Sniff...!

Mes amis, quelle déception ! 11 jours dans l’Atlas marocain et un temps de ch… Oh, pas continuellement… Plus pernicieux que ça : le matin il faisait plutôt beau, ciel clair mais dès le lever du soleil quelques nuages s’effilochaient dans l’azur, vent prononcé en altitude, nuages qui devenaient de plus en plus présents jusqu’à occulter le soleil dès le milieu de la matinée. Après, orages (oh désespoir, oh vieillesse ennemie - Don Diègue, Le Cid de Corneille, Acte I scène IV…).

N’ai-je donc tant vécu que pour cette infâmie ? continuerait-il, mais là je peux le prendre à mon compte… Impossible de prévoir à l’avance l’heure de passage du tonnerre et des éclairs (le déclenchement variait entre 11 et 16 heures). Impossible de ce fait de partir sereinement gambader sur les crêtes. Un jour, ce devait être lundi 22 juin, nous avons subi 6 heures continuelles d’orage violent. La veille, tôt le matin, nous avions quand même décidé de grimper sur le magnifique sommet du Ouanoukrim, 2ème sommet de l’Atlas marocain, avec la surprise d’y rencontrer un tapis de 30 cm d’épaisseur de grêlons tombés la nuit précédente… (guêtres indispensables à la descente !) et l’avant-veille nous avions dû rentrer précipitamment dans le refuge du Toubkal alors que notre tente était en train d’être traversée par un mémorable torrent de boue et de grêlons mêlés… L’apocalypse vous dis-je !

 

Impossible dans ces conditions-là de réaliser le topo que je vous avais présenté dans un des précédents billets du blog. Pareillement, nombre de groupes qui avaient entamé divers Tours du Toubkal ont dû bien vite déchanter : quelque soient les itinéraires empruntés, il y avait toujours un problème. Certains sentiers étaient impraticables pour les mules et sans mule dans ce coin, pas de rando itinérante ! Je vous parle évidemment de passages grand public : le parcours dans les gorges de l’asif Tinzar, la traversée du torrent à Timichi, le passage du col de l’Aguelzim, la remontée du tizi n’Ourai ou la remontée du lac d’Ifni au tizi n’Ouanoums... Rien de bien sorcier vous en conviendrez.  Combien de déçus et parmi eux combien de randonneurs qui venaient pour la première fois dans l’Atlas ? J’espère que cela ne les découragera pas de tenter une seconde approche.

 

Cette période orageuse fait suite à une longue période de pluie qui a caractérisé le printemps 2009 dans la montagne marocaine suivant elle-même une période de chutes de neige très précoce et abondante. Ça n’a pas dû être drôle tous les jours dans les villages de montagne, la population isolée de tout et constatant la dégradation lente et inéluctable des pistes et sentiers : j’en veux pour preuve le piteux état actuel de la piste qui pénètre dans la vallée des Azzaden ou celle qui monte de Imlil au tizi n’Tamatert, de nombreux passages ayant été emportés. Les sentiers ont eux aussi été touchés : l’axe Imlil-Toubkal est revenu à l’état dans lequel je l’ai connu il y a 20 ans (caillouteux et bien peu agréable à fouler), la descente du tizi n’Tagharat est redevenue dangereuse (elle était déjà très terreuse et peu stable, alors maintenant…), même le sentier de l’Aguelzim qui permet de passer de la vallée de l’Ait Mizane à celle des Azzaden, pourtant si bien tracé, a subi les outrages dûs aux conditions météo.

 

Pratiquer de l’alpinisme eut été également dangereux ne serait-ce que lors de la remontée de couloirs rocheux dans lesquels des blocs pouvaient se détacher sans crier gare et nous blesser. C’est la raison pour laquelle nous nous en sommes tenus à deux ascensions « sans danger », le Toubkal par la VN et le Ouanoukrim par le tizi n’Ouagane. Nous sommes bien loins du programme projeté, mais la sécurité doit primer…

 

Dès que la rumeur s’est amplifiée jusqu’à annoncer une amélioration des conditions météo sur la zone, nous avons décidé de descendre directement sur Imlil au lieu de suivre les crêtes du Toubkal au Tichki, parcours qui nous paraissait un tantinet osé du fait des orages et des conditions rocheuses, en milieu de semaine dernière afin de rallier par les pistes « officielles » la vallée de Tachedirt et ainsi sauver une partie de notre programme. Nous envisagions d’aborder le parcours des crêtes de l’Aksoual, du Bou Iguenouane et de l’Anrhemer par le N plutôt que par le S… Que nenni ! Il eut fallu que les sommets se découvrissent. Nous avons passé notre temps au gîte privé de Tachedirt, véritable havre de quiétude dans cette vallée verdoyante (il faut dire avec ce qu’il est tombé, humour…). Siestes et nuits réparatrices, non pas de l’activité sportive locale mais de l’accumulation des fatigues parisiennes des jours précédents, ont rythmé notre quotidien...

 

Clin d’œil vendredi matin lorsque nous avons quitté Imlil, un franc soleil dans un ciel bleu azur nous a accompagné jusqu’à Marrakech… De dépit, nous avons été commander une pastilla chez Oscar Progrès, pastilla que nous avons dégustée le soir-même. Na !

A charge de revanche, peut-être avant la fin de l’année, qui sait ?

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