[Népal] Grand Tour du Mustang

Le Mustang, cela fait 7 ans que je le parcours de long en large et en travers. Si bien que je dois à présent en connaître la quasi totalité des chemins. Mais il me restait quand même, avant cet opus, une part d'inconnu, à savoir la bordure orientale : franchir la Kalo dara sur les traces de Paulo Grobel me titillait depuis un moment : au printemps 2015 j'étais venu buter à ses pieds au niveau du Chinese pass lors du trek Mustang hors des sentiers battus. Trop de neige fraîche car tombée tardivement sur l'Himalaya ! Les mules, bien entendu, refusaient de passer de l'autre côté... Devant « tant de mauvaise volonté... » j'avais ainsi renoncé à « forcer » le passage (les mules n'aiment VRAIMENT pas évoluer dans la neige et cela s'est d'ailleurs confirmé sur le chemin du retour lors des J13 et J14 de la traversée des plateaux NE du haut Mustang). Ne pas franchir la Kalo dara impliquait forcément que je n'irais pas décrypter les possibilités d'itinéraire du « chaînon manquant » entre Damodar et Gayu kharka. Tant pis ! Anthony Nicolazzi, juste un mois après, faisait surgir d'un lointain passé, avec l'aide d'un villageois de Dhye, le chemin historique tant espéré en le parcourant dans le sens Gayu kharka vers Damodar. Il découvrait à l'occasion que « si ça passait... » il n'en était pas moins vrai qu'il faudra des travaux titanesques sur certaines portions (l'A.C.A.P. s'y lancera-t-il?) où il sera nécessaire de recréer de toute pièce le chemin tant la Nature s'est acharnée à détruire ce qui existait avec force d'éboulements et d'érosion. Sur ce « chaînon manquant », il reste bien quelques traces du sentier originel mais les parties érodées devront être réalisées sur des pentes gravillonneuses peu stables aujourd'hui, le point d'orgue étant cette fameuse descente qui clôt le premier jour de traversée et pour sécuriser laquelle il va falloir créer de toute pièce un sentier en lacets qui ne s'efface pas à la première chute de pluie ou de neige... Là, il y a du boulot ! Mais à l'impossible nul n'est tenu : Mark Twain disait bien « Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait »... Gageons que les responsables népalais du tourisme sauront trouver les moyens de concrétiser ce projet, il ont prouvé à maintes reprises par ailleurs leur aptitude à réaliser des trucs « impossibles »...

 

Dans le dur dans les premières pentes du chaînon manquant

 

Intérêt majeur pour le tourisme que cette création d'une boucle explorant les canyons E du Mustang (en le complétant de l'itinéraire Gayu kharka - Kog - Jharkot franchissant deux cols peu empruntés par les touristes, le Kog La et le Tiu La supérieur). Imaginez un peu : vous sortez de Lo Manthang, vous rejoignez les lacs du Damodar soit en suivant l'itinéraire décrit dans ce topo entre les J12 et J18, soit en empruntant la route plus touristique utilisée par les pélerins hindouistes en été via Yara et qui est décrite entre les J09 et J13 du topo De Mustang à Phu (il n'y a pas que les pélerins qui suivent cette route, c'est aussi celle des trekkers-alpinistes qui veulent franchir le col du Saribung La...). Puis, des lacs, vous descendez traverser la Namta khola et vous voici dans le wilderness ! Vous qui cherchiez des espaces de trek au Mustang qui sortent du « commun » (le « commun » peut tout de même proposer des paysages extraordinaires et assouvir la soif de culture), ce topo est fait pour vous.

 

Au Mustang, il n'y a pas que du minéral... (Makar camp)


Et si vous souhaitez corser davantage votre périple et réaliser un Tour du Mustang stricto sensu, c'est-à-dire en suivant au plus près la frontière sino-népalaise, rajoutez deux ou trois jours à votre programme et n'hésitez pas à piocher dans les topos proposés dans ce site pour ajouter avant le « chaînon manquant » la portion NNE correspondant à la traversée des plateaux entre Niphu et Madhi khola passant par Kimbu, Samdzong, Thakla, Yalung khola et Chhumuja. Mais revenons à ce trek d'exception dont le topo suit, à la sortie du « chaînon manquant », pour quand même finir par la visite des deux indispensables villages que sont Jharkot et Lupra, vous aurez le choix entre « itinéraire panoramique » qui suit le fil de la crête de la Siyarko Tangk danda depuis Tangge, ou « itinéraire sauvage » qui explore le fond des canyons du SSE au pied du Purkhung himal et du Muktinath himal (via l'incontournable village fossile de Kog). Quel choix cornélien ! C'est l'un ou l'autre. Il vous faudra donc y revenir...

Et n’oubliez pas en fin de topo les sous-rubriques Préparatifs, Sur Place, Dossier de voyage (avec la carte téléchargeable en PDF) et bien d’autres choses encore.

Téléchargez la carte du circuit au format PDF : Pdf image 1 Circuit Grand Tour du Mustang

Trek grand tour du mustang

 

LE TREK JOUR PAR JOUR

Jour 1 : Kathmandu - Pokhara

25mn d'avion ou 6h de tourist bus.
Diaporama Après-midi libre pour flâner au bord de Phewa tal et goûter à la quiétude des lieux en sirotant une boisson fraîche dans un des jardins luxuriants qui le bordent. Ca fait du bien après la pression et la pollution de la capitale... Plus culturel : on peut aussi se diriger à l'W de l'aéroport où l'on peut rendre visite à l'International mountain museum qui comme son nom ne l'indique pas serait plutôt un musée ethnologique avec une petite partie réservée à la montagne... Nuit en guest-house sur Lake side (le Yeti hotel par exemple ? tel : +977 61462768).

Coucher de soleil sur Phewa tal (Pokhara)

Jour 2 : Pokhara - Jomosom - Kagbeni - Tangbe - Tetang - Chhusang

25mn d'avion, 1h de jeep et 3h / +300m / -370m.
Diaporama Lever dès potron-minet pour s'envoler vers Jomosom avant que le vent violent qui sévit dans l'étroit couloir de la Kali Gandaki, chaque jour que Bouddha fait, n'arrête les rotations (en gros vers 10h30). Si jeep réservée à l'avance, elle attendra devant la porte de sortie de l'altiport, sinon il faudra marcher 15mn jusqu'au parking à l'entrée N du village sur la RG. 30 mn de cahots assurés pour atteindre Kagbeni. Pendant que le guide fait valider le permis d'entrée en restricted area et éventuellement le permis d'expédition au check-post (les formalités sont de plus en plus longues et pointilleuses chaque année...), visite des ruelles du village ponctuées de chörtens, de portes gardées par le grand-père Mémé et la grand-mère Iwi, du gonpa... Diaporama Puis re-30mn de jeep pour se rendre à Tangbe pour le repas de midi. Pendant qu'il se prépare, visite du vieux village traversé par une unique rue très étroite dans laquelle il faudra dénicher l'emplacement des protecteurs.
 

Chörten à Tangbe


Dans l'après-midi, promenade de mise en jambes au départ du lodge qui se trouve au-dessus de la piste (3075m). On part vers l'E en direction de Tetang en suivant un sentier balisé de points bleus. On dépasse cinq moulins à eau avant de contourner une retenue d'eau et suivre le canal d'irrigation (15mn, 3140m). Un peu plus loin un sentier se présente à main G pour évoluer à flanc de pierrier jusqu'à une fourche de sentiers (25mn, 3200m) où il convient de partir à G pour le pas aller rejoindre le fond du thalweg. Peu après, le sentier se confond avec le lit d'une rivière à sec avant de bifurquer quelque peu sur la G (30mn, 3300m, cairn). On traverse une grande prairie pour rejoindre un col (15mn, 3350m) duquel on surplombe le village de Tetang ceint de ses cultures en terrasses et écrasé sous la paroi de la Siyarko Tangk danda. On descend à main D pour rejoindre un peu plus bas le chemin qui descend du Gyu La.
 

Arrivée au-dessus de Tetang


On se dirige à présent vers le chaos rocheux de pierres tombées. Au milieu se trouve un réservoir d'eau (20mn, 3230m) auprès duquel on ne fait que passer pour poursuivre la descente vers la vallée et rejoindre un lhato puis un grand mur de moulins à prières peint aux couleurs Rigzum Gönpo (10mn, 3110m). A D, possibilité de visite rapide de la partie haute du village avant de poursuivre sur la piste traverser le thalweg. Pour rejoindre le village étape de Chhusang, pas d'autre possibilité que d'emprunter la piste vers l'W jusqu'au poste de police où l'on incline vers la D pour atteindre le lit de la rivière. On traverse à main G le parking des jeeps avant d'entrer dans Chhusang par les chörtens (45mn, 2985m, 2 lodges, T, C, E).

Jour 3 : Chhusang - Chele - Samar

3h / +700m / -50m.
Diaporama On rejoint Chomnang en traversant la Narsing khola et on poursuit sur la piste vers la N jusqu'à la passerelle qui se trouve au pied du village de Chele, posé tout là-haut sur sa falaise. On traverse la Kali Gandaki (35mn, 2965m) et on remonte les lacets jusqu'au village (15mn, 3060m, lodges, T, C, E). Aux chörtens, on monte sur la G pour rejoindre la piste au sommet du village, piste que l'on suit sur 2kms. On la quitte dans un virage en suivant sur la D le sentier historique (35mn, 3270m) pour la couper un peu plus haut et trouver le départ du sentier-balcon en forte montée (5mn, 3305m).


Le village de Ghyakar


A la cote 3435, le sentier reste adossé à la falaise face au village de Ghyakar mais passe à un régime "plat népalais" (pas le dal-bhat mais une série de up / downs). Depuis 2019, ce sentier historique a été perdu corps et biens, enterré qu'il l'a été sous des tonnes de gravats issus du chantier de construction d'une nouvelle piste au-dessus. Il convient maintenant depuis ce virage de descendre emprunter la passerelle métallique, traverser le canyon de la Gyakar khola et prendre pied sur le plateau. On remonte par la piste vers l'W pour rejoindre le Dajong La où l'on retrouve la piste principale qui arrive de Chele (1h30, 3625m). En se retournant, on dispose d'une vue sur les Nilgiri et le Tilicho peak. Il ne reste plus qu'1km pour rejoindre Samar et en finir avec cette première journée de marche (15mn, 3620m, lodges, T, C, E). Nuit en lodge.
Afin de ne pas trop tirer sur l'organisme dans cette phase d'acclimatation, il est conseillé de s'en tenir à cette étape et ne pas essayer de poursuivre au-delà jusqu'à Syanmoche ou Ghiling, une portion pas mal chaotique.
 

Sur le sentier-balcon à l'approche du Dajong La (image d'archives...)

Jour 4 : Samar - Chungsi cave - Syangmoche - Ghilling

3h35 / +760m / -820m.
Diaporama Traverser le village et monter sur le tertre au-dessus des chörtens pour disposer d’un panorama étendu sur les Nilgiri, le Tilicho peak, le Glacier Dôme et le Roc Noir appartenant à la crête E de l’Annapurna I, le Khatung Kang, le Thorong La, le Yakwa Kang et complètement sur la gauche le Surkhang himal au sein duquel se trouvent quelques sommets emblématiques du Damodar himal comme celui du Khumjungar ou plus célèbre encore comme le Saribung encore caché derrière de plus hauts pics glacés (voir topo La traversée Mustang - Phu). Descente de la colline pour rejoindre le village et partir sur la D en franchissant la porte. Grosse descente dans une première gorge suivie d’une petite remontée qui conduit à un chörten (20mn, 3650m). A la bifurcation de sentiers : à gauche version courte par le haut pour se rendre à Syangmoche en 2h et une piste panoramique certes mais bien peu passionnante à suivre, à droite, version longue qui passe par la gorge de la Bhena khola et Chungsi cave. On suit l’itinéraire du « bas » qui plonge sur la D pour toucher le fond d’un canyon. Remontée rapide en face sur un plateau gazonné avec une kharka (10mn, 3630m). Ne pas partir sur la gauche rejoindre l’évident sentier de la version courte mais poursuivre tout droit au-delà de la kharka dans une forte montée jusqu’à un col dont on distingue tout là-haut les lungtas flotter au vent. Montée ardue pour un panorama de légende (30mn, 3830m). On poursuit en courbe de niveau pendant 10mn vers un deuxième col.
 

Le col à franchir entre Samar et Chungsi cave


Panorama encore plus large pour le déjeuner sorti du sac (pack-lunch). De nombreux vautours et gypaètes tournent dans cet endroit. Du col, descente sur la G en direction du fond du canyon aux parois ourlées : on se croirait presque au-dessus du Grand Canyon du Colorado… On traverse le torrent et on remonte la gorge sur la G sur 400m (40mn, 3440m) jusqu’à la base de l’escalier de 80m de dénivelée qui conduit à Chungsi cave, haut-lieu de la religion bouddhiste au Mustang. Visite de la grotte (entrée Rs100) au milieu de laquelle s’est érigée une très imposante stalagmite. Pas mal de ferveur sur le site car le lieu est sensé avoir accueilli Padma Sambava dit Guru Rimpoche lors de son évangélisation des royaumes du Tibet.
 

A l'intérieur de Chungsi cave

 

On revient sur nos pas pour se diriger vers la G sur un sentier qui franchit un ressaut. Il donne accès au fond de la gorge que l’on suit en s’élevant jusqu’à sa sortie. On traverse brièvement un plateau avant de rejoindre la piste à l’entrée de Syangmoche (1h, 3800m, 2 lodges). Le passage du Syangmoche La est une pure formalité en utilisant à la sortie du village-rue le petit sentier coupe-lacet de la piste (10mn, 3850m). La vue sur le massif des Annapurna et du Damodar himal est immense et si le vent ne nous poussait pas à déguerpir, on pourrait y rester un bon moment à contempler les cimes enneigées… Au N, on peut apprécier la vue sur d’immenses plateaux veinés de profonds canyons qui se perdent à l’infini. On emprunte la piste jusqu’à un extraordinaire chörten carré en face duquel démarre le sentier coupe lacets pour se rendre à Ghilling. Le haut Mustang nous attend, ne le faisons pas attendre plus longtemps ! Descente par la piste jusqu’à une bifurcation sur la D dans un virage pour suivre en contrebas la ligne de murs de manis et de chörtens jusqu’à l’entrée du village (45mn, 3680m, lodges, camping, T, C, E). Nuit en lodge.
 

Les champs de Ghilling vus depuis le vieux gonpa

Jour 5 : Ghilling - Ghemi par les crêtes et A/R belvédère sur Dhakmar

3h45 / +600m / -570m + 2h / +220m / -220m.
Diaporama Du village, on remonte jusqu'au nouveau gonpa (10mn, 3600m, visite possible) et par les escaliers au vieux gonpa situé au-dessus. Belle vue sur l'espace des cultures du village. Côté N du vieux gonpa, on suit le canal d'irrigation qui explore le fond d'un thalweg puis on le quitte pour monter en biais à main D sur un bon sentier poussiéreux en direction d'un collet. On franchit une épaule (45mn, 3840m) et on poursuit vers une arête. On contourne le mamelon par sa D et on descend dans le fond du thalweg pour le suivre en direction du N dans le lit du ruisseau à sec. On laisse partir sur la droite un beau sentier (qui débouchera un peu plus tard au même endroit que l'itinéraire que l'on va suivre mais en beaucoup beaucoup plus long...). On poursuit dans le fond du thalweg avant de remonter de quelques mètres RD pour évoluer plus aisément sur un excellent sentier. On dépasse un abri de bergers (35mn, 3970m, belle vue arrière sur Tilicho peak, Annapurna I et Nilgiri N) et on poursuit au-delà en inclinant légèrement à G pour atteindre un col (10mn, 4045m).

 

Seule sur les crêtes face à l'immensité des paysages du Mustang

On découvre l'ensemble des falaises de Dhakmar en contrebas. Du col, on laisse le sentier descendre vers la piste du Nyi La alors que l'on incline hors sentier et en courbe de niveau à main D pour rejoindre une crête (15mn, 4055m). De là, se découvre la partie précédemment occultée des falaises grises de Ghemi ainsi que l'ensemble des plateaux qui occupent la RG de la Kali Gandaki. Ici commence le parcours entre terre et ciel. On suit l'enfilade des crêtes parfois en traversant à la base des monticules qui se présentent mais sans descendre dans la large combe en contrebas sur la droite. Après avoir changé d'orientation plusieurs fois, voici que l'on suit la crête orientée sur les falaises de Dhakmar. Quel bonheur d'évoluer sur le fil d'une arête de laquelle on domine la quasi totalité du haut Mustang : belle entrée en matière, non ?
 

Au bout des crêtes, vue plongeante sur le plateau d'Akiama


On croise un sentier (50mn, 3865m, cairn) et on poursuit tout droit jusqu'au bord des falaises qui bordent la RD de la Ghemi khola (15mn, 3755m). D'ici, la vue plonge sur le complexe chamarré des pénitents jaunes, blancs, bleus ou gris. Quel spectacle ! En complément sur la gauche, on en oublierait presque le complexe rutilant de Dhakmar... En RG de la Ghemi khola, on peut apprécier d'en haut, au pied des falaises gris-bleu, les ruines du village d'Akiama et les vestiges des champs en terrasse qui occupaient plusieurs hectares. Demain, c'est par là que nous irons traîner nos guêtres... On suit le chemin vers la G jusqu'à traverser le thalweg verdoyant dû à la présence d'une source (15mn, 3655m). On remonte en face sur la piste et on termine la première partie de la journée par 2kms de poussière jusqu'à l'entrée de Ghemi (30mn, 3650m, 2 lodges, T, C, E).
 

Ghemi

 

Diaporama Après le repas de midi, visite du village de Ghemi suivie d'une balade digestive sur le chemin de Dhakmar jusqu'aux chörtens Rigzum Gönpo qui marquent l'entrée du domaine de Dhakmar pour une vision de l'enfilade des falaises. Retour à Ghemi par le même chemin. Nuit en lodge.

 

Belvédère sur les rutilantes falaises de Dhakmar

Jour 6 : Ghemi - Akiama - Dhakmar - Tsarang par le sentier des falaises multicolores

5h45 / +830m / -900m.
Prendre de l'eau en suffisance pour la durée du périple. Vous n'en trouverez pas avant l'arrivée à Tsarang.
Diaporama De la sortie S du village, on suit le large chemin qui part sur la D en descente (panneau directionnel "Tsarang"). On descend ainsi jusqu'à la passerelle (15mn, 3555m). On franchit la Ghemi khola et on se retrouve RG. On suit sur la D une bonne trace le long de la rivière, trace bien matérialisée car martelée matin et soir par les deux paires de sabots de quelques milliers de chèvres... On longe la base des falaises sableuses jusqu'à traverser un profond thalweg (assez impressionnant quand on regarde vers le haut...). Juste après (25mn, 3490m), on trouve le sentier qui conduit au rebord du plateau d'Akiama et au-delà, en remontant de terrasse en terrasse, jusqu'aux ruines du village (20mn, 3600m).

 

Le village d'Akiama au pied des falaises grises de Ghemi

 

Des ruines les plus à l'E, on part plein E traverser le thalweg (traces de chèvres) et prendre pied sur une large selle que l'on remonte sans difficulté. La pente n'est pas trop redressée vers le NE jusqu'aux premiers rochers détritiques que l'on rencontre (20mn, 3730m). On évolue au milieu de paysages de roches colorées, ici, le bleu et le gris prédominent. Quel contraste avec les falaises rutilantes de Dhakmar ! On trouve quand même un peu de rouge et de jaune... De ce promontoire, on voit le canyon de la Ghemi khola qui se dirige au SE rejoindre la Kali Gandaki du côté de Namja Dovan. Les falaises qui bordent le canyon de la Ghemi khola sur sa droite sont réellement bien hautes. Et toujours à l'horizon cette splendide chaîne de montagnes de l'Himalaya qui ponctue l'espace de sa blancheur immaculée. On poursuit la montée sur une pente un peu plus relevée mais tout à fait acceptable. On dispose toujours de traces de sentier pour faciliter la progression.

 

Du haut des falaises de Ghemi

 

On atteint un collet sur l'arête (25mn, 3860m) et on poursuit au NE pour trouver un peu plus haut une trace qui part en biais sur la D franchir une autre arête. Une fois sur cette croupe (15mn, 3930m), on part à main G pour franchir les quelques bosses qui se présentent et croiser la piste de Tsarang à Ghemi au niveau du Chinggel La (10mn, 3880m, imposant labtse, possibilité de descendre vers Ghemi par la piste en 30mn). Du col, on suit la crête vers le NNE en s'aidant des traces qui permettent d'éviter le franchissement de tous les mamelons qui se présentent... Très vite, on dispose de vues plongeantes sur les falaises orientales du complexe de Dhakmar. C'est déjà pas mal, mais la suite est encore plus impressionnante !

 

Vue plongeante sur le village de Dhakmar depuis le sentier de crête

 

On doit donner "un coup de collier" pour s'en aller franchir un collet (35mn, 4020m) qui permet de poursuivre à main G sur le fil de la crête mais à une plus grande altitude. D'ailleurs, de ce point de vue, on découvre à présent le nord du Mustang. Le sentier devient un peu plus chaotique tout en restant très sécuritaire pour des personnes sujettes au vertige. Il y a toujours une solution adéquate qui se propose devant le marcheur pour franchir les obstacles. Et pas seulement les marcheurs ! On y découvre de nombreuses traces de passage de chevaux et de mules...

 

Poursuite de la randonnée sur les crêtes de Dhakmar

 

On franchit une nouvelle épaule significative (1h10, 4045m) qui découvre un large thalweg qui descend vers le plateau entre Marang et Tsarang. On discerne en contrebas un large sentier, sûrement celui qui permet aux porteurs de passer rapidement de Tsarang à Ghemi sans faire le détour par Ghar Gonpa... L'escapade sur les crêtes est proche de se terminer... Encore deux ou trois petits thalwegs de rien du tout à franchir et on atteint le col (20mn, 4035m, lungtas). On rejoint ainsi ce large sentier très utilisé par les porteurs et aussi les mules et que l'on va suivre vers la D pour rejoindre Tsarang.
 

Après le suivi des crêtes il est temps de redescendre sur terre et rejoindre Tsarang vers la droite...

 

On part sur la D en descente pour aller traverser un large plateau sablonneux. La marche n'est jamais monotone car on dispose à l'horizon d'un panorama couvrant le plateaux E du haut Mustang et sur la droite les pics glaciaires qui forment le Damodar himal (le plus haut est le Khumjunggar, un presque 7000...). On dépasse une fourche de sentiers (35mn, 3820m) où l'on emprunte le sentier de D, celui de gauche se dirigeant vers Marang. On atteint le rebord du plateau (5mn, 3785m) d'où l'on découvre au loin Tsarang. La descente devient plus affirmée pour rejoindre l'entrée du domaine cultivé. On rejoint le centre du village en louvoyant entre les parcelles irriguées (35mn, 3580m, nombreux lodges, T, C, E). Diaporama Une fois posé au lodge ou au terrain de camping, il ne faut pas tarder à partir explorer les ruelles de ce village pour découvrir les chörtens cachés, les gonpas, l'ancienne Ani gonpa et la nouvelle, l'ancien palais royal et monter sur le belvédère qui domine la vallée de la Tsarang khola et ses falaises détritiques blanchâtres.

 

A Tsarang, une partie de la richesse se trouve sur les toits...

Jour 7 : Tsarang - Ghar gonpa - Lo Manthang

4h30 à 5h / +800m / -600m.
Diaporama Depuis les chörtens carrés de couleur jaune pâle qui marquent l'entrée N de la ville, on suit la piste qui évolue en RD de la Tsarang khola puis au moment où elle plonge vers la rivière pour la franchir en direction de Lo Manthang, on poursuit à niveau au-dessus des cultures. Le large sentier rejoint une passerelle métallique que l'on emprunte pour passer RD et atteindre la base du village de Marang (en montant tout droit à travers les ormes on peut faire un détour par le village). On poursuit sur la G en direction de l'W, on retrouve un peu plus haut la piste qui arrive de Marang que l'on suit sur la G pour franchir la rivière sur un pont de bois. Après, on suit la piste jusqu'à rejoindre la plateforme sur laquelle est construit Ghar Gonpa (2h, 3965m, bhatti). Visite du gonpa (Rs100, 3 salles, pas de photos à l'intérieur) aux murs tapissés de centaines de dessins gravés sur des ardoises.

 

Ghar gonpa

 

Une fois la visite accomplie, on se dirige vers le N pour aller traverser la grande moraine caillouteuse qui se présente en contrebas (10mn, 3920m) afin de s'engager sur un bon sentier dans le thalweg et atteindre un premier col (40mn, 4230m). On poursuit sur un sentier-balcon. On croise une source (10mn, 4245m) puis on franchit un second col (15mn, 4300m) duquel on dispose d’un exceptionnel panorama du Lugula au Nilgiri N en passant par les montagnes blanches du Damodar himal, le Teri peak, le Purbung, le Purkung himal, le Yakwakang, le Khatungkang et l’Annapurna I. De l'autre côté du col, on domine un vaste vallon dans lequel on descend. On rejoint le fond de la vallée en passant à proximité des ruines de l'ancien domaine agricole de Panga et on remonte en face sur l'évident sentier tracé en écharpe sur la moraine RG (30mn, 4170m, darchok). On finit tranquillement en descente jusqu'à Lo Manthang d'abord en désescaladant la moraine puis en traversant des alpages verdoyants. Juste avant de venir longer les murs de couleur rouge de la cité close, on sera passé devant l'hôtel de luxe qu'a fait construire le prince héritier un peu en dehors de la ville (il est nécessaire d'avoir la bourse bien remplie...). Entrée dans Lo Manthang (50mn, 3830m, campings, nombreux lodges, tous commerces, poste, T, C, E).

 

La force du yack reforce les pouvoirs du mur de manis

Jour 8 : Lo Monthang - La ville close et les forts historiques

3h de visites + 3h / +400m / -400m.
Diaporama Visite des 3 gonpas de Choede, Jampa et Thupchen (billet Rs1000 que l'on achète juste à l'entrée du monastère de Choede gonpa) puis balade dans les ruelles de la ville close, et aussi à l'extérieur. Refaire le parcours à plusieurs moments de la journée car l'activité change beaucoup selon les heures...

 

Lo Manthang (palais royal)

 

Diaporama En début d'après-midi, depuis les chörtens situés au N de la ville, on descend jusqu'à la rivière et on suit la piste qui remonte sur le coteau d'en face sur une centaine de mètres avant de s'engager à G sur le petit sentier marqué d'un poteau électrique. Un peu plus loin, on monte à main D couper le canal d'irrigation puis, après quelques zigzags, on prend pied sur le rebord d'un plateau. Juste après, on dépasse les premières maisons du village de Namgyal (25mn, 3860m) et on rejoint le mamelon sur lequel est planté un darchok. On part sur la D en suivant un chemin qui monte en écharpe vers le 1er fort (c'est en fin de compte le gonpa du Singe Noir, voir explications dans le livre de Michel Peissel).

 

Le gonpa du Singe Noir vu depuis la crête entre le fort d'Ame Pal et Kimaling

 

Dans le thalweg (15mn, 3920m), on quitte le chemin pour aller rendre visite au fort (5mn, 3960m). Belle vue périphérique sur le haut Mustang et particulièrement sur la ville close de Lo Monthang. On quitte le fort en suivant la crête vers le N pour rejoindre le sentier que l'on avait abandonné un peu plus tôt. On atteint un collet (15mn, 3980m) situé entre un darchok à gauche et le 2ème fort, celui d'Ame Pal, fondateur du royaume du Mustang en 1380. A D toute pour une courte mais sévère montée jusqu'à la plateforme (5mn, 4020m) de laquelle on embrasse toute la région. Vraiment superbe !

 

Au sommet de la colline sur laquelle est édifié le fort d'Ame Pal (1er roi du Mustang)

 

On redescend jusqu'au darchok et on poursuit la randonnée sur le fil de la crête en direction du N. On évolue sur une bonne trace sableuse au-dessus de falaises détritiques modelées par la pluie, la neige et surtout le vent... On domine à droite la vallée de la Nyichung khola et à gauche celle de la Kyungchhama khola. On dispose d'une vision élargie sur les vallées perpendiculaires à la Nyichung khola telles que la Sichapui khola ou la Goiche khola : pour la première citée, on y distingue nettement en RD le gonpa troglodyte de Niphu mais aussi en RG les grottes de Jhong et juste au-dessus, tout en haut de la vallée suivante, l'alignement des orifices qui composent les grottes sacrées de Ritseling ; pour la seconde, on identifie le village de Bharcha et, dans le fond du vallon, l'alignement des pénitents au milieu duquel se trouve la grotte de Konchok Ling. Et au-delà de ces merveilles, ce sont les immenses plateaux d'altitude que l'on traverse pour relier Sija à Chhumuja (voir le topo Mustang hors des sentiers battus).

 

Sur la Bhanka danda

 

Passé le dernier darchok planté sur l'arête, on descend tranquillement à D sur la croupe en direction des falaises blanches qui bordent le lit de la Kimaling khola. On atteint un collet providentiel (25mn, 3945m), providentiel car vu la conformation du terrain, on pouvait raisonnablement se demander comment on allait procéder pour la suite... On rejoint rapidement un plateau sableux et on se dirige au NW pour venir apprécier de visu le canyon de la Kimaling khola. Et on a de quoi être surpris : en bordure du plateau sableux, c'est une chute de plus de 50m qui se présente, impossible à franchir tant la verticalité (et la qualité intrinsèque du terrain...) est effrayante. La blancheur est immaculée. Quel bel ensemble minéral !

 

Le canyon de la Kimaling khola

 

On s'écarte prudemment du bord et on se dirige vers le S suivre un large chemin qui suit peu ou prou la base de la falaise par laquelle on est arrivé ici. On passe au pied d'un gonpa troglodyte. L'ambiance est étonnamment bucolique avec ce ruisseau qui a permis que l'herbe drue pousse et offre à de nombreux troupeaux de chevaux et de bovins un pâturage de qualité. On remonte un tantinet sur la moraine et "la boucle est bouclée" : on se retrouve au darchok de Namgyal (40mn, 3820m) duquel on était monté au 1er fort. Pour terminer la demi-journée en beauté, pourquoi ne pas rajouter un 3ème fort au compteur ? Si fait ! On laisse le village à main droite pour partir légèrement à G sur une piste poussiéreuse. Après 300m, on s'engage sur la piste de G (encore plus poussiéreuse...) qui reste à hauteur. Au moment où elle commence à s'élever, on s'en échappe pour rejoindre hors sentier le chörten en contrebas puis on s'en va rejoindre le fort ruiné qui fait face à Lo Monthang (15mn, 3810m). Après la petite visite de courtoisie, on poursuit sur la piste pendant 100m vers l'E (ou alors on descend directement depuis la plateforme entre les ruines pour trouver un sentier qui descend à main D en RD d'un thalweg et rejoint à proximité d'un canal d'irrigation un chemin de plus grande importance. On le suit sur la D et il conduit jusqu'à la passerelle métallique. Reste l'épreuve des "braves" : la remontée sans concession des 50m de dénivelée jusqu'aux chörtens de l'entrée N de Lo Monthang (30mn, 3810m, T, C, E).

Jour 9 : Lo Monthang - Excursion à Samdrubling et Thingar

4h / +450m / -450m.
Diaporama On part vers l'E en longeant le futur hôtel de luxe du Raja du Mustang et on remonte à travers les vertes prairies en direction des montagnes frontière avec le haut Dolpo. Le large col du Kekyap La est évident à repérer. Il faut simplement suivre un point visé qui se situe légèrement à D du col. Entre deux moraines sableuses, on découvre au fond du vallon les ruines d'un fortin perché sur un piton.

 

Les pâturages de Lo Monthang

 

On poursuit dans cette direction pour passer à D du piton et rejoindre la crête juste derrière le fortin (1h10, 4070m). En direction de l'E, on poursuit par la remontée des anciennes terrasses du village aujourd'hui bien érodées. On atteint un ensemble de chörtens assez "basiques" (20mn, 4155m). Au-delà, on distingue en bordure du vallon qui s'ouvre sur la G d'autres chörtens. Encore un petit effort : le site monastique de Samdrubling est tout proche. Il suffit de suivre le chemin à flanc de moraine qui descend légèrement avant de remonter jusqu'au vieux gonpa (10mn, 4160m, abri possible en face, emplacements de camp, eau). 
 

Samdrubling

 

Le site respire le calme et la sérénité ne serait-ce qu'en se penchant sur le fond du thalweg où deux arbres de belle facture habillent les prairies qui jouxtent le torrent. Où alors serait-ce cette grotte d'ermite à flanc de falaise qui invite à la méditation ? Difficile à dire, mais qu'est-ce qu'on est bien ! On s'arrache à cet endroit en refaisant le petit bout de chemin jusqu'aux chörtens "basiques" desquels on descend pleine pente traverser la prairie vers l'ENE pour rejoindre le départ d'un sentier qui s'insinue entre les deux parois détritiques d'une moraine. Une fois le collet atteint (20mn, 4100m), le sentier se poursuit légèrement sur la G et traverse un ensemble de plateaux au gazon ras et séparés par des thalwegs. On franchit une épaule (15mn, 4120m) de laquelle on revoit brièvement Lo Monthang. C'est de là qu'apparaît dans le deuxième plan de la chaîne de l'Annapurna himal le sommet emblématique et très reconnaissable de l'Annapurna II flanqué à sa droite de son émissaire le n°IV. Facile à repérer, c'est entre le Teri peak et le Purbung... On atteint un large col orné de darchoks (30mn, 4130m) duquel on embrasse tout le nord du Mustang et où on identifie bien la frontière sino-népalaise au niveau du Kora La. A l'E, on domine les ensembles de pénitents de Konchok Ling. On descend jusqu'aux ruines du château de Thingar (15mn, 4035m) puis au village, très accueillant et propret (10mn, 4020m, lodge, boutique). On retourne sur Lo Monthang en empruntant en bas du village la piste qui s'en va traverser les champs puis contourne par la droite le piton sur lequel est construite le gonpa de Namgyal avant de finir en courbe de niveau jusqu'à l'entrée N (50mn, 3810m, T, C, E).

 

Thinggar

Jour 10 : Lo Manthang - Nenyul - Bharcha - A/R Konchok Ling - A/R Niphu - Garphu - Jhong - Bharcha

6 à 7h / +900m / -800m.
On part de Lo Monthang à 3810m vers le N en suivant la piste. On franchit le col au pied des forts ruinés avant de descendre jusqu’à la passerelle métallique qui donne accès au village de Nenyul (45mn, 3730m). Au niveau des chörtens rouge sang ,on poursuit tout droit en RG de la Nyichung khola pour atteindre le village de Bharcha (40mn, 3870m). Dans Bharcha, on se dirige vers la première maison pour louer les services du guide (ou plutôt de la guide…) qui vous conduira jusqu’au Nirvana, cette fameuse grotte de Kongchok Ling découverte par un berger en 2007 et qui recèle un trésor exceptionnel, à savoir des peintures murales bouddhistes datant du XIIe siècle. Si vous voulez plus de renseignements sur cet emplacement, n’hésitez pas à vous rendre sur le site de Paulo Grobel. L’accès à la grotte vous en coûtera Rs1000 par personne (incluant les entrées à Garphu, Niphu et Jhong), et surtout au retour n’oubliez pas le ou la guide… Diaporama De Bharcha, on remonte la large vallée fluviale à main droite vers le NE, vallée contenue entre deux murailles ourlées de pénitents multicolores. Ca commence bien ! On dépasse un gros chörten (35mn, 3950m) puis on incline la marche sur la D pour emprunter un excellent sentier en zigzags qui gravit le coteau au milieu d’un délire géologique de toute beauté. On débouche sur un tertre (30mn, 4110m) pour un panorama surplombant toute la région et entre autres sur la gauche les forts de Kimbu. Au-delà, on descend jusqu’à la porte cachée derrière une « canine » rocheuse. Le « gardienne » ou la « gardienne des clefs » nous ouvre le passage.

 

Le délire géologique aux alentours de Koncholing

 

On poursuit en descente sur un sentier un peu moins large et viabilisé à flanc de falaise. Puis, une fois au fond de l’étroit vallon, remontée en face plutôt pentue sur le fil d’une épaule sableuse. Enfin la délivrance (croit-on…) avec l’arrivée dans un col au niveau d’un vieux gonpa défraîchi. Mais on en n’a pas encore terminé : à G toute sur un bon sentier retrouvé mais pas pour longtemps… On passe quelques bâtiments en ruine avant de marcher réellement entre ciel et terre sur le fil d’une arête étroite avec le vide de chaque côté. Prudence est mère de sûreté, dit-on ! Bistare, bistare… Une fois cet écueil franchi (en gros une centaine de mètres), descente jusqu’à une plateforme, terminus du chemin (50mn, 4125m). Mais pas de caverne ornée à l’horizon… « Juste » un superbe belvédère sur un ensemble de pénitents de belle ampleur qui entoure le lit d’une rivière qui coule 200m plus bas. Mais où donc se cache-t-elle cette caverne ? Ne serait-ce pas derrière ce couloir abrupt « sécurisé » par une corde de 15m faite d’un savant assemblage de fil électrique et de peau de chèvre ? Si, si… On laisse son sac à dos, on se retourne face à la terre et on s’engage sur cette pente dans laquelle ont été taillées quelques marches qui nous aident à progresser vers le bas, le vide étant bien présent. On arrive en bout de main courante sur une trace à flanc bien étroite (et non sécurisée…) qui part vers la D (sens de la descente face à la terre) pour un parcours de quelques 200m en courbe de niveau jusqu’à arriver une dizaine de mètres en-dessous de la fameuse grotte que l’on identifie grâce à sa protection contre les attaques du temps, du soleil et de la pluie (et accessoirement des ours et des léopards des neiges...), j’ai présenté un superbe grillage à larges mailles qui ne s’érige pas vraiment comme un rempart d’excellente facture…

 

La protection à toute épreuve de la grotte de Koncholing

 

Enfin, nous sommes bien arrivés dans le saint des saints ! Les peintures sont défraîchies certes, mais l’ambiance qui se dégage des lieux est à nulle autre pareille, recueillie, silencieuse, et nous fait prendre compte de l’exceptionnalité du moment que nous sommes en train de vivre. Et tout autour de nous, ce paysage chamarré de pitons gréseux qui rappellent encore une fois les tsingys de Madagascar… Il nous faut s’arracher de cet endroit pour retourner dans la vallée : on s’en va à regrets pour refaire en sens inverse le chemin parcouru, tout d’abord le sentier à flanc, puis la remontée du goulet à l’aide la corde (c’est quand même plus aisé dans ce sens-là…), le parcours sur le fil de l’arête toujours avec le vide de part et d’autre jusqu’au col à la gompa et puis la descente dans l’étroit thalweg au pied de la « canine » avant de retrouver la porte d’entrée que la guide refermera jusqu’à la prochaine visite… Il ne restera plus qu’à suivre le large sentier jusqu’au lit de la rivière que l’on descendra jusqu’à Bharcha (1h30, 3870m, T, C, E). Quelle épopée nous avons vécue ! Que de souvenirs resteront dans notre tête après cette « balade » incroyable, sûrement la plus belle du Mustang.

 

L'intérieur de la grotte de Koncholing

 

Diaporama Dans l'après-midi, après le lunch, on suit depuis Bharcha la piste poussièreuse pour se rendre à Niphu en traversant les villages de Sija et surtout Ghom dans lequel on peut voir des maisons troglodytes. Visite des gonpas de Garphu et Niphu. Si on a le temps, on peut aller en face de Niphu « explorer » les grottes de Jhong qui étaient utilisées par les habitants de Chhoser pour mettre à l'abri leurs biens et leurs récoltes lorsque des razzias de barbares étaient annoncées. Un endroit inexpugnable... Diaporama Retour sur Bharcha (compter 3 heures de temps de parcours et de visites) et nuit dans la bhatti de Pura Sangma Partchya, notre guide d'un jour à Konchok Ling.

 

Au Nord de Lo Monthang, le gonpa de Niphu

Jour 11 : Bharcha - Samdzong La - Sakyau danda - Makhchung - Camp dans la Mustang khola

4h05 / +440m / -700m.

Diaporama On sort de Bharcha par le S en empruntant le petit sentier qui contourne le mamelon et débouche dans un collet marqué d'un mat supportant un darchok. On poursuit en larges zigzags jusqu'au Samdzong La (55mn, 4055m) et ses guirlandes de lungtas. Ici, la vue est grandiose sur la vallée de la Tumu khola et ses bordures de pénitents en amont. A l'horizon ce ne sont que multitudes de plateaux d'altitude au milieu desquels émerge celui du Thakla (voir les topos Mustang hors des sentiers battus et Mustang secret).
 

Sur les crêtes entre Bharcha et Makhchung, le Samdzong La

 

On laisse le sentier de Samdzong partir vers l'E en descente pour monter franchement à main D sur le fil de la crête en direction du SW. Un peu plus loin, on retrouve la piste en terre qui vient de la vallée de la Nyichung khola, piste que l'on suit sur 300m avant de repartir sur la crête (un peu relevé...). Après, le tracé est évident, puisqu'il n'y en a qu'un... On évolue sur un bon sentier sans effet de vide. De bosse en bosse, on finit par atteindre un col tout blanc reconnaissable à la présence de buissons ras de genêts (1h05, 3960m). Le sentier historique qui démarrait RD du thalweg a maintenant disparu, il faut donc descendre toujours sur la D mais en RG en suivant un sentier correctement tracé à flanc qui se termine en zigzags à main D pour retrouver le fond du thalweg. En bas on suit une trace de chemin en RG qui se révèle de bonne facture pour contourner la base du gros rocher blanc aux multiples canyons friables qu'il faut traverser pour rejoindre le côté S du massif (20mn, 3830m).
 

Sur la crête de la Sakau danda

 

On part sur la G et, de combe en combe, de thalweg en thalweg, de plateau en plateau, le sentier se révèle pas si "pourri" que l'on s'y attendait. Au passage d'un collet encombré de rochers rouges, on poursuit un moment jusqu'au pied de la "meringue" de la Sakau danda. Dès que l'on identifie en RD de la vallée de la Mustang khola un champ carré, on trouve le depart du sentier qui permet de rejoindre le fond de la vallée colorée (35mn, 3835m), sentier en descente qui suit le fil d'une arête et débouche en RG de la Mustang khola face aux bassins qui recueillent l'eau qui sourd des sources d'eau chaude.

 

Dans les concretions au pied de la montagne blanche (Sakau danda)

 

On rejoint vers la G la passerelle (15mn, 3685m) et on poursuit à G sur la RD en direction des hautes falaises. Un peu plus avant, on découvre, sur l'autre rive, le rocher de Mardzong (ou Makhchung), un ancien habitat troglodyte de type H.L.M préhistorique avec un gonpa perché au dernier étage. Incroyable ! (15mn, 3670m, visite impossible du fait de la dangerosité).

 

Arrivée à Makhchung (Mardzong)

 

Selon la hauteur et les velléités de la Mustang khola, on peut poursuivre sur la RD jusqu'à la confluence avec la Chaka khola qui arrive de la gauche (mais des fois il faudra traverser plusieurs fois la rivière). Là, il sera quand même nécessaire de traverser à gué la Mustang khola (30mn, 3565m) pour rejoindre l'emplacement du camp, une grande prairie gazonnée ceinte de hautes falaises ocres et rouges (10mn, 3560m, eau prise dans la Chaka khola, C). Demain, on remontera le lit antharacite de la Chaka khola pour un parcours de légende au milieu des falaises multicolores. Nuit sous tente.

 

Les falaises à la confluence de la Mustang khola et de la Chaka khola

Jour 12 : Camp dans la Mustang khola - Chudzong gompa - Salde Camp

4h10 / +450m / -50m.
Diaporama On va maintenant remonter la vallée de la Chaka khola et si on n’avait chaussé qu’occasionnellement les sandales jusqu’à présent, il va en être autrement pour la suite de la journée : c’est « régime sandale » impératif tant il va falloir traverser de fois la rivière qui s’étale d’une rive à l’autre ne laissant pas d’autre choix au randonneur que de rentrer dans l’eau glacée… Revigorant, non ?

 

On pénètre dans la Chaka khola

 

Après un parcours dans une large gorge aux parois parées de superbes couleurs irisées, la vallée fait un coude vers la D au niveau des premières sources ferrugineuses que l’on rencontre (il y en aura des dizaines jusqu’à l’étape). Un sentier part sur les éboulis en RD pour contourner le délicat passage d’un étroit goulet avant de franchir la rivière sur une passerelle de planches (30mn, 3580m). On retrouve un peu plus loin le lit de la rivière bordé de parois ornées de guirlandes de concrétions calcaires en forme de stalactites. On passe à nouveau dans un resserrement de la gorge avant que celle-ci ne s’élargisse. Il y a de nombreuses sources ferrugineuses en RD et elles se complètent de bouches d’eau chaude sortant du dessous des moraines fluviales latérales (1h, 3640m).

 

Vous avez lu ferrugineux ?

 

Ensuite, on dépasse un campement avant d’arriver tout de suite à la confluence de la Chaka khola venant de la droite et de la Chhuchhu gonpa khola arrivant de la gauche (15mn, 3670m). On entre dans le petit défilé sur la G et on est tout de suite remis dans l’ambiance de la traversée de rivière. Mais quand cela va-t-il donc se terminer ? On dépasse un gros vallon dans lequel coulent des cascades ferrugineuses puis 200m plus loin, avant que la gorge ne se resserre (30mn, 3700m, cascade en RD), on trouve le départ sur la G du sentier qui monte dans une pente d’éboulis de petit schiste noir pour aider à franchir le verrou de la gorge (parcours impossible en suivant la rivière...).

 

Au coeur du canyon de la Chhuchhu gompa khola

 

On monte en zigzags sur une excellente trace jusqu’à un ensemble de blocs rocheux effondrés puis on s’élève sur la D afin d’atteindre une zone d’alpages à l’herbe maigre (25mn, 3900m). A partir de là, on suit un sentier quasi étale à belle hauteur du fond de la gorge. A l’approche du collet aux chörtens, on laisse partir vers le haut l’excellent sentier qui remonte en zigzags le coteau à main gauche qui traversant la base du plateau de Thakla permet de rejoindre aisément la vallée de Samdzong. Après avoir traversé un petit thalweg, on arrive au niveau des chörtens pour une vue plongeante sur la large vallée autrefois agraire de la Chhuchhu gonpa khola (10mn, 3935m). Sur la RD, on identifie parfaitement le bâtiment de couleur rouge brique perché sur le bord des falaises qui surplombent les ruines du village.

 

Les chörtens à l'entrée du vallon dans lequel se situe Chudzong gompa

 

On descend dans la vallée par un petit sentier en zigzags et, en passant près de nouveaux chörtens et d’un mur de manis tout en longeant la base des falaises, on arrive au milieu des ruines du village (15mn, 3880m, eau dans le torrent, bâtiment en dur de 3 pièces sans équipement construit par les habitants de Lo). Visite du site du gonpa en 30mn A/R en empruntant un petit sentier dans le premier canyon rencontré après les habitations troglodytes.
 

L'entrée de Chudzong gompa     Chudzong gompa

 

Diaporama Le gonpa principal est toujours fermé. Il est toutefois possible maintenant de contacter, lorsque l'on est à Lo Manthang, Tsewang Bista au magasin Curio Art pour qu'il puisse envoyer sur place le "gardien des clefs" moyennant une indemnité de déplacement et un droit d'entrée (Rs15000 pour un groupe constitué incluant le déplacement depuis Lo du « gardien des clefs », l'argent récolté étant consacré à la restauration du site qui en a bien besoin...). Au printemps 2016, des travaux de rénovation de l'intérieur du site ont été réalisés par les habitants de Lo Manthang et des statues monumentales convoyées à dos d'homme depuis Lo ont pris place dans les vitrines de l'autel réalisé pour l'occasion. C'est vraiment le "truc" à ne pas rater dans le coin !

 

Les statues dans l'arrière salle de Chudzong gompa

 

Sinon on peut se consoler, 25m au-dessus du gonpa aux portes closes, avec la visite de l’ancien gonpa troglodyte très accueillant (s'il n'est pas occupé par un ermite en retraite...) dans lequel on peut prendre le temps d’apprécier le silence et le temps qui passe… Bien isolé, on peut même y faire un bon feu dans l’espace d’habitation situé sur la gauche. Autrefois, il n’y a peut-être pas si longtemps que ça, la vallée orientée E-W était habitée l’été par les villageois de Yara et Ghara qui se déplaçaient de leurs villages moins bien lotis en espaces cultivables. Cela devait être une véritable procession qui traversait les plateaux alentours et remontait la gorge pour converger vers cet emplacement large et ensoleillé. L’importance des ruines du village atteste bien de la grosse activité agraire du site confortée, quand on le contemple du haut du gonpa, par la grandeur des champs maintenant laissés à l’abandon et qui occupent les banquettes alluviales de la RG. Un endroit vraiment secret et magique au Mustang, à découvrir absolument !

 

Salde camp

 

Diaporama Dans l'après-midi on poursuit la remontée de la vallée jusqu'au confluent de deux rivieres, la Salde khola venant de la gauche et la Madhi khola venant de la droite. Pour cela, du fait que les banquettes RD sont trop friables, il aura fallu traverser une fois encore la riviere... Juste avant la confluence des rivières au pied des roches percées de cavités, on établit le camp sur un alpage disposant d'un abri en dur : le Salde camp (35mn, 3915m, eau dans le torrent).

Jour 13 : Salde Camp - Madhi Camp

3h05 / +545m / -0m.

Diaporama On quitte le Salde camp en traversant les terrasses abandonnées et on pénètre dans la large gorge de la Madhi khola qui s'ouvre sur la D. On remonte la vallée fluviale (prévoir quelques traversées de la rivière...) jusqu'à une confluence (1h05, 4030m, camp possible). On poursuit tout droit en délaissant une branche de la Madhi khola qui remonte à gauche vers l'alpage de Chumuja (voir topo Mustang hors des sentiers battus). On dépasse une nouvelle confluence de la Madhi khola d'où on peut entrapercevoir une "forêt" de genévriers (30mn, 4080m). La pente devient plus affirmée alors que les parois se rapprochent (10mn, 4135m). Un peu plus loin, au pied d'un monolithe dressé en RD, voici le passage délicat pour les mules, une petite cascade à l'ombre, aux banquettes souvent gelées au matin.
 

Lors de la remontée de la Madhi khola

 

Juste derrrière, la gorge s'élargit (10mn, 4155m). On poursuit tout droit. Etonnamment, l'herbe se fait plus présente et colonise les pentes latérales du canyon. Les parois se rapprochent à nouveau. La gorge devient un tant soit peu austère mais s'élargit juste derrière ce passage permettant de retrouver le soleil (30mn, 4290m). On poursuit la remontée du lit de galets jusqu'au pied d'une épaule couverte de buissons épineux et située en RD du torrent (10mn, 4355m). On trouve le départ d'une trace en zigzags qui permet d'escalader le coteau en biais vers l'E jusqu'à un espace plat et gazonné, le Madhi camp (20mn, 4420m). Cet endroit est aisément identifiable car il se situe au pied d'un genévrier solitaire et à proximité d'un mur de manis. Pour l'eau, pas d'autre possibilité que de suivre le chemin en quasi courbe de niveau qui s'en va rejoindre vers le SE le lit de la rivière à l'entrée de la gorge (5mn depuis le camp).

 

Passage au cairn au-dessus du Madhi camp

 

Jour 14 : Madhi Camp - Chinese pass - Cave Camp

5h25 / +900m / -365m.
Diaporama Face au genévrier solitaire, on s'élève vers le collet qui s'ouvre à main G. Au collet, on part sur la D sur l'échine et on monte sur une pente plutôt relevée en direction de l'arête sableuse où l'on distingue deux cairns. A l'arrière, on découvre le nord du Mustang avec le sommet du Mansail à l'W et les plateaux desquels émerge la butte du Thakla (voir les topos Mustang secret et Mustang hors des sentiers battus). On atteint la croupe sableuse au niveau des cairns (1h, 4710m, au SW apparition du Dhaulagiri I) puis on remonte à main D le fil de l'arête en direction du sommet du mamelon.

 

En chemin pour le Chinese Pass

 

Juste avant d'en atteindre le sommet, au niveau d'une plateforme terreuse, on perd le chemin. On trace à flanc côté NE en quasi courbe de niveau pour rejoindre une large crête débonnaire (30mn, 4805m), crête qui va nous conduire plein E jusqu'au Chinese pass à présent bien apparent. A l'arrière, le Dhaulagiri II émerge des montagnes frontières avec le Dolpo et présente ses faces glaciaires dantesques. A sa droite, on devine l'échancrure du Ghemi La et dans le prolongement sur la droite le Kekyap La au pied duquel on imagine la large plaine verdoyante de Lo Manthang (voir le topo La Kora du Dhaulagiri). Mais revenons sur notre itinéraire du jour et avançons sur la large croupe où le chemin disparaît pour laisser place à un alpage d'herbe rase que l'on remonte jusqu'à sa partie sommitale (45mn, 4960m). On poursuit en ascendance légèrement à main G pour contourner la large combe qui se présente et ne pas perdre d'altitude. On débouche sur le rebord d'un thalweg détritique (45mn, 5070m) que l'on traverse pour retrouver sur la rive opposée un chemin mieux marqué qui se dirige vers la combe terminale de la Madhi khola (5mn, 5070m). Le sentier se poursuit vers le Chyangchumi La (la frontière chinoise qu'il est sage de ne pas venir côtoyer, voir avertissement et l'extrait de la carte Icone image). Il faut IMPERATIVEMENT grimper sur les pentes S du thalweg pour s'en aller couper une piste 4x4 chinoise créée en territoire népalais puis traverser le Chinese pass, une large bosse terreuse peu marquée (15mn, 5112m).

 

Au Chinese Pass

 

Du col, on descend au S, pleine pente, rejoindre la rivière et suivre le lit de galets en descente, parfois à la pente affirmée, jusqu'à la confluence avec la Yamarto khola (35mn, 4815m, Sumdo). Puis on s'engage à G dans la gorge pour remonter le lit de la Yamarto khola. A une confluence de vallées (40mn, 4815m, possibilité de camp sommaire), on poursuit tout droit dans une gorge resserrée aux parois rouges, moins "roulante" du fait des nombreux éboulements qu'il est nécessaire de traverser. Puis la gorge fait place à une large vallée fluviale au fond de laquelle on distingue en RD une falaise percée de grottes naturelles. On est arrivé à Cave camp (45mn, 4955m). C'est ici que l'on établit le camp, peu confortable il est vrai..., à l'endroit où l'eau sourd du dessous de la moraine (n'espérez pas disposer du précieux liquide plus haut...).

 

Cave camp, le bien nommé...

Jour 15 : Cave Camp - Kalo dara - Parchekya La - Thanti (Gaugiri BC)

6h / +800m / -350m.
Noter que pour les 4 jours de trek qui suivent, donc de Cave camp aux lacs du Damodar, les sommets apparaissant sur les photos ont été décryptés par Günther Seyfferth sur son excellent site Die Berge des Himalaya. Merci à lui !

Diaporama C'est la journée du passage-clef qui permet de basculer du N au S du Mustang : on s'enfile au SE dans la large vallée fluviale de la Yamarto khola, celle où se trouvent en RD les grottes naturelles (donc à G sens de la montée...). On remonte la gorge pierreuse jusqu'à un grand virage vers la droite (45mn, 5070m) où l'on quitte le lit de galets pour remonter à main G un petit thalweg en pente vers l'E. Sur un petit plateau, on incline légèrement à D pour rejoindre un "col" ou plutôt un plateau (25mn, 5210m). On se trouve pile poil sur la frontière sino-népalaise. Alors, pas d'impair ! Face au S on reste bien à droite... Le paysage change du tout au tout côté Tibet avec de larges espaces sablonneux qui serpentent entre les mamelons aux pentes bien relevées.

 

Pendant la montée sur la Kalo danda on a (vraiment...) le temps d'apprécier les espaces tibétains à perte de vue.

 

La couleur jaune est omniprésente. On traverse le plateau vers le S en direction de la base d'une selle noire rocailleuse à souhait : la Kalo dara (15mn, 5260m) et on attaque "dré dans l'pentu", et plutôt deux fois qu'une ! La grimpette est composée d'une suite de bosses rocailleuses dans laquelle il faut choisir le meilleur itinéraire pour ne pas se trouver dans un conglomérat où l'on s'enfonce et où l'on se fatigue plus que de raison... Pendant les moments de reprise de souffle, on se retourne pour contempler les plateaux tibétains à l'horizon desquels apparaissent peu à peu quelques sommets enneigés (le Shishapangma ?). Au pied du dernier mamelon (2h45, 5660m, eh oui, il a fallu un peu de temps on est à plus de 5000 !), si les chinois ne sont pas présents sur site, on peut s'éviter le passage à 5718m par un contournement à main G en direction du Gaugiri qui présente de ce côté-ci ses faces glacées. On rejoint en courbe de niveau un collet sur l'arête (15mn, 5670m). On descend pleine pente SW puis S vers le Parchekya La (25mn, 5447m). A partir de là, on s'engage dans une large vallée sablonneuse en direction du SSW jusqu'au campement de Thanti au pied du Gaugiri, premier emplacement où l'on peut disposer d'eau et où on établit le camp (1h, 5400m), hyper venteux et glacial...

 

Le camp de Thanti, vraiment au bout de nulle part...

Jour 16 : Thanti - A/R Gaugiri (6113m)

5 à 6h30 / +720m / -720m.
Cette montagne est située sur le parcours du Grand Tour du Mustang. L'étape à Thanti permet d'envisager son ascension, ascension qu'il ne faut surtout pas prendre à la légère car elle se déroule dans des pentes d'éboulis parfois bien relevées et la majorité du temps en terrain meuble, peu propice à une progression sereine... A réserver aux "bêtes de course" que ces conditions ne rebutent pas. Et surtout ne pas oublier que le voyage est loin d'être terminé et qu'il est souhaitable de ne pas avoir brûlé toutes ses cartouches en un seul coup ! Pour les autres, journée de repos au camp.
Depuis le camp de Thanti, on s'en va vers le SSE rejoindre la base l'arête d'éboulis sur laquelle on distingue des blocs de rochers. On passe à G de ces rochers pour se retrouver sur une sorte de "méplat" où il faut partir sur la G rejoindre l'arête rocheuse qui conduit au sommet (l'option par la droite conduisant à passer sous la barre rocheuse sommitale du Gaugiri pour la contourner par sa droite n'est pas envisageable du fait de la qualité du terrain en traversée - du petit pierrier dans lequel on a du mal garder les mètres gagnés lors de la progression - même si la fin du parcours dans les barres rocheuses est envisageable). Donc, sur cette arête de gauche, la progression n'est pas exceptionnelle non plus (couche de gravier qui ne tient pas sous le pied) qui plus est avec une pente qui se redresse fortement à l'approche du sommet.

 

Au sommet du Gaugiri avec à l'horizon Annapurna II & IV et Khumjungar (photo Marinus van Breugel)     Au sommet du Gaugiri avec à l'horizon Annapurna I (photo Marinus van Breugel)

 

Au sommet (3 à 5h, 6113m), la vue à 360° est en tout point exceptionnelle sur les plateaux du Tibet et la frontière sino-népalaise aisément idendifiable grâce à la présence de la chaîne de montagnes de l'Himalaya. Au S, le massif du Damodar himal vers lequel on va se diriger dès demain, propose ses myriades de pics glacés composant un ensemble bien sympathique (il ne manquerait plus que ça après la bambée pour arriver ici...).

 

Au sommet du Gaugiri     Bhim Tamang au sommet du Gaugiri

 

Diaporama A l'horizon, les massifs de l'Annapurna et du Dhaulagiri ferment l'horizon. A moins d'être un alpiniste aguerri et un tantinet équilibriste, impossible d'envisager un enchaînement d'altitude allant du Gaugiri au Bhrikuta pour composer une route d'altitude descendant par la crête d'en face : la portion rocheuse et glacée entre les deux pics est vraiment peu sympathique. Descente par l'itinéraire de montée ou encore mieux à partir du "méplat" en directissime W dans du gravier (compter 1h10 depuis le sommet).

 

Lors de la descente du canyon, apparition du Gaugiri

Jour 17 : Thanti - Camp sur le plateau au-dessus de la Dhechyang khola

3h05 / +135m / -300m.
Diaporama On descend du plateau de Thanti en direction de la chaîne de montagnes glacées du Damodar himal. Plutôt que de passer par le chemin des mules qui reste à hauteur (et plutôt monotone...), on s'engouffre dans le lit rocailleux de la rivière. On doit contourner un verrou rocheux qui encombre le fond du thalweg (30mn, 5335m). On poursuit la descente jusqu'à un confluent d'une vallée fluviale qui arrive de la face S du Gaugiri (15mn, 5285m).

 

La suite du canyon : Petra à 5200m...

 

Un peu plus loin, la rivière se resserre et on entre dans de superbes gorges aux parois détritiques composées de blocs cubiques (la Jordanie de Petra à 5200m ?). Le canyon s'ouvre à l'endroit où réapparaît l'eau (50mn, 5190m). Puis, après de multiples traversées de la rivière, on atteint la confluence avec la Dhechyang khola, un emplacement étonnamment verdoyant à pareille altitude (30mn, 5100m). Le minéral serait-il fini ? Pas vraiment sûr... On s'engage à G dans la large vallée fluviale et on remonte le cours de la Dhechyang khola sur quelques centaines de mètres jusqu'à atteindre un confluent de trois vallons enchâssé au milieu de hautes falaises (30mn, 5130m).

 

Camp sur le plateau : il y a pire comme panorama...

 

On laisse le thalweg le plus à droite pour remonter à main D une gorge bien froide et atteindre un nouveau confluent de rivières (20mn, 5180m). On poursuit par la remontée de l'abrupt vallon de D pour trouver un point d'eau dans la partie haute et un emplacement de camp relativement plat à 300m sur la D (10mn, 5235m). Vue périphérique des plus engageante couvrant au N le massif du Gaugiri et à l'W la partie septentrionale du Damodar himal.

 

Traversée des plateaux au-dessus de la Dhechyang khola

Jour 18 : Camp sur le plateau au-dessus de la Dhechyang khola - Sommet 5642m - Damodar Kunda

4h40 / +600m / -850m.
Diaporama Depuis le campement, on remonte le plateau en direction du SE jusqu'à une bosse (50mn, 5385m). On découvre la forme glacée triangulaire du Ratna chuli en direction duquel, bien plus près de nous, se cachent les sources de la Kali Gandaki (il a été décidé par d'éminents chercheurs que la Dhechyang khola était la branche amont de ce fleuve sacré...). L'imposant sommet de droite se nomme le Lugula et tutoie les 7000m.

 

Le Damodar himal comme on ne peut pas le rater lors de la traversée des plateaux

 

On traverse l'emplacement du Bhrikuti Shail BC (40mn, 5470m, eau) d'où on incline la marche un tantinet vers la G pour passer à proximité d'un cairn effilé. On poursuit à flanc au-dessus du canyon de la Dhechyang khola pour rejoindre un collet qui s'ouvre un peu à D du Lugula (50mn, 5590m). De cet endroit, on dispose d'une vue plongeante sur la vallée de la Namta khola qui sourd de la langue du Khumjungar glacier, que l'on remonte pour franchir le Saribung La, emblématique passage d'altitude de l'itinéraire Du Mustang à Phu. Et pour disposer d'un panorama encore plus spectaculaire, poursuivons jusqu'au sommet voisin et découvrons la partie N de cet élégant ensemble de montagnes (15mn, 5642m).

 

Sur le sommet 5642m duquel on domine la confluence des glaciers à proximité du Japanese camp.

 

Retour le long de la crête jusqu'à un collet (30mn, 5555m) d'où on peut descendre par un "chemin" très utilisé par les troupeaux vers les lacs sacrés de Damodar Kunda. Deux possibilités une fois que l'on a descendu aux alentours de 200m de dénivelée :
1) traverser sur la D en traversant de manière latérale en ne perdant que peu d'altitude (compter 1h30 à 2h), mais en continuels up / downs,
2) descendre directement jusqu'aux enclos que l'on voit en contrebas (1h30, 5100m) en passant par une source à mi-chemin et en collectant de nombreux saligrams que l'on découvre au gré de la marche dans les pentes terreuses de couleur anthracite. De l'enclos, on part sur la D jusqu'à rejoindre le rebord d'un thalweg détritique, thalweg que l'on ne peut traverser que beaucoup plus bas et poursuivre la route vers le site des lacs sacrés. Mais le chemin s'est considérablement dégradé depuis 5 ou 6 ans et chaque épaule détritique qu'il parcourait s'est écroulée, obligeant de fastidieux détours par le haut, rajoutant de la dénivelée à celle déjà conséquente de la journée normale... Enfin, comme une délivrance, le chörten apparaît sur son monticule et il ne reste plus qu'à remonter légèrement sur la D traverser la plaine humide pour rejoindre le barraquement au toit bleu érigé par l'A.C.A.P. pour servir d'abri aux pélerins en été et aux équipes qui assistent les trekkers à la bonne saison (55mn, 5020m, eau, emplacement de camp).

 

L'un des lacs sacrés du Damodar


Le retour vers Jomosom, la porte de sortie du Mustang, peut s'effectuer de trois manières :
1) la traditionnelle qui suit le chemin des pélerins des lacs Damodar. 7 jours de marche sont nécessaires avec des étapes à Bharche khola, Ghuma Thanti, Yara, Tangge, Paha et Chhusang. L'itinéraire, évident, n'est pas présenté dans le présent topo mais est décrit en sens inverse dans Du Mustang à Phu. Compter entre 5 et 6h de marche par jour et au passage, "cerise sur le gâteau", la possibilité de visiter le gonpa troglodyte de Luri gompa Diaporama et la grotte ornée de Tashi Kabum Diaporama.
2) le parcours incroyable du fameux "chaînon manquant" (cher à Paulo Grobel...) que l'on suit jusqu'au Makar La et qui, au-delà de ces 3 jours et demi, se décline :
- soit en "itinéraire panoramique" (descente sur Tangge avant de faire étape à Paha et Chhusang),
- soit en "itinéraire sauvage", (suivi du sentier des magars khampas du SE du Mustang passant par Kog).
Les deux itinéraires seront décrits dans leur totalité ci-après. Quelque soit l'option choisie, "panoramique" ou "sauvage", il faudra 7 jours (certes, on peut faire mieux mais attention à bien respecter les personnes qui accompagnent les touristes, principalement les porteurs pour lesquels évoluer sur de tels terrains n'est pas de tout repos si l'on prend en compte la charge qu'ils ont sur le dos...). On établira des camps dans la gorge de la Dhechyang khola à mi-chemin du "chaînon manquant", à Gayu kharka, à Makar Camp, à Kog, dans la Narsing khola et au Green high camp. Important à savoir : tout au long du "chaînon manquant", ne comptez pas évoluer sur des chemins, non, non, quelques traces de troupeaux tout au plus... Par contre, soyez attentifs au balisage par cairns : il été initialisé par Anthony Nicolazzi au printemps 2015 dans le sens Gayu kharka - Damodar et nous l'avons complété cet automne 2016 dans le sens Damodar - Gayu kharka. A vous de jouer maintenant !

Jour 19 : CHAINON MANQUANT : Damodar Kunda - Camp dans la Dhechyang khola

7h20 / +500m / -915m.
Carte du Chaînon manquant Diaporama Au départ des lacs Damodar à 5020m, on descend de banquette en banquette jusqu'à la Namta khola que l'on suit vers l'aval assez difficilement à cause des pierres gelées et des nombreux méandres qui occupent la vallée fluviale. Au milieu des gorges, on identifie un passage en RG dans les éboulis noirs (1h25, 4845m, cairn). Montée "dré dans l'pentu" d'un petit couloir d'avalanches pour atteindre un gendarme rocheux (40mn, 4965m). On commence à distinguer à l'arrière le plateau des lacs du Damodar.

 

Dos au plateau du Damodar, Bhim dans la première montée (facile à identifier : c'est après la banquelle morainique en RG et c'est cairné !)

 

On remonte à main D en suivant une crête rouge et on rejoint un collet (20mn, 5030m). A l'arrière, la vue s'élargit sur l'ensemble de la cuvette des lacs du Damodar. A l'E, c'est le Gaugiri et ses pentes grises détritiques qui sort le "bout de son nez" dans l'échancrure de l'étroit vallon de la Dhechyang khola.

 

Le premier col à franchir est facilement identifiable...

 

On poursuit à hauteur pour traverser une étendue gazonnée sur laquelle on dévie légèrement à main G pour rejoindre un béquet rocheux. A l'occasion, dans les éboulis, on retrouve les traces d'un vieux sentier. On débouche sur un plateau gravillonneux (50mn, 5155m) au bout duquel on sent bien que l'on est arrivé "au bout du bout"... Ah, la vue plongeante sur le sillon creusé par la Dhechyang khola est plutôt impressionnante mais on ne peut que constater que la suite de l'itinéraire n'est assurément pas de ce côté-là ! L'échappatoire se trouve à G en franchissant une petite crête rocailleuse.

 

A l'extrémité du plateau, c'est le trou... il va falloir vraiment penser à s'orienter vers la gauche.

 

On se retrouve en RD d'un imposant thalweg (en fin de compte un double...) qui descend des montagnes du Damodar. Pour aller le franchir, on va remonter une moraine terreuse en direction du SSE (15mn, 5210m, oui on revient sur nos pas, mais dans un vallon parallèle...) pour désescalader dans un premier temps les pentes détritiques et se retrouver dans le lit de "galets" charriés par les eaux de fonte. Puis on traverse le complexe des deux thalwegs où l'on distingue à nouveau des traces de sentier. Ce franchissement est réellement la première difficulté technique du parcours si on prend en considération la nature du terrain sur les rebords : très friable et nécessitant beaucoup d'attention pour éviter que les roches ne basculent...

 

A l'approche du double thalweg

 

On prend pas mal de temps (55mn, 5225m) pour se retrouver en RG. La suite se déroule à flanc sur de l'éboulis jaune jusqu'à atteindre le départ d'un troisième thalweg (25mn, 5250m) au niveau d'un espace plan que l'on pourrait utiliser comme camp s'il n'était dénué en automne d'eau (au printemps 2015, Anthony avait pu établir le Bhote kukur camp à cet emplacement). Il faut donc poursuivre le chemin en suivant le fond de ce thalweg sur des blocs rocheux de taille modérée.

 

Après la traversée dans les cailloux jaunes, on descend le thalweg qui s'ouvre.

 

A l'approche du confluent avec le thalweg venant de la droite (c'est la terminaison du double canyon que l'on avait traversé en haut plus d'1h auparavant et qui se termine par une impressionnante cascade de glace...), on sort du canyon pour partir à flanc sur la G (40mn, 5075m) afin de retrouver des pentes d'éboulis qui semblent plus sympathiques à descendre. On suit la ligne de cairns en direction de la rivière. On se dirige un peu sur la G avec en point de mire une large plage de galets en RD de la Dhechyang khola (mais on n'y est pas encore...). La descente est vraiment dangereuse car elle se déroule sur des pentes en forte déclivité et, qui plus est, sur du sable croûté et gravillonneux. Il est parfois utile de creuser des marches lors de traversées. Si vous avez une corde de 100m, n'hésitez pas à vous en servir comme main courante en descendant à reculons. Attention aux glissades, restez couverts, bras et jambes, et contrôlez qu'il n'y a pas de parpaings qui descendent du haut ! Les bâtons sont très utiles voire indispensables (en sens inverse, la montée de 700m est certes éreintante mais beaucoup moins délicate techniquement...). Après de longs moments à "marcher sur des oeufs", on atteint le bord de la rivière.
Info Tonio : il est possible, et peut-être plus aisé techniquement, de ne pas sortir du canyon à la cote 5075 et de poursuivre la descente dans le lit resserré du canyon et ce jusqu'à ce qu'on atteigne la Dhechyang khola. A faire s'il n'y a pas trop d'eau, de glace ou de neige fondue dans le lit du torrent (présence de roches instables et peut-être une légère humidité...?). On débouche 500m en amont à deux pas des gros blocs rocheux effondrés de couleur blanche qui encombrent le fond du canyon. Il est impossible de franchir ce chaos rocheux lorsque l'on arrive de l'amont et c'est à cause de lui qu'il a été nécessaire de faire tout ce périple en passant par le haut...

 

Dans le lit de la Dhechyang khola

 

Si on arrive à la nuit, il est conseillé d'établir le camp sur une banquette de galets en RG, la RD étant un peu trop dangereuse du fait de la verticalité des falaises qui la bordent (1h40, 4670m). S'il reste un peu de temps, on poursuit la descente de la rivière par la RD jusqu'à arriver au niveau du large méandre qui précède la grosse cascade (qui reste cachée...). Selon la hauteur et le débit de la Dhechyang khola, prévoir plusieurs traversées. On établit le camp sur la banquette RG en retrait de la rivière au pied du mamelon détritique (35mn, 4605m).

Jour 20 : CHAINON MANQUANT : Camp dans la Dhechyang khola - Gayu kharka

6h / +640m / -510m.
Selon la forme des participants, il se peut que la journée promette d'être longue et il n'y a malheureusement pas de possibilité d'établir un camp sur les plateaux du fait du manque d'eau (printemps ou automne). Pack-lunch indispensable...
Diaporama On ne peut pas rester en bord de rivière à cause d'une rupture de pente conséquente. Force est de grimper sur la banquette grise (cairn) pour effectuer une traversée ascendante et passer sous le gros bloc rocheux effondré rouge et jaune de forme carrée. On poursuit à plat jusqu'à franchir une épaule (30mn, 4705m, cairn) et descendre par derrière du mieux que l'on peut en louvoyant entre les gros blocs (30mn, 4510m, emplacements d'un camp de fortune pour 3 tentes seulement).

 

Du haut de l'épaule à 4705m, on distingue la pente d'herbe qu'il va falloir remonter (et son inclinaison...)

 

On se trouve coincé entre la rivière (un tantinet impressionnante après l'accélération du courant en aval de la cascade) et un couloir d'avalanches bien redressé qui descend des glaciers du Damodar himal... Impossible de poursuivre le long de la rivière (c'est séduisant mais quand on se retrouve en bas, on est vite écrasé par la taille des blocs rocheux à contourner et on se rend compte qu'il n'est vraiment pas sérieux de s'y engager...), pas non plus d'espoir en remontant le large couloir pierreux à main gauche (le collet tout en haut semble présenter une pente apaisée pour prendre pied sur la moraine herbeuse RG, mais il n'en est rien, on l'a essayé...). Alors, la seule possibilité est de remonter la pente terreuse qui se présente à main G et qui offre, après une vingtaine de mètres un peu délicats à escalader dans la terre meuble, l'accès à la pente d'herbe ; une fois les mottes d'herbe atteintes, la pente est relevée, certes, mais on a quelque chose qui accroche sous le pied... On rejoint un rocher bifide (1h20, 4700m) puis on incline un peu sur la D, toujours sur des banquettes d'herbe qui sécurisent un peu mieux la progression. On se dirige à présent vers un large col. Lors des reprises de souffle, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour apprécier la verticalité des falaises qui bordent la Dhechyang khola en RD, mais à quel prix...

 

Le (presque...) dernier col d'où l'on peut se réconforter en constatant le travail accompli (au fond le plateau au-dessus des lcs du Damodar)

 

On atteint le col (30mn, 4810m) puis, derrière, on traverse une combe herbeuse pour rejoindre une épaule de laquelle un sentier de bergers commence à se dessiner (30mn, 4905m, abri de berger sans toit). Au-delà, on suit un vrai chemin vers l'W mais on n'est pas tout à fait au bout de nos surprises... Un dernier (?) franchissement d'épaule et on va pouvoir basculer vers les alpages de Gayu kharka (35mn, 4925m). Bien sûr, il y a l'évident couloir à main gauche qui permet de descendre directement. Mais plus bas, ce ne sont que traversées de moraines caillouteuses à n'en plus finir et cela risque d'être fatigant... Le passage salvateur se trouve plus bas vers le NW en descendant quelques banquettes herbeuses où l'on trouve en contrebas la présence d'un bon sentier qui contourne un béquet rocheux de l'arête (10mn, 4820m). Il offre un accès aisé et sécuritaire à la vallée "secrète" de Gayu kharka.

 

Certes il y a bien un couloir à gauche mais il est hautement préférable de faire le tour par le sentier qui contourne le béquet rocheux à droite de l'image...

 

Après avoir désescaladé une portion rocailleuse sur l'excellent chemin, nous voici en train de fouler des alpages en direction du SW et on rejoint l'imposante moraine centrale poussée par la masse de glace que l'on devine sortir plus haut du vallon à main gauche au fond duquel on devine le massif du Khumjungar. On traverse le Khumjungar BC (un peu d'herbe pour établir un camp et une source bien fraîche...) puis on atteint le rebord E du thalweg de la Yamkan khola dans lequel on descend pour traverser la rivière. On remonte en face et on rejoint le camp de Gayu kharka (1h45, 4640m), son tapis de gazon, ses bergeries en pierre et son petit torrent, un endroit idyllique pour se reposer d'une journée d'enfer (ou presque...). Le panorama n'y est pas non plus des plus moches vous en conviendrez. Et puis, jusqu'à présent, peu de personnes (à part les groupes de Paulo Grobel...) ont rapporté des photos de ce coin...

 

Le camp de Gayu kharka

Jour 21 : Gayu kharka - Gowa La - Makar Camp

4h20 / +400m / -750m.
Diaporama Du camp de Gayu kharka, on remonte les pentes SW de la large vallée morainique à G de la Sherlang danda. Après avoir traversé des banquettes herbeuses, place au minéral avec la remontée de la moraine grise pour contourner un thalweg (1h05, 4875m) et initialiser une traversée vers la D pour trouver un meilleur terrain de marche un peu moins chahuté. On atteint le Gowa La (55mn, 5018m) pour découvrir l'enfilade d'une belle vallée orientée à l'W.

 

Au Gowa La

 

On descend entre portions friables et alpages plutôt en RG de la vallée. Vers 4750m, ne pas suivre l'évident sentier qui semble se poursuivre vers la gauche mais orienter impérativement la marche vers la RD pour passer à un campement nomade (50mn, 4580m). Après avoir dépassé la kharka, on traverse sur un excellent sentier des landes colorées de buissons épineux et de genévriers rabougris. On atteint la vigie du camp khampa (25mn, 4320m) située à belle hauteur au-dessus du village maintenant en ruines. On y descend par un sentier aux zigzags serrés et à la pente affirmée. C'est au niveau de la première maison que l'on trouvera la source d'eau claire et, juste après, la belle pelouse arborée sur laquelle on va monter le camp (15mn, 4290m). Après-midi de repos, enfin... (ambiance bucolique garantie, aujourd'hui...). Le site est un ancien magar (camp retranché) des guerriers khampas qui, depuis le Mustang situé en territoire népalais, menaient des actions de guerrilla contre l'occupant chinois au Tibet au milieu du XXème siècle. Il existe bien d'autres emplacements identifiés comme tels dans cette partie SE du haut Mustang. Pour disposer d'informations complémentaires sur ces khampas, lire l'excellent ouvrage de Michel Peissel "Mustang, royaume tibétain interdit", où l'auteur y décrit quelques unes de ses rencontres avec ces guerriers lors de son voyage en 1964 au Mustang.

 

Le Makar camp

Jour 22 : Makar Camp - Makar La...

2h35 / +400m / -400m.
Diaporama On poursuit la descente de la veille en déambulant au milieu d'une végétation arbustive et en louvoyant entre les genévriers de belle importance. On doit traverser quelques thalwegs détritiques pour retrouver un plateau caillouteux alors que l'on se rapproche de la Tangge khola. On descend les banquettes de galets jusqu'à rejoindre un passage étroit dans lequel s'insinue la rivière. Etroit certes, mais pas assez pour s'éviter une "trempette" glacée et passer RG (50mn, 3900m) afin de pouvoir entamer la remontée en zigzags serrés. On évolue sur un sentier historique (le chemin des khampas lorsqu'ils allaient guerroyer contre les envahisseurs chinois...) mais quand même pas mal abîmé sur cette portion initiale. Il disparaît même un peu plus haut et il faut improviser pour remonter les pentes peu relevées qui se présentent. La traversée d'un thalweg nécessite d'effectuer un petit détour avant de trouver 50m plus haut le départ de la deuxième portion du sentier, celle-ci excellente et bien pavée, qui conduit en pente modérée au Makar La (1h45, 4259m), un passage dans l'arête permettant de se retrouver aisément côté Tangge.

 

Au Makar La, un dernier regard sur les montagnes du Damodar himal.

ITINERAIRE PANORAMIQUE

Jour 22 (suite et fin) : ...Makar La - Tangge

1h45 / +40m / -800m.
Diaporama Il ne reste plus qu'à descendre à main D retrouver l'axe de Kog à Tangge (c'est aussi l'itinéraire du Teri La, voir le topo Mustang hors des sentiers battus). On descend tranquillement jusqu'au cairn belvédère sur la vallée de la Tangge khola (55mn, 3775m) avant de plonger dans des pentes de sable noir vers la passerelle métallique à l'entrée du village (30mn, 3280m). On entre dans Tangge par l'extrémité E de l'allée des chörtens (10mn, 3290m, lodges, camping, C, E). Village à visiter en long, en large et en travers dans l'après-midi Diaporama ; c'est l'un des plus beaux (si ce n'est le plus beau...) du Mustang. Après-midi de repos avant la traversée de demain où l'on va se mesurer à la Siyarko Tangk danda dont la longueur risque d'en étonner plus d'un...

 

Détail de l'allée des chortens de Tangge


Jour 23 : Tangge - Camp de Paha

4h / +1050m / -150m.
Diaporama On traverse la Tangge khola par la passerelle d'arrivée et on s'engage sur le sentier en courbe de niveau qui part sur la D. Le sentier qui suit la RG de la rivière à mi-hauteur propose une superbe vue sur le village (et l'allée de chörtens que vous ne pouvez pas avoir oubliée...) et aussi ses jardins, le tout dominé par les falaises grises ourlées et ornées de pénitents. Après le chörten, on entre dans la vallée de la Yak khola qui arrive de Kog (voir le topo Les 5 cols des Annapurnas).

 

On s'éloigne de Tangge...

 

On descend progressivement vers le lit de galets pour traverser la rivière et rejoindre en RG le départ du sentier bien visible (45mn, 3240m). On remonte sur des banquettes sablonneuses puis on s'élève plus franchement jusqu'à franchir une épaule détritique (40mn, 3600m). L'ascension se poursuit jusqu'à une nouvelle épaule (40mn, 3750m) d'où on dispose d'un panorama étendu du Makar La à droite au Ghemi La à gauche en passant par les plateaux qui occupent l'espace entre Tangge et Yara, Tsarang, les falaises grises de Ghemi... Au fond, on identifie bien le pic pointu du Mansail et la large baisse du Kora La.

 

Le haut Mustang se découvre au fur et à mesure que l'on monte...

 

A l'extrême droite, on a l'apparition du massif du Damodar himal (Khumjungar, Brikhuti, etc.) que l'on distingue au milieu de la brèche du Makar La. Continuons la route vers le col sans nom qui donne accès à la Siyarko Tangk danda. Mais qu'il se fait désirer ! De replat en grimpettes, voici qu'apparaissent les darchoks multicolores qui marquent la passage du col. Un dernier zigzag et c'est la délivrance (1h20, 4180m). De l'autre côté le régime up / down va pouvoir commencer : on descend sur la G en empruntant une large trace sableuse qui permet d'atteindre le fond d'un vallon. Puis on poursuit à flanc de coteau pour atteindre le site de Paha (30mn, 4080m, camping, abri en pierre pour le staff, eau).

 

Le campement de Paha


Jour 24 : Camp de Paha - Siyarko Tangk danda - Tetang - Chhusang

 

5h30 à 7h / +220m / -1320m.
Diaporama Depuis le camp de Paha et dos à la bergerie, on suit le sentier qui monte sur la D. On entame une longue journée en up / down en empruntant ce chemin tracé sur le fil d'une crête panoramique qui offre pour cette fin de trek la possibilité de contempler d'en haut les sites remarquables que l'on a visités lors de la première semaine. Pas mal de points de vue aussi sur les pénitents colorés qui ornent les pentes S de la Siyarko Tangk danda. Et même quelques belvédères à couper le souffle !

 

Sur la Siyarko Tangk danda (Dhaulagiri I)

 

Puis, après une dernière montée suivie d'un passage à négocier avec attention, on déroule les kilomètres de faux-plat descendant jusqu'à atteindre la "porte de sortie" (3 à 4h, 3650m). De l'autre côté de la "porte", on enchaîne par une grosse descente sur un sentier bien large plutôt sableux et caillouteux. Au niveau d'une rupture de pente (50mn, 3235m), on laisse partir tout droit le chemin de Chhomnang pour tourner franchement à G en direction du rebord de la moraine et trouver au pied du mât orné d'un darchok le sentier de descente (un peu olé-olé...) qui désescalade la falaise blanche détritique au-dessus du village de Tetang.

 

Le darchok qui marque le départ du sentier de descente sur Tetang

 

Bien vérifier lors de la traversée des couloirs que rien ne se détache tant l'équilibre des cailloux semble précaire dans le coin... On atteint le lodge construit à proximité d'un mur de manis (20mn, 3070m). On poursuit dans le lit de la rivière vers le haut pour aller rendre visite aux deux parties du village (l'une très ancienne à gauche, l'autre plus "moderne" mais pas en meilleur état, compter 1h de déambulation dans les ruelles au départ du lodge pour retrouver la piste en RG de la vallée). Descente par la piste sur Chhusang au bord de la Kali Gandaki à 2980m en 45mn (lodges, service de jeeps et quelquefois d'autobus, T, C, E).

 

Jour 25 (début) : Chhusang - Gyu La...

 

5h30 / +1000m / -30m.
Il est tout à fait possible depuis Chhusang de rejoindre Jomosom en jeep ou autobus (compter 2h de cahots et de poussière...). S'il reste deux jours de disponibles (et encore quelques forces en réserve, je sais, l'attrait de la piste et la proximité, toute relative certes, de Jomoson n'aident pas...), pourquoi ne pas finir en beauté face aux montagnes glacées de l'Himalaya et s'en aller franchir le Gyu La pour faire étape à Jharkot, ce bourg lopa semble n'avoir que peu évolué depuis des siècles bien que se situant pile poil sur l'itinéraire du Tour des Annapurna à dix mètres près... Va comprendre, Charles...! Autant Muktinath peut être hideux et si commerçant (il n'y a plus rien d'original...), Jharkot séduit par sa simplicité et son aspect "médiéval". Y faire étape n'est pas si incongru que ça dans la continuité de l'exploration des villages du Mustang... Et puis, le lendemain, vous passerez par Lupra et découvrirez un village bön (le bouddhisme d'avant l'évangélisation par Guru Rimpoche). Cela conclura de belle manière votre Grand Tour du Mustang.
Diaporama Remonter la Narsing khola en direction du fond de la vallée. 300m plus loin, emprunter la piste sur la D tracée à mi-hauteur jusqu’aux premières maisons de Tetang (25mn, 3080m) et au-delà jusqu’à l’imposant mur de manis près du vieux village (10mn, 3100m). On quitte la piste 50m au-dessus du mur pour prendre à G une sente qui louvoie entre les blocs de rochers effondrés. On passe auprès d’un triple chörten Rigzum Gompo (10mn, 3150m). Encore une petite montée vers le SE pour contourner un très vieux chörten et, juste derrière, prendre pied sur un petit plateau au milieu duquel se trouve un « lac », miroir des montagnes alentours.

 

Le lac au-dessus de Tetang

 

Puis on se remet à grimper sur la D au pied de belles concrétions. Derrière nous, n’oublions pas de jeter un coup d’œil sur l’impressionnante muraille de la Siyarko Tangk danda. Après une dernière montée abrupte, on pose le pied sur un plateau d’altitude (on dirait un reg marocain…) avec le Dhaulagiri I en ligne de mire (25mn, 3400m). On avance maintenant en faux-plat montant sous des falaises trouées comme du gruyère à maints endroits. On passe au-dessus du vallon de Tangbe (10mn, 3465m) où le sentier s’aplanit quelque temps pour offrir un répit de courte durée dans la phase d'ascension. Puis une courte remontée sévère nous donne accès à une vire taillée dans la falaise permettant de franchir une épaule rocheuse. On reprend notre marche à plat pour entrer dans une zone de petit schiste noir jade pour s’en aller traverser le torrent (30mn, 3525m). On remonte de l’autre côté pour retrouver un sentier à flanc qui s’élève progressivement en RG du thalweg. On s’en éloigne pour passer auprès d’une source (25mn, 3690m) et prendre une direction S bien affirmée. Au détour d’un mamelon, le col que nous convoitons se présente enfin à nous. La montée est toujours régulière sans excès pour déboucher au Gyu La (50mn, 4077m).
La description de la fin de la journée du Gyu La jusqu'à Jharkot se retrouve dans le parcours commun.

ITINERAIRE SAUVAGE

Jour 22 (suite et fin) : ...Makar La - Kog

 

3h40 / +550m / -500m.
Diaporama Il ne reste plus qu'à descendre à main G retrouver l'axe de Tangge à Kog (c'est aussi l'itinéraire du Teri La, voir le topo Mustang hors des sentiers battus). On entame un parcours en up / down qui explore le fond de quelques thalwegs avant de choisir de rejoindre le sentier du haut tracé sur le mamelon d’en face. Il s’ensuit une longue portion plane qui se termine au moment de la traversée d’un étroit thalweg (30mn, 4250m, eau) avant que l’on ne remonte sur la D retrouver un sentier à la montée progressive. On débouche sur un alpage sur lequel est posée une bergerie (25mn, 4320m, abri). De là, on part plein S pour une sévère montée pleine pente jusqu’à rejoindre un replat (50mn, 4515m, source intermittente). Encore quelques efforts et on s’en va franchir le col (30mn, 4630m) pour un nouveau panorama étendu sur une partie méconnue de nombreux trekkers, à savoir la chaîne de montagnes qui entoure le passage du Teri La, bien visible à présent au fond de sa vallée glaciaire : à sa gauche le Teri La peak est une belle dent élancée vers le ciel alors qu’à sa droite pour ne pas être en reste, le Purbung, le Muktinath himal, le Tilicho peak, le Nilgiri N et les Dhaulagiri I, II et III essaient de « meubler » un espace infini…

 

Entre le Makar La et Kog

 

Juste derrière le col que l’on vient de franchir, on descend jusqu’au fond d’une combe herbeuse où le sentier repart au SSE pour aller passer une épaule puis contourner en courbe de niveau une large combe pour descendre dans un thalweg. On remonte en face passer un col (30mn, 4700m) d’où le Khumjungar himal apparaît légèrement sur la gauche. La descente est assez olé-olé, parfois limite acrobatique, sur un « sentier » très pentu et bien dégradé par les nombreux passages des troupeaux de chèvres. On rejoint vers la G le fond d’un thalweg avant d’emprunter un sentier transversal un peu moins osé et atteindre une bergerie ruinée (35mn, 4450m). Noter que depuis le col, on peut aussi faire le détour par le chemin des mules part sur la gauche pour un « grand tour » par le haut du plateau avant de rejoindre les bipèdes au niveau de la bergerie à 4450m. Il ne reste plus qu’à finir la descente en RG du vallon pour rejoindre un plateau alluvionnaire situé au pied d’un groupe de maisons faisant partie du domaine de Kog (20mn, 4300m, eau dans le petit torrent). Nuit sous tente.

 

Kog

 

Pour info, quelques mots sur l’histoire de Kog tirés du livre de Charles Ramble : "Navel of the demoness" : Le territoire de Kog couvre environ 500000m2 avec des terrasses cultivées orientées sud, est et ouest couvrant tout l’arc de la course du soleil. Territoire qui plus est abrité des vents par les crêtes qui l’entourent. D’après les datations (carbone 14 sur les poutres des maisons), la naissance du village semble remonter au 10–11ème siècle et les dernières datations sont du 17ème siècle et encore ne concernent-elles que les restes du temple qui a pu être entretenu plus longtemps même après la fin du village (voir par exemple ce qui se passe à Nogaru actuellement). Donc une exploitation qui n’a duré que 5 à 6 siècles. Selon des archives conservées à Tetang, la disparition du village serait due à la destruction par un glissement de terrain du canal d’irrigation principal au niveau d’un tunnel creusé dans la falaise. Le canal parcourait environ 1 km dans la falaise et émergeait sur le plateau cultivé juste à l’est du village dans un réservoir situé à proximité des maisons. Il est encore possible en se tenant au bord de la falaise de voir l’extrémité du tunnel interrompu par le glissement de terrain. Deux troncs de genévrier témoignent d’une tentative de reconstruire la zone détruite. Les habitants de Kog ont ensuite migré tout d’abord vers Aga puis vers Tetang. Ils sont à l’origine de trois des premiers clans de Tetang. Ils semblent d’abord s’être installés dans des grottes situées à mi hauteur dans la falaise dominant Tetang (home of the ancestors). Ces grottes actuellement inaccessibles auraient servi jusqu’au 18ème siècle. Donc pas de camp de la rébellion khampa dans la région de Kog (source E. Principaud).

 

Le canal d'irrigation de Kog maintenant détruit (source Charles Ramble)


Jour 23 : Kog - Kog La - Camp dans la Narsing khola 

 

5h10 / +750m / -1000m.
Diaporama Du camp, on descend franchir la rivière Damena khola. On laisse partir à gauche dans la pente le sentier du Teri La pour s'engager sur la D en restant à hauteur et rejoindre la confluence des rivières Yak khola et Damena khola (1h10, 3920m). Lors de cette traversée sur des traces de bestiaux, on domine les hameaux ruinés qui composaient l'ensemble du village de Kog et qui se trouvent disséminés sur le plateau borné par les hautes falaises détritiques. Il y a possibilité, juste avant de s'engager dans la descente vers la Yak khola, de s'y rendre en A/R en suivant le petit chemin d'accès qui part à D (compter 1h de visite). Noter que le « sentier » d'accès depuis le camp de ce matin n'est plus recommandable vu son état totalement dégradé et dangereux. D'où la nécessité de faire le tour... Une fois dans le lit de la Yak khola, on trouve le départ du sentier dans le coteau qui fait face au campement sur la RG après avoir traversé la rivière sur un pont de pierre (en 2013, ce dernier a disparu corps et bien, un petit lavage des pieds peut-être…?). On est tout de suite dans le « dur » avec la remontée pleine pente d’un mamelon en forte inclinaison jusqu’à un espace sur lequel sont érigés des parcs à bestiaux (25mn, 4075m). On s’est suffisamment élevé pour dominer le plateau de Kog et à nouveau constater l’importance que ce village revêtait. Le plateau bordé de milliers de pénitents façonnés par l’eau, le gel et le vent est posé comme un navire échoué sur le fond de la mer (l’analogie n’est pas si déplacée puisque c’est la mer de Téthys qui en se retirant nous a laissé ces paysages si particuliers du Mustang…).

 

Les falaises de Kog en RG de la Damena khola

 

Au NW, on découvre le canyon dans lequel s’engouffre la Yak khola. On incline la marche sur la D pour trouver le départ du chemin que l’on va suivre pour rejoindre le col quelques 500m plus haut. On traverse des alpages à l’herbe rare alors qu’en prenant de l’altitude le village de Kog se révèle davantage et incidemment l’importance des espaces cultivés qui s’inscrivent au N du village. Quel lieu de vie cela devait être autrefois ! On franchit une série de thalwegs et, par deux ou trois pentes plus redressées que d’habitude, on débouche au niveau d’un antécol (1h15, 4450m) qui n’est en fait que l’annonce d’un deuxième 10mn plus loin à 4490m, le Kog La.

 

Franchissement du Kog La

 

On laisse l'évident chemin partir sur la droite rejoindre le Baha La pour traverser le plateau sur la G et louvoyer entre les cargneules (les concrétions de pierre meulière, grotte pouvant servir d'abri, 10mn, 4425m, pas d'eau). On s'engage en descente sur un bon sentier qui évolue à mi-hauteur en RG d'un thalweg jusqu'à atteindre une épaule gravillonneuse où poussent des genévriers (30mn, 4225m). On laisse partir à droite un deuxième sentier vers le Baha La pour s'engager à G dans une descente en zigzags serrés. On dépasse un abri de bergers (5mn, 4175m) puis une bergerie plus importante (15mn, 4105m). On efface un verrou rocheux permettant de trouver le sentier de descente un peu olé-olé qui rejoint le lit de galets de la Narsing khola. On remonte la vallée fluviale sur 3 à 400m pour trouver un emplacement plat en RG (15mn, 4050m, eau dans la rivière).

 

Jour 24 : Camp dans la Narsing khola - Khampa camp - Green high camp

 

4 à 5h / +1050m / -800m.
Diaporama Le chemin dessiné sur les cartes népalaises, même les plus récentes, entre la Narsing khola et le Khampa camp est devenu trop dangereux côté N pour qu'on puisse sérieusement y engager des personnes, il convient de suivre un itinéraire de substitution qui se révèle être de facto le seul envisageable dès à présent. Du camp on remonte sur une trace de sentier jusqu'à des ruines de bergeries (10mn, 4100m) puis on poursuit sur les alpages pleine pente en bordure RD du thalweg jusqu'à passer à une kharka (25mn, 4360m). Au-dessus on traverse pour rejoindre la RG (5mn, 4400m) et l'on remonte en direction d'un large col sans nom que l'on franchit (50mn, 4680m) pour une superbe vue sur les chaînes de montagnes qui s'inscrivent si bien au N qu'au S. Du col on descend à main G jusqu'à rejoindre un replat (10mn, 4535m) et au-delà en direction de l'W un petit plateau (25mn, 4355m). Il ne reste plus qu'à suivre à hauteur le torrent pour atteindre le Khampa camp (20mn, 4185m, eau à la rivière, nombreux emplacements de tentes).

 

Depuis le Tiu La supérieur, le nord Mustang se découvre

 

On descend sur la G rejoindre et traverser la Yakchu khola (20mn, 4075m). En face on remonte à main D dans une pente détritique jusqu'à une épaule schisteuse. Puis, on traverse un thalweg pour s'engager sur un sentier tracé en zigzags serrés qui résiste à l'usure du temps jusqu'à atteindre un sentier-balcon qui franchit plusieurs épaules consécutives. On atteint une kharka (45mn, 4115m). Au-delà, on remonte un peu sur la G pour aller franchir un collet (15mn, 4195m) et trouver un sentier en encorbellement qui permet d'en passer un deuxième (15mn, 4235m) puis un troisième au pied d'une aiguille détritique. Le sentier que l'on suit passe bien au-dessus du Tiu La, appelons ce col le Tiu La supérieur (voir le J16 du topo Les 5 cols de l'Annapurna), et se poursuit en up / downs continuels jusqu'au franchissement d'une dernière épaule qui domine le Green high camp (40mn, 4370m, C) d'où les montagnes de la bordure W du Mustang se découvrent jusqu'au Dhaulagiri I. Il ne reste plus qu'à descendre transquillement établir le camp sur les espaces gazonnés auprès d'une des cabanes en pierre qui pourra servir d'abri aux porteurs et au staff de cuisine (10mn, 4305m). Ce camp se situe 1km au SE et au-dessus du Green camp (sur le chemin franchissant le Tiu La et au pied du vallon qui conduit vers le Purkhung himal et le Belgian peak.

 

Le Green High Camp


Jour 25 (début) : Green high camp - Gyu La...

 

2h / +200m / -450m.
Diaporama Depuis le camp, on part à main G en direction de la crête pour franchir un col (30mn, 4320m) duquel on dispose d'une vue superbe sur les espaces de plateaux et de canyons du haut Mustang jusqu'à sa limite septentrionale, frontière avec le Tibet. Ca et là, on identifie les falaises rouges de Dhakmar, le Nyi La, le plateau de Tsarang. On ne peut que deviner l'emplacement de Lo Monthang, caché qu'il est par une imposante montagne de couleur jaune. A l'W, on discerne sans peine le large passage du Ghemi La et plus au N les montagnes au milieu desquelles s'inscrit le Kekyap La (voir le dernier jour du topo de la portion n°2 de la Kora du Dhaulagiri). En basculant côté N, on a accès à un vallon verdoyant qui dispose d'une source dans sa partie basse (25mn, 4135m, emplacement de camp à 5mn à proximité de l'enclos à bestiaux). C'est à cet endroit que l'on rejoint le sentier « du bas » venant du Tiu La. On poursuit en descente franchir un thalweg bien creusé (20mn, 4080m) et poursuivre sur un excellent sentier en continuels up / downs comme les népalais savent si bien les « construire »... Le large passage du col est (enfin...) en vue. Au niveau d'une bombe de basalte de belle grosseur, il ne reste plus qu'à descendre quelques mètres pour rejoindre le labtse qui marque le Gyu La (1h30, 4077m).
La description de la fin de la journée du Gyu La jusqu'à Jharkot se retrouve dans le parcours commun.

PARCOURS COMMUN

Jour 25 (suite et fin) : ...Gyu La - Jharkot 

 

2h30 / +130m / -600m.
Diaporama Au Gyu La à 4077m, on dispose d’une vision magnifique sur l’Annapurna himal amputé, il faut le noter, de son sommet principal à 8091m, occulté qu’il est par le toujours imposant Tilicho peak. Mais les Nilgiri N et centre, le Roc noir, le Glacier Dôme et le Thorong peak sont bien présents. Il faut s’avancer un peu dans la descente sur la G pour que le majestueux Dhaulagiri I se montre enfin. On vient de sortir de l’Upper Mustang, une pancarte judicieusement posée au col nous le rappelle

.

Au Gyu La

 

On laisse partir à gauche le chemin de Choekker et Muktinath pour descendre sur un plateau à l’herbe maigre plutôt sur la D où l'on suit un sentier bordé de pierres alignées (45mn, 3750m). A l'occasion de la descente, on découvre le Dhaulagiri I qui était caché au niveau du col. Ce sentier nous conduit jusqu’au village de Jhong (30mn, 3580m, lodges, commerces). On poursuit en descente sous le rocher du gonpa en louvoyant entre les ormes et on rejoint le pont métallique (20mn, 3465m). En RG de la rivière, on part sur la G d'abord puis sur la D sur un sentier qui suit la bordure des champs en terrasse pour atteindre l'entrée SE de Jharkot (25mn, 3580m, T, C, E). Visite du village et du gonpa située à l'opposé de l'entrée. Nuit sous tente ou en lodge.

 

Jharkot


Jour 26 : Jharkot - Lupra - Jomosom

 

4h / +270m / -1000m.
Diaporama On quitte Jharkot en direction du S pour traverser la piste. On poursuit tout droit avec en point de mire le large col en face. Un peu plus haut, on commence à trouver les marques bleues et blanches du balisage réalisé par l'A.C.A.P et qui ne nous quitteront plus jusqu’à Lupra. On s'élève et, à l'arrière, on dispose d'une belle vue plongeante sur Jharkot perché sur son éperon. On franchit un petit collet avant de descendre modérément dans une combe sous le large col (20mn, 3750m). C’est alors que l’on quitte notre itinéraire supposé pour incliner à D et s’en aller franchir l’évident col à 3865m. Belle vue d’ensemble de la vallée de Muktinath. De l’autre côté il va encore falloir avancer un peu pour profiter d’une vue élargie sur le massif de l’Annapurna himal. Arrivée à un 2ème col (35mn, 3875m) et superbe vue sur le Dhaulagiri I éclatant de lumière.

 

Dernier col du trek

 

Tout en bas, dans la nouvelle vallée fluviale qui s’annonce, on commence à distinguer Lupra posé sur la RG de la Panda (ou Puchebhardong) khola qui descend tout droit des austères pics du Muktinath himal. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on ne descend pas vers la vallée mais on poursuit sur la D du col pour atteindre en légère descente le 3ème col de la journée (bon ce n’était pas dur, « trek is nearly finished » s’exclament-ils tous…). Dernier coup d’œil sur la vallée de Muktinath et descente à G sur un sentier très bien tracé dans des pentes couvertes d’herbe rabougrie. A mi-descente, noter la présence d’une source au bord du chemin (30mn, 3560m). Peu après, la pente s’intensifie et le sentier propose maintenant une série de lacets serrés jusqu’à la rivière (35mn, 3120m). On suit le lit de la rivière vers l’aval sur 500m pour passer sous de belles falaises plissées et trouver en RG le départ d'un petit sentier bordé d’épicéas qui conduit en quelques minutes au village de Lupra (20mn, 3100m, Dakar lodge très propre, boissons, restauration, C, E). Quelques mètres au-dessus des dernières maisons on découvre le gonpa bön à laquelle les villageois ont accolé, heureusement dans le même ton rouge brique, une “salle des fêtes”... Bon ! Ca ne jure pas trop, heureusement... Diaporama Visite intéressante du gonpa aux peintures murales assez anciennes et relativement bien conservées.

 

Lupra

 

Pour rejoindre Jomosom, deux possibilités :
1) descente jusqu’à la rivière pour continuer d’en suivre le fil vers l’aval. Quelques traversées du courant nécessitent un peu d’attention avant d’atteindre le confluent d’avec la Kali Gandaki (50mn, 2915m).
2) suivi du chemin qui reste à hauteur de la rivière pour trouver la passerelle métallique en aval du village (10mn, 2950m) où on poursuit en RG de la vallée sur le sentier qui court à flanc du coteau détritique qui plus est balisé par l'A.C.A.P en rouge-blanc. Un panneau indique 2h de marche pour rejoindre Jomosom. La première partie s'effectue en courbe de niveau puis en descente pour aller franchir à sa base une falaise schisteuse bien redressée vers 2900m avant de remonter jusqu'à une épaule rocheuse donnant accès à la vallée de la Kali Gandaki (25mn, 2980m). Derrière, c'est la descente jusqu'à la piste.
On retrouve « l’autoroute » du Tour des Annapurna et son flot de trekkers que nous avions oublié pendant toute la matinée. Il ne reste plus qu’à suivre le large sillon de galets vers la G et contre le vent violent qui souffle tous les jours sans exception dès la fin de matinée pour rejoindre en moins d’une heure la grande ville du coin. Entrée dans Jomosom côté RG, traversée du parking des jeeps, un peu plus loin franchissement du pont ou de la passerelle pour se retrouver RD à proximité de la gare routière des bus. Continuer 10mn supplémentaires et trouver « l’avenue » et sa multitude de lodges qui n’attendent que votre signal pour vous accueillir. Nuit en lodge par exemple au Tilicho hotel (2800m, lodges, T, C, E, WiFi) juste après avoir dépassé l’entrée de l’altiport.

 

Jour 27 : Jomosom - Pokhara - Kathmandu

 

20mn + 25mn d'avion.
Vol matinal pour Pokhara puis, en laissant les sacs à l'aéroport, on prend soit le taxi (Rs200 pour 3) soit le bus (Rs20/pers) pour rejoindre Lake side et décompresser allongé dans une chaise longue au milieu d'un des jardins arborés qui jouxtent le lac avant de revenir à l'aéroport pour le vol vers Kathmandu en fin d'après-midi. Soirée libre et nuit dans un hôtel à Chhetrepati à proximité de Thamel (Mandala Boutique par exemple).

26 jours de marche / 120h / +15300m / -15300m

Relevés de terrain octobre 2016.

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