[Ethiopie] Massif du Simien - De Debark à Chenek
Ce mini-trek de 4 jours sur les hauts plateaux éthiopiens se déroule dans le Simien Mountains National Park (SMNP pour les intimes...). Pas vraiment de liberté pour se lancer dans du "hors des sentiers battus" ! Tout est encadré, et pas qu'un peu... jusqu'à devoir être accompagné par des rangers en armes. Aujourd'hui, pas de raison évidente de justifier cet encadrement si ce n'est de permettre à des agents du Parc d'être rétribués par les touristes (voir la liste du tarif des prestations ici qui détaille chaque prestation de cuisinier, d'aide, de location de tentes ou de vaisselle... sans aborder l'épineux problème du pourboire de fin de trek, une institution en Ethiopie !). Certes les rangers connaissent parfaitement les sentiers et ont l'oeil exercé pour débusquer un gypaète barbu, un faucon blanc, un singe Gelada, un ibex wilaya et même une horde de loups d'Abyssinie ! De plus, alors qu'ils ont marché comme nous toute la journée, ils assurent toute la nuit, qu'il pleuve ou qu'il vente en restant dehors exposés au froid mordant (si, si, on est souvent en dessous des 0°C...), la surveillance du camp pour empêcher d'éventuels maraudeurs mal intentionnés de venir "se servir" dans les tentes... Il y a quand même une sacrée différence de niveau de vie entre les paysans qui arrachent à la terre leur subsistance et les touristes en vêtements fluo qui sont une proie facile ! Pour ne rien gâcher, les rangers sont d'excellents camarades de randonnée, l'un devant, l'autre derrière, encadrant le groupe de randonneurs pour qu'il ne se disperse pas. Bref, vous l'aurez compris, nul n'est besoin de décrire précisément le tracé de cette randonnée itinérante, par contre on peut en égrener les multiples points d'intérêt.
Noter qu'il y a des règles très strictes quant à ce que l'on a le droit de faire : par exemple, si vous n'avez pas prévu de passer 5 jours complets (soit 4 nuits) dans le Parc, ne comptez pas faire l'ascension du Ras Bwahit qui à 4430m se trouve être le second sommet du massif du Simien. Administrativement interdit... Pareil pour le Ras Dashen, le point culminant d'Ethiopie : son ascension fait partie du circuit complet en 9 jours et il est illusoire de penser que l'on pourra accrocher ce sommet de 4553m en une journée de marche depuis la piste. Non, non... Et à côté de ça, on "permet" à des touristes motorisés d'arpenter en long et large les pistes tracées dans l'enceinte du Parc apportant son lot de bruit, de poussière et de pollution dans cet espace préservé par l'UNESCO alors que le Parc a justement été créé pour protéger la faune endémique de cette partie des plateaux éthiopiens. L'UNESCO n'en est d'ailleurs pas à une contradiction près puisqu'en 2016, elle a forcé le gouvernement éthiopien, sous réserve de retirer l'agrément (et les subsides...), à "demander" aux habitants de Geech, aidés en cela par les déménageurs de la police et de l'armée éthiopiennes, de bien vouloir se retirer de leur village perdu au milieu du plateau éponyme afin de ne pas perturber la faune et ne pas mettre en péril l'équilibre de biodiversité (landes herbeuses, lobelies, buissons d'immortelles, singes Gelada, loups d'Abyssinie, etc). Et donc bien sûr d'aller s'entasser dans les bidonvilles de tôle à la périphérie du bourg de Debark... Inadmissible à mon avis ! (Pour étayer ces propos, je vous propose de lire cet article du Point en date du 9 sept 2020. Edifiant, non ?) Comme quoi, l'humain, même s'il fait partie de la Création, n'est pas le bienvenu alors qu'il est présent depuis des siècles et qu'il a, génération après génération, modelé le terrain ! Par contre, la noria de 4x4 ne semble VRAIMENT pas être un problème, va comprendre, Charles...! Autre particularité du coin, ce sont les transports : si vous êtes routard et que vous désirez emprunter les camions qui font la navette entre les villages de montagne et Debark, oubliez ! C'est interdit. Vous devez vous soumettre aux compagnies de transport privé qui, si vous n'êtes pas passé par une agence qui aura tout négocié à l'avance, proposeront certes de vous convoyer mais à des tarifs au montant stratosphérique (pas celui de SpaceX mais s'y rapprochant... de l'ordre de 250$ l'aller simple). Eh oui, on vous demandera de payer la totalité du bus de 20 places...
Après ce petit billet d'humeur, il n'en reste pas moins que les 4 jours que je vais vous présenter sont d'une richesse indéniable, à tout point de vue. Et sans jeu de mots, le parcours composé par les agents du Parc fait vraiment la part belle aux points de vue et autres belvédères de légende en privilégiant de nous faire marcher en bordure de falaises. Et Dieu sait s'il y en a avec ces coulées de basalte qui se sont succédées au cours des millénaires qui nous ont précédés. Et pour finir, même si l'on reste 100% du temps sur des sentiers, on est loin de la rando "gigot-haricots" du dimanche après-midi... Ne vous y méprenez pas, il s'agit d'un vrai trek avec de belles dénivelées, qu'on se le dise !
Téléchargez la carte du circuit en PDF : Carte du trek en 4 jours dans le Simien
LE TREK JOUR PAR JOUR
Jour 1 : Debark - Simien lodge - Campement de Sankaber
1h15 de 4x4 et 4h / 16kms / +500m / -520m..
Diaporama 3kms après avoir montré "patte blanche" à l'entrée du Parc (les documents attestant que l'on est bien passé par les bureaux à Debark et que l'on a acquitté les taxes, ouverture à 8h30) et 300m après avoir dépassé les cases du Simien lodge, le 4x4 stoppe côté E du gros mamelon sur lequel est érigé le pylône télécom (C ETHIO Télécom, la 4G couvre tout l'espace au milieu duquel on va randonner pendant ces 4 jours).
On commence le trek à 3260m par une descente directe au travers d'une prairie d'herbes folles jusqu'à atteindre un premier belvédère (on commence fort !). On dispose d'une belle vue plongeante sur les falaises S et les pitons volcaniques situés à distance. Face au vide, on poursuit sur la D au NE sur un sentier bien marqué qui offre de belles vues plongeantes sur le village d'Adarmaz perdu au milieu de ses cultures au pied des falaises (5mn, 3220m). Toujours dans la même direction, on contourne par le haut une combe. Au bord du chemin on croise de nombreux buissons d'immortelles ainsi que de roses d'Abyssinie (en résumé, de l'églantier...). La végétation arbustive que l'on traverse par instants s'apparente à celle de l'Île de la Réunion et présente des sortes de branles recouverts de barbe de Saint-Antoine.
On évolue en bord de plateau vallonné. Cà et là, de jeunes villageois (l'école doit être fermée...) proposent des produits d'artisanat dont un chapeau local plutôt sympa. On continue d'avancer pour traverser une large prairie au milieu de laquelle il n'est pas rare de croiser une "bande" de singes Gélada qui, en familles, menées d'une "main de fer" par le ou les mâles dominants, grattent et grattent le sol sans s'interrompre un instant. Même les humains ne les dérangent pas plus que ça : endémiques de cette région, les singes Gélada sont exclusivement herbivores et passent les 10 heures de leur journée à essayer de tirer de la terre nourricière racines et brins d'herbe qui assureront leur subsistance. Extrêmement peu calorique, la recherche de cette alimentation occupe toute la journée pour disposer de suffisamment de calories.
On rejoint la piste (1h, 3105m) qui vient tutoyer à cet endroit le rebord des falaises de basalte. On reprend le fil du chemin pour un parcours en up / down pas lassant du tout et qui permet de se faire surprendre par un couple de gypaètes barbus qui profite des pompes ou alors par le corbeau corbivau, noir de jais, au bec de forme proéminente (lui, il est plutôt intéressé par les reliefs du pique-nique qui s'annonce...). On s'en va franchir un col (35mn, 3245m) derrière lequel on découvre un village composé de quelques huttes en bois d'eucalyptus avec un toit de chaume. Invitation est donnée pour venir assister à la cérémonie du café (5mn, 3230m, compter bien 45mn de pause tant la cérémonie est codifiée).
A la sortie du village, on traverse la piste pour retourner évoluer sur le sentier en rebord du plateau. On reste toujours à distance de la piste et de la poussière générée par les véhicules qui l'empruntent. On atteint un nouveau belvédère où l'on découvre la sortie du canyon de Sankaber (1h05, 3250m). Puis on quitte le fil de la crête pour s'engager dans une traversée de forêt à flanc, descendre sur un rein et atteindre la piste (50mn, 3195m).
D'ici, il ne reste plus qu'à suivre la piste en montée vers le N sur 500m de distance (éventuellement avoir la chance de débusquer un Menelik's bushbuck, en français Guib harnaché, un "genre" de chèvre endémique du coin) et atteindre le campement de Sankaber (15mn, 3240m, source, abris sommaires et emplacements de tentes, cabanes pour l'équipe cuisine, toilettes sommaires). Nuit sous tente.
Jour 2 : Campement de Sankaber - Belvédère de Jinbar - Campement de Geech - A/R Kedadit
4h50 / 14kms / +800m / -450m & extension Kadadit 1h / 3kms / +150m / -150m.
Diaporama Du camp à 3240m on repart sur la piste en montée vers le N sur 200m pour s'échapper sur la G et rejoindre le bord du coteau (panneau vert). On évolue en up / down le long de la falaise et après être passé sur plusieurs belvédères on bascule dans une grosse descente pour retrouver la piste dans un col recouvert d'une prairie d'herbes folles (1h15, 3130m, source).
En laissant la piste à main droite, on descend franchir une rivière (10mn, 3100m) avant de remonter en face et atteindre le point de vue sur la rivière Jinbar qui présente sur le coteau d'en face une jolie chute d'eau (5mn, 3120m, A/R sans sac sur une cinquantaine de mètres pour disposer de la vue la plus pertinente).
On revient sur ses pas jusqu'à traverser une clairière sur la G de laquelle démarre le sentier d'ascension qui permet de rejoindre la piste au lieu-dit Kaba Fen (elle arrive depuis le col précédent par de larges lacets). On suit la voie poussièreuse sur 1500m vers la G jusqu'à atteindre une immense plateforme qui fait face au plateau de Geech (40mn, 3300m). Ici, après avoir dégusté le large panorama qui s'offre sous nos yeux, on laisse la piste et son agitation pour ne la retrouver que demain soir...
On emprunte un large chemin au départ étale qui descend par la suite modérément rejoindre la rivière Jinbar. Alors que l'on peut s'attendre à un lit rocailleux aride, voici que la rivière présente de jolies cascades et des vasques d'eau claire qui invitent à la baignade ou tout du moins à la trempette des pieds. Auparavant, sur le sentier de descente, on aura croisé pas mal de sources qui descendent des pentes S du vallon (45mn, 3205m).
La suite de la journée consistera en une remontée du coteau N sur un sentier bien tracé à la pente soutenue mais pas trop... Au cours de l'après-midi, une fois sorti du vallon, on s'élèvera dans des zones de landes sèches ponctuées à maints endroits d'ensembles sableux multicolores (du genre Chamarel sur l'Île Maurice). Puis on descendra légèrement pour aller traverser un thalweg (1h10, 3420m) au sein duquel on trouvera notre première lobélie géante, cette plante assimilable au yuka qui ne donne qu'une fleur dans sa vie mais quelle fleur : 2 à 4m de haut ! Ensuite, on grimpera le long d'une forêt d'eucalyptus, sûrement plantée par les villageois de Geech il y a quelques années et virés comme des malpropres car faisant tache dans le paysage selon l'UNESCO (voir introduction de ce topo). Mère Nature a vite comblé le vide laissé par les habitants et on ne peut que constater que les terrasses agricoles qui modelaient les pentes sont en train de partir à vau l'eau (10mn, 3475m).
Et c'est par un faux-plat montant que l'on terminera cette étape de liaison en atteignant le campement de Geech situé en milieu d'un plateau d'herbes folles où le seul relief est constitué de souches de lobélies anciennes (30mn, 3600m, emplacements de tentes, toilettes convenables, source, cabanes pour l'équipe cuisine). Nuit sous tente.
A l'approche de la fin de journée, il n'est pas inintéressant de se rendre sur la crête herbeuse au N du camp (compter 1h A/R et +150m / -150m). Plusieurs raisons à ce surplus d'efforts : 1- c'est facile, 2- le paysage vu du sommet de Kadadit (= le trou) est encore une fois très vaste, 3- le coucher de soleil est réellement somptueux et 4- on assiste, alors que le crépuscule est en train de se mettre en place, au reflux des colonies de singes Gélada (souvent plus d'une cinquantaine !) qui remontent des prairies (où elles ont glané tout au long de la journée leur pitance...) franchir la crête et venir se mettre en sécurité pour la nuit dans les anfractuosités des falaises de basalte. Un leitmotiv pour nous les touristes : ne pas rester au milieu de leur chemin, les empêchant par peur de progresser vers la crête, de ne pas pouvoir atteindre leur lieu d'hébergement nocturne. En tout cas, c'est un beau spot pour prendre le temps de les observer. Et, une fois que la "meute" est passée, il est conseillé de ne pas trop tarder à rejoindre le camp (il faut 10 à 15mn en descente) si l'on veut éviter de se tordre une cheville par manque de clarté dans un des trous creusés par les rats-taupes...
Jour 3 : Campement de Geech - Imet Gogo - Inatiye - Campement de Chenek
6h20 / 21kms / +900m / -870m.
Diaporama C'est la grosse journée qu'on se le dise ! Mais avant de se lancer pour ce parcours des crêtes et des sommets, comme on a pu entendre des hurlements toute la nuit autour du camp, il se pourrait bien qu'une horde de loups d'Abyssinie ait élu domicile en lisière de la forêt d'eucalyptus que l'on a longée hier en rejoignant Geech. Qui sait ?
Quelque soit votre état d'âme à la suite de votre quête matinale, plaisir immense d'avoir pu rencontrer un ou plusieurs loups (il n'en resterait plus que 500 au Monde...) ou frustration bien légitime, il va falloir se mettre en route. Au départ du camp, on suit une direction ENE qui emprunte un chemin bien tracé au travers de la prairie et louvoie entre les lobélies géantes. On atteint un collet (1h05, 3770m) en contrebas de l'arête. On poursuit toujours à l'ENE pour croiser le chemin de descente du plateau que l'on empruntera au retour (25mn, 3850m). Pour l'instant, on poursuit en montée tranquille et en biais pour rejoindre la crête rocheuse où on laisse son sac à dos sous la surveillance des rangers (10mn, 3910m).
Vers l'E, cette crête se termine par le sommet de l'Imet Gogo, une excroissance de 3947m que l'on peut rejoindre en suivant un itinéraire un tout petit peu chaotique fait de montées et de descentes rocheuses et où il faut une ou deux fois poser les mains, mais rien de difficile ni de vertigineux (compter 1h A/R incluant le temps de contemplation depuis le belvédère). On est au bout du bout de l'arête N du plateau de Geech, arête que nous avons déjà foulée à peu près en son milieu lorsque nous avons été assister au coucher de soleil sur le sommet de Kedadit. Au sommet de l'Imet Gogo, la falaise verticale, voire en léger surplomb, domine la partie "basse" des plateaux (quand même située à 3000m d'altitude...). En tournant le regard vers la droite, on peut sans difficulté imaginer la suite de l'itinéraire qui va nous conduire ce soit au campement de Chenek passant par la deuxième "bosse" qui n'est autre que le sommet de l'Inatiye coté à 4073m.
De retour au collet pour récupérer le sac à dos, on redescend pendant 300m sur le sentier qui nous améné ici puis on laisse à main droite le sentier de Geech pour descendre tout droit rejoindre en larges lacets le rebord E du plateau. On poursuit le long de la falaise pour passer au niveau d'un point de vue imprenable sur la roche sommitale de l'Imet Gogo (30mn, 3680m). Toujours en bordure du thalweg bien creusé, on rejoint le fond du large thalweg où la rivière Jinbar prend sa source (45mn, 3600m). C'est en face que le sentier se poursuit, à flanc de coteau au sein d'une forêt peu dense qui peu à peu disparaît. A ce moment, on retrouve le plaisir de contempler un superbe panorama sur le plateau de Geech et son point culminant, l'Imet Gogo. La montée se fait un peu plus ardue alors que l'on traverse une lande d'herbe jaunie pour atteindre l'échancrure de la faille qui sépare les sommets de Shayno Sefer et de l'Inatiye. Encore quelques mètres au-dessus, nous voici au pied du plateau sommital de l'Inatiye, une selle basaltique de belle épaisseur au coeur de laquelle on peut s'abriter dans des grottes naturelles (50mn, 3970m). Alentour, séance de rattrapage pour les frustrés de ce matin : présence d'une colonie de singes Gélada et peut-être d'un couple de loups d'Abyssinie...
Il ne reste plus qu'à suivre le chemin qui se dirige vers l'E pour atteindre le mamelon rocheux qui marque le sommet de l'Inatiye (20mn, 4073m, Inatiye en français c'est "la mère"). Belle vue plongeante sur les effondrements dantesques de la partie orientale du massif du Simien. Et la contemplation n'est pas finie de sitôt car le chemin de Chenek reste en bordure de plateau. Et bien penser qu'avant de contempler les paysages il faudra assurer un bon positionnement des pieds sur le sentier caillouteux en forte déclivité.
Le chemin en direction de Chenek part plein S avant d'incurver vers le SE puis l'E. Comme annoncé, on suit le rebord de la falaise, tranquillement tout d'abord puis un peu plus sérieusement lorsque la déclivité devient conséquente. Toutefois, mis à part sa caractéristique caillouteuse, le sentier est excellemment bien tracé et s'offre même quelques zigzags (les bâtons de randonnée peuvent aider à négocier quelques passages un peu plus délicats...). On atteint un collet (55mn, 3740m) ceint de falaises duquel on peut apprécier la verticalité surplombante de la falaise E de l'Inatiye que des férus d'escalade ont surmontée ; la voie a été baptisée "Mamma Mia" (rapport à "la mère"), c'est tout dire...
De portions pentues en traversées à flanc, on rejoint la piste que l'on dominait depuis un moment sans jamais avoir l'occasion de pouvoir y descendre tant le coteau présente une forte déclivité (sauf pour les gosses du coin qui s'y déplacent comme des cabris pour venir proposer aux touristes de l'artisanat...). On atteint (enfin !) la piste en aval du campement de Chenek à un endroit de triste mémoire : le site de Kurbat Matar (en français, "où l'on jette la peau de mouton"). Mais il faut connaître la signification de qui se cache derrière la métaphore à savoir les exactions commises par les milices du Négus rouge Mengistu qui précipitaient à cet endroit dans le vide les opposants, supposés ou avérés, dans la période noire des années 1975 à 1991 où ce tyran officiait avec l'aide appuyée du bloc communiste et principalement de la R.D.A. Mengistu est toujours en vie malgré les multiples condamnations internationales d'abord à la réclusion à perpétuité puis à la condamnation à mort lors de son procès en appel en 2008, aujourd'hui il est réfugié au Zimbabwe sous la protection d'un autre drôle de sire, Mugabe... Quelle solidarité compassion chez les tyrans de ce monde !
Laissant derrière nous cette "page d'histoire" (un autre triste sire, français, aurait bien pu y ajouter son grain de sel et déclamer que ce n'était qu'un "détail de l'Histoire"...), on remonte en suivant la piste terreuse jusqu'au camp de Chenek (10mn, 3630m, emplacements de tentes, toilettes convenables, source, cabanes pour l'équipe cuisine, source, rivière en contrebas du camp pour le décrassage). Nuit sous tente.
Jour 4 : Campement de Chenek - A/R Ras Bwahit
3h45 / 12kms / +800m / -800m.
Diaporama Du campement de Chenek à 3630m, on suit un chemin plein E qui s'en va rapidement rejoindre la piste qui monte en lacets vers le col de Bwahit. On la suit en montée jusqu'à l'approche d'un virage serré vers la gauche et s'échapper de la poussière en suivant à D le sentier historique d'avant la construction de la piste (10mn, 3690m). On suit peu ou prou le tracé de la ligne électrique et on remonte un thalweg coloré présentant une végétation d'altitude.
On retrouve la piste un peu plus haut (30mn, 3835m) à l'aplomb d'un béquet rocheux recouvert d'herbes folles. Et c'est là que se réunissent quelques spécimens d'ibex wilaya pour notre plus grand plaisir de les contempler à 100 ou 200m de distance. Assez peu perturbés par l'agitation des touristes, pédestres ou motorisés, qui les entourent, ils vaquent à leurs occupations sans trop se soucier de notre présence.
Une fois le "spectacle" terminé, on suit une portion de la piste vers le S jusqu'à un large virage vers la gauche. Ici (20mn, 3925m) on retrouve le sentier historique devenu aujourd'hui sentier coupe-lacets de la piste. On traverse peut-être une dizaine de fois la piste alors que l'on s'élève en direction d'un béquet rocailleux qui se situe pile poil au milieu de l'arête qui nous fait face. Plus on s'élève, plus le panorama à l'arrière s'agrandit. Avec le recul, on peut maintenant davantage apprécier la hauteur et la verticalité des falaises orientales qui bordent le massif du Simien. A 4080m, on retrouve un moment la piste pour 3 à 400m jusqu'à retrouver le sentier d'ascension. Ainsi on laisse la piste poursuivre vers le Bwahit pass alors que l'on poursuit à G plein S vers le sommet du Bwahit qui s'affiche droit devant.
Le sentier est toujours bien marqué et remonte une succession de banquettes basaltiques sur lesquelles l'herbe s'est mise à pousser. En s'élevant, on constate que l'herbe laisse la place aux buissons d'immortelles (tiens, les fleurs se referment la nuit, quand il fait froid ou que le soleil se cache...). A contempler le paysage qui s'étale au N, on se dit que la notion des "plateaux éthiopiens" n'est pas une légende ! Une petite pause avant d'attaquer la portion terminale de l'ascension (1h, 4325m) en laissant les sacs à dos sous la garde d'un ranger.
Et nous voici en moins de temps qu'il ne faut pour le dire (ou presque...) en train de louvoyer entre les blocs de basalte pour atteindre la plateforme du Ras Bwahit (10mn, 4430m) de laquelle on dispose d'une vue à 360° sur la totalité du parc du Simien. Et c'est un peu beau ! Et pour la première fois du trek, il était temps, on peut contempler au loin vers le S le sommet du Ras Dashen, le point culminant de l'Ethiopie avec ses 4553m, qui n'est en fin de compte qu'une excroissance d'un plateau basaltique. A nos pieds, la piste qui arrive de Debark se démultiplie pour desservir une foultitude de villages entourés de leurs cultures en terrasse.
La descente s'effectue par le même chemin qu'à l'aller et en 1h20 nous voici de retour au campement de Chenek pour déguster les bons petits plats concoctés durant notre virée par le chef cuisinier. Nuit sous tente.
Jour 5 : Campement de Chenek - Debark
2h30 de 4x4.
Diaporama Aujourd'hui, on va quitter le parc du Simien. Avant que les 4x4 ne viennent nous chercher, on peut se rendre à pieds sur le belvédère qui jouxte le camp des rangers au N de la piste. De ce point de vue, on dispose d'une vue en enfilade des falaises sur lesquelles on a marché lors du jour 3 entre Geech et Chenek. Le regard englobe l'Imet Gogo et l'Inatiye et permet d'apprécier l'itinéraire de descente en rebord de falaise pour atteindre Chenek.
En voiture, on retraverse une grande partie du parc et on se plaît à redécouvrir les endroits où nous sommes passés durant ces 4 jours de trek. Comme la piste reste un bon moment côté S lors du parcours de Chenek à Kaba Fen, on découvre la zone périphérique du parc que l'on ne connaissait pas et l'immensité des étendues agraires (blé, orge) qui la caractérise. On s'aperçoit aussi du nombre d'habitants qui résident dans cette zone, principalement des fermiers qui exploitent cette terre. Puis c'est le passage à Sankaber, et un peu plus loin au Simien lodge, avant de sortir du parc et retrouver la route goudronnée jusqu'à Debark.
Commentaires
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- 1. Patrick AILLOUX Le 07/04/2020
EN ces temps de confinement j'ai eu le temps de parcourir tes textes sur ton trek en Ethiopie. Très beau séjour.
A bientôt
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