[Inde] Jammu & Kashmir - De Kanji à Bartu


Tiens, tiens, un trek bien peu habituel au Ladakh. Et surtout très méconnu... Et si on allait explorer la partie occidentale du massif en contournant l'extrémité de la Zanskar range que l'on avait occultée lors de la deuxième partie du Grand Tour du Ladakh en franchissant le Kanji La. Eh bien là, il s'agit de partir de Kanji, l'un des départs possibles de la Grande Traversée du Zanskar et de filer plein W en franchissant plusieurs cols dans les premiers remparts septentrionaux du Ladakh. On n'est jamais loin de la route mais suffisamment pour se sentir en haute montagne (à l'exception de la 4ème étape où pendant 3h de temps on cheminera de part et d'autre d'une même vallée, celle de la Wakha togpo au milieu de laquelle se trouve Mulbek. Le reste du temps c'est comme si on était en plein cœur du massif, 100kms plus au sud... Un avantage toutefois à cette proximité : la première partie de ce trek (6 jours de Kanji à Amba) ne nécessite pas obligatoirement d'assistance muletière du fait que la région parcourue est innervée de liaisons routières (piste ou goudron) qui s'enfoncent à l'intérieur du massif depuis l'axe de la NH-1 Leh - Kargil.

Lamayuru, l'orage approche...

Elles permettent donc au randonneur, à l'issue de sa journée de marche sur les sentiers de l'intérieur loin des axes routiers, de disposer à l'étape de toute l'infrastructure du camp qu'il aurait avec une assistance muletière sans les inconvénients inhérents à ce mode d'accompagnement, la plus contraignante étant la mise à disposition de champs en jachère pour les mules dans les villages alors qu'en été le moindre espace est cultivé... Dans ce cas précis, il est donc bien préférable de s'orienter vers une assistance automobile (vous direz moins écologique ? mais parler d'écologie alors que des milliers de camions parcourent chaque jour la NH-1 en crachant leurs gaz d'échappement noir d'encre...) bien moins onéreuse, moins problématique et permettant à l'étape de pouvoir disposer d'un moyen de transport pour aller visiter, en complément de sa journée de marche, un site culturel situé à quelques kilomètres du lieu de bivouac et qui ne se trouvait pas sur le parcours pédestre... Et puis au passage, ne pas négliger le long de la route la possibilité de ravitaillement en produits frais et en cannettes de bière Godfather...

Sur la NH-1 entre Leh et Kargil, franchissement du Fotu La

N’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1  Carte Kanji-Bartu

Inde himalayenne Kanji à Bartu

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Leh - Kanji

6h de route.
Parcours automobile qui suit la NH-1 vers l'W et permet si l'on part assez tôt de Leh de visiter au passage les sites de Saspol (grottes peintes, Diaporama 2012, Diaporama 2014) Alchi (gonpa du XIème siècle, Diaporama 2011, Diaporama 2012) et Lamayuru (célèbre site monastique, Diaporama 2011, Diaporama 2012, Diaporama 2014). En fin d'après-midi on franchit le Fotu La Diaporama pour descendre vers Heniskut et s'engager sur la G dans les gorges de la Kong togpo se poser pour la nuit au camping de Kanji (3860m, visite intéressante du village, Diaporama 2013).

Entrée des grottes de Saspol
Détail des peintures murales de Saspol

Jour 2 : Kanji - Timti La - Lungba

8h40 / +950m / -1150m.
Gros morceau pour un début de trek avec ce Timti La peu pratiqué par les randonneurs mais qui recèle un charme certain, à mille lieues de la GTZ conventionnelle, immergeant dès le premier jour le marcheur dans une ambiance de wilderness qu'il ne saurait nier... Un conseil : soyez préparés à affronter la pente du pierrier qui en défend l'accès !

Diaporama Du camping de Kanji (3860m, ravitaillement à la boutique du camping) on descend par la route en direction du N sur 4kms jusqu'au moment où la gorge de la Kong togpo se rétrécit (1h10, 3820m) et que l'on trouve sur la G la sortie d'une rivière entre deux énormes roches jaunes Icone image. On contourne l'entrée délicate dans le canyon en passant par une moraine (cairns). Derrière cette petite éminence, on redescend légèrement pour suivre le fil de la rivière.

Entrée du vallon du Timti La

Au début, on évolue directement dans le lit caillouteux avec parfois quelques échappées momentanées sur la RD ou la RG. On dépasse un campement de bergers accroché dans la paroi à main droite. On est entouré d'aiguilles rocheuses plus élancées les unes que les autres. On s'engage maintenant sur les banquettes herbeuses de la RD (1h30, 4145m). On quitte définitivement le lit de la rivière pour évoluer à mi-hauteur sur une moraine détritique ça et là recouverte de maigres buissons. On pénètre dans le cirque terminal fermé par le col flanqué d'une proéminente aiguille (15mn, 4225m).

A l'approche du Timti La, les efforts vont devoir s'intensifier...

Toujours en RD, on traverse sous une cascade venant de la gauche (20mn, 4300m) puis on remonte une selle herbeuse de laquelle la vue arrière s'ouvre sur une chaîne de montagnes enneigées. La pente se redresse à présent alors que l'on traverse un pierrier terreux sur lequel il est peu facile de garder un rythme. On traverse un torrent (30mn, 4440m) à partir duquel on va se rapprocher du centre du vallon et grimper sur un éboulis terreux dont la pente ne fait que se relever au fur et à mesure que l'on avance. On atteint le Timti La (1h20, 4740m) non sans avoir sué "sang et eau". Enfin on y est ! Au pied de l'aiguille rocheuse, la vue s'ouvre à l'W sur des chaînes de montagnes à profusion au milieu desquelles on distingue le canyon qu'il faudra aller rejoindre pour atteindre le pied d'un couloir herbeux sortant d'entre deux falaises bien pointues. Mais cela c'est pour dans une bonne paire d'heures, voire plus... Tout dépendra du terrain. D'abord il va falloir contourner l'imposant névé qui barre la descente directe en partant sur la D dans des pentes d'éboulis en petit schiste bien sympathiques à la descente (bon, d'accord, à la montée, ça doit être "galère"...).

Descente dans l'éboulis de petit schiste côté W du Timti La

Vers 4600m, on s'en va traverser le thalweg et son ruisseau noir de schiste pour évoluer à présent, et jusqu'au bout de la descente, en RG. Bien que cela puisse paraître incroyable il existe bien un "sentier" de ce côté du vallon et il permet assez aisément de descendre les pentes bien relevées. On atteint un éboulis de gros blocs (40mn, 4410m, triple cairn). De ce belvédère, on dispose d'une vue directe sur le vallon qui fait face et qui présente dans sa partie haute un double col que l'on pourrait atteindre par des pentes plutôt relevées : il s'agit du Taskaratse La et bien heureusement on n'aura pas à le passer demain... On désescalade le pierrier de gros blocs tout en restant à hauteur du fond du canyon et on prend pied sur des surfaces gazonnées parsemées de buissons d'aulnes et de bouleaux. On traverse un premier torrent (30mn, 4190m, eau pas terrible) puis un deuxième (eau de meilleure qualité). Juste après, le sentier, mieux marqué, descend les gradins en biais pour rejoindre un peu plus bas un nouveau sentier balcon que l'on suit jusqu'à dominer la confluence de deux rivières. Il ne reste plus qu'à descendre rejoindre le lit de la rivière sur un espace planté d'arbustes (45mn, 3950m, eau très propre à puiser dans la rivière arrivant de la gauche).

Si vous êtes en autonomie, votre journée est terminée. Vous pouvez établir le camp sur les larges espaces sableux et envisager une soirée loin de toute agitation (6h35 / +950m / -830m). Dans le cas où vous disposez d'une assistance automobile ou muletière, il va falloir la retrouver à Lungba, le plus haut village de la vallée, mais celui-ci ne s'atteint qu'au prix d'un parcours assez chaotique (et humide) d'à peu près deux heures.

Versant W du Timti La, l'emplacement du bivouac des randonneurs en autonomie (ça pourrait être pire !)

La descente se poursuit donc par la traversée immédiate et aisée du torrent gris issu du Timti La permettant de prendre pied sur la RD. On marche à peu près 500m jusqu'à devoir traverser la rivière maintenant gonflée de son affluent, et ce n'est plus la même chose... On chausse les sandales aquatiques et on ne les quittera plus jusqu'aux abords du village de Lungba. On repasse en RG pour suivre le lit de la rivière jusqu'à l'embranchement du sentier (30mn, 3870m) qui se dirige vers le Yoma La et qui au-delà conduit vers Phu. Mais cela c'est pour demain... Pour l'instant, on traverse la rivière 10m après l'embranchement et on évolue RD. Mais cela ne dure qu'un temps et à l'aplomb des pentes herbeuses du vallon du Yoma La (attention de ne pas s'y engager à cause des falaises) on doit retraverser le courant pour passer en RG (10mn, 3825m). Après avoir croisé à gué le torrent descendant du Yoma La, on pénètre dans une gorge bordée de hautes falaises et on avance en traversant de nombreuses fois la rivière. On dépasse un lhato en RD, symbole protecteur des espaces qui annonce la proximité du village de Lungba. On traverse une dernière fois la rivière pour rejoindre au niveau des premiers arbres le canal d'irrigation. Peu ou prou on le suit un petit moment puis on s'engage sur un petit chemin tracé à flanc pour atteindre les deux ou trois maisons du village (2h, 3600m, T, E). Le camp est établi au pied du village sur les grands espaces de petits galets.

L'assistance automobile ou la caravane de mules ne s'est bien évidemment pas amusée à franchir le Timti La. De Kanji, elle a fait le grand tour par la vallée rejoignant Heniskut puis filant à l'W jusqu'à Bod Kharbu (commerces, transports, C BSNL) et s'engageant sur la piste de 4kms pour atteindre le fond de vallée à Lungba. Pour vous éviter les deux heures de gorges supplémentaires, la caravane de mules (mais pas la voiture...) peut s'avancer jusqu'au campement à 3950m. Le lendemain elle pourra emprunter le même itinéraire que vous pour rejoindre Phu via le Yoma La.

Jour 3 : Lungba - Yoma La (Pongong La) - Phu

4h50 / +700m / -565m.
Diaporama De Lungba (si on a dû descendre jusqu'au village car on ne dispose que d'une assistance automobile), on remonte avec les sandales aux pieds la gorge par laquelle on est descendu hier au village et ce jusqu'à l'embranchement du sentier du Yoma La (1h30, 3870m). Pour ceux qui étaient en autonomie (ou en assistance muletière) et qui ont établi le camp au niveau de la confluence de rivières sous le Timti La ils suivent la rivière en descente jusqu'à l'embranchement du sentier du Yoma La (30mn / +0m / -80m). On s'engage sur un sentier sableux en pente et on atteint un ressaut dans la falaise jaune. Puis, derrière, on descend légèrement pour s'en aller traverser un torrent. Juste après, et ce sera la portion la plus difficile de la journée, on part légèrement sur la D remonter une pente d'éboulis pierreux assez relevée sans l'aide du moindre sentier.

Vue arrière sur le Timti La depuis la montée au Yoma La

On débouche sur un petit plateau gazonné bordé de grosses pierres tombées et on s'élève à présent beaucoup plus aisément au milieu de larges pentes détritiques jusqu'au col du Yoma La situé sur la gauche au pied des falaises de la RD (2h30, 4250m, appelé par les locaux Pongong La). Depuis le col, le panorama arrière côté E présente une chaîne de montagnes très acérées au milieu de laquelle on note la présence d'un seul point de faiblesse qui s'avère être le Timti La. Et la vision est très surprenante ! Avec le recul, les pentes que l'on a descendues hier paraissent bien relevées voire impossibles à monter ou descendre alors qu'elles ne dépassent pas les 35 / 40° sous le col... Il est vrai qu'en sens inverse, il y a de quoi prendre peur. A l'W, le panorama depuis le col présente sur la gauche des pointes rocheuses acérées assez ressemblantes à celles du Zangskar, et à droite des "collines" à l'herbe rase.

Le Yoma La

On descend sur Phu en suivant un sentier bien marqué qui conduit jusqu'à des alpages gazonnés (20mn, 4030m). On délaisse de nombreuses traces d'animaux qui partent sur la droite pour continuer tout droit et retrouver un peu plus bas (5mn, 3970m) le sentier qui part à flanc, contourne une épaule avant de zigzaguer en descente jusqu'au canal d'irrigation puis le lit de la rivière (15mn, 3810m). On traverse le lit de galets pour retrouver en RG un sentier tracé dans les alpages que l'on suit vers la D jusqu'au village de Phu (10mn, 3770m).

L'assistance automobile n'a pas franchi le Yoma La mais a redescendu la vallée de Lungba sur 4kms pour atteindre Bod Kharbu (commerces, transports, C BSNL), suivi la NH-1 vers la gauche sur 1km avant d'emprunter sur 6kms la route goudronnée qui se termine en fond de vallée à Phu.

Phu

Jour 4 : Phu - Sarbatan La - Namtse

4h30 / +500m / -820m.
Diaporama Il s'agit d'aller passer ce matin le Sarbatan La dont l'itinéraire conventionnel de montée part de Ragtse, un village situé à 3km de Phu, plus bas dans la vallée. Mais comme le paysage proposé par ce vallon est des plus déprimants (imaginez deux pentes terreuses entre lesquelles vous évoluez...), les habitants de Phu nous ont proposé une variante spectaculaire au niveau des paysages. En redescendant du terrain de camping, juste après avoir dépassé les maisons perchées de Phu, on s'engage sur la G dans un étroit vallon. On suit plus ou moins le lit de la rivière jusqu'à ce que le vallon s'élargisse et qu'un sentier propose de partir sur les banquettes de la RG rejoindre un espace d'alpages sous la haute protection de belles aiguilles dolomitiques qui ferment la haute vallée. On laisse à main gauche l'évident col qui s'ouvre dans la paroi pour partir sur la D en biais atteindre une banquette herbeuse (55mn, 4055m). On vise à présent la remontée d'un thalweg qui se présente au NW pour rejoindre la crête (30mn, 4200m), crête depuis laquelle on domine le vallon aboutissant à Ragtse et où s'inscrit l'itinéraire conventionnel. A l'arrière, en étant sorti des fonds de vallons, on peut apprécier la barrière rocheuse au milieu de laquelle on identifie aisément le point de faiblesse du Timti La que l'on a franchi deux jours auparavant. Au premier plan, ce sont les deux cols du Yoma La à gauche et du Taskaratse La à droite qui séparent la vallée de Phu de celle du Timti La. Mais il faut vite s'arracher à ce paysage pour reprendre la marche en avant car on n'est pas encore arrivé au col : pour cela il va falloir suivre sur la G un excellent sentier qui rejoint l'évident passage du Sarbatan La (20mn, 4230m).

Au Sarbatan La

Du col, vers l'W, on domine la (encore lointaine...) vallée de la Wakha togpo, sillon verdoyant entre des falaises ruiniformes, où est situé le bourg de Mulbek. On a hâte de s'y retrouver bientôt pour laisser de côté le minéral... On part sur la D (il y a bien un sentier qui descend sur la gauche mais assez peu panoramique car il rentre très vite dans un thalweg sableux et il laisse bien peu de place à la contemplation de beaux paysages...). On suit donc la variante panoramique proposée, tracée à flanc, et qui évolue en contrebas de la crête herbeuse. Au niveau d'un thalweg bien marqué (10mn, 4175m), on tire à G pleine pente pour retrouver un autre sentier un peu plus bas. On s'y engage pour traverser un alpage bien vert (5mn, 4130m). Un peu plus avant, on laisse partir sur la droite un sentier qui s'en va franchir un col dans la crête (15mn, 4130m) alors que l'on continue tout droit légèrement en descente et toujours à flanc. On passe deux nouveaux espaces gazonnés et on descend plus franchement rejoindre un premier cairn bien visible positionné sur une éminence rocheuse (25mn, 4055m). De cet emplacement, on part sur la G effectuer un grand lacet afin de disposer d'une pente moins affirmée. On atteint ainsi un 2ème cairn (10mn, 3950m) et toujours en tirant vers la G un 3ème (10mn, 3855m).

Descente vers Namste par la variante panoramique

De celui-là, on en part sur la D pour arriver au 4ème. Ensuite, c'est pratiquement tout droit dans l'axe de la vallée en s'aidant des différentes traces qui strient les pentes. On atteint ainsi la rivière à proximité d'une doksa (25mn, 3650m). C'est ici que se trouve le point de convergence avec le sentier direct depuis le col et qui, vous en conviendrez, n'aurait pas été aussi spectaculaire ni sportif d'ailleurs... Après une halte bienvenue sous les saules qui bordent le mince filet d'eau de la rivière on descend peu ou prou sur le lit de petits schistes noirs. On passe sous un pont métallique et 300m derrière on part sur la D sur un morceau de piste (25mn, 3485m) et juste après encore à D sur un petit sentier qui remonte sur une banquette pierreuse. Il permet de rejoindre la piste en aval de Namste (10mn, 3455m). Il ne reste plus qu'à rejoindre le bâtiment rouge de l'école pour établir le camp (5mn, 3450m).

Jour 5 : Namtse - Gyal - Wakha - Shergol (Phu)

4h40 / +150m / -330m.
Noter que cette journée est assurément la plus plate de tout le parcours puisqu'il s'agit de suivre la RG de la Wakha togpo vers l'aval sur un chemin tracé rive opposée à celle où le sillon goudronné de la NH-1 charrie à longueur de journée sa noria de camions ahanant dans toutes les montées, même les moins pentues...

Diaporama Depuis l'école de Namste, on rejoint la piste que l'on suit jusqu'à descendre sur la G vers la porte d'entrée de Gyal marquée d'un double mat bouddhiste et ses drapeaux flottant au vent (20mn, 3440m). Jusqu'à présent on évoluait à hauteur et on avait pu apprécier le sillon verdoyant de la vallée de la Wakha togpo et les nombreuses terrasses cultivées. Un bien bel ensemble paysager dominé par des aiguilles rocheuses élancées.

Le fond de vallée de la Wakha Togpo (Namste)

Passer la "porte" de Gyal sous-entend que l'on rejoint le canal d'irrigation et qu'à partir de maintenant on va marcher sur le sentier historique jusqu'au centre du village sous les frondaisons. Donc, de paysage, il n'en est quasiment plus question... On retrouve un morceau de piste alors que l'on découvre à l'avant le village de Gyal adossé à la falaise au-dessus duquel se trouve le vieux monastère resté pratiquement dans son état d'origine, ou presque... Imaginez ! Creusé dans la falaise, disposant d'une terrasse frontale soutenue par des madriers bruts de peuplier, il ne doit y avoir que la peinture qui ait été refaite... On traverse le village de Gyal (15mn, 3420m, pas de possibilité de camping car les champs sont tous cultivés).

La gompa de Gyal

On sort du village par l'W en suivant une piste qui descend jusqu'à Wakha (tiens ! au passage, les premières mosquées...), une étape pour "routiers" sur l'axe Manali - Leh - Srinagar, la fameuse NH-1 (30mn, 3400m, commerces, transports, eau de source au milieu du virage de la piste, C BSNL).

Wakha, ce village situé sur la NH-1, est un lieu de passage où l'on sent bien la mixité cultuelle qui s'est installée dans cette région, entre les bouddhistes et les musulmans. Les mosquées vertes et blanches côtoient les chörtens. Chacun essaie de préserver son pré carré, son domaine, son village... La région est loin d'être pauvre : les villages sont composés de maisons plutôt cossues et si on lève le regard vers le ciel on pourrait se croire dans la région des Dolomites, avec deux exceptions notables que l'on peut souligner : l'absence de vertes forêts d'épicéas et un manque criant de Ferraris...

La première mosquée à l'approche de Wakha

A l'arrivée de la piste, on remonte sur la NH-1 que l'on suit vers l’W pendant 1,5km avant de descendre à G juste avant Mulbek sur une piste (15mn, 3375m, possibilité en 1h et en restant sur la NH-1 de faire l'A/R à Mulbek pour visiter le site du Bouddha levé creusé dans la roche) pour s'en aller passer la rivière sur un pont et rejoindre la RG. La piste tourne sur la D et longe la base des falaises. En face, c'est Mulbek. On quitte la piste dans un grand virage à droite pour s'en aller tout droit traverser des champs puis en bord de moraine retrouver un sentier qui descend dans la vallée. On traverse un torrent (25mn, 3305m). On suit à présent un excellent chemin tracé à mi-hauteur du fond de la vallée avec un beau panorama d'ensemble sur le bourg de Mulbek et son gonpa perché sur le rocher. On passe à l'aplomb du pont qui permet de franchir la Wakha togpo et on poursuit tout droit (25mn, 3300m).

Le bourg de Mulbek et la gompa perchée sur son rocher

Puis c'est le franchissement d'une épaule détritique (30mn, 3360m) pour s'en aller descendre traverser une rivière sortant d'une gorge. Arrivé au niveau de la piste on redescend sur 200m pour trouver à G une passerelle en béton qui sert de support au tuyau d'adduction d'eau du village (10mn, 3275m). En remontant en face on croise le canal d'irrigation puis on passe au-dessus des maisons de Goma. Un peu plus loin le sentier retrouve le canal d'irrigation. Alors que l'on est confronté à la traversée d'une gorge parce que le pont est effondré (30mn, 3275m), on désescalade le coteau pour rejoindre une route goudronnée en contrebas. On suit la route jusque 300m avant qu'elle ne franchisse la Wakha togpo pour s'engager tout droit sur une piste (20mn, 3270m). Elle descend franchir une rivière sur un pont en béton (15mn, 3220m). Puis c'est la remontée vers le village de Shergol accroché à la falaise et on atteint la route goudronnée qui arrive de la vallée au pied du gonpa accroché à la falaise. On suit la route sur la G pendant près de 2km jusqu'à rencontrer la piste marquée d'un panneau Phokar Ogyan Rzong invitant à descendre sur la G (45mn, 3290m). On s'en va franchir la rivière et, tandis que l'on passe au pied du village de Phu (un autre...), on poursuit le long de la rivière en direction du fond de vallée pour se poser sur les banquettes herbeuses à quelques encablures du départ du chemin qui mène à Phokar Ogyan Rzong (15mn, 3300m, eau dans le torrent).

Jour 6 : Shergol (Phu) - A/R Phokar Ogyan Rzong

2h15 / +400m / -400m.
Le site auquel je vous propose d'aller rendre visite est un lieu de grande importance pour les bouddhistes : c'est historiquement en premier lieu un ensemble de grottes qui a connu la visite dans des temps immémoriaux de Padmasambhava (dit Guru Rimpoche), et bien entendu ce sont aussi deux monastères de construction plus récente qui sont perchés sur une arête faîtière dominant un cirque entouré de falaises de belle importance. De nos jours encore, que ce soit dans les grottes ou dans l'un des deux monastères, des fervents religieux viennent exécuter des retraites de durées au moins égales à 2 mois et jusqu'à 3 ans... En tous les cas, un bel ensemble qui mérite qu'on le visite rien que par son mode d'accès que l'on pourrait assimiler à un ensemble d'épreuves auquel doit se soumettre le pèlerin pour venir rendre grâce à son dieu... Et, bien entendu, ne pas oublier de demander au village de Phu que le gardien des lieux vous y accompagne ; il vous aidera dans les passages difficiles et vous ouvrira les lieux saints tout en vous donnant des explications. Un charmant garçon, indispensable il va sans dire, et que l'on rétribuera à notre retour, ca aussi il va sans dire...

L'accès au site de Pokhar Ogyan Rzong

Diaporama De l'emplacement de camping, on s'en va traverser la rivière puis on s'engage sur le chemin à D qui passe près du moulin à prière hydraulique. Un petit peu plus loin, on franchit la porte en ferraille sur la G pour s'élever à flanc de moraine et atteindre une bergerie. On poursuit par un faux-plat avant de remonter un alpage verdoyant à l'aide de zigzags serrés pour atteindre l'entrée d'une gorge d'où sort une rivière. L'itinéraire que l'on suit est parsemé de cairns et de khatas accrochées aux branches des arbres indiquant bien que l'on est bien sur un chemin sacré. On pénètre entre les falaises (25mn, 3440m) en gravissant les marches d'un escalier. Après avoir traversé un passage étroit on se retrouve sur un petit plat caillouteux (5mn, 3470m) prélude à une zone que l'on qualifiera de plutôt "turbulente"...

L'accès au site de Pokhar Ogyan Rzong

Voyez plutôt : la gorge se resserre jusqu'à ne plus compter qu'un mètre de large, on marche sur des pierres émergées (lorsque le courant n'est pas trop fort) et alors que la pente devient de plus en plus scabreuse les villageois ont mis en place des échelles de bois ou d'acier pour aider à la progression. Au pire on se mouille les pieds, rien de très dangereux... A noter qu'en début de saison des névés de glace dure obstruent quelques passages et qu'il faut redoubler d'attention pour ne pas chuter et se tordre une cheville. Mais à part cela, tout va bien... C'est sportif mais pas trop, juste histoire de passer un excellent moment. On sort de la gorge (45mn, 3525m) et on retrouve un excellent sentier. Les épreuves sont pratiquement terminées. Il ne reste plus qu'à suivre les larges lacets qui partent sur la G à l'assaut de la pente relevée au sommet de laquelle les bâtiments monastiques sont érigés (25mn, 3695m).

La vieille gompa de Pokhar Ogyan Rzong

Le premier est le plus ancien gonpa, le plus intéressant à visiter, puis après avoir longé l'alignement de chörtens voici la pièce des lampes à huile et enfin à l'extrémité de la crête le bâtiment "moderne" qui est destiné à accueillir les moines et des impétrants aux retraites. De cet emplacement, au S on domine un large cirque de roches détritiques alors qu'au N une falaise masque l'horizon, falaise percée de nombreuses grottes naturelles bardées de centaines de guirlandes de drapeaux.

Pokhar Ogyan Rzong (une vieille photo de famille des maîtres de chaque courant bouddhiste...)

Il faut 10mn pour s'y rendre et se fondre dans la magie du lieu : si vous êtes accompagnés de bouddhistes, ceux-ci ne manqueront pas de s'essayer à l'épreuve, périlleuse quand même, de la traversée des grottes au travers de tunnels ou en suivant des vires audacieuses, opération qu'ils effectueront en prélude à la visite de la grotte principale située plus à gauche et qui présente plusieurs (petites) salles avec des autels et des chörtens ; par contre, ne vous attendez pas à des peintures murales comme à Saspol, ici, vous n'aurez le droit qu'à l'empreinte du pied de Padmasambhava (au plafond SVP...) et à deux tétons de calcite insérés dans la roche.

Les grottes de Pokhar Ogyan Rzong

Mais le lieu est vraiment magique, ne serait-ce que par la présence incongrue dans ce désert minéral d'une demi-douzaine de genévriers dont on ne saurait déterminer l'âge... Si ce lieu accueille assez peu de monde pendant l'année, il y a quand même l'exception de la fête annuelle qui se déroule au mois de juillet et qui voit le site sortir de son calme habituel. Redescente dans la vallée par le même chemin qu'à l'aller. Compter une petite heure de route. Et toujours avec prudence...

Les grottes de Pokhar Ogyan Rzong

Jour 7 : Shergol (Phu) - Chaskol - Sapi La - Yogmagil - Amba

5h / +1100m / -545m.
Diaporama De l'emplacement de camping de Phu à 3300m, on part vers le fond de vallée et on prend pied quasiment tout de suite sur la RG. Après 5mn, on se dirige plein W dans une combe au travers de maigres alpages en direction d'une crête bosselée sur laquelle on distingue des cairns. Toujours en direction de l'W on s'insinue dans le creux d'un thalweg gazonné (15mn, 3400m). Au fur et à mesure que l'on remonte, la vue à l'arrière se dégage et on peut apercevoir le vieux gonpa de Phokar Ogyan Rzong perchée sur sa crête et par là-même apprécier le chemin parcouru hier pour lui rendre visite... A la cote 3450 on incline au NW pour rejoindre un collet (25mn, 3505m, C BSNL). Belle vue plongeante sur la vallée dans laquelle s'inscrivent les villages de Kutchi à droite et Chaskol à gauche.

Depuis les crêtes de Phu, vue plongeante sur la vallée de Chaskol et au fond le sommet du Natkul

La vallée est fermée en haut par la large baisse du Sapi La située au pied du Natkul et ses 5562m, dernier rempart du Ladakh avant Kargil. On peut constater aussi qu'une route en larges zigzags s'élève en RG de la vallée pour franchir ce col sur des pentes peu sympathiques de terre inculte. Notre salut de randonneur passe par la RD et le chemin que l'on va suivre doit composer avec la conformation du terrain pour profiter, quand même, d'une montée agréable... On remonte à main G le fil de la crête jusqu'à atteindre un collet (20mn, 3605m) situé à la base rocheuse de ce qui semble être vu d'ici le point culminant. On évite cette épreuve pour partir en descente à D sur un chemin bien marqué, chemin que l'on laisse un peu plus bas pour s'engager à G en bordure du canal d'irrigation, dans un premier temps jusqu'à un espace planté de genévriers à la base d'un vallon dominé par des falaises (30mn, 3575m). Le chemin se sépare du canal pour évoluer une dizaine de mètres au-dessus et on atteint l'entrée du village de Chaskol, partie bouddhiste (15mn, 3605m). La deuxième partie du village, musulmane, se trouve une bonne centaine de mètres plus haut dans la pente, reconnaissable à la présence de la mosquée. On poursuit sur la RD de la vallée en laissant à main droite une passerelle de bois pour s'engager sur un chemin en forte montée qui démarre au bloc rocheux en équilibre. On monte à flanc sur des traces d'animaux en direction du col. Alors que l'on croyait avoir trouvé le bon sentier, celui-ci vient buter sur le mur d'une propriété et nous propose de monter sur la G retrouver un nouveau sentier 30m plus haut (15mn, 3700m). On dépasse la dernière bergerie de ce vallon et on traverse le petit thalweg de schiste noir qui descend des aiguilles à main gauche (20mn, 3740m). On part sur la D en montée sur une moraine caillouteuse (cairn) en direction du sommet du Natkul. On arrive bientôt à la limite haute des cultures et on rejoint une vallée fluviale bien mise à mal par les travaux du B.R.O dont le camp se trouve juste au-dessus (10mn, 3820m). On remonte cet espace bien peu agréable à fouler sur 100 à 200m et on en sort sur la G pour y retrouver notre sentier qui repart en direction des alpages. Cette partie n'est à proprement parler pas vraiment enchanteresse au milieu des pentes arides et la proximité de la route sur laquelle, bien heureusement, il n'y a pas de trafic automobile. Le paysage va changer du tout au tout à partir de la traversée d'un nouveau thalweg (30mn, 3980m) alors que l'on rejoint un sentier bien viabilisé arrivant de la droite. Voilà que l'on pénètre sur la G dans un vallon beaucoup plus sympathique avec le col en point de mire s'inscrivant sous un ensemble d'aiguilles rocheuses. En RG du vallon on dépasse une source (10mn, 4060m, emplacements de camp). Les dernières pentes qui mènent au col sont bien relevées et il faut un peu s'employer pour rejoindre le Sapi La (50mn, 4355m, C BSNL).

Passage du Sapi La

L'itinéraire jouxte la piste qui arrive de Shergol. A l'arrière, on distingue dans le lointain la partie E de la chaîne du Karakoram, à l'avant, une belle montagne glaciaire ferme l'horizon, non référencée sur la carte. La descente s'effectue sur le sentier historique tout droit. On laisse la piste faire un grand détour par la droite pour la retrouver un peu plus bas (10mn, 4220m) et que l'on va s'engager sur le sentier que suit la ligne électrique. On descend progressivement à flanc sur des pentes détritiques jusqu'à arriver au lhato du village de Yogmagil perché sur un éperon rocheux (20mn, 4070m). Ensuite c'est la descente en lacets jusqu'à traverser la rivière sous le village (10mn, 3995m) puis en RD le long de la rivière. Un peu plus loin on doit remonter pour suivre le canal d'irrigation du fait que le sentier de la rivière s'est un peu perdu... mai,s au niveau du muret qui barre le canal, il faut redescendre pleine pente jusqu'à la rivière car, de canal d'irrigation, cent mètres plus loin, il n'y en a plus... Une fois de retour au bord de l'eau, le "sentier" doit se frayer un passage entre l'eau et la moraine rendant cette portion chaotique. On atteint toutefois l'espace de camping proposant de belles banquettes gazonnées sous le village d'Amba (45mn, 3855m, eau dans la rivière, herbe pour les mules sur le coteau opposé).

Descente de la rivière jusqu'au pied du village d'Amba

C'est ici que se clôt la possibilité d'assistance automobile. Amba est le dernier village joignable par la piste. Vous pouvez décider de vous arrêter là et rentrer sur Leh mais ce serait se priver de la traversée en deux jours du Rasi La, un col altier avec une ambiance haute montagne qu'il ne faut pas rater. Le col mesure 4968m et si vous n'avez jamais tutoyé cette altitude, l'occasion est la bonne... Le chemin est facile, entièrement sur sentier. Et puis, si vous souhaitez passer les 5000m, sachez qu'à 10mn du col, une excroissance de l'arête toise pile poil les 5000m. Alors ! C'est l'occasion... Vous êtes en autonomie, pas de problème. Vous aviez une assistance muletière, pas de problème non plus. Mais si vous disposiez de l'assistance automobile, c'est ici que doit se faire la passation des charges entre la voiture et le dos des mules pour assurer le portage en A/R jusqu'au Rasi La BC. Mais de quelles mules parle-t-il donc ? Eh bien, adressez-vous à Tashi Dorje dans le village d'Amba qui saura vous trouver les quelques mules dont vous avez besoin pour transporter de quoi faire le camp de base sous le Rasi La et redescendre les charges le lendemain matin à Amba pour que la voiture les récupère. Ce jour, alors que vous passerez le col et descendrez jusqu'à Bartu, la voiture lestée à nouveau de vos bagages fera le grand tour par Kargil et vous accueillera en fin d'après-midi à Bartu. Pas belle la vie ?

Depuis Amba, vue imprenable sur la chaîne de l'Ismingchand

Jour 8 : Amba - Rasi La BC

3h / +700m / -50m.
Cette courte journée d'approche est nécessaire du fait que les pentes du Rasi La peuvent être couvertes de neige de part et d'autre. S'arrêter au pied du col permet de profiter de bonnes conditions de neige le lendemain matin « à la fraîche » dans la montée côté N et surtout apporte un niveau de sécurité supplémentaire dans la descente en espérant que la neige ne se sera pas trop vite transformée en « soupe », synonyme de galère...

Diaporama Du camp le long de la rivière, on poursuit la descente du vallon pour rejoindre la grande étendue de galets qui nous sépare des alpages du Rasi La (10mn, 3825m). On remonte sur la G en direction du pont qui va permettre de traverser la rivière les pieds au sec. On franchit la rivière au pied d'une falaise de belle importance (15mn, 3845m) et on escalade la moraine en face pour atteindre le sentier bien viabilisé bordé d'un muret de pierres sèches. On le suit vers la G et on entre dans le vallon du Rasi La en direction du massif de l'Ismingchand aux pics rocheux bien saillants. Après une forte montée permettant de contourner un éboulement (15mn, 3960m), on laisse le large sentier rejoindre la rivière et on part de suite en courbe de niveau tout d'abord sur une trace puis sur un vrai sentier. On explore le fond d'une combe jusqu'à traverser un thalweg (20mn, 3970m) et remonter en face passer une épaule donnant accès à un espace gazonné d'où la vue arrière sur le Naktul lui donne toute son importance. On contourne une moraine herbeuse pour entrer dans un large vallon verdoyant dans lequel coulent de nombreux ruisseaux. Après être légèrement descendu, on remonte la pente jusqu'au départ en RD d'un sentier qui s'élève à flanc vers la G (35mn, 4130m).

Montée vers le Rasi La BC (le col est caché derrière la crête d'éboulis tout à droite du cliché)

On a comme point de mire l'un des deux pics de l'Ismingchand. On essaie de prendre un peu de hauteur dans la pente pour rejoindre une arête de laquelle on dispose d'une vue panoramique sur le haut vallon du Rasi La (15mn, 4205m). De cet endroit, on laisse le chemin descendre et on part franchement sur la D en remontant le fil de l'arête encombrée de petits blocs de quartz. Quelques mètres plus haut on retrouve un sentier qui zigzague dans la pente et permet de conserver un bon rythme durant l'ascension. On atteint un cairn (40mn, 4435m). On quitte le sentier qui poursuit vers le haut pour s'engager à flanc sur la G pour une traversée en quasi courbe de niveau en direction du col. On traverse une étonnante plateforme gazonnée en dessous de laquelle paissent des yacks (15mn, 4490m) et de manière étale on s'en va croiser une pente d'éboulis pour retrouver juste derrière un excellent sentier qui se dirige vers une épaule (10mn, 4505m). On descend tranquillement dans la combe pour rejoindre une étendue plane : nous sommes arrivés au Rasi La BC (5mn, 4495m, eau dans les pentes à D).

Préparation à la traversée au Rasi La BC

Jour 9 : Rasi La BC - Rasi La - Chardo La - Panbardok - Bartu

5h / +670m / -1600m.
Diaporama On part à flanc dans les pentes sur la D pour rejoindre le fil de la crête. On retrouve rapidement des traces de sentier qui conduisent jusqu'à un collet marqué d'un piton rocheux (15mn, 4575m, cairn). La vue arrière s'élargit sur le bassin glaciaire auprès duquel on a passé la nuit. On effectue de grands lacets dans la pente pour effacer quelques parties un peu rudes et on atteint la crête au niveau d'un béquet rocheux (40mn, 4760m). Par la suite, on remonte sur le large fil de la crête de petit éboulis rouge vers la G en évitant si possible les plaques de neige durcie. Toutefois, on ne coupe pas quand même à devoir franchir une petite corniche d'une vingtaine de mètres (25mn, 4905m). Elle donne accès à la deuxième partie de la crête de laquelle on distingue maintenant nettement le cairn qui marque le passage du col légèrement sur la droite dans la longue arête faîtière.

Sur la crête en direction du Rasi La

Côté N, l'arête du Rasi La termine une large combe enneigée qui doit en bas sortir du côté de Marpoli. Beaucoup plus loin au N, le Naktul prend encore plus d'importance et on devine derrière un peu sur sa gauche la vallée de Kargil. On poursuit sur la ligne de crête pour incliner juste avant un petit sommet vers la D et traverser un névé de 150m de large, peu pentu, qui garde l'accès au col. En s'aidant de la trace de sentier retrouvée, on remonte les dernières pentes et on accède au passage du Rasi La (15mn, 4968m).

Derniers mètres avant de franchir le Rasi La

Possibilité de franchir les 5000m en suivant l'arête sur la gauche du col jusqu'au sommet neigeux débonnaire qui s'inscrit juste devant le pic W de l'Ismingchand (compter 15mn A/R). Côté S du col, le panorama est grandiose avec une chaîne de montagnes glaciaires qui part du Wakha La à gauche (si vous aviez envisagé de vous y mesurer pour rejoindre Rangdum, vous saurez très rapidement, à la conformation du terrain, neige ou pas neige, à quoi vous en tenir..., a priori à éviter avant début août si vous êtes accompagnés d'une caravane de mules), en premier plan le Rungo et jusqu'aux impressionnants Kun et Nun, les 7000 du coin, qui font leur apparition. En frontal de ces hautes montagnes se trouve un ensemble de vallées fluviales au sein duquel on va descendre pour rejoindre Bartu avec un point de passage obligé qui se situe légèrement sur la gauche, étonnamment vert, c'est bien le Chardo La. Où l'on se trouve à présent, on était loin à s'attendre à un col de si petite taille...

Depuis le Rasi La, panorama sur les montagnes du SW du Zangskar

Donc, descente sur un chemin dans de l'éboulis jaune bien sympa mais pas longtemps car des névés persistants à la surface durcie par le vent des cimes obstruent le passage. Eh bien, qu'à cela ne tienne, ce sera pleine pente jusqu'au confluent de deux vallons (30mn, 4600m, possibilité de camp pour la montée en sens inverse, eau). On remonte sur la moraine détritique à main D en direction du S puis SE. On traverse un torrent (10mn, 4505m) puis on descend un moment le long de celui-ci en RD avant de traverser une prairie humide de laquelle on distingue au SE le passage du Chardo La. On croise une large rivière qui descend de montagnes situées à l'W (10mn, 4410m). La montée au Chardo La débute dans le goulet morainique que l'on rejoint après avoir traversé le torrent principal du vallon (10mn, 4330m). On remonte dans le goulet sur 100m avant de trouver sur la D un audacieux chemin tracé dans les petits schistes au-dessus de la rivière (il existe un autre itinéraire plus sécurisé qui part un peu plus haut dans le goulet et que le muletier privilégiera pour y faire passer sa caravane). On atteint rapidement le Chardo La (5mn, 4370m). Du col, on descend dans le creux du vallon jusqu'à rejoindre une prairie humide au sortir d'un vallon venant de la gauche. On s'engage dans ce vallon pour traverser le petit torrent et trouver immédiatement à main D le départ d'un sentier à flanc qui, sans perdre d'altitude, contourne la moraine pour entrer dans un vallon qui s'ouvre sur la G, issu des pentes de l'Ismingchand. Le sentier étale descend tranquillement jusqu'à la verte prairie (20mn, 4295m, possibilité de camp, eau).

Les alpages au S du Chardo La

On remonte le vallon sur 300m avant de trouver à main D le bon sentier qui monte en biais franchir la moraine (15mn, 4365m). On domine une profonde vallée en bas de laquelle on distingue le village de Panbardok. On descend sur un excellent chemin qui explore les combes de la RD de la vallée jusqu'à passer auprès d'une doksa en ruines (25mn, 4155m). Après un parcours à flanc des plus tranquilles, on descend encore un peu sur le sentier jusqu'à croiser un thalweg duquel on descend maintenant sur la G de draille en draille afin de rejoindre un chemin bien identifiable en contrebas et qui est sensé rejoindre le village. On fait la jonction au creux d'un thalweg dominant des champs en terrasses (15mn, 4030m). En le suivant sur la D, on atteint le canal d'irrigation (10mn, 3910m). On suit ce dernier vers la D sur 300m pour trouver le départ du sentier qui permet de rejoindre la piste et le village (10mn, 3850m). On traverse Panbardok et, en face de la mosquée, on descend sur la G au milieu des maisons retrouver le sentier historique qui dessert les champs en terrasses et va permettre de s'affranchir d'un fastidieux parcours sur la piste. Il se termine au niveau d'un lacet de la piste près d'un pont en béton (20mn, 3660m). Il ne reste plus qu'à suivre le sillon poussiéreux gagné sur la falaise pendant 3kms pour atteindre les maisons hautes de Bartu (45mn, 3570m). 300m après avoir dépassé la mosquée, il faut descendre à G sur un chemin coupe-lacets de la piste au milieu des maisons pour rejoindre le bas du village de Bartu (10mn, 3500m, boutique, "maison du trekkeur" en suivant la piste vers la gauche).

Bartu où...

... l'arrivée de la piste...                    ... suscite déjà des vocations de devenir conducteur.

Jour 10 : Bartu - Kargil - Leh

7h de voiture.
Diaporama 20kms de piste jusqu'à Sanku pour rejoindre la route Padum - Kargil puis retour jusqu'à Leh. A noter qu'en descendant la vallée de Bartu à Sanku, il ne faut pas oublier de vous arrêter à Kartse, ce village où résidait le roi qui s'est converti à la religion musulmane après avoir épousé une princesse musulmane. Ce qui a eu pour incidence à partir du XVIIème siècle que cette région s'est elle aussi progressivement convertie à cette religion devenant aujourd'hui une région à forte concentration musulmane. On peut voir de la route les vestiges d'un fort qui sur son piton dominait le village où était construit le palais royal aujourd'hui disparu.

Kartse entre Bartu et Sanku

Mais le "must" du coin se trouve en RD de la vallée juste en dessous de piste, 1km en aval du village, avec la présence d'un Bouddha du futur (Cham pa) d'une dizaine de mètres de hauteur sculpté dans la falaise, qui plus est dans un état de conservation exceptionnel. Il est attesté que la réalisation du Bouddha de pierre de Kartse Khar, l'un des trois qui existent encore dans la région (on peut en contempler un autre à Mulbek sur la NH-1), date de plus d’un millier d’années (entre le VIIème et le Xème siècle). Pour aller lui rendre visite, il faut descendre à pieds par la piste du village puis dans le 2ème lacet partir sur la D le long du canal d'irrigation et marcher une cinquantaine de mètres vers l'aval. Vous y êtes !

Le bouddha du futur de Kartse

C'est ici que se termine cette traversée E-W du nord du Ladakh dont on a pu apprécier en 8 jours la diversité des paysages entre les cols de type alpins comme le Timti La ou le Rasi La et les riantes vallées verdoyantes de Lungba, Phu, Gyal ou Chaskol, mais aussi cette mixité cultuelle si particulière à cette région occidentale du Ladakh. Il ne faut pas non plus oublier cette "balade" si étonnante sur le site de Phokar Ogyan Rzong...

Retour sur Leh via Kargil en une grande journée de route. Ou alors, en s'engageant sur la route vers la G une fois que l'on a rejoint la route à Sankhu, on peut rejoindre Rangdum ou Padum pour enchaîner un autre trek au coeur du Zangskar...

Relevés de terrain juin 2014 

8 jours de marche / 38h / +5170m / -5000m.

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Commentaires

  • piotr
    Ah le ladakh m'attire tant... depuis notre première rencontre sur le trek du Chadar cette année. Je me vois bien repartir un été, effectuer l'ascension du Stok Angri et marcher avec un guide toute la journée. Merci pour cet article fort complet