[Maroc] Anti-Atlas - D'Akka à Ait Baha


Des confins du désert, au pied du Jbel Bani, là où les marocains ont la peau noire et où chaque goutte d’eau est utilisée avec parcimonie, jusqu’à Tafraoute et ses rochers rouges, les vergers de la vallée des Ameln, la barrière du Lekst et pour finir les montagnes tabulaires du nord, c’est une randonnée toute en contrastes que je vous propose. Même la météo est de la partie : l’aridité du sud, la fraîcheur du vent des plateaux qui peut souffler du nord en rafales épuisantes et contre lesquelles on mène une lutte incessante, l’atmosphère tempérée de la vallée des Ameln amenant une quiétude bien reposante et pour finir l’humidité coutumière du nord, premier rempart sur lequel viennent buter les dépressions atlantiques, impossible de définir une typologie générale de ce massif unique qu’est l’Anti-Atlas.

Le chapeau de Napoléon à Aguerd Oudad

Cette randonnée printanière au long cours permet de découvrir les multiples facettes de cet espace dont on découvre la rudesse des extrêmes, du très froid au très très chaud et sec. Au milieu de tout cela, les oasis que l’on traverse ou les canyons que l’on remonte vous sembleront de merveilleux moments de détente où, immergés dans la végétation, vous traverserez de nombreux villages aux riches maisons décorées et croiserez des villageois accueillants qui oeuvrent dans leurs lopins de terre patiemment arrachés au désert. On se croirait parfois en plein Sahara, le jour d’après sur la Lune, et puis un peu plus loin du côté des Canaries, du Cap-Vert ou de Madère jusqu’à imaginer se faufiler dans les cirques de l’île de la Réunion…

C’est décidément un merveilleux pays qu’il vous faut visiter ! Si le parcours vous parait trop ambitieux, venez quand même et repliez-vous sur des itinéraires un peu moins longs comme la Traversée d’Ait Moussa à Tafraoute, celle de Tafraoute à Ait Baha ou encore celle d’Ait Abdallah à Tafraoute. L’âme de la région y sera quand même ne vous en faîtes pas…

N'oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec les cartes téléchargeable en PDF) et bien d'autres choses encore.

Téléchargez les cartes du circuit au format PDF : Pdf image 1 Carte générale d'Akka à Ait Baha et Pdf image 1 [Maroc] Anti-Atlas - Carte générale d'Akka à Ait Baha

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Paris - Agadir - Akka

3h d’avion + 5h de voiture.
Diaporama Depuis l’aéroport d’Agadir direction Taroudannt puis Igherm que l’on atteint en 2 heures de route (tous commerces, souk le mercredi, restaurants, hôtels, banque, poste). Devant le café Oasis, prendre la route nouvellement goudronnée qui conduit à Tagmoute au milieu de paysages de plissements aux formes géométriques toutes en volutes. Outre le fait que l’on économise 40km sur le chemin de Tata, la route suit des gorges de toute beauté colonisées par les palmiers avant de traverser dans le sens de la longueur la dépression archi-plane de Tagmoute (souk le mardi, boutiques, camping).

La dépression de Tagmoute

On s’engage ensuite le long de la large vallée de l’oued Tata à sec jusqu’à entrer dans le gros bourg de Tata (2h, tous commerces, poste, banques, ATM). Puis c’est à D sur la route de Guelmim pour rejoindre Akka 60km plus loin entre reg à l’infini sur la gauche et montagnes tabulaires sur la droite. Noter juste avant d’entrer à Akka que l’on peut aller faire un détour par Agadir Ouzrou pour contempler le très vieux grenier à blé (agadir) qui est posé sur la rive gauche de l’oued Akka. Après, on s’en va traverser le bourg d’Akka avant de poursuivre en direction de Guelmim pour une petite dizaine de kilomètres avant de bifurquer à D sur une piste par laquelle on atteint en quelques minutes le bivouac de Toumdoult au pied d’un village en ruines. Nuit sous tente (prévoir de l’eau, sinon poursuivre jusqu’à Taourir où il y a un point d’eau).

L'agadir d'Aguer Ouzrou

Jour 2 : Akka - Tamzraght

6h / +100m / -50m.
Diaporama Journée reg s’il en est ! De la rocaille, du plateau et le soleil qui plombe l’ambiance… Départ de Toumdoult à 506m vers l’WSW à travers le reg en suivant l’indication d’une bosse sableuse caractéristique en forme de triangle allongé qui casse l’horizon rectiligne. On incline légèrement à G en changeant de point visé et on suit la direction d’un autre monticule de taille plus réduite. Il domine les quelques maisons du village de Taourir que l’on commence à discerner au loin. Aux premières maisons que l’on croise, construites sur la gauche de la palmeraie au bord du plateau (1h15, 506m, point d’eau, le centre du village se trouve en contrebas sur la gauche), on poursuit tout droit derrière la pompe pour aller traverser la palmeraie avant d’incliner légèrement juste derrière sur la D. On se dirige vers la montagne pour s’en aller rejoindre le départ d’une piste bien marquée en forme de virgule qui escalade le coteau rocailleux. On atteint en quelques minutes un collet (45mn, 540m) dans lequel on laisse partir sur la droite la piste pour descendre pleine pente en face et prendre pied sur un nouveau reg. A présent, le point visé est l’entrée de la vallée qui s’ouvre au NW dans la chaîne montagneuse. On la rejoint en suivant de vagues traces de sentiers qui rendent un peu moins difficile la progression. On atteint une piste (1h10, 528m) que l’on traverse pour entrer dans la vallée et emprunter le lit de la rivière à sec. Un peu plus loin on est de nouveau sur la piste pour traverser une oasis bienvenue pour la pause de midi à la fraîcheur des palmiers (noter un puits doté d’un seau sous les palmiers avant de traverser l’oued).

Entre Toumdoult et Tamzraght

On repart en allant traverser la rivière (à sec) et atteindre quelques mètres plus loin un croisement de pistes : sur la droite on peut rejoindre Akka mais c’est à G que l’on se dirige sur une piste rectiligne (WNW) qui traverse un plateau très sec planté de quelques valeureux acacias. Ensuite, la piste tourne vers l’W pour quelques temps avant la remontée finale vers le N en direction du village de Tamzraght en suivant le lit d’un oued là aussi à sec. On s’arrête à l’entrée S de l’oasis (village 3km plus avant en suivant la piste vers le N). Sur la falaise en RG de l’oued, on peut aller admirer quelques gravures rupestres datées du 5e millénaire av. J-C Diaporama. Nuit en tente sous les premiers palmiers avant le village (2h20, 555m, boutique et puits à 500m au N du bivouac au bord de la piste, T, C, E).

Gravures rupestres de Tamzraght

Jour 3 : Tamzraght - Tadakoust

6h10 / +600m / -580m.
Diaporama De l’oasis de Tamzraght, on suit la ligne électrique vers le S. Après 800m, on la laisse filer vers Icht pour incliner la marche légèrement vers la D en suivant un sentier qui passe juste à côté de constructions en ruines. On prend la direction d’un petit collet (30mn, 586m) puis au-delà, légèrement sur la D et toujours sur sentier, on contourne un mamelon rocheux permettant d’entrer dans un large vallon fermé par une montagne tabulaire de belle ampleur. On traverse le lit d’une rivière à sec en direction du SW. En gardant comme point visé un acacia solitaire qui trône tout là-haut sur la crête, on s’engage dans un petit vallon jusqu’à un collet dans lequel on incline vers la G, toujours sur sentier, pour rejoindre un col qui s’ouvre 500m à gauche dudit acacia. Il s’agit en fait d’un anté-col (1h05, 745m) qui donne accès par un faux plat montant à un véritable col bien large (20mn, 770m). On est en plein milieu d’un plateau ceint de montagnes tabulaires. Noter au passage du col (et il y en aura bien d’autres plus loin…) la présence de pièges à loups, sorte de cairns dans lequel les bergers introduisent de la viande empoisonnée pour réduire le cheptel lupin qui se délecte la nuit venue de leurs troupeaux. Descente en douceur dans une cuvette sableuse assez étendue en suivant un sentier à flanc de coteau et d’où l’on dispose de belles échappées sur les canyons qui ouvrent des brèches dans le massif côté N. On traverse une coulée de lave ancienne. C’est le moment d’incliner la marche vers la D plein W (50mn, 577m). On pénètre à présent dans un vallon creusé entre deux murailles ruiniformes (traces de sentier, azibs à l’entrée).

Entre Tamzraght et Tadakoust

A la cote 630, on passe dans le lit du torrent à sec et on incline à D pour franchir un verrou puis de suite s’échapper sur la G à 665m. On retrouve le lit du torrent puis vers 700m on remonte sur le plateau à G (40mn, 740m). On poursuit vers l’WSW en légère descente sur des plaques de lave jusqu’à un col (55mn, 730m) dans lequel un retrouve le sentier « officiel ». C’est maintenant à D vers le SSW pour suivre un sentier en courbe de niveau avec comme point visé une falaise qui indique la présence d’un canyon creusé dans la montagne. Lunch en face de l’entrée du canyon (à l’ombre mais sans eau). On poursuit dans la même direction SW. A présent l’itinéraire est cairné alors que l’on passe à proximité d’un parc à bestiaux (5mn, 690m) puis on remonte la vallée pour franchir le col qui scintille sous le soleil du fait du fait de la présence de schiste (40mn, 780m). Après le col, le sentier s’élargit jusqu’à quasi devenir une piste à l’approche d’une ancienne mine de cuivre. On passe à proximité d’un cimetière (20mn, 750m) avant de descendre jusqu’à un belvédère qui domine un des méandres de la gorge (15mn, 700m, coin d’ombre bien agréable). Après une forte descente, on quitte la piste par la D (15mn, 605m) pour traverser le lit d’une rivière à sec et emprunter le sentier qui ondule RD et rejoint la route de Tadakoust (15mn, 585m). Au loin sur la D dans le fond du vallon, c’est Tadakoust et son agadir perché sur un piton rocheux escarpé. Le bivouac n’est plus qu’à quelques minutes : on traverse la piste d’accès au village pour rejoindre la ferme de Moulay Omar qui nous permet de poser le camp et profiter de sa piscine rafraîchissante, si, si… Nuit sous tente (eau, T, C, E).

Tadakoust

Jour 4 : Tadakoust - Tisselguit

5h10 / +600m / -380m + 1h de voiture.
Diaporama Du bivouac, partir au SSW en direction d’un petit tertre ruiniforme sur sentier avant d’incliner légèrement sur la D 10mn après en suivant un autre sentier. On franchit un collet (30mn, 595m) duquel on découvre l’étendue sableuse que l’on va devoir traverser. Le sentier un peu moins marqué que précédemment traverse une « forêt » d’acacias et conduit au pied de la montagne pointue. On contourne sa base par sa D pour rejoindre une piste désaffectée (30mn, 605m, ancienne mine). On poursuit sur la piste en direction du mamelon qui ferme le vallon et, au-delà, jusqu’à un collet (10mn, 630m). De l’autre côté, on découvre une nouvelle cuvette sableuse que l’on s’en va parcourir en suivant la trace du sentier historique qui en parcourt la RD. On traverse un oued à sec (10mn, 615m). Au sortir de l’oued on retrouve la piste dont on s’échappe rapidement sur la D, le chemin retrouvé. Celui-ci nous emmène jusqu’à une large crête que l’on franchit (35mn, 640m). Derrière, c’est une nouvelle cuvette…

Départ de Tadakoust

On arrive sur le lit d’un oued et c’est le moment pour prendre une direction W (40mn, 620m) avec comme point visé un mamelon verdâtre en suivant le sentier qui louvoie entre les acacias éparses. On franchit un collet à la G du mamelon (10mn, 650m) qui domine un vallon ultra sec que l’on imagine avoir été autrefois riant avec ses larges terrasses maintenant incultes et grillées par le soleil. Quand on vous dit « que le désert avance… », nul n’est besoin d’y ajouter la musique de Michel Berger pour s’en convaincre. On poursuit sur la G en direction d’un col bien visible (que l’on n’atteindra jamais…) en empruntant un sentier qui parcourt une sorte de large vire à flanc de falaise. Puis étonnamment c’est une descente assez abrupte dans un vallon orienté S qui nous attend. Une fois en bordure de la cuvette, le sentier s’enfonce dans une vallée fluviale SSW.

Entre Tadakoust et Tisselguit

On remonte de vasques asséchées en petits ressauts jusqu’à prendre pied sur un petit plateau (40mn, 720m). On descend la vallée qui se présente en inclinant légèrement sur la G pour passer au centre de deux mamelons à la symbolique toute féminine (20mn, 675m). A flanc de colline, on suit la trace vers la D pour franchir un étroit goulet rocheux qui s’ouvre dans la falaise. On atteint ainsi un large col (20mn, 770m, belle vue plongeante depuis la crête à D sur la partie haute du vallon dans lequel on doit descendre). Descente du col légèrement en biseau tout à D car celui-ci est fermé par une barre rocheuse infranchissable. On perd ainsi progressivement de l’altitude jusqu’à rejoindre la prairie centrale (10mn, 710m). On retrouve un chemin bien tracé sur la G pour traverser un camp nomade et remonter jusqu’à un collet (15mn, 750m). Trouver le sentier qui part pleine pente sur la D et que l’on perd peu après alors que l’on approche de la crête. Enfin, nous voici sur le faîte (20mn, 880m) d’où l’on peut distinguer au loin le plateau sur lequel sont parsemés quelques ensembles de bergeries. On descend à l’opposé rejoindre un « bosquet » de quatre arbustes décharnés qui indiquent le début du sentier de descente vers le plateau. Partant vers la G, celui-ci parcourt le coteau en écharpe en direction de l’W. Une fois sur le plat, on traverse une ancienne coulée de calcaire présentant quelques exemplaires de lapiaz, juste avant de terminer l’étape pédestre auprès des trois bergeries (25mn, 790 m). Le plateau qui s’inscrit à perte de vue devant nous est sans intérêt et nécessite plus de 3h de marche (+ 50m / -150m) pour rejoindre l’oasis d’Aguerd Tamanart où le bivouac est prévu. Il est donc conseillé de convenir au préalable d’un rendez-vous avec le camion d’assistance pour redescendre le groupe dans la vallée afin de s’épargner une souffrance inutile. Pour les aficionados de la marche, noter quand même la présence d’une bergerie habitée à mi-chemin auprès de laquelle il est possible de demander de l’eau du puits mais attention aux chiens ! Dans l’oasis, le bivouac se situe à proximité de Tisselguit au pied du piton rocheux sur lequel l’antenne GSM est érigée. Un peu avant, on aura traversé le village d’Aguerd Tamanart (tous commerces, souk le lundi, poste, grands taxis ou autocars pour Tata). Nuit en tente près des palmiers (source à proximité, T, C, E).

Imiouzlag

Jour 5 : Tisselguit - Igmir

1h / +30m / -20m + 40mn de voiture + 2h30 / +100m / -0m.
Diaporama Aujourd’hui, on va encore se servir (un peu…) de la voiture pour s’épargner une longue marche inintéressante sur piste. Du bivouac de Tisselguit au pied de la falaise (696m), on remonte à pieds la vallée en direction de l’W en marchant RD de l’oued sous les frondaisons de palmiers et au milieu des jardins cultivés. Balade rafraîchissante et sympathique avec tous ces échanges de salutations avec les gens du village en train d’œuvrer dans les champs. A la vue du village d’Imiouzlag, on traverse l’oued pour rejoindre la RG au pied du village et retrouver une piste qui se termine sur une route goudronnée (1h, 705m). C’est là que la voiture nous récupère pour conduire le groupe jusqu’à l’entrée de l’oasis de Smouggen à 805m au pied du village perché (40mn de voiture ou alors 2h30 / +100m / -0m à pieds et un seul acacia au milieu…).

Sur la piste d'Imiouzlag

De là, il est intéressant de continuer à pieds jusqu’à Annamer car la piste se faufile au milieu de l’oasis encadré de hautes falaises rouges ruiniformes. Et puis, il y a quelque chose de nouveau par ici : contrairement aux journées précédentes, il y a de la vie tout autour. Des milliers d’oiseaux colonisent les arbustes et nous offrent un concert de chants disparates bien agréable à l’oreille alors qu’auparavant tout n’était qu’oppressant silence. La vie, vous dis-je… D’Annamer (30mn, 825m, boutiques), on poursuit sur la piste pendant 400m avant de bifurquer sur la D sur une plus petite piste qui s’élève en lacets une fois sortie de l’oasis. On traverse la partie haute du village.

A la sortie d'Anamer

Deux panneaux indiquent la direction « Igmir 7km ». Puis on s’engage au milieu de beaux ensembles de parois rouges qui encadrent un large canyon dès la sortie de l’oasis. Noter que l’on peut emprunter un sentier de montagne sur la D qui franchit un collet et permet de couper un lacet de la piste. On la retrouve pour quelques centaines de mètres jusqu’au début de l’oasis d’Igmir (2h, 925m), emplacement du bivouac. Nuit sous tente sur les terrasses à droite de la route avant la pancarte jaune (eau de source au village un peu plus loin, T, C, E).

Jour 6 : Igmir - Agoujgued - Izerbi

5h / +360m / -100m + 20mn de voiture.
Diaporama Du campement, on suit la piste en montée qui pénètre dans l’oasis. On passe les premières maisons d’Igmir (10mn, 940m, gîte à côté de la mosquée). On descend dans l’oued pour pénétrer sous les palmiers et louvoyer entre les carrés de potagers en suivant le canal d’irrigation. Les falaises rouges dominent l’étroit sillon dans lequel on évolue. On passe devant la source située au pied de la dernière maison sur la D. On suit à présent le lit du torrent à sec entouré de hautes falaises ruiniformes.

L'oasis d'Igmir

Le canyon d’Aoukerda présente une végétation arbustive un peu folle (personne ou presque n’y passe) où l’on connaît parfois quelques moments de répit lors du passage sur des bancs de galets. La marche tranquille se déroule au milieu des palmiers et des buissons de lauriers blancs et roses qui colonisent le lit de l’oued. Au bout de 6kms et en vue de l’agadir d’Aoukerda, on traverse la rivière pour emprunter sur la G le petit escalier qui mène à l’entrée du tunnel creusé dans la falaise. Ce tunnel d’une vingtaine de mètres a été creusé dans la roche par les gens du village pour contraindre la rivière à suivre le canyon que l’on a jusqu’à présent suivi et non pas un autre. On rejoint le village en poursuivant tout droit à la sortie du tunnel sous les palmiers (2h, 975m).

Le tunnel d'Aoukerda

Aoukerda est l’un des villages de l’Anti-Atlas le plus éloigné de toute infrastructure de communication (il n’y a pas de boutique et une piste est en cours de finition). Il est niché dans un méandre des gorges et il n’y a réellement qu’une possibilité d’en sortir autre que le chemin par lequel on est arrivé. On suit donc la ruelle principale du village (source en bas sur la G avant le bâtiment de l’école) qui se poursuit par une piste rustique au creux de la gorge. On atteint une bâtisse isolée (10mn, 986m) devant laquelle on tourne sur la G pour emprunter la piste en montée. Elle serpente entre les falaises creusées de grottes, voire de trous de belle importance, jusqu’à atteindre un belvédère (45mn, 1145m) plongeant sur un méandre d’un canyon inférieur. Ce dernier a pour origine la maison isolée si d’aventure on continuait tout droit (attention toutefois car le sentier à mi-hauteur est d’une viabilité très incertaine…).

Le canyon d'Aoukerda

On continue en montée jusqu’à une fourche de pistes. On peut s’engager sur l’une ou l’autre puisqu’elles se rejoignent un peu plus haut. Quelques moments après, il ne faut pas rater le départ du sentier historique qui chemine à flanc, quelques mètres en contrebas de la piste. Ce sentier rejoint la piste au niveau d’un large virage, là où elle jouxte le lit du torrent à sec (35mn, 1280m). On monte progressivement vers le sommet du plateau bosselé jusqu’à arriver à un col (15mn, 1300m) duquel apparaît un proéminent sommet. Belle vue étendue sur le large plateau. On laisse la piste partir sur la G et l’on s’engage sur un sentier qui rejoint le village d’Agoujgued (45mn, 1200m). Du village, on rejoint Izerbi en 1h30 de marche (+120m / -50m) d’abord par un sentier jusqu’au village de Tiounine puis par une piste dans un décor peu passionnant. Ne serait-ce pas l’occasion rêvée de faire venir le camion pour un transfert automobile d’une dizaine de kilomètres ? Nuit en tente aux abords du village d’Izerbi (1270m, eau, T, C, E, Diaporama).

Rencontre à Izerbi

Jour 7 : Izerbi

2h A/R de voiture + 3h / +150m / -150m.
Journée de repos avant de poursuivre vers le N et attaquer la partie montagneuse de l’Anti-Atlas de Tafraoute. Histoire de ne pas passer à côté d’un incontournable sans le savoir, il est conseillé d’aller visiter un endroit enchanteur et délaissé des circuits touristiques, pédestres ou non. On y va ? Allez, je vous y emmène… Diaporama D’Izerbi, on suit en voiture la piste en direction du S vers Tiounine et Agoujgued. On retrouve bien vite une autre piste plus large qui conduit en direction du SE vers une mine de cuivre à ciel ouvert. On la laisse sur la droite pour continuer sur un entrelacs de pistes dont une toute récente destinée à être empruntée par les camions qui font la navette entre le site minier et l’usine de traitement qui extrait le cuivre de la roche, située au S de Souk-el-Had. On suit ce grand sillon rougeâtre sur 5kms avant de s’en échapper par la D juste après être passé au pied d’un piton basaltique d’importance. On est quasiment arrivé. Dès que la piste est en passe de devenir trop chaotique alors que l’on commence à descendre dans une gorge, se garer et finir à pieds jusqu’au marabout d’Arghanaine très prisé des locaux lors du pèlerinage annuel. Mais le marabout n’est pas la seule curiosité du coin : maintenant il s’agit de descendre le long du lit de la rivière pendant une vingtaine de minutes pour arriver dans un endroit enchanteur nommé Titorâam (« l’œil du chameau »). C’est une source d’eau fraîche issue d’une résurgence qui se présente sous la forme d’un trou (« l’œil »…) d’une vingtaine de mètres de profondeur (nous disent les locaux…) creusé en plein milieu d’un verrou calcaire. Vraiment sympa comme site !

L'oeil du dromadaire : Titoraâm

Ensuite, on peut continuer la descente dans les gorges pour aller découvrir sur sentier de belles falaises ruiniformes. On passe auprès de nombreuses grottes creusées pour extraire du minerai de cuivre, minerai qui était traité sur place comme en attestent les quelques fours en pierre que l’on découvrira au fur et à mesure du périple. Puis, au bout d’1h de sentier, alors que l’on dépasse un bosquet de vieux arganiers, il est temps de remonter vers la voiture. On refait en sens inverse le chemin parcouru à l’aller : jamais ennuyeux car on en a une vision différente. Enfin, dernier point, noter que ce canyon orienté plein E semble se diriger vers le grand oued qui passe à Souk-el-Had et dans lequel les « eaux » d’Ait Mansour et de Timkiyet se jettent pour rejoindre le grand Sud. Deuxième nuit en tente aux abords du village d’Izerbi (1270m, eau, T, C, E).

Jour 8 : Izerbi - Inkern - Ait Mansour (Temsaaout)

30mn de voiture + 6h / +600m / -600m.
Diaporama D’Izerbi, on rejoint en voiture le village d’Inkern au cœur des gorges d’Ait Bou Nouh. On passe par les villages d’Ighil Ouaman, Ikouzarène et Ait ou Saïd jusqu’à la porte de sortie concrétisée par un col à 1590m dans lequel les camions ahanent avec de gros dégagements de gaz d’échappement (la traversée du plateau d'Izerbi étant très monotone et vraiment peu passionnante, il n'est vraiment pas nécessaire de s'astreindre à vouloir rejoindre ce village à pieds...). A Inkern, le sentier est évident à matérialiser et conduit à travers un plateau décharné jusqu’à Geddourt dans les gorges d’Ait Mansour (3 à 4h de chemin globalement direction E sans possibilité de se tromper). La fin de la journée consiste en la découverte d’un « jardin extraordinaire, loin des noirs buildings et des passages cloutés »… comme dirait Charles Trenet. Pour cela, nul n’est besoin de s’éloigner mais juste de déguster cette ambiance particulière qui règne dans l’oasis d’Ait Mansour. On rejoint le vieux village de Geddourt (30mn, 1095m) construit hors des crues dévastatrices de l’oued mais également fortifié pour résister aux nombreuses razzias des temps anciens. Plus protégé tu meurs…

Maison à Aguerd Imelaln (Gorges Ait Mansour)

S’inscrivant dans un des méandres de la rivière, il ne faut pas hésiter à prendre son temps pour arpenter les ruelles obscures et deviner les emplacements de nombreuses terrasses jointives qui composent un bel ensemble de type « château de cartes »… Il en faudrait assurément bien peu pour que cela ne s’écroule définitivement. D’ailleurs les habitants ne s’y sont pas trompés, ils sont allés reconstruire un peu plus loin, en parpaings… On descend jusqu’au lit asséché de la rivière puis à G, toujours tout droit sous les palmiers. On croise le village d’Afilal perché sur son rocher. On tombe une fois de plus sur l’oued juste avant de tourner à G. Un semblant de balisage bleu a été essayé ; on le retrouve de temps en temps alors que l’on progresse entre les jardins au milieu desquels poussent blé, fèves et grenades. Au niveau du cairn juste à la sortie d’un parcours ombragé, tourner sur la G et suivre l’oued. On se dirige maintenant vers Agdim en alternant passage en oasis (les endroits sont vraiment sympathiques et la fraîcheur des lieux voudrait que le temps ne s’arrête point…) et marche sur galets en plein cagnard… On traverse de nombreux jardins irrigués comme il se doit par un savant jeu de canaux d’irrigation. On s’arrête à proximité du jardin chez Messaoud (1h30, 1175m, épicerie, restauration légère, chambres) à Temsaaout pour établir le campement dans la palmeraie. Nuit en tente (eau à disposition, T, C, E).

Dans les gorges d'Ait Mansour

Jour 9 : Ait Mansour (Temsaaout) - Rochers peints de Tafraoute

7h / +600m / -700m.
Diaporama Du bivouac, on reprend la route pour s’en aller traverser le hameau de Tiourri. Au plein cœur de l’oasis, là où les parois rocheuses se resserrent à proximité d’une citerne construite sur le côté gauche de la route, trouver un petit sentier pentu qui escalade quelques mètres et permet de rejoindre une vire rocheuse taillée à même la falaise quelques 20 mètres au-dessus de la route. La vue s’agrandit et permet de bénéficier d’un superbe point de vue sur la partie haute des gorges d’Ait Mansour (30mn, 1200m). Suivre le cheminement sur une première vire puis enchaîner sur une seconde.

On quitte les gorges d'Ait Mansour

Rester à hauteur pour passer un collet dans lequel une tour de guet a été construite. De l’autre côté de la crête, redescendre en écharpe jusqu’à retrouver le goudron. Poursuivre sur 1km pour atteindre le gué construit pour que route et rivière puissent se croiser (30mn, 1285m). On grimpe les lacets de la piste désaffectée qui part sur la G juste au-dessus de l’asif Ait Mansour et on suit son tracé qui chemine à mi-hauteur de la route goudronnée. On arrive dans un collet (10mn, 1370m) où on peut utiliser un chemin coupe-lacet pour retrouver la piste en terre un peu plus haut. Quelques mètres avant de rejoindre le goudron, on prend sur la G une trace qui démarre dans le maquis ras (10mn, 1430m). La trace se transforme en sentier mieux marqué et s’en va contourner une combe où l’on traverse les vestiges de champs en terrasse. On quitte le sentier qui continue vers Ayyerd et le proéminent Jbel Mqorn pour partir en lacets vers la G et atteindre un col (35mn, 1630m). On dispose d’une vue étendue sur le plateau de Tasrit que l’on doit traverser. On se dirige donc vers l’ancienne cheminée volcanique du Tamzeit, bien reconnaissable à sa forme conique caractéristique. On suit une trace cairnée sur le plateau, trace qui s’écarte légèrement sur la D pour éviter le monticule du Tamzeit.

Le cône du Tamzeit apparait sur le plateau de Tasrit

On arrive à une petite bergerie (1h, 1690m). On file maintenant plein W pour passer à égale distance du Tamzeit et du village d’el Azib. On frôle un enclos planté d’arbres fruitiers pour rejoindre le fil « conducteur » de la ligne électrique qui va devenir notre balisage de cette fin de traversée de plateau. Bientôt, le col convoité s’annonce (30mn, 1750m) et s’annonce également une belle descente d’abord en empruntant le chemin coupe-lacets puis la piste. Lorsque l’on arrive à proximité d’un poteau électrique double (15mn, 1680m), il faut emprunter le sentier qui part sur la G du vallon. Ce chemin est également emprunté par un tuyau d’alimentation en eau venant du col. On trouve à présent quelques terrasses abandonnées en préalable à l’entrée dans le village d’Agoudicht (20mn, 1435m). On retrouve une piste qui passe sous le village de Temsmit (40mn, 1250m). Au niveau de la dernière maison (plutôt belle…), on s’engage sur la G dans un petit chemin très sympa qui rejoint la piste un peu plus bas. Toujours en descente, on poursuit vers Ait Daoud, village que l’on laisse sur la gauche pour arriver sur la route de Tafraoute à Tersouat (25mn, 1100m). On traverse le goudron pour rejoindre au travers du reg le village de Dousdrem (30mn, 1080m). A l’entrée, suivre vers la D un mur de propriété et trouver la piste qui s’en va franchir le col que l’on voit au loin en direction du N. Derrière ce passage on arrivera en moins de 30mn au milieu des Rochers peints qui s’annoncent devant avec les 3 petits rochers colorés qui habillent la crête gréseuse. Nuit en tente (pas d’eau).

Descente sur Ait Daoud

Jour 10 : Rochers peints - Tafraoute - Tagdicht

5h / +550m / -320m.
Diaporama Lever avec le soleil dans un endroit féérique : on est entouré de rochers rouges et quelques uns ont été peints il y a quelques années par Jean Veramme, « artiste » peintre belge. Régulièrement rafraîchie, la couche de peinture bleue, rose ou vert pomme luit sous les premiers rayons matinaux et présente un ensemble agréable à l’œil. On prend un peu de hauteur sur l’un ou l’autre des monticules pour disposer d’une vue élargie du site et découvrir au-delà du site la chaîne de montagnes vers laquelle nous allons nous diriger : le Jbel Lekst dont le sommet dépasse les 2300m.

Les Rochers peints d'Aguerd Oudad

Redescente vers les Rochers peints avant de poursuivre plein N. On louvoie entre les blocs multicolores bleus, roses ou verts avant de traverser une plaine bien verte couverte de genêts, d’amandiers et d’arganiers car l’eau affleure. On passe auprès d’un marabout en prélude à la traversée du chaos de granit rouge d’Aguerd Oudad, passer au pied du « Chapeau de Napoléon » et entrer dans le village (45mn, 1020m). Si l’on veut, 500m avant d’entrer dans le village, possibilité d’ascension facile d’un monticule rocheux pour disposer d’une vue élargie sur le site.

Les Rochers peints d'Aguerd Oudad

On rejoint ensuite la route goudronnée qui nous conduit en 30mn le long d’une rivière à sec (au moment des pluies à la sortie de l’hiver il en est bien autrement…). Déjeuner au cœur de la cité berbère dans un petit restaurant qui « ne paye pas de mine » mais où la chaleur de l’accueil du patron est appréciable (chez Hassan). En début d’après-midi, visite libre du souk (c’est là que l’on trouve les fameuses BTT -babouches tout terrain- qui ont fait la renommée de Tafraoute), d’une maison de tapis ou d’antiquités sans oublier les achats de dernière minute (pharmacie, banque, ATM, épicerie, poste, etc.) car il ne faut pas espérer grand-chose pour les jours qui suivent… On part dans le wilderness, qu’on se le dise… ! En milieu d’après-midi, on reprend la direction du N pour rejoindre la vallée des Ameln au pied de la barrière de Jbel Lekst. Mais avant de fouler cette vallée verdoyante, il nous va falloir franchir un col au beau milieu d’un chaos de roches rouges, chaos assez différent de celui de ce matin. Là, les roches monolithiques étaient érodées et veinées de profondes entailles qui les avaient faites exploser, ici ce sont plutôt des lancers de gros blocs par des géants en mal de Jeux Olympiques… Depuis la place centrale de Tafraoute, on part en direction du WNW traverser le chaos granitique au N de la cité et qui nous sépare de la vallée des Ameln. On longe le cimetière avant d’entrer dans le deuxième vallon qui s’ouvre sur la D. On passe le col (30mn, 1050m) duquel on domine la vallée des Ameln avec la « Tête de lion » en face dessinée sur une falaise.

La vallée des Ameln et la barrière du Lekst

On démarre la descente par un plat… Puis on plonge dans la pente sur un sentier un peu encombré de blocs de cailloux jusqu’à atteindre les champs en bordure d’oasis (30mn, 930m) où l’on trouve un sentier quasi plat qui part vers la G avec comme point visé le sommet triangulaire du Lekst. A la fourche de chemins (10mn, 910m), on remonte légèrement sur la G pour passer largement au-dessus du village de Tirguete. Juste après le château d’eau (5mn, 905m), on descend sur la D traverser l’oued et après on suit un large chemin WSW puis W jusqu’à Aït Oumgass (15mn, 900m). On débouche sur la route goudronnée à proximité d’un moulin à huile (vente d’huile d’olive, d’huile d’argan et de farine de jujubier). Du bâtiment, remonter 100m sur la route à D puis emprunter la piste sur la G qui conduit au village de Tagdicht en escaladant un coteau pentu (compter 2h pour remonter au village à pieds ou alors service de « taxi » collectif à 100Dh la course). Exceptionnels paysages à déguster tout au long de l’ascension jusqu’à ce village perché aux nuits fraîches et agréables même au cœur de l’été. Nuit en gîte d’étape (1385m, chez Abd tel : +212 667029484, boutique, T, C seulement à côté de la boutique, E).

Montée à Tagdicht

Jour 11 : Tagdicht - Jbel Lekst - Ait Iftène

7h / +1000m / -1000m.
Diaporama Du gîte situé à côté de l’école, rejoindre la place devant la boutique et emprunter la piste qui monte derrière le bâtiment. Quelques mètres plus loin, monter à G sur un sentier coupe-lacets pour atteindre la partie haute du village. On poursuit 200m sur la piste avant de trouver sur la D le petit chemin juste avant que la piste ne descende. Juste un peu plus loin voici le vrai départ du sentier en zigzags qui monte vers les champs. Après une portion en quasi courbe de niveau, on se dirige au fond d’une combe pour traverser un ruisseau et au-delà remonter un couloir rocheux toujours sur sentier (cairns).

Le village de montagne de Tagdicht au pied du Lekst

On remonte de terrasse en terrasse jusqu’à un nouveau torrent (55mn, 1645m), torrent que l’on traverse pour remonter un peu sur la G. On continue à remonter les terrasses jusqu’à découvrir devant nous le sommet du Lekst avec ses cairns bien visibles (25mn, 1765m). On pénètre dans un nouveau couloir orienté en direction du sommet qui nous fait passer sous une pointe de granit bifide au milieu d’une végétation très méditerranéenne (cistes, lupins, thym, chênes-verts, etc.). On aborde une pente plus redressée où le chemin louvoie entre les buissons de palmier des Canaries jusqu’à un replat duquel on domine la vallée des Ameln (15mn, 1850m).

Dans le couloir de montée du Lekst

On continue vers le col qui s’inscrit en haut du vallon sur la G, là où notre sentier est sensé rejoindre l’itinéraire venant d’Anergui et qui a été décrit dans le topo de la traversée conventionnelle de cette région : [Maroc] Anti-Atlas – Traversée Ait Moussa à Tafraoute. Mais à la cote 2020, 25mn après le replat, une fourche de chemins propose un raccourci vers le sommet du Lekst, évitant de facto le passage par le col. On incline sur la D en quasi courbe de niveau pour rejoindre la base d’un couloir encombré de feuillus. On grimpe en zigzags serrés au milieu des chênes-verts jusqu’à atteindre un replat sous une falaise dans laquelle est creusée une caverne servant de refuge aux bergers. Juste au-dessus, on rejoint l’itinéraire Anergui – Lekst (15mn, 2080m) que l’on suit vers la D. Il longe la base de la falaise S du bastion du Lekst jusqu’à un premier collet (10mn, 2120m). Il s’ensuit une traversée à plat d’une combe avant de repartir en grimpette dans un vallon pour atteindre un replat juste sous la crête sommitale du Lekst (35mn, 2285m). Encore quelques mètres pour arriver au croisement de chemins (chêne-vert isolé) : à D vers Aït Iftène (mais ce sera pour tout à l’heure…), à G pour rejoindre le sommet du Lekst. On part donc sur la G et le terrain change du tout au tout : d’une montée dans le maquis on passe à des banquettes rocheuses qui s’élèvent rapidement en direction du sommet sur lequel les cairns érigés nous narguent. Pendant la montée, on a tout le temps d’apprécier la vue étendue sur la région de Tafraoute avec le proéminent Mqorn qui semble défier notre sommet. On arrive au sommet (15mn, 2375m).

Arrivée au sommet du Lekst à 2375m deux jours après une période nuageuse intense

De manière assez imprévisible, on y trouve de nombreux bâtiments de pierre et entre autres une mosquée berbère et tout autour des habitations pour héberger les fidèles lorsqu’ils suivent le pèlerinage annuel. D’ailleurs, on aurait pu s’en douter en traduisant le nom de ce sommet : Afa n’Timezgadiwine ce qui veut dire en tamazight « la mosquée la plus haute ». Et les découvertes ne s’arrêtent pas là : imaginez que l’on trouve au sommet de cette montagne une source d’eau pure sous la forme d’un laquet protégé sous une voûte de pierres. Incroyable, mais vrai ! Après avoir dégusté un exceptionnel panorama à 360°, on redescend par le même chemin jusqu’à la bifurcation du chêne-vert à 2285m et on poursuit tout droit jusqu’à une épaule sur laquelle trône un cairn. Le sentier est assez chaotique en up / down pour atteindre un col (35mn, 2220m). On bascule en face N du Lekst, beaucoup plus austère et froide que le côté S…

Traversée vers le collet donnant accès à la voie de descente vers Ait Iftène

On descend entre les buissons de chênes-verts jusqu’à trouver le départ d’une vire rocheuse effilée (ifilo ou « le fil » en berbère, 20mn, 2070m) en RD du vallon. Ce passage étroit (mais pas dangereux si on le parcourt avec attention) permet de rester à niveau alors que le couloir plonge abruptement vers la vallée. Le passage s’élargit jusqu’à devenir un large chemin rocheux sur lequel il est plaisant d’évoluer. Mais tout a une fin : on débouche dans un col où sont érigés de nombreux cairns (15mn, 2070m) et dans lequel démarre sur la D une descente très caillouteuse qui ne prendra fin que 650m plus bas ! Tout d’abord, c’est une descente dans un pierrier colonisé çà et là d’arbustes se finissant dans un étroit couloir entre deux parois rouges. On traverse un ensemble de gros blocs gris juste au-dessus du goulet et le chemin incline franchement vers la D (25mn, 1900m, négliger le départ à G d’une trace directe dans la pente).

Corine et JeanMarc dans le passage de l'ifilo

On désescalade le long d’une dalle grise inclinée avant d’arriver au-dessus d’un vallon et de prendre une direction vers la G sur un chemin bien mieux viabilisé. On évolue en écharpe à la base des falaises N des contreforts du Lekst en direction du village d’Aït Iftène que l’on domine à présent accroché à son piton rocheux (belle vue soit dit entre nous…). Puis la pente s’adoucit peu à peu au moment où l’on commence à traverser des vergers en terrasse que l’on parcourt en zigzags. Plus on descend, plus on s’écarte des falaises, plus celles-ci se redressent présentant un massif calcaire de belle importance et qui pourrait donner du mal à nombre de férus d’escalade.  Après avoir traversé un ruisseau, on en termine sur un sentier qui passe de terrasse en terrasse avec des vues arrière magnifiques sur les falaises au milieu des amandiers en fleurs. Bucolique à souhait ! On ne peut rêver plus bel écrin à cette fin de journée de randonnée bien remplie. Quelques lacets de piste plus loin, on débouche à l’emplacement de bivouac d’Aït Iftène à sous le village à moins de 300m sur sa gauche (1h, 1470m, eau). Nuit en tente.

Au milieu des terrasses d'Ait Iftène

Jour 12 : Ait Iftène - Tagdicht - Alma

4h / +600m / -500m.
Diaporama Depuis le bivouac d’Ait Iftène au pied de la muraille N du Lekst, on suit la piste jusqu’à la route goudronnée qui l’on prend à D. On passe sous le village d’Ait Iftène avant d’arriver au niveau d’un col, point de jonction de l’itinéraire décrit dans le topo [Maroc] Anti-Atlas – De Tafraoute à Ait Baha (40mn, possibilité de suivre un chemin cheminant à mi-hauteur de la combe pour rejoindre le col mais non exploré lors de ce périple). On tourne à D pour s’engager dans le vallon équipé d’une piste cimentée en forte déclivité qui désescalade un thalweg ombragé en direction du village de Tagdicht.

Ait Iftène

Quelques réminiscences du sentier historique permettent de couper des virages. Après avoir traversé une zone de cultures, on arrive au pied d’une belle bâtisse fortifiée (40mn, 1360m). Le vallon dans lequel se terre Tagdicht est d’une grande beauté et, contrairement à d’autres villages les habitant(e)s, engagent facilement la conversation. Prendre la ruelle à D de la maison et remonter jusqu’à la mosquée. Sur la place, rejoindre la maison rose isolée et partir vers le poteau électrique de D. Au poteau, incliner à G pour évoluer en courbe de niveau et traverser le vallon. On passe près d’un puits (présence de tuyaux noirs en bordure du chemin). En s’élevant dans le coteau en direction du N, on peut apprécier le travail des anciens qui ont érigé des terrasses dans les pentes relevées et ce jusqu’au pied du marabout de Sidi Moussa que l’on voit de nouveau. Du puits, se diriger à travers les terrasses en direction de la faille au-dessus de laquelle trône le poteau électrique. A l’entrée de la gorge, le sentier se transforme en escalier pour aborder la falaise. On rejoint la ligne électrique  pour passer un large col (30mn, 1530m). Descente tranquille à main droite pour aller chercher l’entrée d’un vallon qui s’ouvre juste derrière la falaise au gendarme caractéristique. Ne pas aller jusqu’à la piste évidente en RD mais retrouver le sentier historique qui remonte le vallon en jouant à coupe lacets jusqu’au passage du col d’Afa Tagant (40mn, 1630m). Descente par la piste jusqu’au village d’Alma (20mn, 1520m, eau). Nuit sous tente ou chez l’habitant (Ali habite dans l’une des deux anciennes maisons berbères sur la droite avant d’entrer dans le village, E).

Alma

Jour 13 : Alma - Tizi n’Louwlia - Tagadirt

4h10 / +300m / -620m.
Diaporama Le village d’Alma se trouve sur un plateau perché au-dessus d’une gorge qui plonge jusque dans la vallée du côté d’Ida Ougnidif (un chemin y est d’ailleurs toujours tracé ; il est encore utilisé de nos jours par quelques villageois et leurs ânes pour descendre au souk chaque jeudi). Une balade matinale circulaire permet de visiter le site et de découvrir les lieux. Quant à notre route, elle s’en va franchir le large col qui domine les terrasses au N. Le sentier monte au plein milieu du vallon et rejoint la piste au niveau du col (15mn, 1550m). De l’autre côté, on la laisse partir sur la droite faire un grand lacet alors que l’on poursuit tout droit au milieu d’un verger d’amandiers. Puis, notre itinéraire se confond tout de même avec le tracé de la piste pour quelques lacets avant de trouver dans l’un d’entre eux le départ d’un sentier à flanc (25mn, 1360m) qui se dirige vers le village de Doudad.

Arrivée à Doudad

Un peu avant de pénétrer dans le village, monter sur la G à travers les terrasses pour atteindre le col qui se situe à gauche des maisons (25mn, 1425m, présence d’une citerne). On incline légèrement notre marche sur la G pour retrouver un ancien sentier qui parcourt à flanc les terrasses à distance respectable du pied des falaises qui nous dominent à main gauche, celles de l’Igui Emjioun. On rejoint la route au niveau d’un col (20mn, 1365m) et on s’engage à G sur le goudron (pas vraiment d’autre alternative). On rejoint ainsi Taskra (30mn, 1350m) et toujours en suivant la route on descend dans un large vallon pour se poser dans une sympathique oasis (15mn, 1270m) disposant d’une large grotte dispensant de l’ombre (il faut remonter le ruisseau d’une vingtaine de mètres en écartant lauriers et buissons de mûriers pour la trouver). Et en plus, au bord de la route, vous trouverez un point d’eau potable sous la forme d’une citerne équipée d’une pompe actionnable avec le pied. Vous ne rêvez pas, ça existe vraiment ! Un vrai paradis… Après le déjeuner et la sieste réparatrice, nous voici de nouveau sur la route. On passe les maisons d’Imrir puis une source sortant directement des falaises découpées de profondes gorges. A l’entrée du village de Tizi n’Louwlia, prendre un bon sentier en zigzags qui gravit le coteau à G (25mn, 1365m). Il s’en va passer derrière une grosse demeure rouge et finit dans un collet sur une piste cimentée (10mn, 1395m). On passe devant le marabout puis on contourne par la droite l’enclos du cimetière de telle manière à tomber sur la grille d’entrée et pénétrer dans l’espace pour approcher la vieille mosquée berbère. En ressortant, on part à G descendre le long du mur N et, au pilier NW, trouver le chemin qui rejoint le poteau électrique. Le sentier parcourt la combe de façon étale. Puis c’est une montée en lacets qui nous essouffle un peu pour atteindre une bâtisse perchée sur un monticule et calée entre deux gros rochers (25mn, 1370m). Tout droit, on retrouve un morceau de piste stabilisée que l’on suit pendant une centaine de mètres avant d’incliner légèrement à G pour suivre le fil d’un sentier en bordure de terrasse jusqu’aux maisons hautes du village. Juste derrière l’aire de battage (prendre le temps d’apprécier le somptueux panorama…), partir sur le sentier le plus à G. Il traverse une zone de terrasses qui a subi un incendie pendant l’été 2011. Jusqu’à présent cheminant en courbe de niveau, le sentier remonte un moment pour franchir une barre rocheuse dans un collet (25mn, 1345m, ancien grenier à blé –agadir- sur le piton rocheux à droite).

Arrivée à Tagadirt

A peine la citerne neuve dépassée, prendre à main G un sentier qui longe le pied de la falaise (rester à hauteur et  ne pas être tenté d’emprunter les sentiers de descente). Le suivre jusqu’à traverser un torrent qui dévale un thalweg. On repart en face sur une terrasse avant de passer auprès d’une source (10mn, 1310m). Faites comme tous les villageois : prenez l’eau ici pour le bivouac de ce soir, c’est qu’elle est bonne et fraîche ! Il ne reste plus que quelques minutes de marche au milieu des vergers d’amandiers pour rejoindre le magnifique village berbère de Tagadirt perché sur son nid d’aigle à 1290m. Nuit sous tente au niveau de l’aire de battage ou chez l’habitant (demander M’hamed, il habite la maison au-dessus de l’aire de battage, T, E).

Tagadirt

Jour 14 : Tagadirt - Tagharrabout - Ait Baha

3h30 + 10mn de « taxi » / +150m / -880m.
Diaporama Descente rapide sur la D du village en suivant la canalisation d’eau (ou suivre la piste de terre pour un parcours plus long mais moins chahuté…) et se retrouver dans le bas du vallon. Il existe quelques sentiers coupe lacets pour réduire le temps de descente et arriver à la jonction avec la route. On prend à G en direction de Takoucht jusqu’à rejoindre la mairie. Continuer sur la route (ou emprunter un sentier qui traverse l’étal de boucherie du souk, coupe par la rivière et rattrape le goudron) et avancer jusqu’à un pylône parafoudre proche d’une maison dans un virage. Juste derrière, descendre à G pour passer vers l’école peinte en bleu et rose pastel puis continuer tout droit sur la piste puis le chemin avec comme point visé le douar accroché à la colline de l’autre côté de la vallée. A la maison rouge (1h, 985m), un savant gauche-droite permet d’entrer dans une zone de terrasses et de suivre un chemin qui s’engage dans un thalweg. On longe un court moment le canal d’irrigation une dizaine de mètres en contrebas. Arrivé au fond du thalweg là où il se sépare en deux, traverser au mieux la rivière et remonter pleine pente en face rejoindre la piste tracée à mi-hauteur. La suivre vers la D sur 200m et emprunter sur la G un sentier qui atteint directement un col dans lequel est construit un marabout (25mn, 1010m). Descendre indifféremment par la route ou le sentier vers le N et partir sur la G rejoindre le village d’Imghas.

Panorama depuis Imghas

Au-delà du village, poursuivre sur la piste et rejoindre la base de l’autre partie du village. A l’aire de battage, partir sur la D pour passer dans le village et 200m plus loin virer encore à D sur un petit sentier étale qui contourne la colline sur laquelle une maison est construite (20mn, 900m). Avancer de 400m et grimper sur un tertre pour disposer d’un panorama élargi jusqu’à la plaine du Souss. Revenir sur ses pas et trouver à main D (pas évident…) le départ d’un sentier qui descend en zigzags et rejoint la piste en traversant une zone d’amandiers, d’arganiers et de figuiers de barbarie. On arrive à un croisement de piste au niveau du marabout de Sidi Borq (25mn, 765m). Prendre la piste en face et la suivre jusqu’à entrer dans le village d’Anamer (10mn, 700m, rien…). Pour terminer l’étape, il suffit de continuer en descente sur la piste jusqu’à croiser la rivière à sec (quelques sentiers coupe lacets), de poursuivre à plat jusqu’à une légère remontée à droite vers un col au niveau de Tizerguine et terminer en roue libre dans les faubourgs S de Tagharrabout où l’on retrouve le goudron (1h, 550m). Se diriger 200m sur la G pour « tomber » sur la boutique où une âme charitable pourra vous appeler le taxi local. Il pourra vous conduire pour 10Dh au centre d’Ait Baha, 6 kms plus avant. Ait Baha est un gros bourg commerçant. On y trouve un hôtel plutôt correct, des épiceries, des banques… et des liaisons par bus ou grand taxi vers Inezgane (puis connexion avec les bus et les taxis pour rejoindre Agadir, aéroport ou ville), Taroudant ou Tafraoute.

13 jours de marche / 62h / +5800m / -5900m.

Relevés de terrain février 2013 pour Akka - Alma et septembre 2011 pour Alma - Ait Baha

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Commentaires

  • zahraoui
    • 1. zahraoui Le 19/04/2015