[Inde] Jammu & Kashmir - De Padum à Sarchu


Depuis 2 ans, je me suis focalisé sur le repérage des routes alternatives à la Grande Traversée du Zangskar, aujourd’hui « mangée » par la piste et de facto devenue bien moins intéressante qu’avant (voir le billet de blog à ce sujet)... Pendant l'été 2013, ce fut principalement la partie nord du massif qui fit l'objet de mes pérégrinations. De cette période de deux mois d'investigations, j'ai ramené un triptyque de circuits regroupés sous la dénomination du Grand Tour du Ladakh (44 jours de marche au total), explorant les chemins qui s'inscrivent autour de la chaîne de montagnes dénommée Zangskar Range.

Cette année 2014, je complète ce triptyque d'une exploration complémentaire au S de Padum en livrant le topo d'une diagonale de 13 jours de marche pour rallier Sarchu. Un peu plus alpine que la Grande Traversée du Zangskar, énormément moins touristique, cette nouvelle traversée s'inscrit une fois encore hors des sentiers battus (et d'autant plus que cette année, avec mon équipe de "baroudeurs" zangskarpa, on a même ouvert un itinéraire muletier (jours 5 à 7) pour s'affranchir de la descente des canyons de la Shingri Chu et de la Niri Chu, très dangereuse en été).

Itineraires au Ladakh et Zangskar qui peuvent se substituer à la GTZ historique

A présent, vous avez tout en main pour composer votre traversée du massif. Comment procéder ?

- Depuis 2013, en aboutant les circuits Sumda Do à Zangla (le n°2) et Zangla à Sangtha (le n°3) vous disposiez d'une Grande Traversée alternative originale d'une durée de 30 jours (un peu moins si vous démarriez de Wanla ou de Kanji voire même de Rangdum...).
- En 2014, le nouvel itinéraire décrit ci-après, de Padum (sTongde) à Sarchu, s'inscrit comme une alternative à la route Zangla à Sangtha (le n°3) à la suite du circuit de Sumda Do à Zangla (le n°2) du Grand Tour du Ladakh.
- Et puis, rien ne vous empêche de continuer à suivre l'itinéraire historique de la Grande Traversée du Zangskar depuis Kanji ou Lamayuru jusqu'à Darsha (20 jours de marche). Comme je l'écrivais sur mon blog à l'automne 2013 : « Cet été, les pistes poursuivent leur pénétration dans le cœur du Ladakh et au Zangskar. Certes, elles vont heureusement permettre à de nombreux villages de sortir de leur isolement, permettre l’accès « rapide » aux soins et autoriser les ravitaillements en produits de première nécessité à un coût peu onéreux…, faire en sorte que les adolescents scolarisés à Leh, la capitale du Ladakh, ne passent pas les trois-quarts de leurs quinze jours de vacances scolaires sur les sentiers de liaison pour revenir de leur village et retourner au collège… Tout cela c’est du tout bon ! Mais pour nous, les randonneurs, avides d’espaces vierges de civilisation (même si une bonne bière a toujours eu « bonne presse » après une journée de crapahut), il va falloir que nous composions avec cette nouvelle donne, à moins que vous soyez des aficionados de la marche sur piste poussiéreuse… Auquel cas, la GTZ ou Grande Traversée du Zanskar version 2014 est faite pour vous…! »

La vallée de la Zangskar Chu depuis le belvédère sur lequel est érigée la gompa de sTongde

A l'instar des autres circuits proposés sur ce site, la nouvelle liaison de Padum à Sarchu passant par les cols du sTongde La, du Phuktal La et du Surichun La permet de parcourir les paysages contrastés de ces régions reculées entre vallées agraires, gorges profondes creusées par d’impétueuses rivières, hauts cols (entre 4800 et 5800m), plateaux colonisés par les nomades et chaînes de montagnes aux cimes enneigées. Votre caravane traversera quelques villages (la désertification de la montagne est vraiment d’actualité...) où il sera possible d’aller à la rencontre de ce peuple ladakhi et vous pourrez également visiter quelques lieux culturels comme des monastères perdus au fin fond de la montagne. Une expédition bien dans la lignée des treks hors des sentiers battus…

Je vous livre donc le topo de cette alternative sauvage...

Et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Et téléchargez la carte du circuit en PDF : Pdf image 1 Carte Padum-Sarchu

Vous pouvez accéder au billet de blog que j'ai écrit au retour de ces 13 jours de trek auxquels ont été ajouté les 5 jours d'exploration vers les sources de la Tsarap Chu. Il illustre le quotidien de ce voyage d'exception (heurs et malheurs, rencontres, etc) et peut aider à la construction de votre voyage.

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Padum - sTongde gonpa - Stara doksa

3h / +280m / -50m de Padum à sTongde gonpa puis 1h30 / +490m / -0m.
Pour la première partie reliant Padum au gonpa de sTongde, il est conseillé de louer les services d'un taxi afin de squeezer cette liaison routière autant poussiéreuse qu'inintéressante...

Du centre de Padum on suit la route vers l'E pour s'en aller traverser la Lung Nag chu qui vient du S sur le pont métallique en face du camp de l'armée indienne. Puis on suit la route sur une douzaine de kilomètres pour rejoindre le village de sTongde (il existe quelquefois des possibilités de s'en échapper en suivant des portions du chemin historique). Après, on emprunte le chemin pédestre d'accès qui s'élève à flanc de falaise ou bien la route d'accès au monastère 500m plus loin qui en partant sur la D rejoint en forte pente le sommet de la butte rocheuse sur lequel il est érigé (3h, 3830m). Diaporama Visite du site monastique perché sur son nid d'aigle d'où le panorama sur la large vallée de la Zangskar chu qui file traverser la muraille montagneuse de la Zangskar range est en tout point remarquable.

Le vallon du sTongde La

Diaporama Des chörtens à l'entrée du site on part au SE remonter les zigzags en RG du vallon pour rejoindre le sentier qui court à flanc un peu plus haut. Il propose un parcours en pente égale pas trop relevée, juste de quoi se mettre en train pour une première journée. A l'arrière, la vue s'élargit sur la plaine de la Zangskar chu fermée en RD par une chaîne de montagnes au milieu de laquelle on identifie aisément les cols du Namste La sur la gauche (voir la fin du circuit n°2 du Grand Tour du Ladakh) et du Charchar La à droite. On poursuit tranquillement jusqu'à la doksa de Stara où l'on établit le campement un peu en contrebas sur la gauche (1h30, 4320m, source sur le chemin 30m après la doksa).
Courte journée de marche s'il en est afin de respecter les règles d'acclimatation à l'altitude.

Jour 2 : Stara doksa - sTongde La - Camp n°1 dans la Shingri chu

3h20 / +850m / -220m.
Diaporama On poursuit la remontée du vallon sur le superbe chemin tracé en RG, chemin que l'on retrouve à partir de la doksa quelques 20m au-dessus de l'ancien canal d'irrigation. Après avoir contourné un mamelon rocheux par sa gauche, on prend pied sur un vaste alpage que l'on traverse en pente douce jusqu'au franchissement d'un des torrents venant du sommet du Sultanlango (1h15, 4700m). Plus on s'élève, plus le panorama à l'arrière s'élargit : tout d'abord on identifie sans problème, eu égard à sa forme caractéristique, le Sengge peak puis à sa gauche d'autres montagnes encapuchonnées de neige, a priori le groupe du Chomotang. Les vertes prairies se terminent pour laisser place aux éboulis des pentes terminales qui défendent l'accès au col (45mn, 4900m). On poursuit en RG jusqu'à traverser un thalweg avant de rejoindre la moraine centrale. Par une série de zigzags on atteint le sTongde La, une vaste étendue caillouteuse quasiment plane (45mn, 5140m).

Passage du sTongde La (Sultanlango)

En se retournant, on dispose d'une belle vue panoramique sur les montagnes du Ladakh et du N du Zangskar. Sur la droite, le col est maintenant dominé par le Sultanlango qui présente une imposante corniche de glace. Vers le S, la chaîne de montagnes qui borde la vallée de la Shingri chu est dominée par un sommet altier que l'on peut identifier comme le Sulman. On est dans le domaine de la haute montagne car ces deux pics tutoient les 6000m. Du mât qui supporte lungtas et darchoks, on descend vers le SE et plutôt sur la G pour retrouver l'excellent sentier qui se dirige dans la vallée. On le suit dans sa course à flanc d'éboulis jusqu'à 4960m avant de dévaler vers la rivière établir le campement sur les banquettes herbeuses en contrebas (35mn, 4920m).

Descente du sTongde La

Jour 3 : Camp n°1 dans la Shingri chu - Salang Stakda - Camp n°2 dans la Shingri chu

3h35 / +100m / -825m.
Diaporama Au départ du camp en bord de la rivière, on remonte en biais rejoindre le chemin qui court en RG à hauteur de la vallée. On passe à proximité d'un lac, superbe miroir des montagnes alentours. Derrière c'est un peu de plat sur les cailloux puis une descente tranquille jusqu'à dépasser une doksa construite en contrebas du chemin près de la rivière (40mn, 4740m). Par la suite, le chemin sort de la zone d'éboulis et descend rejoindre la rivière (20mn, 4580m, présence d'une petite maison pouvant servir d'abri).

Haute vallée de la Shingri Chu - Le lac, miroir des montagnes

Traversée à gué pour reprendre la marche en RD. On traverse une zone d'éboulis friable (à parcourir avec attention...) avant de retrouver une verte prairie sur laquelle il est plus facile d'évoluer. Sur la rive d'en face, on peut apprécier la vue d'une splendide aiguille détritique élancée aux couleurs irisées et blanchâtres qui domine un rétrécissement du lit de la rivière. Toujours à hauteur, on dépasse un confluent de deux rivières creusé au beau milieu d'une ambiance minérale aux plissements d'une exceptionnelle beauté (50mn, 4425m). Puis on descend rejoindre le lit de la rivière (10mn, 4350m) et on le suit vers l'aval sous les hautes falaises jusqu'à ce que la vallée s'élargisse alors que l'on arrive devant une large rivière venant de la droite, à franchir à gué.

Dans le haut des gorges de la Shingri Chu

On est à Salang Stakda (50mn, 4240m). La Ronchil togpo présente un fort courant et, qui plus est, il va falloir œuvrer sur des pierres étonnamment moussues donc très glissantes... Une fois cet obstacle franchi, il est conseillé de garder aux pieds les sandales car le banc de galets qui suit est recouvert d'un enchevêtrement d'arbustes et il est parfois préférable de traverser un ou deux bras de rivière pour contourner cette « forêt vierge ». On se rapproche de la falaise RD pour s'engager sur la moraine détritique en suivant un départ de chemin à flanc en forte pente (20mn, 4225m) qui rejoint une épaule herbeuse (15mn, 4250m). Ensuite, on redescend plutôt sur la G pour rejoindre le confluent de vallées où arrive de la droite la Leshun togpo issue des glaciers du massif de Cha. On établit le camp sur la pointe de galets au confluent des vallées et à l'ombre des saules (10mn, 4200m).

Camp au pied du monticule au confluent de la Leschun Togpo (G) et de la Shingri Chu (D)

En fonction de l'enneigement des montagnes du Zangskar qui a pu être abondant de même que tardif, le débit de la Shingri chu, et en aval celui de la Niri chu, rendent vraiment impossible la descente des gorges jusqu'à Trantrag. Certes, cela ne correspond qu'à une petite dizaine de kilomètres, mais de fin juin à mi-septembre et parfois au-delà, les nombreuses traversées nécessaires de ces cours d'eau sont très dangereuses et il est préférable de ne pas engager plus avant hommes et bêtes au risque de subir un accident. Si le tracé d'un hypothétique sentier sur la carte Olizane peut vous inciter à poursuivre en toute confiance la descente des gorges de la Shingri chu, pendant cette période, soyez vigilants et ne vous engagez pas plus loin que la description qui suit. De toutes les manières, confrontés à la première traversée, vous saurez vite à quoi vous en tenir...

Shingri Chu : ça commence plutôt bien...

Diaporama Description de l'A/R en 1h30 pour visiter la partie haute des gorges de la Shingri chu jusqu'au niveau de la première traversée : du camp à 4200m au confluent de la Shingri chu et de la Leshun togpo, on part traverser cette dernière (pas de problème pour la retraverser au retour de l'excursion) pour emprunter le sentier RD qui propose un parcours hors d'eau à flanc de moraine détritique jusqu'au moment où l'on rejoint le lit de galets (30mn, 4175m) alors que l'on est déjà au cœur des gorges aux aiguilles élancées. On peut poursuivre encore 10mn vers l'aval jusqu'à l'emplacement de la nécessaire première traversée. Retour bien sage jusqu'au camp par le même unique chemin...

Essai de traversée de la Shingri Chu

Vous persistez à vouloir descendre les gorges malgré les conseils prodigués ? Eh bien, qu'à cela ne tienne... Voici un résumé du programme des réjouissances : en aval, après cette première traversée, vous devrez en pratiquer une nouvelle 200m plus loin, et ainsi de suite... Plus vous avancerez, plus il vous sera nécessaire de franchir de nombreuses fois cette rivière devenue de plus en plus grosse, gonflée qu'elle sera de ses nombreux affluents. Et si vous continuez la descente des gorges, vous serez confrontés, en sus des 16 immersions dans la Shingri chu (j'ai bien écrit 16, 2 fois 8 !), "cerise sur le gâteau", à l'énorme dernière traversée, celle de la Niri chu au niveau de Jingchikmo (où, contrairement aux indications données sur la carte Olizane, le pont dessiné n'est qu'une vue de l'esprit...). A bon entendeur salut !

Bon ! On laisse tomber. Il ne reste que 16 traversées à se coltiner...

Jour 4 : Camp n°2 dans la Shingri chu - Camp dans la Leshun togpo

3h / +700m / -215m.
Puisque la descente des gorges de la Shingri chu est assez peu recommandable, j'ai décrypté un itinéraire de contournement d'une durée de 3 ou 4 jours, compatible avec un accompagnement muletier, beaucoup moins engagé que l'itinéraire des gorges et traversant un col débonnaire inconnu des circuits touristiques. Je vous en livre la description 
Icone image.
Diaporama Du camp sur les galets au confluent des deux vallées à 4200m et afin d'éviter les nombreuses traversées des méandres de la rivière, on remonte sur l'épaule herbeuse par laquelle on est arrivé la veille et on s’engage sur la G pour rejoindre le départ d'un sentier que l'on devine au loin tracé à flanc dans les alpages. Une fois sur le sentier, celui-ci conduit sur une banquette herbeuse assez plane (30mn, 4310m) où on laisse partir à main gauche une trace qui redescend vers la rivière alors que l'on poursuit au SSE sur une trace à flanc de colline.

Dans les alpages au-dessus du camp (Leschun Togpo)

Puis on traverse un thalweg pour rejoindre une doksa érigée dans le creux d'un vallon (30mn, 4425m). On poursuit vers le collet pour passer auprès d'une deuxième doksa avant de redescendre vers la rivière en suivant le creux d'un thalweg. Arrivé sur le lit de galets (20mn, 4325m), on remonte la vallée fluviale en RG. On dépasse une source (5mn, 4355m) précédant la traversée d'une prairie verdoyante. Ensuite, la vallée se resserre pendant un court instant puis s'élargit à nouveau. Le chemin bien cairné traverse une banquette rocailleuse colonisée par des buissons de rhododendrons. On quitte le lit de la rivière pour rejoindre sur la D un immense alpage sur lequel paissent les yacks, alpage dominé par un superbe sommet glaciaire, en l'occurrence le Cha et ses presque 6000m (50mn, 4515m, eau, possibilité de camp). On traverse l'alpage et on reste à hauteur du large lit de la Leshun togpo. Juste avant de traverser un torrent qui coule au fond d'un étroit thalweg, on peut choisir de suivre soit le sentier "du bas" soit celui "du haut". Ils conduisent tous deux à un collet situé à 4680m précédant la descente vers le camp. Noter que celui "du bas" permet d'apprécier de bien plus près le fond de la gorge que parcourt la rivière au milieu d'une zone d'éboulis. Il ne faudra juste pas oublier de remonter le thalweg à main D au moment où se présenteront en RD de la vallée les pénitents blanchâtres, le sentier étant interrompu un peu plus loin dans la traversée d'une zone d'éboulis très friable. Il est donc recommandable de la contourner par le haut et franchir ce fameux collet (40mn, 4680m). Derrière, c'est la descente sur le sentier toujours bien viabilisé jusqu'à croiser le fond d'un thalweg (5mn, 4640m, eau de source). On abandonne le chemin pour désescalader à main G en bord du thalweg et rejoindre le lit de la rivière où est établi le camp (10mn, 4585m, eau 30m au-dessus dans le thalweg, prairie pour les mules 500m plus loin).

Leschun Togpo : tout en bas du cliché, à l'extrémité du thalweg, le camp en bord de rivière

Jour 5 : Camp dans la Leshun togpo - Phuktal La BC

2h30 / +335m / -35m.
Diaporama On traverse dans le sens de la longueur la grande étendue caillouteuse pour rejoindre au SE l'entrée de la gorge. Alors qu'en RD débouche un canyon resserré, on monte sur la moraine RG pour éviter quelques méandres de la rivière. On s'en va traverser un torrent qui présente plusieurs bras, ce qui en facilite le franchissement (25mn, 4635m). Juste après, on descend rejoindre le lit de la Leshun togpo et on est assez vite confronté à la première traversée. On chausse les sandales pour ne plus les quitter qu'à l'étape.

Haute vallée de la Leschun Togpo : début de la journée très aquatique...

On entre dans une superbe gorge très minérale qui présente de beaux plissements au milieu desquels se trouve une arche. On traverse plusieurs fois la rivière assez peu profonde et surtout étonnamment pas réellement froide jusqu'à rencontrer la sortie d'un vallon détritique arrivant de la gauche (45mn, 4685m). On poursuit la remontée de la vallée fluviale principale qui fait une large courbe vers la D pour atteindre un rétrécissement au niveau d'un couloir d'avalanche (25mn, 4750m). Jusqu'en milieu de saison, un névé obstrue l'étroite gorge entre les parois rocheuses et il faudra sûrement élargir le passage pour que la caravane de mules puisse passer en dessous ou alors réaliser un escalier sur la droite du névé pour qu'elle le franchisse par le haut.

Haute vallée de la Leschun Togpo : le franchissement du névé par la caravane de mules de Donitchen...

Au-delà, il peut encore exister un autre névé mais beaucoup moins problématique à franchir car la gorge à cet endroit s'est élargie. On arrive à un confluent de rivières (10mn, 4780m) duquel on peut voir distinctement l'un des deux cols qui permettent de sortir de la vallée par le haut. Ici, le Phuktal La, le plus aisé des deux, qui sera notre échappatoire. On poursuit dans le vallon de G, celui dont le torrent présente le plus gros débit. On va justement pouvoir apprécier le débit pendant les 1000m qui s'annoncent alors que l'étroitesse du conduit oblige à avancer peu ou prou les pieds dans l'eau froide jusqu'à ce que la vallée s'élargisse (25mn, 4830m).

Haute vallée de la Leschun Togpo : le dernier millier de mètres...

Puis on incline la marche sur la D pour remonter à flanc la moraine RG et rejoindre, en suivant la ligne de cairns (que l'on a créée...), un grand espace d'alpages sur lequel est construite une doksa (10mn, 4885m, eau dans le torrent). Et l'endroit est vraiment enchanteur puisque qu'il n'est pas rare d'y contempler des après-midis entiers les hordes de bharals et de mouflons dont c'est le cadre de vie. On établit le camp à proximité du torrent sur de belles banquettes d'herbe. On connaît au moins le nom de quelques heureuses, en l'occurrence les mules, pour lesquelles à cette altitude-là un pareil festin a priori était inimaginable...

Les alpages du Phuktal La BC (à D le sommet du Cha, au centre le vallon issu du col)

Tout au fond du vallon verdoyant se dresse 1000m plus haut l'imposant sommet du Cha et à sa gauche on devine le passage du Cha La qui selon la carte permettrait de franchir un col enneigé à 5500m et de descendre vers Enmu, un village posé sur la RG de la Lung Nag chu (on pourrait rejoindre l'itinéraire de la Grande Traversée historique du Zangskar, aujourd'hui phagocytée par une piste poussiéreuse...). En attendant une prochaine exploration de cet itinéraire qui semble être plus alpin que le Phuktal La pour sortir du vallon par le haut, et peut-être pour les trekkeurs-alpinistes en manque d'utilisation de crampons et de piolet d'envisager l'ascension semblant assez aisée du Cha, on se dirigera demain vers le Phuktal La que l'on rejoindra en remontant le vallon qui s'ouvre au S.

Depuis les alpages du Phuktal La BC, soleil couchant sur les paysages minéraux du Zangskar

Jour 6 : Phuktal La BC - Phuktal La - Camp dans la Phuktal chu

3h / +500m / -860m.
Diaporama On part traverser le vallon en direction du SSW dans la droite ligne du pic qui domine l'alpage. Avant de commencer à pénétrer dans le thalweg, on incline la marche sur la G pour rejoindre le sommet morainique et ainsi, par de grands lacets dans la caillasse, ne pas avoir à remonter les pentes relevées du thalweg en s'évitant ainsi une grimpette du type « un pas en avant, deux pas en arrière ». A proximité du sommet de la bosse, on poursuit à flanc pour atteindre un collet au pied d'une aiguille rocheuse (45mn, 5085m). Il ne reste plus qu'à traverser à flanc en direction du large « col » qui se présente pour rejoindre facilement le fil d'une crête (10mn, 5135m).

Montée au Phuktal La

Vous ne croyiez quand même pas que ce passage d'exception allait se livrer aussi vite, dites donc... On incline la marche sur la D en direction du sommet rocheux avec à main G toute l'enfilade du véritable col convoité. Le bassin au pied du col est vaste et c'est d'ailleurs sur la partie gauche du col que se termine le deuxième bras de la Leshun togpo que l'on avait laissé hier en montant sur l'alpage. On se dirige vers la base du névé qui garde l'accès au col en contournant par la D la combe d'éboulis. A l'arrière, la vue maintenant s'étend jusqu'à embrasser la totalité du bassin fluvial de la Leshun togpo, laquelle s'est frayée un passage au cœur d'un massif auparavant compact. De nos jours, elle a laissé trace de son entêtement à vouloir creuser son lit comme l'atteste la présence de cette forêt de rognons détritiques, la marque de « fabrique » du Zangskar. A la cote 5120 où l'on atteint un replat, il n'est plus nécessaire de continuer à monter autant. Il faut à présent incliner la marche vers la G à flanc pour venir frôler la base du névé.

La corniche neigeuse du Phuktal La côté N

Dès qu'une possibilité de rejoindre l'arête se propose, on grimpe pleine pente et, une fois sur le fil, on part sur la D en légère descente pour atteindre le Phuktal La (40mn, 5305m, ne cherchez pas encore sur la carte, c'est a priori la première traversée touristique de ce col, on n'y a trouvé aucune marque attestant le passage d'humanis touristicus, de yacks, si...). Au col, le panorama en direction su SW embrasse une partie de la Great Himalayan range depuis la Neverseen tower sur la droite (qui pour une fois ne porte pas bien son nom...) jusqu'au Shingo La à gauche, l'emblématique passage par lequel se clôt la Grande Traversée du Zangskar "habituelle".

La crête SE du Phuktal La

La descente dans l'immense pierrier ne s'effectue pas encore sur sentier (il ne tient qu'à vous, par votre futur passage suite à la lecture de ce topo, de creuser un peu plus profondément la trace que notre première caravane de mules a initialisée...). On part donc sur la G effectuer une traversée un tantinet délicate en descente sur une centaine de mètres de dénivelée (tant que la trace ne sera pas suffisamment étayée...) pour passer au-dessus d'un béquet rocheux. Derrière, la pente se fait moins rude et le pierrier devient tout à fait praticable alors que l'on descend pleine pente au fond de la combe, en sortant des cailloux et en suivant les couloirs d'avalanche grisâtres où il est facile de marcher. On retrouve l'herbe (50mn, 4730m) et l'on poursuit la descente du vallon jusqu'à trouver en RD le départ d'un sentier à flanc qui conduit à un collet (20mn, 4555m). Juste au pied derrière et à deux pas de la rivière, on établit le camp à proximité d'une doksa (5mn, 4515m, eau dans le torrent).

Panorama vers le SW depuis le Phuktal La (5305m)

Jour 7 : Camp dans la Phuktal chu - Phuktal gonpa

3h / +150m / -750m.
Diaporama De la doksa on descend la vallée de la Phuktal chu en RD sur un bon chemin. On passe auprès d'une nouvelle doksa (10mn, 4445m). A l'approche d'un gigantesque couloir d'avalanche dans lequel se sont égarés quelques blocs de couleur blanche (mais d'où peuvent-ils donc venir ?), on repasse en RG (5mn, 4400m). On continue la marche vers l'aval en traversant successivement deux « forêts » de saules au pied de somptueuses falaises rouges hérissées d'aiguilles élancées. Au moment où la rivière va plonger dans la gorge (50mn, 4175m), un cairn invite à partir à flanc sur la G pour venir rejoindre la base de la falaise (une trace alternative continue bien le long de la rivière et peut être empruntée par les marcheurs non accompagnés de mules, ces dernières ne pouvant pas franchir le dernier ressaut au confluent avec la Tsarap chu ; au confluent, les marcheurs emprunteront un sentier sur la G pour rejoindre le gonpa de Phuktal en remontant la Tsarap chu pendant 15mn).

Les rochers blancs du couloir d'avalanche en RG de la Phuktal Chu

Donc, sur le chemin à flanc, on est rapidement confronté à la seule difficulté de la journée, et encore uniquement pour les mules, à savoir une série de zigzags serrés dans une pente relevée mais toutefois aménagée (peut-être sera-t-il nécessaire de les alléger pour franchir cet obstacle). Derrière, on traverse à flanc une pente d'éboulis pour rejoindre le creux du thalweg à 4220m. Puis on remonte à flanc en RG du thalweg pour atteindre un collet marqué d'une cargneule (20mn ou plus avec des mules, 4290m). Après, le sentier court à flanc, franchit successivement deux épaules rocheuses à 4340m avant de descendre en franchir une troisième après avoir suivi un sangle un peu vertigineux sur 300m (à parcourir avec un tant soit peu d'attention !).

Sangle un peu vertigineux sur le chemin de Phuktal

De cette épaule (25mn, 4300m), on domine le sillon creusé par la Tsarap chu avec une vue plongeante sur le village de Yugar posé sur la RG et entouré de ses champs en terrasse. On descend dans le vallon sur la G jusqu'à rejoindre une doksa posée au sommet d'un mamelon (20mn, 4150m) puis on incline la marche légèrement sur la D pour traverser un « champ » de blocs effondrés. On descend ainsi jusqu'à un emplacement où sont érigés de nombreux cairns et où l'on croise le nouveau sentier muletier créé en 2012 (auparavant, le sentier qui courait en RD de la Tsarap chu traversait la partie basse du monastère de Phuktal : les mules se faufilaient dans l'unique ruelle étroite et couverte ; pour les muletiers, c'était transport des charges à la main, pour les habitants une source de nuisance au minimum olfactive...).

Depuis l'alignement de chortens, vue plongeante sur la gompa de Phuktal

Avant de descendre, il est conseillé d'aller faire un A/R de 10mn jusqu'à l'alignement de chörtens duquel on dispose d'une vue plongeante et assez inédite sur le complexe monastique accroché à falaise. De retour au croisement, on part au SW pour 100m avant de trouver sur la G le départ d'un sentier rocailleux à la pente affirmée taillé à flanc de falaise qui rejoint le terrain de camping de la Phuktal Guest House (15mn, 3910m, eau, toilettes, ex-lodge devenu l'école de Phuktal après l'inondation de mai 2015 et la destruction des bâtiments de l'école).

Les gorges de la Tsarap Chu vues depuis les hauts de Phuktal

Jour 8 : Phuktal gonpa - Purne - Testa

3h10 / +450m / -350m.
Diaporama Visite matinale du monastère accroché à la falaise. À ne pas rater : la nouvelle salle de prières située au 1er étage pour les thangkas anciennes collées sur les murs blanchis de la grotte, la salle primitive au 2ème étage, très sombre, et disposant au fond d'un petit réduit où sont rangées, têtes recouvertes de draps, des sculptures en bois de dieux aux multiples bras, sans oublier les nombreux points de vue qui permettent d'apprécier les audacieuses fondations de l'édifice (ça tient parfois sur du « pas grand chose »...).

La gompa de Phuktal

Diaporama De l'ex-guest-house, on part vers le SW dépasser le mur de manis pour trouver derrière le sentier qui descend en lacets rejoindre le pont sur la Tsarap chu.

Le 7 mai 2015 au matin, le barrage qui retenait le lac de 15 kms qui s'était formé à l'automne 2014 bien amont des gorges de la Tsarap chu a cédé. Une vague de plus de 10 mètres de haut a déferlé jusqu'à Nyemo, le village qui se trouve tout au N au confluent avec l'Indus, détruisant toutes les infrastructures : ponts, portions de routes ou de chemins, habitations, etc. Bref, à cet endroit la traversée n'a plus été possible pendant l'été. Aujourd'hui, une passerelle provisoire a été construite en attendant quelque chose de plus "solide"... (voir le site ladak.free.fr pour toutes les informations).

L'intérieur de la salle de prières de la gompa de Phuktal avec les thangkas collées sur le mur

On passe RG et on évolue sur une portion de sentier au bord de l'eau et qui un peu plus loin fait quelques up / down pour éviter des rognons rocheux. Après ces premières 20mn, le sentier qui était autrefois bucolique est maintenant mis à mal par les multiples chantiers de construction de la piste. Ce n'est pas une sinécure de trouver le bon passage. L'endroit ne mérite plus de description tant il est devenu peu engageant...

Sur la piste en construction, on ne cesse de repenser à cet endroit magique où est construite la gompa de Phuktal...

On atteint enfin Khangsar, un havre de paix verdoyant après toute cette agitation (1h30, 3940m, camping sympa et boutique). On descend passer le torrent puis on emprunte le large sentier qui mène jusqu'à Purne (15mn, 3895m, 2 campings, boutiques). Juste derrière le chörten, on emprunte le sentier en zigzags qui descend franchir la Kargyak chu sur un pont (10mn, 3850m) et on s'engage en face dans une montée soutenue jusqu'à rencontrer venant de la droite le sentier arrivant de Kalbok et qui passe par le haut (30mn, 4000m, jonction avec l'itinéraire de Grande Traversée historique du Zangskar) avant de poursuivre en courbe de niveau. On traverse Yal (25mn, 4010m) puis on redescend un peu rejoindre le lit de la rivière juste avant de croiser le pont rustique de Marling (30mn, 3900m). On remonte sur un plateau cultivé que l'on traverse dans toute sa longueur et, de chörten en chörten, on s'en vient buter sur une rivière (35mn, 3975m). Le pont qui permettait de franchir en toute sécurité ce tumultueux torrent a été emporté par une coulée de boue soudaine au tout début de juillet 2014 et il faut un peu remonter sur la rive boueuse pour trouver plus haut une passerelle de fortune. Une fois cet écueil contourné, on retrouve les champs et on découvre le village de Testa droit devant, lové dans le creux d'un vallon. Encore quelques cultures et nous voici devant le mur de chörtens duquel on descend en biais vers la G rejoindre le terrain de camping situé près des maisons basses du village, et plus particulièrement le beau corps de ferme appartenant à la famille de l'un des rois du Zangskar (15mn, 3915m, T et E chez l'habitant dans la partie haute du village).

Maison cossue dans le bas du village de Testa

Jour 9 : Testa - Kuru - Trangtse - Table - Kargyak

4h / +370m / -150m.
Diaporama Depuis le terrain de camping, on remonte jusqu'au village retrouver le chemin principal que l'on suit sur la G. On poursuit la traversée des champs en direction du SE jusqu'à un torrent qui marque la fin du domaine de Testa (20mn, 3950m). Le village suivant se nomme Kuru (20mn, 3950m) et marque l'extrémité du plateau agraire. On replonge vers la rivière et le minéral reprend possession du paysage. Quel contraste ! On longe à présent la Kargyak chu sur un sentier rocailleux jusqu'au premier des deux ponts qui permettent de rejoindre le village de Trangtse posé sur la moraine en RD de la vallée, dominé par de belles falaises multicolores offrant le dégradé de l'arc-en-ciel et peut-être même davantage... On traverse la Kargyak chu (45mn, 3925m) et on s'en va rejoindre par un sentier à flanc de moraine détritique l'allée de chörtens et de murs de manis qui annonce le village.

Les murs de manis de Trangtse

Le sentier passe à l'écart du village et se conjugue avec celui qui arrive du deuxième pont pour rejoindre le terrain de camping (25mn, 3950m, boutique). Au-delà du camping le sentier remonte passer une série de chörtens et de murs de manis et poursuit jusqu'à l'entrée d'une étroite gorge : c'est le départ de l'itinéraire de Sarchu passant par le Phirtse La (25mn, 4005m). On poursuit à flanc de moraine au-dessus de la rivière et, à l'approche des maisons du village de Table, on laisse le sentier partir tout droit alors que l'on incline sur la G (15mn, 4000m) pour s'en aller franchir le torrent qui sort de la gorge sur un pont de pierres (5mn, 4005m). On remonte vers la G passer devant les maisons (on peut y voir de surprenantes mangeoires en lauze) avant de retrouver un peu plus loin le chemin principal. On rejoint le lit de la rivière pour évoluer sur un sentier sablonneux et souvent recouvert de galets. On atteint le confluent de la Gyambal chu et de la Kargyak chu. On laisse à main droite le pont de Shing (50mn, 4025m) qui permet de rejoindre le village situé bien à l'écart de l'itinéraire touristique que l'on suit. Noter que la vallée de la Gyambal chu peut faire l'objet d'une excursion d'une durée de trois jours A/R pour se rendre tout au fond, ou presque...) contempler les montagnes glaciaires de la Great Himalaya range alors que l'on évolue de part et d'autre de la rivière en subissant, aux alentours de l'altitude proche de 4000m, un dénivelé journalier proche de 0... Mais revenons à notre itinéraire : on poursuit le long d'une allée de chörtens avec à l'horizon le sommet du Gumburanjon. Puis on dépasse le camping de Kargyak (en fin de compte situé au pied du village de Shing, va comprendre Charles...!) et on monte légèrement franchir une épaule herbeuse pour découvrir juste derrière le village de Kargyak posé au pied d'un ensemble d'aiguilles rougeâtres qui s'élèvent sur la gauche.

Kargyak, dernier village de la vallée agraire de la Lung Nag Chu

C'est d'ailleurs dans le canyon creusé à la base de ces aiguilles que se poursuivra la randonnée demain. En effet, c'est là que se situe le départ de l'itinéraire pédestre qui mène à Sarchu en franchissant le Surichun La à plus de 5600m. Pour ce soir, on traverse les champs avant de pénétrer dans Kargyak et se poser à la sortie du village près du pont (35mn, 4125m, lodge, boutique).

Jour 10 : Kargyak - Surichun La BC (Wathang)

3h15 / +1000m / -80m.
Diaporama On laisse le chemin de la GTZ partir vers le fond de vallée où trône le Gumburanjon et on remonte à main G le long du torrent qui sort de la gorge au pied des aiguilles rouges. Le chemin est bien marqué en RD et suit le cours d'eau jusqu'au départ d'un petit diverticule sur la G pour franchir un béquet rocailleux (25mn, 4280m, pas nécessaire de le suivre si la rivière est à sa place...). On retrouve la rivière un peu plus loin, à l'endroit où il faut la traverser (15mn, 4325m). Une fois en RG on quitte le lit de la rivière pour s'attaquer à une montée du couloir d'éboulis qui s'ouvre sur la D, couloir à la pente bien soutenue. L'itinéraire dessiné sur la carte Olizane Icone imagen'est pas faux mais correspond à celui qui était autrefois emprunté par les villageois pour se rendre à Sarchu, tout du moins jusqu'à Wathang (on verra par la suite que le tracé sur la carte pour la deuxième partie de l'itinéraire est plus que fantaisiste...). Il est aujourd'hui abandonné au profit de celui décrit ci-après, en atteste la présence de nombreuses crottes de chevaux, de mules et d'ânes. Donc très utilisé, le nouveau sentier est parfaitement tracé en larges zigzags et la montée y est vraiment facilitée. On atteint une épaule au-dessus de pénitents sableux (30mn, 4500m) et on poursuit à D sur le fil de la moraine. Au cours de la montée, on rejoint un sentier bien large qui arrive de la droite (20mn, 4600m, à ne pas utiliser à la descente pour rejoindre la haute vallée de Kargyak, les villageois le disent très dégradé au moment où il contourne les aiguilles rouges). On l'emprunte vers la G en direction d'une verte prairie puis il propose une traversée à flanc vers la G pour s'en aller passer un col qui s'inscrit entre des aiguilles rocheuses (25mn, 4820m). On domine à présent la vallée fluviale qui descend du cirque de montagnes du Surichun.

Sur le chemin de Kargyak au Surichun La, passage du col à 4820m

Du col, on part vers la D à flanc sur un sentier qui s'en va passer au pied d'aiguilles rocheuses qui présentent quelques spécimens de beaux gendarmes. Puis on traverse une grande prairie où les edelweiss foisonnent avant de repartir dans le minéral sur des éboulis. À présent, il convient de bien suivre les lignes de cairns pour ne pas trop s'égarer. On passe une source (35mn, 4890m) avant de remonter une pente d'herbe et de rocaille. On atteint un petit lac (15mn, 4860m). Encore une petite moraine à franchir et on arrive au bord du torrent (5mn, 4995m). On reste sur la RG et, en suivant à distance le torrent, on se débarrasse d'une dernière moraine pour atteindre Wathang, le camp de base du Surichun La (15mn, 5045m, eau de fonte, herbe pour les mules), un espace plan caché derrière une butte et qui s'inscrit dans un cirque de montagnes glaciaires. Demain, il faudra poursuivre son chemin, non pas comme indiqué sur la carte Olizane dans le vallon sur la gauche Icone image, mais bien au fond de la vallée où l'on devine qu'il doit exister des pentes d'éboulis libres de neige et surtout moins pentues. D'ailleurs quelques cairns nous aideront dans notre quête...

Wathang, la prairie qui accueille le Surichun La BC

Jour 11 : Surichun La BC (Wathang) - Surichun La - Chumik Marpo

5h20 / +610m / -900m.
Diaporama On suit le fond de la vallée en direction du glacier pour aller chercher un couloir sur la G où la pente ne dépasse pas les 30°. Il se trouve juste derrière la base du 3ème piton rocheux de l'arête en comptant à partir de la gauche. Après une remontée en faux-plat jusqu'au pied d'une moraine en RD, le sentier part sur la G pour s'écarter du fond de vallée et laisser le grand glacier à main droite. On atteint la base du couloir (45mn, 5265m) puis on commence la lente ascension sur un excellent sentier bien tracé en zigzags serrés. Celui-ci se redresse à l'approche d'une crête. On poursuit à flanc vers l'E en direction d'un sommet morainique et on peut voir maintenant à sa droite le col convoité, et enneigé... On traverse une zone d'éboulis jaunes avant de rejoindre un collet (1h20, 5575m).

La montée au Surichun La : un belvédère de choix sur les montagnes de la Great Himalayan Range

Du collet, en partant sur la G, on peut disposer, depuis le haut d'un glacier, d'une vue plongeante sur le vallon où se situe le camp de base de la veille (compter 10mn A/R et c'est plat...). En complément le panorama sur les montagnes de la Great Himalaya range n'est pas non plus à dédaigner... De retour au collet, on poursuit sur le sentier qui monte en écharpe en direction de l'arête qui domine le col. Les 5625m ne suffisaient ils donc pas ? « Monsieur Plus » est donc passé par là... En effet, pour disposer d'un sentier déneigé le maximum de temps, les créateurs l'ont fait passer 30m au-dessus du véritable col ! Il n'empêche qu'il reste un morceau de névé pentu que l'on se doit de contourner, raison de sécurité, et qu'il nous rajoute 10m de plus... Enfin, voici le « col » que l'on rejoint, une fois n'est pas coutume, en descendant (25mn, 5655m). Pas beaucoup de taluchos accrochés au cairn qui marque le passage du Surichun La mais ce n'est pas une raison de ne pas invoquer les dieux ici-haut par les incantations rituelles « Ki Ki So So Lha Gyalo ». Non mais...

passage au-dessus du Surichun La à 5655m

Le sentier de descente commence par une portion en courbe de niveau à flanc jusqu'à un collet (10mn, 5630m) duquel on surplombe depuis le haut d'un glacier une vallée verdoyante qui se révèle être à l'analyse de la carte celle que l'on a laissée hier alors que l'on montait sur la droite et que l'on s'attaquait au couloir d'éboulis, 1h après avoir quitté Kargyak. Comme on se retrouve... Le sentier se poursuit un moment sur le fil de la crête puis descend dans une combe d'éboulis. Quelques cairns aident à la navigation mais n'en attendez pas plus... De toutes les manières, il faut rejoindre la rivière (40mn, 5240m, doksa). En RG, on note le départ d'un sentier. Quelle aubaine ! On commence la descente face à une superbe chaîne de montagnes glaciaires. On rejoint bien vite le lit de la rivière et de sentier, pfouh, il n'en est plus question... Toute la descente du thalweg va s'effectuer dans le lit du torrent en sautant de pierre en pierre. Chaotique ! Un virage sur la D et c'est reparti pour une nouvelle désescalade d'une gorge encore plus encaissée que la précédente. Enfin, les genoux en « compote », voici qu'apparaît l'alpage de Kargyak pulu (1h, 4945m) que l'on traverse vers l'aval afin de reprendre pied sur une moraine où le sentier de descente se poursuit. Bucolique à souhait, il court à hauteur de la rivière et permet d'apprécier la superbe vallée verdoyante ceinte de pics glaciaires. On atteint la vaste prairie de Chumik Marpo (30mn, 4820m, la source rouge en ladakhi), immense espace gazonné qu'il va falloir traverser pour rejoindre l'emplacement de camping situé à l'arrivée du sentier du Phirtse La (30mn, 4755m, source, taxe de Rs150/tente).

Après les solitudes glacées du Surichun La, voici les alpages de Chumik Marpo

Jour 12 : Chumik Marpo - Kham Krap - Camp dans la Lingti Chu

5h35 / +450m / -860m.
Diaporama Faire le plein d'eau pour la journée car on ne prouvera pas de sources d'eau potable pendant la journée ! On suit la vallée vers l'E en restant sur la RG. On remonte sur une moraine et le sentier propose la traversée d'une succession de prairies à l'herbe maigre avant de passer sur un espace gazonné très fourni (45mn, 4700m). On quitte les alpages pour reprendre la marche en bord de moraine et, au moment où la vallée part sur la droite et que l'on découvre une imposante nouvelle montagne à l'horizon (25mn, 4655m), on commence la descente jusqu'à la rivière. Pas de difficulté pour la traverser à gué (20mn, 4560m, cairn). Maintenant en RD on marche sur le bord de la rivière puis on s'élève rudement à flanc de moraine pour éviter un rétrécissement de la vallée (40mn, 4530m).

Sur le chemin de Sarchu, traversée de la prairie de Kham Krap

On reste à hauteur quelque temps avant de redescendre longer la rivière. On remonte sur une prairie où l'edelweiss géant foisonne alors qu'apparaît sur la D le sommet du Khamberop. On dépasse un mur de manis envahi d'edelweiss (30mn, 4545m) pour pénétrer sur la vaste prairie de Kham Krap située à la confluence avec la vallée de la Khamberop togpo. On se dirige au SE et on rejoint le bord de la moraine (25mn, 4510m, cairn) où l'on descend rejoindre le lit de la Khamberop togpo d'une couleur bleu glacier (10mn, 4455m). Ici, pas d'autre alternative que de la traverser à gué.
Noter qu'il existe aussi un itinéraire alternatif empruntant un sentier indiqué sur la carte Olizane en RG de la Lingti chu (source J-L Taillefer) Icone image.

A Kham Krap, traversée de la Khamberop Togpo

La traversée est beaucoup moins évidente que la précédente et dépend beaucoup des conditions d'ensoleillement. En tout cas, à franchir vers midi au plus tard ! On descend à présent en RD de la Khamberop togpo puis on remonte sur un plateau morainique (10mn, 4430m). On traverse un thalweg (15mn, 4485m) puis on remonte successivement sur deux plateaux. Un peu plus loin, on descend d'un niveau pour marcher sur une immense étendue gazonnée sise entre deux rangées de montagnes colorées. On dépasse un cairn (30mn, 4425m) orné d'une belle pierre de mani gravée. Après être à nouveau descendu d'un niveau on longe deux murs de manis (10mn, 4415m) indiquant que la prairie se termine « enfin ». On descend traverser un large thalweg juste avant de passer au-dessous de la doksa de Debni (15mn, 4390m). La vallée de la Lingti chu est très longue et se termine en bas à Sarchu. Le Sarchu peak ferme l'horizon et on devine à sa droite le passage du Paralatse La où la route qui relie Leh à Manali traverse la Great Himalaya range à près de 4900m. Après avoir dépassé la doksa, on traverse un thalweg très rocailleux pour au-delà s'en aller traverser des alpages jusqu'à une nouvelle doksa (25mn, 4350m).

Sur les plateaux morainiques en RD de la Lingti Chu

Juste après, c'est un petit rappel aux dures lois de la pesanteur avec la grimpette casse-pattes (et brise-souffle...) au moment de la remontée d'un thalweg très creusé. Puis, c'est une nouvelle traversée d'un « plateau » morainique avec ses creux et ses bosses. On dépasse un mur de manis (45mn, 4360m). Un peu plus loin, après avoir franchi un thalweg « apéritif », en voici un bien creusé (10mn, 4335m) mais avec une grimpette sympa pour en sortir et qui est suivi immédiatement de son petit frère. Après ces deux épreuves, on retrouve un plateau gazonné (10mn, 4345m). La journée de marche a assez duré : et si on établissait le camp ici ? C'est plat, il y a de l'eau 10m plus bas au fond du thalweg et de l'herbe pour les mules. Que demander de plus...

Et un nouveau mur de manis sur le chemin de la RD de la Lingti Chu !

Jour 13 : Camp dans la Lingti Chu - Sarchu

2h35 / +115m / -180m + 6h de route vers Leh.
Diaporama Au départ du camp on traverse le petit plateau jusqu'à atteindre un mur de manis (10mn, 4340m) qui annonce un thalweg bien creusé, mais celui-ci sans eau. Pourtant la vallée est importante et sert d'écoulement à un grand complexe glaciaire. Mais où s'est-elle donc évaporée ? Sur cette interrogation sans réponse, on poursuit sur un nouveau plateau gazonné face à de superbes pénitents sableux en RG de la vallée et on s'attaque à son extrémité à une remontée à flanc de moraine pour rejoindre un mur de manis (35mn, 4335m). Ensuite, le sentier contourne la moraine en courbe de niveau jusqu'à un collet duquel on domine Sarchu.

Le long de la Lingti Chu, à l'approche de Sarchu (à D le Sarchu Peak)

On descend traverser une étendue gazonnée puis, derrière le collet suivant, on poursuit la descente dans la large plaine alluviale qui précède Sarchu. Le point de mire à suivre est celui des baraquements de l'armée afin de tomber pile poil à la pointe du plateau sur le départ du sentier de descente (35mn, 4280m) qui mène jusqu'au confluent des rivières, la Lingti chu à gauche et celle qui vient du Paralatse La, la Yunam chu, à droite. Une fois en bas, on traverse la verte prairie pour atteindre la source qui sourd du dessous de la moraine (15mn, 4235m, possibilité de camp). Par la suite, on se dirige vers le SE pour s'en aller traverser à gué la Yunam chu, la rivière qui descend du vallon de droite (très fraîche mais assez peu profonde), et prendre pied en RD sous les moraines détritiques.

La fin du trek se situe sur la rive opposée de la Yunam Chu

On se dirige vers l'aval où se trouve le sentier de remontée sur la moraine. Une fois en haut, on traverse une lande rase sur laquelle les bouteilles plastiques jonchent le sol. Eh oui ! La route est proche et on la rejoint au niveau du check-post (45mn, 4270m). Pour se rendre au village commerçant, on peut suivre la route qui franchit le thalweg sur un pont (compter 1km et 15mn) ou alors traverser directement le thalweg, en descendant de la route à l'aplomb du temple hindouiste, et sa rivière à gué (même temps en comptant les échanges de chaussures).

La plaine alluviale de Sarchu (Lingti Chu en face avec au fond le sommet du Khamberop, Yunam Chu à G)

Sarchu, ce n'est qu'un arrêt pour chauffeurs routiers et pour les motards qui « font » la route de Srinagar à Manali. Que des échoppes en tôle ondulée. Les commerces ne sont ouverts que l'été et sont désertés dès que les premiers frimas de l'automne s'annoncent, juste avant que la route ne soit fermée pendant de longs mois. A Sarchu, on trouve toutes sortes de boutiques (et même une qui vend spécifiquement de l'alcool), des bars, des lodges sommaires, et si il y a une urgence on peut s'adresser au responsable local du GREF (son bureau est la dernière baraque du « village » en direction de Leh) qui pourra vous laisser user de son téléphone professionnel par radio (prévoir quelques centaines de roupies pour le dédommagement). Côté paysage, les yeux sont attirés par le proéminent Khamberop qui ferme la vallée de la Lingti chu et on devine à ses pieds, cachée derrière un des nombreux plateaux morainiques, la plaine de Kham Krap que l'on a parcourue hier.

Diaporama Retour sur Leh ou bien Manali.

Maisons en tôle de Sarchu

Relevés de terrain juillet 2014

13 jours / 45h20 / +5915m / -5300m.

Haut de page

 

Commentaires

  • Muriel
    • 1. Muriel Le 25/03/2015
    Bonjour,

    Pour les treks hors des sentiers battus, quelle est l'agence locale qui les propose ?

    Est-ce qu'un trek en septembre est encore sur une bonne période ou un peu trop tardif ?

    Au plaisir de vous lire

    Très cdlt