[France] Alpes - Traversée Carro - LevannaW - Evettes - Albaron (2002)

Carte topographique IGN au 1/25000e 3633 ET Tignes / Val d'Isère / Haute Maurienne / Parc national de la Vanoise

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En ce début d'été 2002, Georges et moi revenons d'un Tour du Grand-Paradis qui s'est transformé en traversée nord - sud en raison de conditions météo défavorables au départ de la dernière journée. Cela fait bien longtemps que j'ai dans l'idée de réaliser la traversée Carro - Evettes mais je n'avais jamais eu l'opportunité de l'organiser car c'est une traversée mythique qu'on se le dise ! Pas vraiment difficile, encore que, depuis que les années de réchauffement climatique s'enchaînent, le col de Trièves (aujourd'hui devenu très sec...) et la traversée du glacier de Grand Méan (où les crevasses s'élargissent et où des portions hors neige ou glace de plus en plus larges apparaissent...), cela devienne chaque année de plus en plus délicat. Aux deux extrémités de cette traversée pour laquelle nous avions réservé 4 jours de temps, les conditions étaient excellentes pour tenter, en complément de la traversée proprement dite, les ascensions de la Levanna occidentale (la plus facile du triptyque...) et de l'Albaron. Aujourd'hui encore, ces deux sommets, même si les glaciers qui en défendent l'accès perdent régulièrement en épaisseur de neige et de glace, restent deux valeurs sûres de l'alpinisme en terrain mixte. L'accès à la Levanna occidentale est vraiment débonnaire, celui au sommet de l'Albaron présente un niveau supérieur en matière de technique alpine. Autant Georges et moi avions fait l'ascension de la Levanna occidentale en autonomie que pour la traversée vers les Evettes puis l'ascension de l'Albaron nous nous étions adjoint un guide de haute montagne local. En tout cas, ces trois jours en haute altitude avaient été des moments intenses de plaisir tant la beauté des espaces traversés a été à la hauteur de ce que nous en attendions et que les panoramas disponibles portent loin et sans entrave.

Au col des Pariotes de bon matin

Diaporama Jour 1 : Montée tranquille depuis le parking du village de l'Ecot jusqu'au refuge du Carro situé sur un plateau lacustre. Deux lacs jouxtent le refuge : le premier d'un bleu profond et et le second beaucoup plus clair quasi laiteux. Tout cela au pied des remparts S de la Grande Aiguille Rousse. Quelle sérénité !

Au sommet de la Levanna W on dispose d'une vue imprenable sur la Levanna centrale

Jour 2 : Du refuge, on rejoint le col des Pariotes d'où l'on domine le cirque des sources de l'Arc. Cette fois-ci, on incline sur la G pour viser plus ou moins directement le sommet de la Levanna occidentale. Pour ce faire, ce sera une longue montée neigeuse en larges lacets qui gomment quelque peu l'inclinaison relativement peu affirmée de la pente. Au sommet, vue plongeante sur les vallées italiennes, les sommets des Alpes italo-suisses, une grande partie des parcs du Grand-Paradis et de la Vanoise, le plus impressionnant étant la vision vertigineuse de l'arête rocheuse et glacée qui relie le sommet ouest au central. Mais quelle belle dent ! Redescente par le même itinéraire et dans l'après-midi sieste dans une échancrure de rocher orienté au soleil et protégé du vent qui vient des cimes... Alors que la nuit va tomber, rencontre avec notre guide qui va nous accompagner pour les deux journées qui suivent. Et pis, dodo !

Sur le glacier de Grand Méan au milieu de la traversée Carro - Evettes

Jour 3 : Lever pas trop tôt puisqu'il est prévu de partir au tout début du jour pour ne pas avoir à allumer la lampe frontale et profiter des belles couleurs de l'aube pour réaliser de beaux clichés. Retour au col des Pariotes mais cette fois-ci on descend à D rejoindre le lac des sources inférieures situé au pied du col de Trièves. Ce sera en fin de compte le passage le plus délicat de toute la traversée car, année après année, les banquettes de neige disparaissent et il est nécessaire de devoir escalader les rognons lisses par quelques pas de varappe. Une fois sorti des bandes rocheuses, il ne reste plus qu'à rejoindre le col qui donne accès au glacier du Mulinet. Le point de passage suivant se situe à l'opposé d'où l'on se trouve et c'est une traversée en neige (aujourd'hui avec des portions d'éboulis...) qui nous attend. Pas difficile jusqu'à l'approche du col du Grand Méan où il va falloir choisir le bon passage du fait de la présence d'une cavité créée par les vents tourbillonnants et que l'on suppose garnie de neige très peu portante. On reste à hauteur en passant sur la G pour rejoindre l'entame du glacier du Grand Méan. On incline vers l'E avec comme point visé la "canine" du Mont Séti. La descente est tranquille jusqu'à apercevoir en contrebas le lac qui s'est formé suite au recul de la langue glaciaire. On rejoint la moraine RD pour passer un peu au-dessus du lac et poursuivre sur une trace caillouteuse afin de rejoindre le départ de la gorge de la Reculaz. Ici, un bon sentier prend la relève pour rejoindre le refuge des Evettes posé sur le verrou morainique au N du cirque des Evettes, cette grande cuvette grise parsemée de lacs et ceinte de splendides sommets comme les Petite et Grande Ciamarella mais aussi à main droite la pyramide de l'Albaron, et c'est pour demain... Dodo !

Au sommet de l'Albaron

Jour 4 : Départ à la frontale car la journée peut être longue rapport aux conditions de neige dans le fameux S qui défend l'accès à la Selle de l'Albaron. Le soleil nous rejoint au milieu du S et un franc soleil nous accueille sur le petit plateau glaciaire situé entre les Ciamarella et l'arête SE du sommet que l'on convoite. Sur cette arête, pas de longueurs interminables à enchaîner les zigs et les zags. Ce n'est qu'alternance de portions en neige et en rocher sur lesquels on se fait plaisir (quelques photos d'anthologie dans les pas de grimpe...). Alors que l'on croit être au bout du bout, voici que l'on découvre aux alentours des 3550m que la croix érigée sur un monticule schiste n'est pas l'emplacement du sommet... et qu'il reste encore un petit peu de route pour atteindre les 3637m. Juste de l'escalade de blocs bien plaisante. Au sommet, la large vue attendue à 360° est bien présente et fait la part belle aux sommets de la Vanoise plus qu'aux vallées italiennes. Il ne reste plus qu'à redescendre jusqu'au refuge. Et enchaîner en 2ème partie d'après-midi avec la descente jusqu'au hameau de l'Ecot pour se remettre les pieds sur terre... avec plein d'images de légendes dans la tête !

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