[Népal] Annapurnas, le massacre...

  • Le 06/12/2010
  • Dans Voyages
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Quelques impressions collectées lors du parcours de Pisang à Bhulbule, 3 jours sur la partie basse du Tour des Annapurnas, de retour de la traversée Mustang – Phu à l’automne 2010.

Les travaux de construction d’une piste entre Besi Sahar et Manang ont été initialisés il y a une dizaine d’années de cela mais ce n’est vraiment qu’à présent seulement, en cette fin 2010, que l’on peut ressentir les aspects néfastes de ces travaux sur la vie de certains villages et sur la qualité des paysages proposés sur cette portion.

La piste du côté de Jagat

Il y a quelques temps j’avais écrit ce petit billet en introduction au topo présentant l’excursion réalisée à l’automne 2006 vers les vallées reculées encore préservées de Naar et Phu :

« Tiens parlons-en de ce Tour des Annapurnas en péril ! Certes les paysages de haute montagne proposés sur ce circuit sont spectaculaires (ils ne vont pas changer avant quelques millénaires…) et pas loin d’être dans le Top 10 des spots mondiaux de trekking. Somme toutes, la fréquentation n’est pas si incommodante que cela du moment que l’on a choisi de tourner dans le même sens que les autres (95% des trekkeurs partent de Besi Sahar), à moins de souhaiter croiser la totalité des groupes de randonneurs sur les 20 jours que dure la randonnée (épreuve à réserver aux sado masochistes…). Par contre, on va dire depuis une quinzaine d’années, en dehors des paysages, ne faîtes pas le Tour des Annapurnas à la recherche de l’authenticité dont vous ont parlé vos aïeux : tout habitat au bord du chemin a été transformé en épicerie ou en lodge (reconnaissable à la table en bois où trône le seau rafraîchissant dans lequel on distingue une antédiluvienne bouteille de Coca et un Fanta). Et comme il faut bien attirer le chaland, d’autres lodges se sont construits alentours, tous plus rutilants les uns que les autres, et c’est bien cette débauche de couleurs pétantes qui indispose en premier lieu. Le reste vient peu après… Les maisons traditionnelles, certes ternes avec leur toit en pierre gris foncé ou de lattes de bois et au travers duquel s’échappent les volutes de fumée âcre (ne devrait-on pas d’ailleurs tout simplement les raser ?), font pâle figure comparées à ces édifices d’un kitch surréaliste…

Et puis je ne peux pas passer sous silence la construction de la piste entre Besi Sahar et Manang et dont les travaux doivent s’achever en 2010 : sur cette section, les sentiers historiques empruntés depuis des siècles ont en grande partie été détruits ou ensevelis sous les gravats… La contradiction réside dans le fait que la piste va permettre d’amener à bon coût du matériel pour construire des lodges, du ravitaillement, mettre la capitale à une journée de bus de Manang, permettre au progrès de pénétrer dans la région… Mais y aura-t-il encore des touristes pour s’arrêter au bord de la piste avant Pisang et permettre aux locaux de rentabiliser les sommes investies dans la construction des infrastructures dédiées au tourisme ? Que deviendront les sympathiques villages de Bahunedanda, Syange, Tal, Dharapani, Koto, Chame, Pisang ? Y aura-t-il encore du travail pour les habitants des villages qui assurent aujourd’hui la totalité du portage, matériel et biens de consommation, depuis Besi Sahar jusqu’aux villages les plus reculés ? Que vont devenir toutes ces familles sans revenus ? Iront-elles s’entasser à la périphérie de Katmandu avec le vain espoir de trouver du travail, là où déjà aujourd’hui s’entasse dans des bidonvilles la moitié de la population du Népal ? Il y a de quoi être atterré du peu de cas que les décideurs locaux, en mettant dans le même panier ceux qui leur apportent l’argent (les pays occidentaux ou du sud-est asiatique), font de l’équilibre économique existant hyper fragile ! Je peux malheureusement prendre les paris que le Tour des Annapurnas va mourir de sa belle mort d’ici à 5 ans, allez 10 ans au mieux, et que Manang va devenir, pour les randonneurs, un camp de base pour des traversées ou des mini tours s’inscrivant pile poil sur la semaine.

Comme Lukla ou Namche Bazar dans la région de l’Everest, Manang sera un village commerçant sans intérêt. Ces villages qu’autrefois on atteignait avec envie et bonheur après 10 à 12 jours de marche depuis la route, comme une halte bienvenue à mi-parcours, ne sont maintenant considérés par le trekkeur qu’avec dédain. Une seule envie : les fuir au plus vite ! On a déjà l’exemple avec Lukla qui ne survit que grâce à la présence de l’altiport (grossistes et hôteliers, ces derniers étant très contents lors d’une dégradation des conditions météo avec l’effet direct de remplir les lodges…). Manang ne correspondra absolument plus à ce que le trekkeur est venu chercher au Népal, cette authenticité qu’on lui a maintes et maintes fois décrite avec enthousiasme ! Le Tour des Annapurnas, demain, se résumera à un passage de col, de Manang à Jomoson, au choix du trekkeur de suivre le circuit « canal habituel » et franchir l’historique Thorong La à 5416m ou se diriger vers l’W en direction du lac de Tilicho et affronter le Mesokanto La à 5315m, plus alpin. La piste, un désagrément pour le touriste, c’est une évidence, une manne pour les locaux, j’en doute sur le moyen-long terme… ».

Un service de cars entre Besi Sahar et Syange

Où en est-on aujourd’hui en 2010 ?

La piste remonte la rive droite de la Marsyandi jusqu’à Chyamje. Seule la partie de Besi Sahar à Syange est « praticable » par les motos, un autobus et quelques 4x4 tout en étant très abîmée. De Syange à Jagat, le tracé existe mais n’est pas viabilisé. Au-delà, la piste, ou plutôt des morceaux de piste qui ne pourront assurément jamais se connecter entre eux à moins d’énormes travaux nécessitant un déploiement de moyens autre que celui constaté à ce jour, reste bien évidemment inutilisable à ces véhicules à moteur (les tronçons sont actuellement séparés par de gigantesques blocs de granit quasi-indestructibles).

L’avancement des travaux :

- à l’automne 2010, contrairement à ce qui se passe dans le Rolwaling, on ne voit plus de chantiers en cours, tout au plus deux ou trois équipes locales de quelques personnes qui, à l’aide d’un marteau-piqueur, s’affairent sur l’un des nombreux points noirs restants (et il y en a pléthore…).
- les compresseurs sont bien sagement rangés à l’abri sous des bâches.
- deux ou trois caterpillars attendent qu’on veuille bien les utiliser.
- partout ce sont des blocs effondrés qui sont descendus dans le lit de la rivière.
- Tal semble être le seul site entre Syange et Manang sur lequel il y a encore quelques travaux mais l’équipe en place est encore bien loin d’attaquer le passage dans la gorge en amont…

Un caterpillar à Tal

Les dommages collatéraux :

- ce sont des cultures entières dévastées par le percement de la piste,
- lorsque la piste a été tracée au-dessus du chemin historique, celui-ci a été recouvert de gravats et n’est désormais plus utilisable,
- à Tal, la montagne est éventrée de tous les côtés, soit parce qu’il faut desservir tous les villages qui entourent la cuvette, soit parce que les travaux ont été bloqués par un écueil inattendu et qu’on essaie de passer plus haut ou de l’autre côté. En attendant, la pollution visuelle est et restera présente…
- Jagat, ce village riant d’autrefois, a été massacré par la pénétration de la piste et par les gravats consécutifs aux travaux de contournement du village.
- le sentier qui cheminait à mi-hauteur entre Jagat et Syange a été perdu corps et biens pour être remplacé par un cloaque argileux dans lequel les cascatelles se déversent faute d’avoir vu leur écoulement d’eau canalisé… Encore faudrait-il que cette eau ne mine pas les infrastructures créées ? Et là, j’ai un énorme doute… Faire et refaire, certes c’est travailler !
- pour les 200m de dénivelée descendante pour rejoindre Syange, la piste descend en lacets serrés. Belle performance technique mais quelle horreur visuelle !

Entre Syange et Jagat

Les maux engendrés par la présence de la piste :

La déferlante des convois de mules :
- inexistants il y a encore quelques années dans la vallée de la Marsyandi, les convois de mules rythment le quotidien des villageois et des trekkeurs. Les portions de piste qui ont été construites ont modifié la donne du transport : 15 mules et un muletier remplacent les 20 porteurs qui œuvraient sur place il y a encore bien peu de temps, aujourd’hui ces 20 pauvres hères n’ont plus de travail pour subvenir aux besoins de leurs familles. Faible répit pour les muletiers qui seront chassés dans quelques temps dès que l’hypothétique première voiture pourra faire le trajet de Besi Sahar à Manang…
- les morceaux de chemin qui n’avaient pas été touchés par les travaux se dégradent très rapidement par le passage de centaines de mules par jour. Certains passages sont si étroits que des garages à mules ont été créés pour alterner les convois, je ne vous parle pas de l’odeur pestilentielle qui peut régner au pied des côtes (urine des mules)…
- à présent, entre Pisang et Besi Sahar, on marche sur un épais tapis de merde qui colle aux sculptures des chaussures de marche. Réellement repoussant et peu hygiénique vous en conviendrez !
- poussière, poussière, poussière quand il fait sec, boue, boue et merde mêlées lorsqu’il pleut…

Un convoi de mules du côté de Chyamje

La désertification des villages :
- Bahunedanda est un des premiers villages sinistrés : il n’y passe plus chaque jour que quelques touristes alors qu’autrefois le magnifique banyan qui trône au niveau du col était le point de rendez-vous des trekkeurs après avoir subi la première montée significative du début du Tour des Annapurnas. Aujourd’hui, c’est à pleurer ! Bien sûr, la piste et le pont sur la rivière en construction (destruction… ?) pour connecter le village au monde de l’extérieur vont le faire renaître… En tous les cas, le trajet Bhulbule - Bahunedanda que l’on croyait protégé puisque la piste avait été construite de l’autre côté de la Marsyandi, ne l’est plus. D’un côté ou de l’autre, le trajet est devenu « merdique » à souhait. Comme cela le touriste a le choix entre la RD « merdique » et la RG « merdique ». Que fait-il donc encore là ?

Sympa, non ?

En résumé :

Que reste-t-il donc comme coins sympas entre Besi Sahar et Pisang ?
- 1h entre Bahunedanda et Syange via Ghermu (pas de piste, pas de mules)
- 3h + 3h entre Pisang et Braga en passant par l’itinéraire du haut via Ghyaru et Ngawal.

Soit sur 28h de marche théorique, seul ¼ du parcours n’a pas été impacté par la construction de la piste ou le passage des mules. Edifiant, non ? Un petit diaporama pour enfoncer le clou et vous faire encore plus mal ?

Ajouts du 11 décembre 2010 :
Présentation du schéma directeur de développement de la région de Manang dans le cadre du congrès annuel du RRC.AP (Regional Resource Centre for Asia and the Pacific)
     - Accès à la présentation
     - Accès au rapport complet

Extrait du rapport Sustainable Development Plan MANANG (2008 – 2013) concernant les motivations de création de la route de Besi Sahar à Manang.

Sustainable Development Plan MANANG

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Commentaires

  • dubot jacques
    • 1. dubot jacques Le 07/12/2010
    effectivement votre coup de gueule est justifié c'est une triste réalité et ça ne semble pas prêt de s'arrêter. je vous remercie pour votre accueil et pour le temps consacré à notre premiere rencontre (évidemment pour les cartes des futurs treks que j'envisage de faire fin 2011) je vous souhaite une bonne journee, à bientôt pour le récit de cette randonnée de 26 jours!!! énorme.
  • Camille Aubert
    Effectivement, pour être passé par là en avril 2010, les travaux vont bon train. Toute la première partie du trek a été presque "gachée", par le bruit des buldozers...

    Je pense que d'ici peu, le trek des Annapurnas ne sera plus qu'un lointain souvenir pour les nostalgiques du époque révolue. La piste ira jusqu'à Manang, et les touristes iront admirer les massifs des Annapurnas en Jeep...

    En parlant de sujet qui fache, sachez aussi que cet été, j'ai pu constater sur le trek du Zanskar, qu'une piste reliant Phanjila à Photoksar, donc passant par dessus le Sirsir La (4800 metres) était quasiment finie. N'allez pas croire que les innondations de cet été y ont changé quelque chose, j'y suis allé après (fin aout)...
  • MAROUSSIE Dominique
    • 3. MAROUSSIE Dominique Le 12/12/2010
    Entièrement d'accord avec votre coup de gueule , ma femme et moi avons eu la chance d'effectuer le grand tour des Annapurnas en octobre 2008,un trek mythique ! A cette époque les travaux étaient déjà commençés et nous nous doutions bien malheureusement de ce qu'il allait
    se passer,confirmé hélas par votre témoignage
    Effectivement,que vont devenir ces porteurs
    Népalais qui vivaient du portage ?
    Et ces habitants tout sourire au passage d'un groupe de Trekeurs bientôt remplaçés par des engins à moteur ? Et nous trekeurs qui avons soif d'authenticité où aller ?
  • Pierre MARTIN (webmaster)
    Vous parlez d'octobre 2008 et à l'époque il y avait encore du monde sur les chantiers. Aujourd'hui, ce qui me dérange le plus, c'est la pollution visuelle constatée et l'impression qu'il n'y a plus de volonté (ou d'argent...) pour continuer les travaux. Sur le Rolwaling, la piste se construit à vitesse grand V parce qu'il y a une carotte au bout : la connexion avec la Chine. Il y a du business à faire ! Sur les Annapurnas, je ne les vois pas traverser le Thorong La pour se connecter à la piste qui traverse déjà le Mustang et qui relie cet ex-royaume à la Chine. Donc, je pense que ça va péricliter en laissant tout en état, à la merci des dégradations que les pluies de mousson successives ne vont pas manquer d'opérer.

    Pour ceux qui ont connu le Tour des Annapurnas à ses débuts, j'avais mis en ligne un diaporama datant de 1987 (les photos ne sont pas extra mais les diapos avaient commencé à se dégrader) accessible sur http://www.martinpierre.fr/blog,tour-des-annapurnas-en-1987,231015.html.
    Ah nos jeunes années...
  • thierry
    Namaste,
    oui c'est lamentable, grâce au développement apporté par la route, ces gueux vont être enfin pouvoir circuler en bus puis, pour les plus chanceux, acheter une voiture, voire un 4x4 chromé GPS/clim bi-zone comme chez nous ....
    alors qu'il serait si simple de les laisser dans leur misère avec quelques roupies en avril et novembre pour porter nos vestes en gore tex, la table et les chaises pliantes pour un bivouac si dépaysant!!!
    dommage qu'ils n'aient pas gardé le roi avec son chapeau ridicule, c'était plus authentique....
    Manang est depuis longtemps un gros bourg de riches tibétains sans intérêt (NDLR:le bourg, pas les habitants !).
    Si vous souhaitez découvrir et aider les népalais, fuyez les destinations touristiques et cessez de regretter le portage a dos d'hommes sous prétexte de création d'emplois, les Népalais méritent mieux
    thierry HERVE


  • Remy
    • 6. Remy Le 22/12/2010
    j'ai fais ce trekking 7 ou 8 fois,
    je me souviens de l'époque à laquelle on construisait la route de Dhumre à besi sahar, les même critiques existaient déjà, encore plus vive parfois: honte à celui qui commencait son trek à besi sahar, quel dommage de manquer tous ces fabuleux villages, une hérésie économique, un massacre etc...
    Aujourd'hui cela ne choque plus personnes de commencer son trek à Besi sahar
    Aller savoir pourquoi?

    "la route des Annapurnas, la fin d'un rêve pour vous , la fin d'un cauchemard pour nous" voila ce que me repondait les porteur avec lesquels je travaillais
  • Eric Lon
    Bravo de la clarté de cette description, trop réelle
  • Alex
    • 8. Alex Le 08/02/2011
    Bonjour,
    C'est intéressant d'avoir le commentaire de Thierry, avec un peu l'envers du décor suivi de celui de Rémy et son expérience.
    J’avais vu la piste en construction dans le bas de la Kali Gandaki et je pensais que c’était un travail impossible. La fin de la guerre civile a permis de reprendre les travaux d’utiliser à nouveau de la dynamite et de réaliser cette route avec l’aide de l’armée. Un responsable de lodge à Tukuche m’avait confié que c’était sans doute la fin de son activité mais que 80% des habitants de la vallée ne dépendaient pas du tourisme mais de l’agriculture. A présent, les pommes de la Kali Gandaki peuvent être vendues à un tarif plus compétitif par rapport à celles d’Inde. Les trekkeurs ont moins de stress car si leur vol Jomsom/Pokhara est annulé, ils peuvent prendre cette piste et ne pas rater leur vol international.
    Pour la Marsyangdi, je suis passé par là en automne 2009. La volonté vient peut être davantage du lobbying des habitants de Manang déjà assez riche comme l’indique Thierry, grâce au commerce de l’or dans le temps et les treks maintenant. A mon avis la piste se fera. S’il n’y avait pas de travaux lorsque Pierre est passé, c’est vraisemblablement parce que le budget était bloqué depuis l’été en raison de l’attente d’un nouveau gouvernement. Cette situation a été depuis solutionnée avec le vote du budget fin novembre et les travaux ont sans doute repris à l’heure actuelle. Les VDC, équivalent de nos communes, reçoivent 10 ou 20 lakhs (10 ou 20 000 €) par an d’après mes souvenirs de discussion en 2008 avec des habitants. Il semblerait que ce soit lié à un plan de financement de la banque mondiale. Bref, chaque commune avance son morceau de piste, c’est sans doute pour cela que vous voyez des tronçons qui semblent impossibles à connecter. Personnellement, sur la rive opposée, lorsque je voyais des petits bonhommes commencer à creuser à la pioche au milieu de l’immense face, j’étais plutôt impressionné. Ensuite, entre exploitation (salaires : 200 Rs, 1 € + nourriture dixit un contremaître rencontré), courage ou inconscience, persévérance, destruction du paysage, nuisance sonores, développement (mot largement employé par toutes les ONG) d’une région etc, chacun peut choisir.

    Je retiens deux points :
    1) Il y a plusieurs décennies, nous avons fait de belles routes dans nos montagnes à coup de buldozer et dynamite. Le développement du Népal, ce n’est pas seulement sur les brochures des ONG et un des points essentiel, c’est le développement du réseau routier.
    2) Il continuera à y avoir des treks, peut être que le tour des Annapurna commencera à Chame sur le chemin en balcon dont parle Pierre, peut être à Manang ou on arrivera en avion. Cette vallée reste très belle, on peut aller au lac glaciaire du Tilicho et après le passage du Thorong il est possible de continuer sur la vallée de la Kali Gandaki qui est encore plus belle avec des variantes, rive gauche où je n’ai pas croisé un trekkeur. Enfin, je reviens de l’ouest du Népal et les amoureux du trek isolé peuvent être rassurés, les possibilités de trek sont quasi infinies.
  • Pierre MARTIN (webmaster)
    Merci Alex de ces précisions bien à propos pour combler quelques trous dans la vision du problème dans son ensemble. Ce billet de blog a été écrit lors de la descente de la basse vallée des Annapurnas 3 jours durant à la fin d'un trek incroyable de beauté. Cette route mythique pour les trekkeurs a, sous le feu de l'action (et sûrement de la déception), a pu sembler un (gros) tantinet nombriliste car vu du seul côté du trekkeur. Suite aux premières réactions, j'ai mené quelques recherches et ai ajouté quelques jours après les documents et liens pour permettre au plus grand nombre des lecteurs des articles de ce site de pouvoir se faire une idée. Certes, j'atteste pleinement que la partie initiale de ce billet n'était que superficielle et réellement partisane car vue du côté trekkeur et amoureux de paysages vierges. Ceci dit, ce site s'adresse à cette communauté et je ne pouvais pas totalement passer sous silence l'état de fait de la destruction du patrimoine du Tour des Annapurnas. Beaucoup de personnes désireuses de découvrir le Népal se sont forgé une image idéale de ce trek et je comprendrais tout à fait leur déception à leur retour si je leur avais caché cet aspect des choses. Sans ouvrir une polémique, regardons de plus près le catalogue des Tour Operateurs : combien d'entre eux mentionnent dans leur présentation du trek cette réserve ? 4 jours de piste au début et entre 2 et 4 jours à la fin... Sur 17 jours de marche théoriques, 1/3 du périple a été dégradé... C'est quand même un grand mensonge que l'on cache aux futurs randonneurs à moins qu'arrivés sur place on leur dise qu'ils ne doivent marcher que la tête relevée pour éviter la vision des hideux lodges et des pistes avortées. Ceci dit, je leur conseille quand même de regarder où ils mettent les pieds pour éviter les cloaques merdeux et nauséabonds laissés par les convois muletiers... Oui, je suis triste et ça se ressent. Je n'ai pas pour habitude d'avoir la langue dans ma poche. Qui veut s'engager sur ce circuit partira en connaissance de cause ! Et il y a encore beaucoup de coins à découvrir dans cette vallée : je pense qu'il est concevable de partir de Pokhara, rejoindre Sikles, passer le Namun La puis filer en face sur Naar-Phu, passer le Kang La et finir au choix par le Thorong La ou le Mesokanto La. Côté Jomosom, il y aura 1 jour de foutu mais il faut rentrer dans le massif pour rejoindre Ghorepani.
  • thierry
    namaste Pierre, merci d'accepter le débat contradictoire, je comprend (un peu!)la déception des trekkeurs....qu'ils se rassurent j'ai parcouru NaarPhu, et traversé le massif par le Tilicho lake :les Annapurna restent magnifiques ! mon ton polémique voulait juste souligner que ce pays magnifique appartient aux népalais et nous n'avons pas le droit d'en faire un parc ethnologique
  • Alex
    • 11. Alex Le 09/02/2011
    Je comprends tout à fait qu'arrivant depuis une traversée Naar Phu ou même du tour du Manaslu il y ait un choc. Je comprends aussi le point de vue esthétique et attente des trekkeurs.
    C'est très bien de laisser la parole sur le blog afin comme ici de revoir des prises de positions un peu à chaud et qu'un lecteur puisse se faire une opinion effectivement. Donc merci pour ouvrir la discussion.
    Juste un dernier point, Nomade aventure propose une variante qui ne passe pas par la piste dans la Kali Gandaki. Je crois que se sont les seuls. Pour les personnes qui souhaitent faire un trek en lodge et pas en tente, cela reste à mon avis un très beau trek avec cette variante et les paysages de la Kali Gandaki.
  • Bernard
    • 12. Bernard Le 09/04/2011
    Bonjour,
    Pour ma part, ayant fait ce tour l'automne dernier Nov 2010 et ayant failli croiser Pierre dans cette partie basse, c'est vrai qu'au départ du trek, j'ai été oui déçu par cette piste (pour un trek vendu au Népal : le toit du monde ), sur les premières étapes avec ces grues un peu partout attaquant la montagne, j'ai effectivement relaté ces faits à une connaisance qui désire faire ce tour en lui préconisant de le faire très rapidement puisque dans 2 ou 3 ans , une grosse partie du charme de marcher seul (ou presque) aura totalement disparu, ce qui est triste. Pourquoi le Népal et les villages ne pourrait pas aménager un chemin pour les trekkeurs en parrallèle afin de maintenir cette ressource que sont les trekkeurs pour les villages (oui, le pays n'est pas riche et assez de mal à entretenir juste ces routes). C'est juste dommage...
    Espérons qu'au moins cette piste ne leur apportera que du positif ??
  • Emmanuel
    • 13. Emmanuel Le 07/08/2011
    Débat intéressant en effet. Pour ma part la perspective de passer deux jours dans le bas de la vallée de la Marsyandi en novembre prochain (comme vous en descendant du trek Mustang - Phu). Ne me réjouit guère. J'ai connu le trek des Annapurnas en 2005, c'était ma première rencontre avec le Népal, et malgré les lodges hideux (Cf. ce lodge au toit de tôle bleu qui défigure comme une verrue le village de Kagbeni) et la surfréquentation, j'en garde un magnifique souvenir. Ce me serre le coeur de penser qu'un village aussi beau que Bahunedanda est désormais défiguré.

    Mais bon, une route, pourquoi pas? Si cela peut faciliter l'accès des habitants aux services, aux soins, à l'éducation, au "développement"... Est-on pour autant obligé de défigurer les paysages pour construire une route? Les méthodes employées, et que j'avais déjà pu observer à certains endroits en 2005, me laissent sceptique. Faute de moyens, j'ai l'impression qu'aucun tunnel ne sera jamais percé, y compris dans les sections les plus difficiles. D'où la dynamite et le saccage des flancs de la montagne.

    Enfin, le document que vous présentez (sustainable plan) me laisse aussi fort sceptique. Finalement on y parle beaucoup des désagréments (pollution, hausse du prix du foncier, risques sur la biodiversité, voire développement du VIH sida), pour des bénéfices assez aléatoires en termes de développement économique. Il y a un passage assez sidérant sur le développement touristique à Manang : "la construction de la route va contribuer à augmenter le nombre de touristes. Par exemple plus de Népalais, Indiens, Japonais, pèlerins familles et personnes âgées sont attendus après la construction". D'une part, c'est peut-être vrai pour Manang, mais quid du reste de la route depuis Bulbhule? D'autre part, passe encore pour les personnes âgées, mais doit-on comprendre que les Népalais, Indiens et Japonais, ces flemmards, sont incapables de marcher? C'est plutôt désobligeant pour les nationalités mentionnées...