[France] Alpes - Col du Replat (1988)

Cartes topographiques IGN Top25 au 1/25000e 3436 ET Meije - Pelvoux - Parc National des Ecrins & 3336 ET Les Deux-Alpes - Olan - Muzelle - Parc National des Ecrins (option)

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En ce mois de juillet 1988, grosse activité alpinistique puisque, après avoir foulé le sommet du Pic de l'Etendard puis avoir rendu visite aux faces N de la Meije que j'ai pu contempler du haut de la Tête des Corridors dans la première semaine de ce sejour alpin, me voici, histoire de varier les plaisirs et contenter ma curiosité, décidé à aborder le massif des Ecrins par son centre, la très confidentielle vallée du Vénéon. L'idée est d'effectuer une course qui consistera à faire le tour de l'Aiguille du Plat de la Selle en franchissant le col du Replat. Nous avons composé une cordée de personnes qui résident dans le même hôtel, plutôt de type "randonneur" à la journée, mais qui, comme moi, souhaitent voir "ce qu'il peut y avoir au-delà du refuge"... Nous contactons le guide Pierre Cinquin pour qu'il assure notre sécurité au cours de ce périple. Comme la course n'est jugée ni difficile ni technique, il accepte que nous soyons 4 clients sur la cordée ramenant le prix de cette "collective" à un investissement personnel modéré. Pour la petite histoire, la semaine suivante, j'intégrerai le centre UCPA du Monêtier pour y effectuer ma première randonnée alpine et glaciaire, le Tour de la Barre des Ecrins. Une bien belle saison !

Montée au refuge de la Selle (à l'arrière, le vallon de la Lavey et la Tête des Fétoules)

Diaporama Jour 1 : Nous voici donc ce matin au départ du parking automobile de Saint-Christophe-en-Oisans au coeur de la vallée du Vénéon pour une course alpine qui va s'étaler sur 2 jours (+1200m / -0m le 1er jour, +700m / -1700m le 2ème). Une précaution d'importance en préalable à la randonnée pédestre : si l'on dispose de deux véhicules et puisqu'il est prévu que l'on ne revienne pas par la même vallée (on entre par celle de la Selle et on est sensé revenir par celle des Etançons...), il est judicieux d'aller garer une voiture à la Bérarde, histoire de disposer d'une voiture sur place au retour de la course et ainsi éviter les 10kms de goudron. C'est parti pour une remontée du vallon de la Selle en direction du refuge éponyme. On franchit sur un bon chemin plusieurs ressauts morainiques avant de suivre le torrent du Diable dans une montée à la déclivité maîtrisée. Mais que c'est long...

Depuis le refuge de la Selle, le glacier de la Selle et les Têtes du Replat

On contourne les sombres faces N de l'Aiguille du Plat de la Selle pour se retrouver vers 2200m au pied du béquet sur lequel est érigé le refuge, presque 500m au-dessus. Une pause s'impose avant de partir dans la litanie des lacets qui conduisent jusqu'à l'hébergement à 2675m d'altitude. Heureusement que pendant toute la période de la montée on aura accès à de spelndides paysages de ce cirque glaciaire qui commence pas mal à être érodé avec le recul drastique du glacier. La plateforme du refuge est une bonne occasion de poursuivre la contemplation. On est arrivé vraiment dans un lieu exceptionnel de beauté... minérale.

Au petit matin, progression sur le glacier de la Selle

Jour 2 : Départ du refuge à l'aube blafarde alors que les premiers rayons du soleil commencent à colorer de rouge les pointes les plus hautes qui ceignent le cirque glaciaire. Et tout d'abord, celles sous lesquelles on débute notre ascension et qui ne sont autres que les contreforts de la crête du glacier des Ruillans, pour les plus connues le Pic de la Grave et le Râteau W. Peu à peu, on laisse le minéral pour marcher sur de la neige qui à cette heure-ci, encore, est assez portante. On se déporte en RD de la vallée pour venir lécher la base du pilier qui soutient la Pointe Thorant et ainsi contourner l'imposant verrou morainique au centre du glacier de la Selle. Vers 3000m, on incline vers la D pour traverser la zone de crevasses. On est encordé, on a le piolet à la main mais la faible pente et la qualité de la neige nous dispensent d'utiliser les crampons. Face à la Tête N du Replat, on se dirige vers le col le plus à D. On chausse les crampons et par quelques zigzags dans la pente, à présent pas mal relevée, on atteint la lèvre neigeuse qui défend l'accès au passage convoité. Un vrai coup de sabre qui a taillé la roche !

A l'approche du col du Replat

On en profite pour prendre les dernières photos côté N car, d'ici peu de temps une fois au niveau du col, la Tête S du Replat empêchera la vision en enfilade du vallon de la Selle. Il ne restera plus que celle des remparts N, du Pic de la Grave au Râteau. Au col à 3335m, on domine la partie haute du vallon des Etançons mais l'arête S du Râteau E occulte le massif de la Meije. En face, la Grande Ruine et le col du Clot des Cavales sont à contre jour d'un soleil encore relativement bas. Seul le vallon de la Pilatte est idéalement ensoleillé, vallon au fond duquel trône le sommet des Bans.

L'arête S du Râteau E vue depuis le col du Replat

On désescalade le couloir E pour retrouver un névé où l'épaisse couche de neige permet une descente tranquille. On incline la marche au S puis au SW pour passer au pied de la Tête de la Gandolière et commencer à descendre dans les éboulis de l'ancien vallon glaciaire du glacier de la Gandolière. Le vallon se rétrécit et l'on vient à passer entre deux falaises. Vers 2650m, les faces S de la Meije apparaissent en intégralité alors que l'on retrouve en RG du vallon qui à présent s'élargit les prémices du chemin qui va nous permettre de rejoindre le fond du vallon des Etançons à hauteur du refuge du Châtelleret. Il ne reste plus qu'à s'arrêter quelque temps sur la terrasse du refuge pour une collation avant de s'engager dans la descente vers le village de La Berarde et en terminer avec cette "petite" course bien sympathique.

Descente du col du Replat côté Etançons (les arêtes de la Meije)

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