Le tour des Annapurnas est quasiment mort pour le randonneur à cause de la piste. Aujourd'hui, de nombreux "inventeurs d'itinéraires" cherchent (et trouvent...) des variantes qui permettent de réduire la nuisance hyper touristique. C'est le cas des 5 cols de l'Annapurna ou bien des recherches de Paulo Grobel à la recherche de nouveaux passages de haute altitude. Ceci dit, l'association ACAP qui gère le domaine Annapurna-Mustang est en train de créer de nouveaux sentiers en dehors des pistes et les nouvelles cartes topographiques les intègrent maintenant.
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 10/03/2014
      Impossible car ce genre d'expédition sous-entend pour son accomplissement dans des lieux très reculés une intendance en personnel de porteurs et cuisiniers. Et ceux-ci ne peuvent guère marcher plus de 4 à 5 heures effectives (charges, travaux de préparation des repas, montage et démontage des tentes, etc.). Et vous devez suivre le rythme qu'il vous imposent. La devise du Népal est "You won't change Nepal but Nepal will change you"... Tout est dit non ???
  • chrystelle cornement
    • 3. chrystelle cornement Le 14/04/2014
    namaste Pierre
    voilà j'aimerai faire le trek de NAar phu avec un retour par le lac du Tilicho et passage du col du mesokanto . je voulais savoir pour le passage du col ce sera courant octobre s'il faudra prévoir une corde ou bien il y aura peut être pas de neige et suivre vos indications . j(ai un doute car vous dite :

    Au-delà, il faut aller chercher la trace de descente vers la D et de banquettes neigeuses en résidus de moraines on se retrouve assez vite sur une pente moins sévère (30mn, 5050m) pour descendre plus tranquillement sur une alternance de pentes neigeuses et de moraines détritiques jusqu’au départ d’un vrai sentier (30mn, 4700m).
    et je suppose que le sentier doit être quand même marqué ou il faut chercher un passage que l'on pense plus adéquate pour soit même .

    chrystelle
  • Romain Faugeroux
    • 4. Romain Faugeroux Le 28/09/2016
    Bonjour Pierre

    Je fait une partie du trek de Manang a Jomson en passant par le tilicho et la Mandala pass si la météo nous le permet. Je m’interrogeais sur le matos de sécurité à prendre (corde, piolet, baudar etc...) pour une gestion du poids faisant ce trek en solo avec un ami (passage au tilicho fin octobre) et avant passage par le tour des annapurnas en prenant l'iténéraire ouvert par Paulo Grobel de Tache à Meta je souhaite partir le plus léger possible tout en restant raisonable sur la sécu j'avais donc envisageais le port de crampons 6 pointes (BOB cat de chez Simond) ainsi qu'un piolet car au vu du topo le plus dur est une traversée en dévers.

    Cela vous semble til cohérant est suffisant pour passer la Mandala Pass ?

    Belle journée a vous et merci de tout le travail de topo que vous fournissez .