[Nepal] Helambu, Gosainkund et Langtang

 

Se rendre au Népal, c’est être assuré d’aller découvrir d’autres manières de vivre, de penser, d’être… Une fois cette destination essayée, c’est l’adopter ! Le Népal est un pays attachant certes pour ses paysages mais bien plus encore pour les relations humaines que vous pourrez y tisser. Monter un trek, c’est, au travers de cet engagement, offrir un moyen de subsistance à de nombreuses familles dont les parents louent leurs services comme porteur, cuisinier ou guide et ce, pour que puisse s’accomplir notre bonheur. Une fois la randonnée accomplie, ce seront de fortes amitiés durables dans le temps qui se créeront avec les locaux et qui perdureront même au-delà des distances, entre autres par échange de mails. Peut-être serez-vous également sollicités pour « sponsoriser » dans ses études un des enfants du sirdar, du cook ou du mountain guide. S’engager dans cette démarche, c’est à des milliers de kilomètres, aider un enfant (pas si anonyme que ça puisque vous connaissez son père et les valeurs de travail qu’il représente) à s’élever dans la connaissance et à sortir du commun par l’accès à la scolarité du second degré (privée donc payante…).

Ce circuit s’inscrit sur une période d’une vingtaine de jours de marche, à réaliser en automne (passage d’un col d’altitude), et se déroule entièrement sur sentier. Le gros avantage de ce trek réside dans le fait que c’est une boucle avec un départ et une conclusion dans deux villages de la cuvette de Kathmandou (utilisation des transports locaux de la vallée, délais de route réduits et peu de risques à craindre de grèves subites ou de retards). Le trek est accessible à tout randonneur pouvant supporter de rester une dizaine de jours à des altitudes comprises entre 3500 et 4500m avec deux brèves incursions à plus de 5000m.

La carte interactive est disponible sur Google Maps et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit en PDF :  Pdf image 1 Carte Helambu, Gosainkund et Langtang

Notez que, pour la portion Langtang seule, vous pouvez disposer d'informations plus précises et d'actualité (collectées au printemps 2019) dans le topo L'essentiel du Langtang

Trek helambu langtang

Trekmagazine logo

Attention ! Les séismes du printemps 2015 ont provoqué de nombreuses destructions sur le terrain. Plus sournoisement, dans pas mal d'endroits, ils ont fragilisé quelques passages au fond de gorges ou des traversées en corniche. Je vous invite à prendre connaissance de l'état général des zones touchées (en gros du Manaslu au Khumbu, incluant le Ganesh, le Langtang, l'Helambu et le Rolwaling) sur cet état des lieux concocté par Trek Magazine.

Les basses vallées du Langtang, entre Syafrubensi et Langtang village, ont tout particulièrement été impactées avec l'ensevelissement du fond de la vallée (champs, chemins, villages, etc.) par des éboulements de terrain apocalyptiques. Les chemins qui autrefois suivaient la rivière sont devenus trop dangereux. Les autorités imposaient de passer par les villages de Khangjim et Sherpagaon pour rejoindre Bamboo lodge dans les semaines qui avaient suivi les séismes. Au-delà, de Kyangin gompa à Kathmandu via le Ganja La c'est praticable. Et, il n'est plus possible de faire directement le parcours depuis Bamboo lodge via le Laurebina La et les lacs du Gosainkund comme décrit dans le topo. Si l'on veut rentrer sur Kathmandu par les lacs du Gosainkund, force est de descendre jusqu'à Pairo et monter vers Thulo Syabru pour y retrouver le chemin originel. La carte CL819 a été composée après les séismes et recense les possibilités du coin en matière de randonnée. Il est vivement conseillé de l'acquérir à Kathmandu pour "ne pas faire n'importe quoi"... Bon ! Ceci dit, elle est aussi fausse que les autres cartes népalaises... Mais il y a de jolies couleurs, c'est déjà ça !

Carte langtang cl819 apres seismes

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Katmandou - Nagarkot - Bahunepathi

5h / +100m / -1400m.
De Katmandou, se rendre en 2 h en autocar à Nagarkot, le fameux belvédère au nord de la vallée. Nous sommes à 2000m au sommet de la colline et la région de l’Hélambu que nous allons traverser s’étale à nos pieds. Par temps clair et dégagé, le panorama sur les massifs du Ganesh et du Langtang est vraiment magnifique. Cela donne envie… Eh bien allons-y, go ! Petite mise en train dans une chaleur un peu moite : le trek débute par une grosse descente en direction du nord au travers des forêts et en louvoyant autour des champs en terrasse. On y trouve les cultures traditionnelles des plaines népalaises : riz, millet, blé, orge ainsi que des plantations de bananiers. Beaucoup de monde dans les champs, heureusement d’ailleurs, car il n’est pas facile de s’orienter au milieu des cultures et vous aurez plusieurs fois à vous enquérir du bon chemin pour rejoindre la vallée de l’Indrawati khola. Après 4h30 de verte balade, Bahunepati, à 600m d’altitude, se présente à nous. Il ne nous reste plus qu’à suivre la piste qui s’élève en pente douce. A mi-chemin de Melamchi bazar, nous dressons notre premier campement dans le jardin d’une maison inoccupée.

La vallée de l'Indrawati khola

Jour 2 : Bahunepathi - Kakani

6h / +1450m / -150m.
Diaporama de la totalité du trek Nous continuons la piste jusqu’à entrer dans Melamchi bazar. Par une passerelle suspendue, nous traversons la Melamchi khola et entrons dans la région de l’Helambu. L’accueil est rude : grosse montée pour nous emmener au village de Kakani à 2000m via le Pokhari bhanjyang. Nuit en tente à proximité d’un gros lodge situé au Kakani bhanjyang juste au-dessus du village.

Le village de Sermathang

Jour 3 : Kakani - Sermathang

3h / +600m / -0m.
Du col, nous continuons peu ou prou sur la crête. Après la montée au Nigale bhanjyang, le sentier suit la courbe de niveau. Nous entrons dans Sermathang à 2600m. Après-midi de repos dans le village et visite du superbe gonpa.

Coucher de soleil sur le village de Sermathang

Jour 4 : Sermathang - Tarke Gayang

3h30 / +400m / -200m.
Aujourd’hui encore, petite journée d’acclimatation en douceur entre cultures et forêts : nous ne marcherons que le matin afin de réserver la plus grande partie de la journée à la visite du splendide village de Tarke Gayang, premier village sherpa que nous rencontrons. Une seule halte à observer à mi-chemin, la traversée du village de Gangjawal : le chemin passe au bord de la cour de récréation de l’école tout près du monastère. Même si ce n’est pas l’heure de la pause, il se peut bien qu’un flux migratoire de bambins ne nous étouffe… Une bonne heure de route après ce village, juste avant Tarke Gayang, nous établissons notre camp au camping municipal. Celui-ci est situé juste au niveau d’un mur de manis. Attention, sangsues goulues !

Jour 5 : Tarke Gayang - Yangri Peak (bivouac au col)

4h / +750m / -0m.
Deux chemins mènent au bivouac de ce soir :
- le premier part sur la droite plein E, dans la forêt et en zigzag, jusqu’à la crête puis tourne à gauche pour gravir le Yangri peak (3771m) avant de redescendre sur la Yangri danda. C’est le sentier « officiel ».
- le second trace plein N au-delà du village pour emprunter une sente confidentielle que suivent les locaux pour aller chercher du bois ou conduire les troupeaux aux prairies d’altitude et rejoint la Yangri danda bien après le Yangri peak.

Le camp est établi vers 3400m sur la crête près d’une bâtisse en bois (les porteurs pourront dormir ce soir abrités du vent) et à l’orée d’une forêt que nous traverserons demain. La vue s’étend de gauche et de droite du Surya peak, le sommet qui domine les lacs du Gosainkund au Dorje Lakpa, un presque 7000 faisant partie du Jugal himal, tout de glace vêtu.

Bivouac sur la Yangri danda

Jour 6 : Yangri peak - Keldang

7h / +1100m / -300m.
Bon, maintenant c’en est fini de ces ½ journées ! On prend la direction de notre premier col à 4000m du circuit, le Dhukpu bhanjyang, cette petite échancrure que l’on devine dans la muraille qui se présente à nos yeux. Au loin, nous devinons les lungtas qui flottent au vent. Il nous faudra quand même compter 2 heures de marche pour atteindre le col où la vue soudain s’élargit pour nous faire découvrir une belle barrière de montagnes. C’est celle que nous allons devoir franchir en préalable à l’exploration de la vallée du Langtang... On recherche au loin le col du Ganja La, mais vainement... Redescente dans une prairie avant de poursuivre par une série de montées et de descentes dans un terrain de type « montagne à vaches » jusqu’à Keldang, une kharka perdue au milieu de nulle part à 4200m.

Keldang, une prairie au piémont S du Ganja La

Jour 7 : Keldang - Camp au pied du Ganja La

4h / +500m / -200m.
De Keldang, le sentier continue dans les vastes prairies d’altitude jusqu’à venir buter sur une imposante paroi d’un noir brillant. La traversée d’un champ de blocs erratiques de belle grosseur nous permet d’atteindre l’autre côté du vallon et une courte remontée nous conduit au pied de la moraine terminale à 4500m, lieu idéal pour établir le camp et se reposer avant la bavante annoncée du lendemain. Nous sommes à Yangri kharka, du moins c’est le nom inscrit sur la carte topographique. L’endroit n’est pas spécialement enchanteur (pas de panorama comme nous nous y étions habitué depuis plusieurs jours…), par contre le sol est tapissé de milliers de fleurs d’edelweiss.

Jour 8 : Camp au pied du Ganja La - Ganja La - Ngegang

6 à 9h / +600m / -1000m.
Grosse journée. Autant dire tout de suite qu’il vaut mieux que le temps soit au beau et stabilisé. Sinon il est plus sage de remettre l’étape au lendemain, voire au surlendemain… Pas non plus de possibilité de se poser en chemin car dès que l’on s’élève au-dessus du camp, on ne trouvera plus d’eau avant d’avoir passé le col : c’est sec comme une moraine ! L’altitude se fait sentir, le souffle est court et on est bien heureux d’avoir bien rempli tous nos récipients d’eau. Est-elle longue cette moraine une fois que nous en sommes arrivés sur le faîte. Du type « faux-plat montant », dans une ambiance minérale de toute beauté, on a vraiment le temps de découvrir les panoramas alentours. Le Naya Kanga qui trône en fond de vallée est ceint de gigantesques glaciers fleuves sur lesquels on cherche des itinéraires : il faut bien se passer le temps lors des nombreuses séances de récupération…

Le Ganja La est tout au fond...


La montée se poursuit tout en douceur, il n’empêche que l’on n’a pas l’impression d’avancer tant les montagnes sont gigantesques et trompent notre habitude à évaluer le terrain et le chemin qu’il reste à parcourir. Le col au fond (encore…) est bien loin, juste une petite échancrure dans le spectaculaire cirque de montagnes. Le travail finissant par payer, on atteint le dernier raidillon en zig-zag et le passage est devant nous : 5123m, mazette, quel soulagement ! Quelques lungtas flottent au vent, n’hésitez pas à sortir de votre sac ceux que vous aviez achetés à Katmandou, si les touristes n’en remettent pas, qui donc le fera ?

Franchissement du Ganja La


Face N, le vallon est ténébreux et austère, on le sent très froid et venteux. On distingue en contrebas quelques tentes de summiters qui envisagent l’ascension du Naya Kanga. On prend sur la G une vire rocheuse un peu glacée pour prendre pied dans un pierrier en forte déclivité (le mountain guide a posé une corde fixe pour aider au franchissement de ce passage pas insurmontable mais avec l’état de fatigue supposé…). Descente précautionneuse jusqu’au Naya Kanga Base Camp à 4700m. De là, on poursuit notre journée sur un sentier tracé dans du sable très fin avant d’atteindre une zone de gros blocs. On incline sur la G pour d’abord franchir la moraine frontale nord puis traverser un champ d’éboulis. Ce dernier passé, on retrouve, et pour les quelques jours qui suivent, les belles prairies gazonnées. Le camp est établi à Ngegang à 4200m au milieu d’un amas de gros rochers.

Descente du Ganja La côté Langtang

Jour 9 : Ngegang - Kyangjin Gonpa - Numbathang

5h / +500m / -300m.
Après une nuit réparatrice et la satisfaction du travail bien fait, nous poursuivons notre descente vers le fond de la vallée du Langtang. Une traversée étale nous conduit vers un collet qui donne accès à un panorama à l’égal de celui que l’on obtient en haut du Kalapattar. Ne pas hésiter à se diriger sur la crête herbeuse qui part sur la droite jusqu’à un cairn afin d’élargir le panorama. C’est toute la chaîne de montagnes du Langtang qui s’étale devant nos yeux : de gauche à droite, le Langtang II (6561m), le Langtang Lirung (7225m), le Kimshung (6745m), le Yensa Tsenji (6575m), le Shalbachum (6680m), le Moritomo peak (6750m), et bien d’autres… Juste devant ces pics glacés, présentant leurs pentes herbeuses, on identifie le Tsergo Ri et le Yala peak. Au fond de la vallée, la Langtang khola a creusé son lit, c’est par ce défilé que nous remonterons dans l’après-midi. La descente se poursuit à découvert jusqu’à une kharka puis en forêt jusqu’à traverser la rivière, remonter en face et entrer dans le plus haut hameau habité du Langtang, Kyangjin gonpa. Après la pause déjeuner, remontée tranquille le long de la rivière jusqu’au site bucolique de Numbathang au pied du Gangchempo (6387m) tout habillé de splendides flûtes de glace. Nous sommes tout juste à 4000m et l’endroit est bien sympa.

La chaîne de montagnes du Langtang vue de Ngegang kharka

Jour 10 : Numbathang - A/R Langshisha kharka - Kyangjin Gonpa

5h30 / +300m / -400m.
Exploration en aller-retour du bassin glaciaire au croisement des vallées creusées par le Langshisha glacier, le Langtang glacier et le Shalbashum glacier. Arrivés à la kharka vers 4300m, on essaie, au-delà des pentes glacées qui partent vers le S, de deviner le passage du Tilman’s pass dans la muraille composée du Gangchempo, de l’Urkinmang et du Dorje Lakpa. Difficile de discerner quoi que ce soit, on se sent quand même tout petit… Sage redescente vers Numbathang puis Kyangjin gonpa à 3900m où nous passerons la nuit. Ne pas négliger la visite à la fromagerie à proximité du monastère 15mn au-dessus du village, petite balade qui permet de revoir le sommet du Langtang Lirung et ses pentes glacées.

Les ice-flutes du Gangchempo

Jour 11 : Kyangjin Gonpa

8h / +1100m / -1100m.
Journée repos pour les corps fatigués ou ascension en A/R du Tsergo Ri à 4984m permettant de disposer d’une vue directe et sans obstacle sur l’ensemble de la chaîne de montagnes du Langtang. Autre rando intermédiaire est l'ascension du Kiangjin Ri qui surplombe Kiangjin gonpa et qui à 4300m d'altiture propose un belvédère complet à la fois sur le cirque des glaciers qui descendent du complexe Langtang Lirun - Yubra - Dagpachen côté N mais aussi du Naya Kanga au Gangchempo côté S (compter seulement 2 à 3h A/R).

Kyanjin gonpa

Jour 12 : Kyangjin Gonpa - Lama Hotel

5h / +0m / -1500m.
De Kyangjin gonpa, le large sentier bordé d’impressionnants murs de manis nous conduit à Langtang village, gros bourg situé à 3300m et tourné vers l’agriculture (plus vraiment d'actualité après le séisme du printemps 2015...). Ça s’affaire dans chaque cour pour faire sécher les récoltes et rentrer à l’abri les réserves de l’hiver. Bientôt les premières neiges vont tomber et il ne s’agit pas de perdre ce que l’on a gagné par le dur labeur quotidien. Quittant les espaces dégagés et la bienveillante protection du Langtang II, nous poursuivons notre descente principalement en forêt. De nombreuses orchidées tombent en guirlande des arbres. Nous traversons de nombreux petits hameaux et entrons finalement à Lama hotel à 2400m, un regroupement de lodges tous plus kitchs les uns que les autres, et plantons les tentes dans l’arrière-cour de l’un d’eux. Ce soir, au moins, nous mangerons au chaud...

Langtang  village (image d'archives...)

Jour 13 : Lama Hotel - Syabru

6h / +800m / -1100m.
Départ en douceur en petite descente pour atteindre un croisement de sentiers : à droite Syabrubensi, la route, l’autocar, Kathmandu en huit heures… à gauche, on en reprend pour une semaine. Le choix ? A G bien sûr pour rejoindre les lacs du Gosainkund, endroit mythique des hindous au mois d’août lors du grand pèlerinage d’été. Attention voir remarque préliminaire en introduction de ce topo !

La Langtang khola du côté de Bamboo lodge

 

Une passerelle nous permet de traverser les eaux fougueuses de la Langtang khola. Nous suivons la rivière en rive gauche pour passer à Bamboo lodge puis, quelques minutes après, commençons notre longue montée dans la forêt afin d’atteindre le village étape de ce soir, à savoir Syabru (Thulo Syaphru) à 2100m. C’est le nouveau chemin qui a été tracé à flanc de coteau en raison des nombreux glissements de terrain qu’a subi le sentier conventionnel tracé plus bas. En empruntant le nouveau sentier, on atteint ainsi un belvédère où la vue s’élargit sur les montagnes du proche Ganesh himal. De ce point de vue, il ne reste plus pour terminer l’étape, qu’à parcourir les moindres anfractuosités du fond du vallon, tantôt sur un chemin, tantôt au bord des cultures en terrasses. Syabru est atteint après une dernière montée bien casse-pattes, le village étant posé sur la crête (du belvédère, compter quand même 2 h de marche).

Jour 14 : Syabru - Shin Gonpa

4h / +1200m / -0m.
Que de la montée pour rejoindre le village de Shin gonpa où peut se visiter un très vieux monastère. Notez en face, la laiterie qui fabrique de délicieux produits et la présence autour du village de vergers (les pommes sont délicieuses). Sinon, en cours de route vous aurez croisé le Danda tea shop qui clot l’abrupte montée forestière. De ce point, il ne vous restera plus que 30mn à découvert pour entrer dans le village étape. Après-midi de repos.

Shin gonpa

Jour 15 : Shin Gonpa - Lacs de Gosainkund

5h / +1200m / -100m.
Du village à 3300m, on entre à nouveau dans la forêt, la pente est modérée jusqu’à Chalang pati, histoire de nous mettre dans de bonnes conditions pour rejoindre la place où sont implantés les lodges de Laurebinayak (3930m). C’est sûrement de cet endroit que l’on a l’une des plus belles vues sur les massifs du Langtang et du Ganesh réunis dans un même panorama. La vue porte loin et si le temps est clément, ne vous frottez pas les yeux, c’est bien la double corne du sommet du Manaslu que vous distinguez et à sa gauche le massif des Annapurnas. Normalement, à cet endroit, vous devez vous dire « et si j’allais explorer le Ganesh Himal l’année prochaine ? » (voir [Nepal] Traversée du Ganesh).

Un des lodges de Laurebina Yak avec la chaîne du Ganesh himal à l'horizon


La montée continue au choix par de larges lacets sur un chemin presque devenu une piste ou pleine pente selon votre forme. On passe à proximité d’un drôle de temple (un chörten hindou ?), et atteignons enfin la crête qui nous nargue depuis ce matin. Nous sommes à 4150m. La journée se termine sur un chemin tracé en écharpe à flanc de falaise (Y’a du gaz ! mais le sentier est suffisamment large pour se sentir en sécurité). En 1 h et après être passé au-dessus d’un beau lac, voici devant nous quelques maisons de pierre qui se révèlent être notre étape du jour : nous sommes arrivés à Gosainkund à 4400m. Quelques mètres encore et c’est un ravissement qui s’expose devant nous : la combe dans laquelle s’étale le lac principal d’un bleu indigo. Sur la droite, un deuxième lac remplit le fond d’un autre vallon. L’endroit est enchanteur, peu de monde en cette saison, mais il faut imaginer la foule de dévots qui envahit l’espace lors du pèlerinage d’été ! Le camp est posé à côté d’un lodge dans le collet. Cet après-midi, nous descendrons au bord du lac, en ferons le tour et visiterons les temples hindous que l’on distingue en contrebas.

Le premier lac de Gosainkund

Jour 16 : Lacs de Gosainkund - Laurebina La - Ghopte

5h / +400m / -1400m.
Descente au lac, mais au lieu de suivre la rive nous prenons en face le chemin en pente qui escalade la moraine herbeuse. Jusqu’au col du Laurebina La à 4610m, nous croiserons nombre de laquets tous plus sympas les uns que les autres jusqu’au dernier, un lac de belle grandeur, à même le col.

Franchissement du Laurebina La


Il est seulement visible à condition que l’on grimpe sur l’éminence rocheuse un peu en dehors de l’itinéraire et sur laquelle trône un gigantesque cairn tout de lungtas recouvert.  En se retournant, le panorama est fabuleux, du Ganesh au Manaslu et jusqu’aux Annapurna que l’on distingue beaucoup mieux qu’hier. Derrière le col, une descente abrupte, rocailleuse, dévale une moraine qui s’effrite et ce jusqu’à Bhera goth, une bhatti de laquelle partent deux itinéraires : à gauche par les crêtes mais à n’entreprendre que par beau temps et avec un guide qui connaît l’itinéraire vous conduisant directement au col de Tharepati, à droite, à Phedi et au-delà, après avoir traversé un torrent sur une passerelle et suivi un chemin bordé d’arbrisseaux et de bruyères, jusqu’à Ghopte à 3400m, notre étape de ce soir.

 

Suryakund

Jour 17 : Ghopte - Tharepati - Mangengoth

4h / +300m / -500m.
Ghopte, quel frigo le matin ! Le site est bien protégé par la muraille qui nous domine à gauche, le soleil qui ne va pas arriver de sitôt… En route donc ! On retrouve l’astre solaire peu avant le col de Tharepati, vaste espace qui nous permet de découvrir le Jugal himal, du Gangchempo au Phurbi Chyachu en passant par le Dorje Lakpa et le Gaurishankar… Nous sommes à 3600m. Nous retrouvons l’Helambu, ses forêts de rhododendrons et ses cultures en terrasses. La plaine du Téraï s’étale à nos pieds. La fin du trek se profile… La suite de la matinée se poursuit en forêt jusqu’au village de Mangengoth (3200m) au milieu des champs. Verification des permis de trekking au check-post de l’armée. Il est aussi possible de poursuivre jusqu’au village de Kutumsang en 2h supplémentaires mais une après-midi de repos au soleil, ça ne se refuse pas... Après quinze jours de marche, porteurs et touristes apprécieront.

Blue Buddha à Ghul bhanjyang

Jour 18 : Mangengoth - Chipling

6h / +400m / -1500m.
La journée commence par un parcours en forêt fait de petites montées et de descentes jusqu’à Kutumsang, un gros village duquel on peut voir l’Urkinmang et le Dorje Lakpa. Le col de Ghul bhanjyang (village tamang) initialise le parcours de crête des deux jours qui viennent. Après avoir alterné champs et forêts, nous entrons dans Chipling, petit village situé à 2100m.

Jour 19 : Chipling - Mulkharka

5h / +600m / -1000m.
De Chipling, une petite montée nous amène au Thana bhanjyang (quelques bhattis) puis au Pati bhanjyang (là, il s’agit d’un village de brahmanes et de chhetris, deux castes hindoues). La dernière montée de la matinée se présente à nous pour atteindre, en 1 h d’efforts sur un sentier qui escalade la colline pleine pente, le bourg de Chisapani (1700m).

Pati bhanjyang


Derrière nous, si le temps n’est pas trop brumeux, la vue s’étend des Annapurna au Jugal himal. A la sortie de Chisapani, une cahute sur le bord du chemin marque l’entrée de la réserve de Shivapuri, dernier rempart avant la vallée de Katmandou. Cette réserve protège à la fois la faune sauvage mais aussi la qualité de l’eau car ce massif forestier est l’un des principaux pourvoyeur de l’eau consommée dans la capitale, d’où la nécessité de quelques règles de préservation. Le gardien collecte quelques roupies comme droit de passage et nous avançons sur une crête herbeuse à la pente modérée vers le Chepu bhanjyang en prélude à l’arrivée au dernier col du trek : le Burlang bhanjyang à 2420m. S’ensuit un parcours entre forêt et cultures avant d’entamer une grosse descente vers Mul kharka, ce village tamang installé à flanc de colline non pas de manière horizontale mais bien verticale. En effet, le sentier se transforme, une fois la piste traversée, en un interminable escalier qui dévale la colline de maison en maison nous permettant de découvrir les unes après les autres toutes les arrière-cours de chaque habitation. Et il y en a… Ce trek se termine au milieu des fleurs dont les couleurs tranchent agréablement sur le vert des arbres et l’orange du crépi des maisons. Devant nous, la ville de Kathmandou se devine, noyée dans les brumes de chaleur de cette fin d’après-midi. Plutôt que de rentrer ce soir à l’hôtel et mettre ainsi un terme abrupt à cette équipée, posons-nous au-dessus de Sundarijal dans un écrin de verdure sur une des banquettes herbeuses de la rivière, à proximité de la captation d’eau pour une soirée festive partagée par le groupe en entier (repas amélioré, danses et chants).

Jour 20 : Mulkharka - Sundarijal - Katmandou

1h / +0m / -300m + 30mn de bus.
Descendre le long de la conduite forcée jusqu’au village de Sundarijal où l’on trouvera un véhicule pour Katmandou (30mn de route).

Une des maisons du village de Mulkharka

21 jours de marche / 100h / +12300m / -11500m.

Relevés de terrain octobre 2001 et mises à jour partielles en juin 2019

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Commentaires

  • thomas guy  ( DRANCY)
    • 1. thomas guy ( DRANCY) Le 13/08/2010
    Admiration,et félicitations pour ces beaux voyages.
    Amitiés
  • guillaume
    • 2. guillaume Le 10/04/2013
    Merci pour la carte. J'y vais dans 3 jours =)
  • Les amis de Sherpagaun
    Magnifique itinéraire au départ de Kathmandu.
  • Chloé
    • 4. Chloé Le 28/10/2021
    Bonjour , ce trek peut s effectuer seule, sans guide avec toutes les cartes que vous avez citées ?

    Une tente et rechau avec nourriture sont indispensables ou je peux rencontrer sur ma route, chaque jour, de quoi me loger et me nourrire?

    Merci pour votre attention
    • PIERRE MARTIN
      • PIERRE MARTINLe 29/10/2021
      Bonjour Le passage du Ganja La est la portion la plus technique (la descente est souvent gelée sur la vire côté Langtang) et aussi la plus isolée de ce circuit. Je ne suis pas sûr qu'il y ait des lodges côté Hélambu (mais mon topo date d'il y a 20 ans et les sherpas peuvent avoir créé des lodges depuis, il en sont fort capables...). Par contre, si vous vous rendez à Syafrubesi en bus depuis KTM, que vous commenciez par le topo "L'essentiel du Langtang" (rédigé très récemment après les séismes du printemps 2015 et donc à jour) puis lors de la descente obliquez vers Syafru et Shin Gonpa (au lieu de redescendre sur Syafrubesi comme indiqué dans le topo), à toutes les étapes (et même davantage...) sont proposés des hébergements jusqu'à KTM. Après, même si l'on n'est pas obligé d'être accompagné dans cette région, je ne suis pas friand de la rando "seule(e)" et le fait d'être accompagné d'un "guide" népalais (avec carte officielle) ne grèvera pas votre budget et vous ouvrira pas mal de portes... Cela sécurisera votre périple même sur un parcours touristique comme celui-ci. Mais le fait d'être accompagné ne doit pas vous faire considérer la traversée du Ganja La du S au N comme facile (même si votre "guide" vous assure du contraire... Nota : Ne pas passer par le Ganja La ne vous ôte pas le plaisir de contempler avec le recul nécessaire l'intégralité de la chaîne du Langtang Lirun car j'ai prévu dans le topo "L'essentiel du Langtang" un A/R à Ngegang kharka (et même au-delà si vous le voulez jusqu'au Naya kanga BC, mais là il vous faudra une journée de plus). Pierre