[Ethiopie] Massif du Gheralta - Eglises Maryem et Daniel Korkor

3h30 de marche / +350m / -350m
Départ : 10kms à l'W de Hawzen
Arrivée : idem

Diaporama

Je vous emmène "plus près de toi mon Dieu..." visiter deux églises troglodytes qui appartiennent au massif du Gheralta. Elles se trouvent tout en haut de pitons de grès rouge, perchées plus de 300m au-dessus du plateau agraire qu'elles dominent. Et l'itinéraire que l'on doit suivre n'est pas des plus aisés d'où la cotation Icone 2 qui n'est pas usurpée, surtout à la descente. Là-haut, on tutoie les cieux et on découvre depuis la large plateforme sommitale (ou presque...) un large panorama qui s'étend du nord au sud. Que dire des églises ? Pas grand chose de l'extérieur... mais à l'intérieur c'est un enchantement des yeux avec des peintures certes plus récentes puisque postérieures au creusement des lieux saints mais d'une beauté très simple. Pour l'ascension et pour des raisons de sécurité, vous êtes obligés de louer les services d'un guide officiel au village d'à côté, Megab, et puis de "bonnes âmes" vous accompagneront tout au long du périple prévenant le moindre faux-pas et qui au retour vous tendront la main pour quérir un billet d'ETB100. Toute peine mérite salaire, non ?

Au pied des falaises E du massif du Gheralta

De Megab où le guide s'est joint à nous, on emprunte la route vers le S puis on s'enfile 1km plus loin sur la piste en terre rouge qui se présente sur la D et qui conduit au pied des falaises E du Gheralta (parking, 1940m). On poursuit à pieds sur la piste, un peu plus chaotique que précédemment. On dépasse deux églises orthodoxes, l'une à droite, l'autre un peu plus bas à gauche en contrebas de la piste (25mn, 2000m). On rencontre pas mal de choucas d'Or, ces corvidés portant une parure bleu pétrole luminescente sous les rayons du soleil matinal. On continue à s'élever en direction du SW en longeant des terrasses agricoles et en se rapprochant peu à peu de la base de la falaise. La piste se transforme en chemin pour nous amener au pied d'une étroite gorge qui s'ouvre entre deux pitons. On remonte le couloir étroit (parfois moins de 2m de large) et pentu aménagé par endroits de marches. On débouche à découvert sur une plateforme herbeuse (30mn, 2140m) de laquelle s'ouvre l'horizon au N.

Arrivée à la première plateforme

On incline la marche à main D pour dépasser une grotte (abri possible) derrière laquelle on remonte sur quelques mètres un thalweg resserré. Une portion "technique" s'ensuit avec la remontée en biais et à flanc d'une dalle de grès aux couleurs irisées, dalle qui présente une inclinaison de l'ordre de 30 à 35°. Mais il y a pas mal de prises pour les mains et des encoches naturelles qui permettent de poser les pieds (comme on le verra au moment de la descente, la montée n'est pas si difficile que ça...). En haut de la dalle (15mn, 2185m), on retrouve un chemin quasiment étale qui suit un large sangle. Le panorama est étendu, présentant un immense plateau agraire où les arêtes rocheuses du massif dont on escalade la falaise E sont ornées de nombreux pitons détritiques. C'est un peu beau ! Juste après une forte grimpette où il faut quelquefois poser les mains, on suit à nouveau un large sangle (15mn, 2235m) qui se dirige vers une grande prairie herbeuse encaissée entre deux pitons rutilants. On louvoie entre les herbes folles pour passer devant la source puis rentrer dans l'enceinte religieuse en traversant le mur W et atteindre l'entrée de l'église troglodytique de Maryem Korkor (20mn, 2300m, visite payante).

L'église troglodyte Maryem Korkor

L'église est très intimiste et de taille très réduite. Les piliers et quelques pans de mur sont ornés de peintures postérieures à la construction. Il règne ici une ambiance de "bout du Monde". On ressort de l'église, on se rechausse et, dos à l'entrée, on se dirige à main D pour traverser le plateau en bordure de la prairie. Il n'est pas rare d'y rencontrer des babouins Amadrias, les culs rouge sang... Dans le collet, on trouve sur la D le départ d'une vire qui contourne le piton dans lequel l'église de Maryem Korkor a été creusée. Sur la vire, assez confortable quand même pour y avancer sans difficulté ni appréhension, on marche pendant 150m avant de trouver l'entrée de la cavité qui héberge l'église d'Abuna Daniel (10mn, 2300m). Avant d'y pénétrer, on peut apprécier la hauteur à laquelle est perché le lieu saint, en gros 300m au-dessus du vide, et l'immensité du plateau alentour. Des gypaètes barbus planent et viennent nous frôler.

Sur la vire entre les églises de Maryem Korkor et Abuna Daniel

On pénètre dans l'église par une porte très étroite et de faible hauteur (les grands ont obligation de ramper ou alors de posséder des capacités de contorsion peu communes...). Etonnamment, une fois dans l'unique salle de l'église, il fait clair comme si une lumière puissante y était disposée. Mais non, pas d'éclairage artificiel, seule la lumière vient du dehors au travers de la petite porte et se réfléchit partout sur les murs blancs. Et l'on découvre un ensemble de peintures aux tons rouges et orangés de belle facture et bien dans la typicité éthiopienne naïve. En plus, comme il y fait frais, on peut s'allonger pour contempler sans effort la voûte et embrasser d'un seul regard l'ensemble des icônes.

L'intérieur de l'église Abuna Daniel

Après ce moment zen, retour à la réalité ! Après être passé de nouveau devant l'église Maryem Korkor (10mn, 2300m), nous voici sur le chemin du retour avec en tête quelques interrogations quant à notre aptitude à pouvoir négocier sans encombre la désescalade de la dalle puis à économiser nos genoux lors de la descente du goulet rocailleux qui s'ensuit... Eh bien, même si certain(e)s ont dû faire rencontrer la toile de leur fond de pantalon avec la dalle de grès, il n'y a pas réellement de risque de glisser d'une part parce que le grain de la roche est grossier et évite de déraper, et d'autre part que les encoches naturelles de l'érosion sont suffisamment nombreuses pour n'en pas trouver... On se retrouve vite fait et un peu surpris sur la plateforme de la grotte.

Dans la partie délicate de la descente

On s'engage à main G dans l'étroit couloir aménagé de gros blocs qui permettent de descendre par à-coups (les bâtons de randonnée peuvent être utiles dans cette portion pour disposer d'un meilleur équilibre et modérer les chocs sur les articulations, les "marches" étant quelquefois un peu hautes...). On se retrouve au pied du couloir, puis c'est le chemin et enfin 1,5km de piste en descente pour revenir au parking (1h20, 1940m). Pour la petite histoire, noter que dans la falaise voisine une autre église, Abuna Yemata, a été creusée dans un piton : celle-ci est encore plus difficile et technique à atteindre, et on doit imaginer que la descente de quelques passages verticaux peuvent nécessiter un assurage par corde. On verra la prochaine fois...

L'immensité du plateau qui succède aux falaises du Gheralta

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