[France] Alpes - Grande Ruine - Pointe Brevoort (1987)

Carte topographique IGN Top25 au 1/25000e 3436 ET Meije - Pelvoux - Parc National des Ecrins

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C'est la première course en haute montagne que je vais effectuer. A l'été 1987, je viens passer mes vacances dans le massif des Ecrins et j'y ai auparavant réalisé pas mal de randonnées à la journée entre les vallées de la Romanche, de la Guisane et du Vénéon. Je n'ai à ce jour aucune expérience "alpinistique" (je n'ai pas encore connaissance des stages alpinisme UCPA qui dans les années suivantes me formeront aux techniques de la haute montagne). Donc, pour un début et sans vouloir trop dépenser, je recherche dans le programme des "collectives" organisées par les bureaux des guides de La Grave ou de Briançon. Et voici qu'une place est disponible dans une cordée pour faire l'ascension de la Pointe Brevoort, le point culminant du massif Grande Ruine - Roche Méane, à deux pas de La Meije. Ce massif montagneux élancé m'a fasciné depuis la plus tendre enfance (mes parents m'"obligeaient" à passer un mois de vacances d'été alternativement en Andorre ou en Oisans, quelle guigne...!). Alors, même ado, la beauté de ces paysages commençaient à m'interpeler... Bien que j'aie beaucoup rechigné à les suivre sur les sentiers pour atteindre un refuge et puis en revenir l'après-midi même ("Pourquoi tant de haine...?"), une fois adulte, je me suis pris d'une vraie passion pour la randonnée (Va comprendre, Charles...!) en me disant qu'aller jusqu'au refuge c'était beau (et bien souvent exceptionnel...) mais qu'aller fouler les sommets avoisinants, ça devrait être passionnant. J'ai bien l'intention, cette année-là, de découvrir ce qu'il peut bien y avoir de si attirant AU-DELA du refuge. Quelle chance ! Je vais pouvoir déguster d'en haut les paysages que j'ai l'habitude de contempler d'en bas (bien que ce ne soit loin d'être désagréable...). Donc, l'opportunité de gravir un sommet proche du massif de la Meije me séduit au plus haut point (c'est le cas de le dire...). En effet, le départ de la course se situe au refuge Adèle Planchard qui , avec ses 3174m, se révèle être l'un des plus isolés des Ecrins (avec la cabane de l'Aigle, puisqu'elle n'est accessible qu'au prix d'une très longue ascension de plus de 1500 mètres... La cabane de l'Aigle, c'est 100 mètres de plus mais avec la contrainte supplémentaire de la remontée du glacier du Tabuchet).

Au départ du refuge Adèle Planchard

Diaporama Jour 1 : Depuis le parking du Pied du Col de Villar-d'Arêne, c'est parti dès le milieu de la matinée pour remonter la vallée de la Romanche jusqu'à sa source puis bifurquer pour égrener un à un les lacets qui permettent de remonter le coteau. L'ambiance de ce vallon est assez exceptionnelle et augure de ce que je découvrirai beaucoup plus tard dans mes trekkings en Himalaya. : le wilderness (un anglicisme malheureusement intraduisible en bonne langue française...). Le glacier de Tombe-Murée, l'envers du décor du glacier Blanc, est vraiment impressionnant de gigantisme, et pourtant si peu connu...

Vue sur la Meije depuis le sommet de la Grande Ruine

Jour 2 : Après une nuit passée au refuge, on se réveille avant le soleil pour voir apparaître au moment du petit-déjeuner par les fenêtres du refuge, la Barre des Ecrins qui commence à prendre des teintes brune, rose puis orangée. Le glacier commençant aux portes du refuge, on s'équipe dans la salle hors sac. C'est pas mal pour la première fois de voir tranquillement et à la lumière comment s'arnacher, non ? Puis c'est l'heure de la sortie du refuge. Il ne reste que les crampons à attacher sur les chaussures et nous voila partis sur une pente de neige en douceur dans une clarté toute... infernale car du rose et de l'orange il ne reste rien car on est passé en quelques minutes seulement au rouge de l'enfer... Irréel en diable, mais que c'est beau ! La montée est évidente : d'abord rejoindre le col des Neiges puis obliquer sur la droite pour pénétrer dans le vallon qui s'ouvre entre Roche Méane au nord et Grande Ruine au sud. Puis c'est l'entrée dans un petit couloir à main gauche (quelques endroits à poser les mains...) pour prendre pied sur l'arête glaciaire occidentale de la Pointe Brevoort. On finit par quelques zigzags dans les éboulis sommitaux et c'est le miracle ! On accède à 360° de panoramas époustouflants alentours... Ce sommet est réellement un nid d'aigle (non, il n'y en a pas, des aigles, juste des chocards à bec jaune...) sur la totalité du massif des Ecrins et celle dont je suis venu contempler la face sud, la Meije, est bien présente au rendez-vous. Je n'en doutais pas, mais... Posé à 3765m d'altitude, on est à hauteur du glacier Carré qui s'inscrit au pied du Grand Pic. On est d'égal à égal ! Pour une première, je suis comblé.

La Pointe du Vallon des Etages vue depuis le sommet de la Grande Ruine

Mais il faut bien descendre... En s'arrachant à la contemplation de ces paysages incroyables où je peux reconnaître toutes les vallées alpines que j'ai pu parcourir avant, mais vues d'en haut, on suit stricto sensu la voie de montée pour se retrouver devant la porte du refuge une heure plus tard. Avec des souvenirs plein la tête, et heureusement, grâce au modernisme du XXème siècle, avec dans la poche les clichés capturés par l'objectif de l'appareil photos (ce sont d'ailleurs les diapos d'origine que j'ai scannées 35 ans plus tard que vous pouvez faire défiler...). Au refuge, une petite collation nous attend puis c'est le moment de ranger l'équipement d'alpinisme dans le sac (c'est que c'est lourd quand même et tout ça tenait dedans à la montée...?). Direction les sources de la Romanche en suivant la ltanie des lacets du chemin. Au-delà, ce sera l'interminable plateau de Valfourche, puis le Pas de l'Âne à Falque et enfin le retour au parking automobile. Mais quelle bambée ! J'ose penser que cette première, une réussite, a conditionné beaucoup des orientations que j'ai pu prendre par la suite. Merci Adèle !

Le glacier de Tombe-Murée vu depuis le sentier de descente du refuge Adèle Planchard

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